Chaque mois, nous mettons un coup de projecteur sur un·e auteur·rice, un·e illustrateur·rice ou une maison d’édition. Ce mois-ci, c’est à Isabelle Arsenault que nous consacrons cette rubrique.
« J’aime les projets qui me permettent d’explorer de nouvelles approches graphiques, qui m’offrent beaucoup de liberté. J’ai besoin de sentir que je fais évoluer mon travail, de livre en livre. »
(extrait de l’interview du 19 octobre 2016)
Il y a des noms qui, tout de suite, nous mettent en joie, mettent nos sens en éveil. Quand je reçois un livre d’Isabelle Arsenault je suis heureux, je sais que je vais encore me régaler, en prendre plein les yeux, admirer de belles illustrations. Ce n’est pas un hasard si j’ai la quasi-totalité de sa bibliographie (et deux dessins dans mon salon). C’est donc en toute logique que j’ai eu envie qu’on lui consacre un de nos coups de projecteur !
Son trait est reconnaissable entre mille, et pourtant chacun de ses albums est différent. En tant qu’illustratrice de textes d’autres, ou en tant qu’autrice-illustratrice elle nous propose toujours des livres à part. On y croise des sœurs louves, des artistes connues, des êtres mi-fourchette mi-cuillère ou des petites filles à l’imagination fertile. On adore son univers, on avait envie de partager avec vous cette admiration que l’on a pour cette grande dame de l’illustration.
Gabriel
Monsieur Dubout était un homme pas vraiment joyeux. Chaque matin, il partait à son bureau, sans regarder la beauté du ciel ou les feuilles sur le sol. Regard droit devant, pas le temps de dire bonjour aux voisin·es, pas le temps de flâner, un seul objectif : se rendre au travail (sa seule passion). Mais voilà qu’un matin une hirondelle le frôle, puis une autre, puis une troisième… Et le voilà pris dans un vrai tourbillon ! Monsieur Dubout voit bientôt des centaines d’hirondelles qui semblent attendre pour s’envoler ensemble vers un endroit plus ensoleillé… Et si cet événement faisait ressurgir l’enfant qu’il avait été…
Tout premier album d’Isabelle Arsenault sorti en France (un autre album, Le cœur de Monsieur Gauguin, est sorti au Québec en 2005, mais reste inédit chez nous) et déjà quelle merveille ! Elle illustre ici un texte d’Hélène Suzzoni qui parle, vous l’aurez compris, d’un homme trop sérieux qui va se rappeler qu’il y a autre chose que le travail. On trouve déjà tout l’univers de cette grande illustratrice dans cet album sorti il y a dix ans. L’histoire est très poétique et nous rappelle que parfois il faut un peu regarder autour de nous, même sans attendre qu’on nous bouscule… Notre vie n’en sera que plus belle !
Gabriel
Pas assez arrondi et pas tout à fait pointu, Fourchon ne trouve sa place nulle part. Sa maman cuillère et son papa fourchette ont beau le trouver parfait, les autres couverts lui font bien sentir sa différence. Car au pays des ustensiles de cuisine, la plupart des familles ne se mélangent pas, et le métissage est assez rare et souvent rejeté.
C’est ainsi que Fourchon assiste à chaque dîner à un bal de coutellerie auquel il n’est pas convié, composé de danses sur nappes et de pirouettes dans la mousse.
Jusqu’au jour où une « chose malpropre » vient mettre le bazar dans ce petit univers bien organisé, où tout à sa place et où la différence n’est pas admise. Et si c’était l’occasion pour Fourchon de trouver sa place à table ?
Cet album place les thématiques de la diversité et de l’acceptation dans un univers tout à fait original et décalé : celui des ustensiles de cuisine. Avec son côté mignon et anthropomorphique, le petit héros permet aux enfants de se projeter, de comprendre que chacun·e à un rôle à jouer et qu’il ne faut pas rejeter quelqu’un parce qu’il ne nous ressemble pas. Fourchon appuie l’idée que chacun·e possède des compétences qui peuvent être enfouies ou bien déconsidérées et qu’il suffit de laisser sa chance à tout le monde pour s’épanouir. Grâce aux dessins chaleureux d’Isabelle Arsenault, qui mêle collages de gravures anciennes et illustrations en quadrichromie, les stéréotypes sont abordés puis désassemblés avec humour. Un joli album, avec un héros mignon et attachant.
Caroline
La boîte à l’étoile cassée était devenue sa boîte à souvenir. On y trouvait donc l’étoile (qui à l’origine était collée sur la boîte), une bille trouvée, trois pierres ramassées à la mer, une feuille séchée, un bracelet en fausses perles ou encore un petit oiseau de laine. Des trésors sans valeur. Puis un jour, elle a libéré la perle du haut d’une rue en pente, histoire de voir jusqu’où elle allait, elle a soufflé la feuille un jour d’automne pour quelle rejoigne les autres, elle rapporté les pierres à la mer, vendu le bracelet à la fête de l’école et disséminé ainsi tout le contenu de la boîte…
Mais quelle merveille que cet album dont le texte est signé Anna Castagnoli (autrice de La volière dorée illustré par Carl Cneutt, un autre bijou). Tout ici est beau, l’histoire qu’on nous raconte qui parle de la vie des objets, de leur destin, mais aussi des nôtres, la façon dont elle est écrite et, bien sûr, les illustrations d’Isabelle Arsenault. C’est empreint de nostalgie et d’une forme de tristesse qui ne rend pas triste. C’est le genre d’album qu’il est impossible de raconter, on le lit avec émotion, on ressent beaucoup de choses et on le referme avec un petit sourire au coin des lèvres, et les poils dressés sur les bras. C’est beau tout simplement.
Gabriel
La petite Vanessa est désemparée, sa sœur Virginia a plongé dans un tel cafard qu’elle s’est littéralement transformée en louve. Une louve grincheuse et un brin tyrannique, que rien ne semble rendre joyeuse. Elle va jusqu’à chasser tous ses amis, rabrouer les oiseaux pour leurs joyeux gazouillis… Puis voilà qu’elle passe ses journées enfouie dans son lit et s’emmure dans le silence. Très vite, toute la maisonnée est en proie à ce chagrin qui teinte de gris tout ce qui l’entoure.
Mais Vanessa est déterminée à sortir sa petite sœur de cet abattement et va se lancer dans la réalisation d’une fresque merveilleuse : celle du pays imaginaire de Bloomsberry, aux couleurs éclatantes et aux fleurs confiseries.
Virginia Wolf est truffé de détails aussi bien au niveau des illustrations enchanteresses et harmonieuses d’Isabelle Arsenault que du texte de Kyo Maclear, rendant hommage à l’écrivaine Virginia Woolf. En effet, cet album est librement inspiré de sa vie, marquée notamment par l’amour sororal, le Bloomsberry Group (réunissant entre autres essayistes, romanciers, et intellectuels britanniques de l’époque victorienne), mais également la dépression.
Ce sujet est abordé avec beaucoup de délicatesse, et l’illustratrice crée des ambiances sombres et amères qui sont finalement illuminées par des floraisons colorées et enfantines. Les enfants peuvent ainsi appréhender visuellement la mélancolie et la joie, et mettre des images sur des sentiments très forts parfois durs à expliquer.
Un livre permettant d’enclencher le dialogue autour d’une thématique sensible, mais aussi sur le parcours d’une grande écrivaine.
Caroline
Hélène est une écolière victime de moqueries à l’école, qui finit par se sentir aussi insignifiante et laide que les autres le lui font croire en l’écrivant sur son casier. Elle se réfugie dans les livres pour ne pas avoir à affronter le regard de ses camarades. Sa lecture du moment, c’est Jane Eyre, le roman de Charlotte Brontë. Hélène trouve un écho à sa propre vie dans le personnage de Jane, brimée dès l’enfance, transparente et sans charme. En voyage scolaire, Hélène fera face à d’énièmes humiliations, mais trouvera la manière de relever la tête grâce au pouvoir de la littérature, à une jeune fille aux yeux bleus qui lui sourira, et à un renard qui fera mystérieusement son apparition et lui offrira un regard bienveillant.
Jane, le renard & moi est un roman graphique d’une beauté et d’une poésie incroyables. Fanny Britt offre une voix bouleversante de sincérité à Hélène. Le trait fin et délicat d’Isabelle Arsenault se fait tantôt sombre et droit, dans les épisodes d’humiliations, tantôt coloré et chatoyant, lorsqu’Hélène se plonge dans l’histoire d’amour que Jane Eyre vit avec Mr Rochester. L’apparition du renard libère les couleurs et offre une grande douceur à l’ensemble. C’est un roman graphique saisissant sur le pouvoir de l’imagination et la victoire de la douceur sur la bêtise et la dureté du harcèlement. Un dessin sublime et un texte très juste : une réussite.
Amélie
Lorsque l’on fredonne les paroles de Mort Shuman « Allô Papa Tango Charlie », on utilise le code Alpha international, aussi appelé alphabet phonétique de l’OTAN.
Utilisé principalement en aviation ou par les services d’urgences tels que les pompiers ou La Croix Rouge, il est composé d’une lettre correspondant à un mot unique à travers le monde entier : par exemple le fameux Papa Tango Charlie signifie PTC aussi bien au Japon qu’en Angleterre.
Créé pour se faire facilement et clairement comprendre même s’il y a de la friture pendant la transmission, c’est donc un langage codé, mais aussi un alphabet international, déchiffrable aux quatre coins du globe.
Isabelle Arsenault s’empare de ses pinceaux et imagine un abécédaire coloré, ludique et bourré de références et de clins d’œil.
C’est ainsi que Kilo devient une grosse part de gâteau au chocolat bien moelleux et Papa un portefeuille avec une petite photo d’enfant glissée à l’intérieur… Tandis qu’un chapeau melon illustre Charlie, une paire de gants de boxe Mike ou encore une fiole Juliet.
À travers cette interprétation à la fois personnelle et universelle de cet alphabet si particulier, ce livre propose d’apprendre les lettres, le code Alpha international, mais aussi de découvrir des sportifs, des acteurs, des couturiers, des danses, des pays…
Abordant une thématique très intéressante bien que peu représentée dans l’univers jeunesse et beaucoup plus riche qu’il peut paraître au premier abord, Alpha est un abécédaire sans frontière qui peut aussi bien plaire aux adultes qu’aux enfants !
Caroline
Quand Louise ne regardait pas les étoiles sous la tente où elle passait parfois la nuit, elle aidait sa mère à réparer des tissus. Sa mère, elle-même avait appris le métier par sa mère. Louise apprenait les formes, les couleurs, les matières et l’art de tisser. Elle était si proche de cette mère qui lui enseignait tout que lorsqu’elle mourut, Louise en fut bouleversée, sa vie en fut changée. Elle serait désormais artiste et pour rendre hommage à sa mère, elle fit des araignées géantes (qui, tout comme celle qui lui manquait tant, tissent et réparent).
Mais quelle poésie ! Tant dans le texte d’Amy Novesky que dans les magnifiques illustrations d’Isabelle Arsenault ! Voilà un ouvrage qu’on peut regarder sans se lasser, que l’on soit enfant ou adulte, tellement les planches sont magnifiques. Que l’on connaisse ou pas Louise Bourgeois et sa vie n’a pas d’importance. C’est ici un magnifique portrait de femme. On y parle du deuil, de se battre, de l’art, de la transmission, de l’amour. Et qu’est-ce qu’on en parle bien ! Voilà un petit bijou, un magnifique album, tant au niveau du texte, des illustrations ou de l’objet-livre lui-même. Magnifique !
Gabriel
Une averse passagère et des gouttes qui tombent par milliers dans les yeux d’un père. L’alcool illusoire masque sa solitude, c’est son seul remède à l’oubli. Derrière la porte, Louis comprend bien ce qui se joue. Il attend, patiemment, mais usé, le retour des jours meilleurs. Réduit à une vie en alternance, il a fait sienne cette mobilité affective et monte dans le bus qui le conduit jusqu’à l’absente, celle qui n’est plus dans le quotidien de l’époux délaissé. Pour adoucir le gris, il y a Boris. Et comme il est bon de murmurer des secrets à l’oreille d’un ami. Le secret de Louis s’appelle Billie : une beauté peu loquace qui s’est trouvée dans les livres, à défaut de se trouver dans le regard d’un autre. Mais dans les yeux de Louis, ça pétille, ça brille. Et dans son cœur, ça palpite. Hélas, la trêve estivale approche et éloigne le jeune garçon de son unique désir. Une bouffée d’ailleurs dont il se serait bien passé.
Louis parmi les spectres est un magnifique récit familial, amical et amoureux. Le jeune héros pose un regard délicat sur son petit monde qui s’égare et se perd dans celui des grands. Ce récit d’une beauté infinie naît sous les crayons charbonneux d’Isabelle Arsenault. Le trait est éblouissant et vient dessiner les contours des douleurs qui rongent et qu’on ne peut pas toujours nommer. Dans ces planches où s’entremêlent les larmes des inconsolables, les frissons de vérité, les mots qui nouent les gorges et les ventres, l’aisance poétique de Fanny Britt raconte avec un talent fou les faiblesses des êtres (trop) aimés. En filigrane, une invitation à aller saisir le bonheur, celui qui ne s’invente pas. La sensibilité à fleur de page… Une merveille à offrir inlassablement qui invite à prendre le temps de croire aux petits miracles couchés sur le papier.
MokaMilla
Colette est en colère, on lui refuse encore et toujours un animal de compagnie. Un peu en rogne, la petite fille part visiter le quartier dans lequel elle vient tout juste d’emménager. Elle croise très vite ses nouveaux·elles petit·e·s voisin·e·s, elle leur raconte qu’elle a perdu sa perruche… sauf que quand on invente une histoire comme ça, il faut inventer tous les détails et improviser !
C’est un petit bijou, une merveille, que nous propose Isabelle Arsenault (cette fois-ci au texte et aux illustrations). Elle rend hommage à ceux et celles qui inventent de belles histoires et rendent notre quotidien plus trépidant (je vous dévoile un peu la chute, si vous ne le souhaitez pas allez directement à la fin de la parenthèse, mais les ami·e·s de Colette vont se rendre compte que l’oiseau n’existe pas, mais en demanderont encore). Les illustrations sont, comme d’habitude, absolument superbes. Elle dédicace son livre « pour tous les enfants des villes qui illuminent les ruelles de leur imagination débordante », c’est un bel hommage qu’elle leur rend. L’oiseau de Colette annonce une série, La bande du Mile-End, série qui s’est vue compléter par un second tome, La quête d’Albert (voir plus bas).
Gabriel
Alors qu’on se promène dans la nature, parmi les arbres et les fleurs, un bruit qui bourdonne vient nous titiller l’oreille… c’est une abeille qui s’approche ! Elle a trouvé la fleur qu’elle cherchait et s’en va se régaler du nectar… Mais voilà que maintenant c’est un essaim qui arrive…
Avec un texte poétique et très agréable à lire à voix haute, Kristen Hall nous raconte la vie des abeilles (le quotidien dans la ruche, la fabrication du miel et des alvéoles, l’hivernation…). Bien entendu, ce n’est pas un simple documentaire, c’est un album qui raconte une histoire tout en étant assez explicatif (mais pas trop). Et bien sûr, comme toujours avec cette géniale illustratrice qu’est Isabelle Arsenault, les planches sont magnifiques. Dans une jolie postface, Kristen Hall explique la raison pour laquelle elle a fait ce livre, donne encore quelques infos sur les abeilles, explique pourquoi elles sont essentielles et offre des conseils pour les aider. L’abeille à miel est un magnifique album pour rappeler l’importance des abeilles.
Gabriel
Rosalie a cinq ans et demi. Nous sommes en 1917, en France. Le père de Rosalie est parti à la guerre. Sa mère travaille à l’usine, aussi elle passe ses journées à l’école avec les plus grand·es. Assise au fond de la classe, on la croirait occupée à passer le temps le nez en l’air ou à dessiner. Mais elle ne rêvasse pas, bien au contraire… Rosalie prépare une mission de la plus haute importance. De quoi s’agit-il ? Je ne peux rien dire qui ne gâcherait la beauté de cette histoire touchante et terrible à la fois. Car la mission du Capitaine Rosalie a bien sûr un lien avec l’absence de son père, et les lettres que sa mère lui lit pendant de longues heures avant de les ranger bien précieusement dans une boîte en fer.
Tout ce qu’il vous faut savoir, c’est qu’en refermant le livre, vous aurez vu grandir la toute petite fille devenue grande…
Nulle autre qu’Isabelle Arsenault n’aurait pu si bien donner vie à la petite Rosalie. C’est une fillette à la chevelure rousse, seule touche de couleur vive dans l’album, de même couleur que la chevelure maternelle. Et derrière le léger flou de l’aquarelle sur ses traits de poupée tranquille et sage attendant que la guerre finisse, l’on devine l’esprit bouillonnant, espiègle et vif de « Capitaine Rosalie », investie de sa fameuse mission. « Les taches de rousseur sous mes yeux, les animaux que je dessine sur la page, les grandes chaussettes jusqu’aux genoux, tout cela n’est que du camouflage. »
Isabelle Arsenault excelle dans les scènes du quotidien, parvenant avec quelques détails du décor à nous faire ressentir une grande proximité, presque une intimité, avec ses personnages. Ainsi, l’on ressent toute la tendresse entre la petite fille et sa mère dans ce quotidien difficile. Mais plus on avance dans l’histoire, plus on lit de la détermination dans les traits de Rosalie. Et l’on assiste, bouleversé·e, à la réalisation de sa « mission », dans la cuisine de la maison familiale. Une lecture pleine d’émotions, grâce à l’alliance de la pudeur du texte de Timothée de Fombelle et de la délicatesse du trait d’Isabelle Arsenault.
Amélie
Parce qu’il n’en peut plus du bruit qui règne chez lui, Albert prend son livre et va s’installer ailleurs. Le voilà qui s’assoit dans la rue. Devant lui, un bric-à-brac abandonné, et dans ce bazar un tableau avec un coucher de soleil… Sur sa chaise, Albert se croit soudain dans un transat, au bord de la mer… mais voilà que Maya et Colette viennent aussi jouer dans la rue, elles veulent jardiner. Puis c’est Tom qui veut jouer au badminton, puis Berthe qui veut qu’Albert garde sa poupée, puis STOOOOOOP ! ÇA SUFFIT ! Albert voulait lire, et ça demande du calme ça !
On retrouve, avec beaucoup de joie la fameuse bande du Mile-End, que l’on avait rencontrée dans L’oiseau de Colette (voir ci-dessus), dans une nouvelle aventure. Ici, il est question d’imagination et surtout de pouvoir lire en paix ! Tout comme le premier volet, on est entre l’album classique et la BD. Bien entendu, on peut très bien lire La quête d’Albert sans avoir lu L’oiseau de Colette… mais il serait dommage de ne pas avoir les deux ! Voilà un magnifique album où l’on retrouve une bande qu’on adore déjà… À quand le tome 3 ?
Gabriel
Alors qu’elle est déjà dans son lit, une petite fille demande « Pourquoi l’océan est bleu ? ». Son père, qui aimerait bien vaquer à d’autres occupations trouve rapidement une réponse, et explique à l’enfant que c’est à cause des larmes bleues que versent les poissons… Mais la deuxième question ne tarde pas à venir « c’est quoi, la pluie ? » puis ça sera « pourquoi les feuilles changent de couleurs », puis encore une question, une autre encore puis encore une autre… Et s’il était l’heure de dormir ?
Ici, Isabelle Arsenault illustre un texte de Mac Barnett (qu’on a plus l’habitude de voir illustré par Jon Klassen) bourré d’humour et de poésie (et forcément, illustré par cette grande illustratrice, ça devient plus poétique encore). On parle ici, vous l’aurez compris, des questions farfelues des enfants (et là, on a affaire à un père qui répond de façon bien plus farfelue encore !). C’est un magnifique album, plein de tendresse, sur l’imaginaire avec une chute qui, justement, rend hommage à ceux et celles qui savent inventer de belles histoires.
Gabriel
Un cerf et son faon, une baleine et sa progéniture, une abeille sur sa fleur, un oiseau niché au creux de son nid. Des poils, des plumes, des écailles, des carapaces… La mer qui s’agite, le feuillage qui masque, les branches qui protègent, le sable fin qui enrobe. Autant d’éléments naturels qui deviennent maison ou cocon, refuge douillet ou port d’attache. Et tous ces animaux sont chez eux là où ils se sentent au mieux, comme l’enfant est chez lui entre ces murs qui voient défiler les jours et les nuits, sous ce ciel aux mille visages qui change au rythme des saisons.
