Deux romans forts aujourd’hui, bien que très différents. Le premier nous présente une bande d’ados qui vont aider des migrant·es, le second une jeune fille qui va décider de s’emparer d’un fusil pour tenter de changer son destin.
Soname, Victor, Roman, Eliott et Lou sont accusé·es. Accusé·es d’avoir aidé des personnes en situation irrégulière. Comment peut-on être accusé d’avoir aidé des gens ? C’est donc préférable de laisser mourir des personnes en difficulté ? Les cinq adolescent·es ne comprennent pas…
Myren Duval signe un roman court (parfait pour celles et ceux qui n’aiment pas les pavés) et totalement prenant qui parle d’un sujet important : de délit de solidarité. Soname, Victor, Roman, Eliott et Lou ont croisé la route de trois migrant·es de passage (la ville des ados n’est qu’une étape, leur destination c’est l’Angleterre) et ont décidé de leur donner de la nourriture et quelques autres petites choses dont ils et elles ont besoin… et ça, ce n’est pas légal… Le roman dénonce donc cette loi immonde, mais il va au-delà. Il parle d’amitié, des premières amours (avec même une histoire LGBTQI+), les a priori et, bien sûr, d’entraide. C’est un roman profondément humain, qui ne sent jamais le roman militant (mais qui pourtant dit beaucoup de choses) avec une écriture qui fait mouche (ici, tout sonne juste dans la façon dont les ados s’expriment, ce qu’ils ressentent, etc. ce qui est loin d’être le cas de la majorité des romans ados actuels). Même si l’histoire est différente, l’esprit m’a fait penser au magnifique film Les mains en l’air (que je conseille aussi de regarder avec des enfants). Bref, voilà un beau roman à faire lire aux ados (dès 12-13 ans d’après moi) et même aux adultes.
Lou a quinze ans. Mal sans sa peau, elle est la cible de moqueries de ses camarades. Seul Phoenix, récemment arrivé dans son collège, semble ne pas se mêler au cortège des rieurs. Un jour, il prend même sa défense auprès d’un enseignant et les voilà puni·es ensemble. Phoenix va accompagner Lou chez elle afin de faire ensemble la rédaction qui leur sert de punition. Lou a honte de montrer son lieu de vie à ce garçon qui fait battre les cœurs de bien des adolescentes (dont le sien). Pendant que les deux ados planchent, un célèbre politicien qui s’est perdu frappe à la porte pour demander à téléphoner. Phoenix se dit qu’il tient l’occasion de rentrer chez lui (l’adolescente vit loin de tout) et Lou sent que sa vie va redevenir comme avant… C’est alors qu’elle s’empare d’un fusil…
Après avoir adoré D’après mon adolescence (chroniqué ici) et afin de préparer mon interview de Caroline Solé (lire là), j’ai eu envie de lire ce roman qu’elle avait sorti l’année dernière et que je n’avais pas eu le temps de lire à l’époque et j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma lecture, j’ai été happé par l’histoire à tel point qu’il m’a été difficile de fermer le livre avant de le terminer. Caroline Solé nous attrape dès les premières pages et ne nous lâche jamais, elle nous amène même là où l’on ne s’y attendait pas. On pourrait parler de « page turner », mais derrière cet anglicisme se cachent bien souvent des romans assez mal écrits qui réussissent juste à nous scotcher grâce à une intrigue pleine de rebondissements (pas toujours cohérents), ici rien de tout ça, c’est magnifiquement écrit (faut-il encore préciser que Caroline Solé a une très bonne plume ?) et son intrigue tient plus sur la psychologie des personnages que sur des rebondissements abracadabrantesques.
Délit de solidarité![]() de Myren Duval Rouergue, dans la collection Doado 9,50 €, 140×205 mm, 110 pages, imprimé en France, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
La fille et le fusil![]() de Caroline Solé Albin Michel, dans la collection Litt’ 13,90 €, 146×215 mm, 223 pages, lieu d’impression non indiqué, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !

