Pour fêter notre anniversaire, nous avons demandé à des gens qui comptent beaucoup pour La mare aux mots de prendre notre place toute cette semaine. Aujourd’hui, nous avions envie de mettre à l’honneur nos lecteurs, c’est Leia, une des plus fidèles, qui nous propose une chronique !
Gabriel et Marianne
Quand La mare aux mots me demande de parler de livres que j’aime, c’est difficile de faire un choix. Mais il a bien fallu se décider. J’ai donc choisi un album où la lecture passe essentiellement par les illustrations, un autre où c’est au contraire le texte, et pour finir le premier roman jeunesse lu à l’âge adulte qui m’a bouleversée et qui m’a donné une autre image des romans destinés aux adolescents.
Je vais commencer par Toujours rien, de Christian Voltz, un petit album au format carré parfait pour les petites mains. Quand j’ai acheté ce livre il y a plus de 10 ans à la boutique de la cité des sciences, je pensais acheter une petite histoire sur la germination. Mais en fait, ce livre est bien plus que cela.
Derrière l’histoire de Monsieur Louis, apprenti jardinier qui plante une graine, en prend soin et attend avec plus ou moins de patience qu’elle pousse, est abordée la question fondamentale du temps qui passe, de la patience et de la persévérance. Le malicieux auteur a aussi souhaité en faire une histoire drôle avec des lecteurs complices du mauvais tour joué à Monsieur Louis. Seuls les lecteurs voient la germination sous terre de la fleur, puis savent que la fleur a fleuri, mais a été cueillie par l’oiseau. Rien de tout cela ne transparaît dans le texte. Tout est dans les illustrations essentielles à la compréhension de l’histoire (et notamment au temps qui passe évoqué par les changements de tenue de Monsieur Louis et une page sans texte totalement noire avec juste la lune). Et je crois que plus que le rebondissement de l’histoire c’est en savoir davantage que le personnage principal qui est un vrai délice. Plonger dans l’univers de Christian Voltz c’est découvrir des histoires toujours pleines d’humour, mais traitant de thèmes importants comme le temps qui passe, la mort, le sexisme. Je ne peux que vous en conseiller la lecture.
Ze vais te manzer est quant à lui un conte à lire absolument à voix haute. Son auteur, Jean-Marc Derouen, est conteur. Son style est très oral et les nombreux dialogues se prêtent à des jeux de voix.
Le loup, héros de ce conte, a un cheveu sur la langue et beaucoup de naïveté. Affamé, en pleine forêt, il est ravi de rencontrer un petit lapin blanc dont il compte bien faire son dîner. Mais celui-ci lui propose d’abord d’aller chercher une pince à épiler pour lui retirer l’énorme cheveu qu’il a sur la langue. Le temps, ici encore au cœur de l’histoire, passe. Le loup est de plus en plus affamé, mais le petit lapin blanc ne revient pas. Alors quand un petit lapin roux arrive il pense enfin pouvoir manger. Mais une fois de plus, le repas est différé à cause d’une supercherie du lapin. Croyant qu’il revient enfin le loup va se méprendre et se retrouver en mauvaise posture face à un ours. Au final, son repas sera une fois encore reporté et légèrement différent à cause d’une rencontre fortuite avec un arbre cette fois qui va lui faire perdre toutes ses dents. Ce conte est très drôle parce que le loup se fait toujours avoir, mais aussi et surtout à cause de son zozotement, et enfin grâce au texte très oralisé qui théâtralise le tout. Mais si le texte est essentiel, les illustrations rondes et simples de Laure du Faÿ rendent les personnages encore plus sympathiques. Quant à ses arbres bleus et marron, ils créent une forêt très originale.
Passons maintenant à un roman destiné aux adolescents qui m’a totalement bouleversée. Dans poil au nez de Cécile Chartre, Angel, le personnage principal est un adolescent qui le soir de la Saint Sylvestre n’a pas la tête à la fête avec les copains, car il a rendez-vous avec son père, un rendez-vous qu’il attend depuis 10 ans quand celui-ci est mort d’un cancer. Pendant 10 longues années, il a vécu et grandi dans son ombre, sans lui, mais avec lui malgré tout. Faisant tout pour lui ressembler, comme pour qu’il continue à exister malgré tout. Tout cela on le sait, car Angel nous le raconte ce 31 janvier 2009 avant d’ouvrir une boîte que son malicieux père lui a remise il y a 10 ans en lui faisant promettre de ne l’ouvrir que le 1er janvier 2010. Ce qu’elle renferme permettra à Angel de s’affranchir de son passé et de décider de son avenir.
Ce court roman sur le deuil est vraiment touchant. Lire la vie d’un jeune homme qui a grandi avec les souvenirs de son père, sans réussir à faire complètement son deuil ne peut laisser indifférent. On tremble au moment de l’ouverture de la boîte et on tremble encore plus quand on sait ce qu’elle contient. Le suspense est vraiment à son comble dans les dernières pages.
Dans ce roman, le temps est aussi au cœur de l’histoire, le temps qui passe et qui permet de panser certaines blessures.
Toujours rien de Christian Voltz Rouergue 11,70 €, 174×174 mm, 30 pages, imprimé en Belgique, 1997. |
Ze vais te manzer Texte de Jean-Marc Derouen, illustré par Laure du Faÿ Frimousse dans la collection Maxi’ boum 17 €, 240×310 mm, 37 pages, imprimé en Italie, 2010. |
Poil au nez de Cécile Chartre Rouergue dans la collection DoAdo 8,50 €, 141×206 mm, 80 pages, imprimé en France, 2012. |
Christian Voltz a mis en ligne quelques animations de ses albums. Vous pouvez retrouver celle de Toujours rien à cette adresse : http://www.christianvoltz.com/film-fr.php?film=louis.
Dorothée
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
le livre ” ze vais te manzer…” me donne trop envie !
Ah les livres de Christian Voltz ! Super bien pensés et réalisés.
Le “Ze vais te manger” bien choisi.
Quant au Poil au nez, la description donne envie de le découvrir.
Bonjour,
Merci pour cette jolie chronique 🙂
Le roman me met l’eau à la bouche, et je crois que je vais tenter de le trouver pour moi… hé oui… !