Comme il est essentiel de se savoir chez soi où que l’on soit et de se trouver bien là où l’on décide de s’arrêter ou de déposer plus longuement ses bagages. C’est ce que souligne avec sensibilité et poésie la petite voix qui nous berce à mesure que nous tournons les pages de cet album conté par M.H Clarke. Isabelle Arsenault donne ainsi vie au joli bestiaire qui peuple notre planète et chaque page regorge de cette douceur que la nature veut bien apporter à ceux et celles qu’elle accueille en son sein. Quand l’hiver arrive, ses pages deviennent brumeuses dans une ambiance poudrée et duveteuse et quand vient l’automne, l’aquarelle offre des paysages aux couleurs flamboyantes : autant d’occasions pour l’illustratrice d’exprimer son talent unique pour installer ces atmosphères dont elle seule a le secret. Et non loin de la nature, du côté de la ville, un enfant entend de doux mots qui rassurent et lui promettent des bras aimants et une présence indéfectible dans cette maison qui est sienne. L’occasion de tendre l’oreille et de comprendre, aussi, que ce bien-être peut se perdre et qu’il est indispensable de tout faire pour préserver cette belle harmonie. Un album d’une douceur infinie mêlant une superbe déclaration d’amour et un bel hymne à la nature.
Mokamilla
Retrouvez Isabelle Arsenault sur son site : http://www.isabellearsenault.com.
Bonjour les hirondelles Texte d’Hélène Suzzoni, illustré par Isabelle Arsenault Casterman 13,95 €, 245×318 mm, 24 pages, imprimé en Chine, 2010. |
Fourchon Texte de Kyo Maclear (traduit de l’anglais canadien par Fanny Britt), illustré par Isabelle Arsenault La pastèque dans la collection Pamplemousse 14 €, 198×248 mm, 36 pages, imprimé en Malaisie, 2011. |
La boîte à souvenirs Texte d’Anne Castagnoli (traduit de l’espagnol par Maud Huntington), illustré par Isabelle Arsenault OQO, dans la collection O 14 €, 257×241 mm, 34 pages, lieu d’impression non indiqué, 2012. |
Virginia Wolf Texte de Kyo Maclear (traduit de l’anglais canadien par Fanny Britt), illustré par Isabelle Arsenault La Pastèque dans la collection Pamplemousse 13,50 €, 195×254 mm, 36 pages, imprimé en Malaisie, 2012. |
Jane, le renard & moi Texte de Fanny Britt, illustré par Isabelle Arsenault La Pastèque 22,20 €, 220×290 mm, 102 pages, imprimé au Canada, 2013. |
Alpha d’Isabelle Arsenault La Pastèque 15 €, 197×197 mm, 60 pages, imprimé en Asie, 2014. |
Une berceuse de chiffons, la vie tissée de Louise Bourgeois Texte d’Amy Novesky (traduit de l’américain par Sophie Chisogne), illustré par Isabelle Arsenault La Pastèque 18 €, 235×285 mm, 48 pages, imprimé en Asie, 2016. |
Louis parmi les spectres Texte de Fanny Britt, illustré par Isabelle Arsenault La Pastèque 24 €, 224×293 mm, 153 pages, imprimé en Slovaquie, 2016. |
L’oiseau de Colette d’Isabelle Arsenault La Pastèque dans la collection La bande du Mile-End 14 €, 186×236 mm, 48 pages, imprimé au Canada, 2017. |
L’abeille à miel Texte de Kirsten Hall (traduit de l’américain par Mathieu Leroux), illustré par Isabelle Arsenault La Pastèque 16 €, 229×286 mm, 40 pages, imprimé en Asie, 2018. |
Capitaine Rosalie Texte de Timothée de Fombelle, illustré par Isabelle Arsenault Gallimard Jeunesse 12,90 €, 166×194 mm, 64 pages, lieu d’impression non indiqué, 2018. |
La quête d’Albert d’Isabelle Arsenault La pastèque dans la collection La bande du Mile-End 15 €, 178×229 mm, 48 pages, imprimé au Canada, 2019. |
Parce que Texte de Mac Barnett (traduit de l’américain par Emmanuel Gros), illustré par Isabelle Arsenault Little Urban 14,50 €, 255×310 mm, 32 pages, imprimé en Chine, 2019. |
Tu es chez toi Texte de M.H. Clark (traduit de l’américain par In Texte), illustré par Isabelle Arsenault Kimane 12,95 €, 211×287 mm, 36 pages, imprimé en Chine, 2019. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Belle bibliographie. Bravo à cette auteure-illustratrice.
Bravo pour ce beau billet sur une artiste dont j’aime beaucoup l’univers.