Que faire lorsque la fin du monde approche ? Comment trouver la force de vivre alors que tout espoir est perdu ? C’est ce que vont nous apprendre ces deux romans.
Aisha, comme le reste de l’humanité, n’a plus que huit mois à vivre. La fin du monde a été annoncée, inévitable, et les gouvernements ont conseillé aux populations de vivre leurs derniers instants en paix, aux côtés de leurs proches. Mais Aisha n’a pas eu de nouvelles de sa sœur depuis trois ans. Avec sa mère, son petit ami Walter et les parents de celui-ci, elle se lance à sa recherche, afin de renouer les liens perdus avant que tout ne s’arrête.
Ceux qu’on rencontre en chemin est le genre de récit doux-amer, qui se lit doucement, se savoure, se contemple. C’est un roman qui dit la vie, l’amour et l’amitié, parle de l’humanité dans toute sa complexité, en évoquant ses plus beaux comme ses pires côtés. Aisha est un personnage profondément humain, touchant, bouleversant. Elle est pleine de colère, de tristesse. Elle a un cœur immense, rempli d’un amour qui ne demande qu’à être partagé, si seulement l’univers lui en laissait le temps. Bien qu’il soit impossible de réellement comprendre ce qu’elle vit, cette urgence d’exister quand la fin des temps approche inexorablement, on peut néanmoins imaginer sa douleur. Mais Ceux qu’on rencontre en chemin, ce n’est pas seulement l’histoire d’Aisha. C’est également celle de sa mère, de sa sœur, de Walter, de sa famille. C’est l’histoire de celleux qu’elle aime, qu’elle ne veut pas voir mourir, celleux avec qui elle avait imaginé son futur, sa vie d’adulte. Nadia Mikail nous offre un récit fort sur les sentiments humains, qui nous transporte du début à la fin en nous offrant une myriade d’émotions.
Salama, 18 ans, a toujours pensé avoir la vie devant elle. Mais la révolution syrienne a commencé et les combats lui ont arraché sa maison et sa famille. Elle vit désormais chez Layla, sa belle-sœur enceinte, et s’occupe d’elle du mieux qu’elle peut, entre ses gardes bénévoles à l’hôpital. Lorsque l’opportunité s’offre à elle de quitter la Syrie, elle accepte à contrecœur d’abandonner son pays pour mettre la seule famille qui lui reste à l’abri. Mais sa rencontre avec Kenan, un jeune militant déterminé à se battre jusqu’au bout, va remettre en cause ses certitudes.
Tant que fleuriront les citronniers est de ces romans que l’on rencontre rarement. Zoulfa Katouh nous offre un récit puissant, aussi dur qu’il est beau. Il me semble d’ailleurs nécessaire de préciser qu’il est destiné à un public averti, même s’il est publié dans une maison d’édition jeunesse et qu’il est, a priori, adressé à des lecteur⸳rices adolescent⸳es et jeunes adultes. Je tiens à évoquer ce point, car j’ai moi-même eu beaucoup de mal à lire certains passages tant ils sont durs, tant ils sont tristes, tant ce qu’ils décrivent est choquant et terrifiant. On parle ici de blessures de guerre infligées à des innocent⸳es, simplement parce qu’iels étaient au mauvais endroit au mauvais moment, qu’iels vivent du mauvais côté de la ville. On parle d’enfants et de bébés qui meurent à l’hôpital. L’autrice ne nous épargne rien et décrit sans faiblir le sang, la mort, la souffrance, l’impuissance. C’est pour cela qu’il me semble nécessaire de prévenir, car si ce roman devrait être lu par tous et toutes pour les sujets qu’il aborde, pour la terrible réalité qu’il met en avant, il n’en reste pas moins difficile à lire et il faut s’y préparer. Mais au-delà de tout cela, au-delà de la guerre, des combats, des destructions, ce roman évoque aussi, en toute simplicité, la vie d’une jeune femme qui a des rêves. Une jeune femme qui, même ayant tout perdu, continue de se battre pour protéger celleux qu’elle aime et pour ce en quoi elle croit. Salama profite de la douceur des moments partagés avec sa sœur, se surprend à rêver de romance avec le secret Kenan, profite de moments de paix volés. Cette légèreté donne d’autant plus de nuances à ce récit, nous rappelant que même dans les moments les plus sombre, l’espoir n’est jamais loin. Tant que fleuriront les citronniers est un roman bouleversant, parlant tout autant de la guerre que de l’amour, de la santé mentale, de l’attachement à son pays, pour un résultat éclatant d’émotion.
Ceux qu’on rencontre en chemin![]() de Nadia Mikail (traduit de l’anglais par Emmanuelle Urien) Slalom 16,95 €, 148×228 mm, 246 pages, imprimé en France, 2023. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Tant que fleuriront les citronniers![]() de Zoulfa Katouh (traduit de l’anglais par Anna Guitton) Nathan 18,95 €, 158×229 mm, 448 pages, imprimé en France, 2023. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Passionnée de lecture depuis toujours, j’adore découvrir de nouvelles histoires et de nouveaux univers. J’aime échanger autour de ma passion, parler pendant des heures du dernier roman que j’ai lu, réarranger sans cesse ma bibliothèque et me balader en brocante à la recherche de petites pépites.

