Aujourd’hui, je vous propose de découvrir deux beaux albums, à la lisière du documentaire et de la fiction, qui nous font découvrir avec poésie des métiers nécessaires : éboueur et apiculteur. Belle lecture !
Tous les matins, à l’heure où tout le monde dort encore, Gaspard, lui, se prépare. Il fait partie de ces « travailleurs de nuit », de ceux et celles qui connaissent la ville endormie et qui l’aident à se réveiller. Et pour cause, Gaspard est éboueur. Durant sa tournée, notre héros à des rituels. Là, il retrouve le chat sur le toit, ici : le sportif en fluo qui court, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige et puis, à ce croisement, le petit garçon au ciré jaune qui file à l’école en trottinette… Oui, mais voilà, ce matin, une ombre jaune passe, mais sans trottinette. Celle-ci, Gaspard la retrouve dans les encombrants. Que faire ?
Avec La tournée de Gaspard, Arnaud Nebbache nous propose un album sensible sur le métier d’éboueur. On suit donc la tournée matinale d’un homme sympathique et rêveur. Chaque étape est minutieusement décrite et dépeinte, avec les engins utilisés, le transport des déchets, mais aussi le fonctionnement du camion-poubelle. C’est un ouvrage très documenté et précis qui n’oublie néanmoins pas la fiction. Un ouvrage fort qui met en lumière un métier oublié. Gaspard fait partie de celles et ceux qu’on ne voit pas, soit qu’on ne le veuille pas, soit qu’iels ne font pas partie de notre quotidien. Les poubelles, « c’est sale ». Ici, les tas de détritus se transforment en trésors pour notre héros aux mains d’or. Il récupère des objets et leur donne une seconde vie (à l’instar de la trottinette du petit garçon au ciré jaune). Les illustrations, très esthétiques, nous plongent dans un univers graphique. La tournée devient alors un moment poétique, hors du temps et suspendu. Gaspard nous fait découvrir « sa ville », celle de « ceux et celles qui se lèvent tôt » aux premières lueurs de l’aurore, qui sont déjà rentré·es chez elleux lorsqu’on met le nez dehors. À elleux, la ville offre ses secrets, et Gaspard, dans son humanité, nous en donne un petit aperçu…
Un matin, l’été. Une apicultrice se réveille et s’étire avant de commencer sa journée de travail. Alors qu’elle s’apprête à vérifier ses ruches, quelque chose l’interpelle : le silence de la montagne. Où sont donc passées les abeilles ? Commence alors une quête pour retrouver l’essaim et le ramener sous le châtaignier.
Une journée d’apicultrice est un petit bijou. Un album solaire et lumineux dans lequel Arnaud Nebbache nous propose de découvrir un métier : celui d’apicultrice. C’est à la fois un ouvrage « technique » et sérieux, dans le sens où l’auteur explique de manière très claire ce métier aux néophytes et aux enfants (des imagiers sur chaque page de droite nous expliquent les arbres mellifères, les prédateurs des ruches, le matériel adéquat), mais il est également léger et drôle. On suit les tribulations de cette sympathique apicultrice soucieuse de retrouver son essaim égaré. Le suspense est d’ailleurs à son comble, car celui-ci s’est reformé sur un poteau électrique à proximité d’un champ arrosé généreusement de pesticides… Si le texte et la trame narrative permettent de découvrir cette profession et ses enjeux, les illustrations au pochoir nous offrent une plongée dans un univers coloré, où animaux, végétaux et humain·es vivent en bonne intelligence… loin du bruit et de la foule, des pesticides et de l’agriculture intensive.
La tournée de Gaspard![]() ![]() d’Arnaud Nebbache L’étagère du bas 14,50 €, 300×210 mm, 36 pages, imprimé en France, 2022. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Une journée d’apicultrice![]() ![]() d’Arnaud Nebbache Kilowatt 14,50 €, 200×270 mm, 32 pages, imprimé en France, 2022. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Née au début des années 90s, tour à tour professeure, amoureuse de la vie, de la littérature, de la musique, des paysages (bourguignons de son enfance, mais pas que…), des films d’Agnès Varda, des vers de Cécile Coulon et des bulles de Brétecher. Elle a fait siens ces mots de Victor Hugo “Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent”.




