Trois livres, dix-neufs histoires !
Il aurait pu être heureux le roi Artégan. Il avait tout pour lui. Seulement, voilà, il se rendit compte qu’il lui manquait une chose, et une chose importante : du temps. Alors il eut une idée, il fallait rajouter des heures aux journées, il avait bien le droit, il était le roi !
Quand Artégan apprit que la reine Azélia avait construit une haute tour, il décida qu’il lui en fallait une plus grande. Quand il apprit qu’Azélia avait agrandi sa flotte, Artégan fit construire plus de bateaux. Puis ce fut au tour de l’armée, il la voulait plus forte que celle de la reine d’à côté… Était-ce si important d’avoir toujours plus ?
Artégan eut un fils, Félix. Pour lui, il était le plus grand trésor, et un trésor, ça se protège. Il le gardait précieusement, faisant en sorte que jamais il ne se blesse. Quand Félix tomba, Artégan fit recouvrir tous les sols de tapis. Quand Félix fut piqué par une abeille, on déménagea les ruches. À cet enfant-là, il n’arriverait rien ! Mais était-ce cela le bonheur ?
Ce qui marque tout d’abord quand on a Contes d’un roi pas si sage dans les mains c’est la beauté de l’objet : sur-couverture, beau papier, magnifiques illustrations signées Clémence Pollet. C’est typiquement le genre de beau livre qu’on garde longtemps. Côté texte, on n’est pas en reste ! Ghislaine Roman manie la plume avec énormément de délicatesse et de poésie. Non seulement ses histoires sont passionnantes et pleines de sens, mais elles sont particulièrement bien écrites. Elles amènent à réfléchir, à la conversation avec les enfants. Un magnifique ouvrage.
Alors qu’elle cherche son chat, Rosita se trouve entraînée dans une folle aventure… qui la mène en Amazonie ! Là elle rencontre un peuple dont le chaman lui remet un coffre contenant dix carnets. Dix histoires que la jeune fille va lire. Il sera question d’une fille se faisant passer pour un garçon qui est devenue pirate, d’une aviatrice, d’une égyptologue, d’une esclave qui décide de s’enfuir, d’une Bretonne qui lutte contre un cruel seigneur, de deux copines qui vont faire arrêter un réseau de trafic de chats, d’une Américaine du Far West qui va être accusée à tort de vol, d’une comédienne qui va mener une enquête à Venise pour retrouver un trésor, d’une anthropologue passionnée par les primates qui va se battre contre les braconniers et d’une jeune Indienne qui va réussir à dompter un cheval. Dix destins de femmes exceptionnelles.
Oh que j’aime les personnages féminins de Christine Palluy ! Avec ses Histoires d’aventurières, on est loin des clichés de filles passives, sauvées par des princes charmants, qui attendent en tricotant que leurs histoires se déroulent. Ici, les femmes se battent. Contre les oppresseurs, contre les hommes qui aimeraient les faire taire. Elles osent dire non même quand elles n’ont pas le droit de s’opposer, montrent aux hommes qu’elles peuvent être plus fortes qu’eux. La seule déception dans ce recueil ce sont parfois les illustrations, qui ne sont pas toujours à la hauteur du texte. Mais voilà un recueil qui va montrer que non, une fille ce n’est pas forcément un être fragile et passif. Bravo Christine Palluy !
Bonolon c’est un géant orange qui vit à Tasman, la forêt des arbres sacrés. Lorsque quelqu’un pleure au pied d’un arbre, Bonolon apparaît pour lui exaucer un vœu. Une tortue qui avait vu son île ravagée par les hommes, un enfant qui n’avait plus d’amis, une vieille dame qui voulait revoir son fils avant de mourir, deux fils qui voulaient connaître le rêve de leur père qui venait de mourir et une petite fille très malade qui voulait voir ce qu’il y avait au pied de l’arc-en-ciel, tous allaient rencontrer Bonolon.
Je vous avais déjà parlé de Bonolon lors de la sortie du premier tome chez Nobi Nobi ! Voici donc cinq nouvelles histoires du géant effrayant au premier abord, mais qui déborde de gentillesse. Les livres sont absolument superbes tant au niveau de l’objet que des illustrations ou que des messages qu’ils font passer (respect de la nature, aider son prochain, être à l’écoute des autres…). Toutefois, j’ai été un peu surpris dans ce tome par la tristesse des histoires ou du moins le fait de lire à la suite les trois dernières a été assez difficile ! Une dame qui est en train de mourir (et qui veut revoir son fils qui est mort), un père qui vient de mourir et une petite fille malade dont le médecin a annoncé aux parents qu’elle n’en avait plus pour très longtemps à vivre (mais au final, elle va vivre). Ces trois histoires à la suite, c’est un peu rude ! Mais il n’empêche que ces contes venus du Japon sont absolument merveilleux, touchants, plein d’humanité. Une collection qu’on adore, un héros qu’on espère retrouver encore et encore.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des ouvrages de Clémence Pollet (La langue des oiseaux et autres contes du palais, Mon coffret pour découvrir la ferme et L’auberge des ânes), Christine Palluy (Princesses d’Afrique, Princesses de la cour de Versailles aux palais de Vienne et Princesses de tous les pays) et Seibou Kitahara et Go Nagayama (Bonolon, le gardien de la forêt). Retrouvez aussi notre interview de Christine Palluy.
Contes d’un roi pas si sage Texte de Ghislaine Roman, illustré par Clémence Pollet Seuil Jeunesse 13,50 €, 179×233 mm, 72 pages, lieu d’impression non précisé, 2014. |
Histoires d’aventurières Texte de Christine Palluy, illustrés par un collectif Lito dans la collection Au pays des merveilles 19 €, 245×246 mm, 133 pages, imprimé en UE, 2013. |
Bonolon l’île de la tortue Texte de Seibou Kitahara (d’après Tetsuo Hara, traduit par Fédoua Lamodière), illustré par Go Nagayama Nobi Nobi ! dans la série Bonolon 16,50 €, 191×267 mm, 139 pages, imprimé en Slovaquie, 2014. |
À part ça ?
Il y a un super festival qui se prépare à Montbazillac ! Un festival jeunesse (mais les vieux aussi son acceptés, comme le précise l’affiche) gratuit avec de supers invités : Anne Montel, Nicolas Gouny, Vincent Mathy, Frédéric Laurent, Gaëlle Perret, Zad, Stéphane Nicollet… et bien d’autres ! y’a même un spectacle de Pascal Parisot ! Pour tout savoir : la page facebook et le site. C’est les 16 et 17 mai. Bon je vous laisse… faut que je réserve mon billet de train !
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !