Je vous propose aujourd’hui deux recueils de nouvelles, deux ouvrages qui m’ont bouleversé. Une chronique croisée avec Maman Baobab.
Le premier, Casseurs de solitudes est signé Hélène Vignal, auteur d’un de mes plus gros coups de cœur de ces dernières années, Plan B pour l’été.
Une mère qui a tout donné, tout sacrifié, pour son boulot et s’en trouve drôlement remerciée, une jeune fille d’origine Africaine qui comprend que sa mère veut qu’elle soit excisée le jour même, une adolescente qui fuit avec son père bipolaire, une fille de riches et son cheval, un adolescent qui refuse d’être bénévole à un concert de rock jusqu’au jour où…, une jeune fille qui prépare des cupcakes tout en s’inquiétant pour son amie, une autre qui voit un homme devenir de plus en plus présent dans la vie de ses parents, un garçon qui fait un stage dans une préfecture et une fille qui pense avoir rencontré le prince charmant… Neuf histoires. Des personnages forts, qui se croisent parfois, qui vont vivre un moment important. Petites tranches de vies que vous n’êtes pas près d’oublier.
Hélène Vignal m’a fait pleurer dans le métro. Autour de moi les gens parlaient fort dans leurs téléphones, s’endormaient, lisaient, engueulaient un enfant trop remuant… moi j’étais avec Guindal, palefrenier au grand cœur et, un peu gêné, j’essayais d’essuyer discrètement une larme. Hélène Vignal m’a mis mal à l’aise quand j’ai lu la lettre qu’une personne écrit à l’administration pour dénoncer des gens qui n’ont pas l’air en règle ou quand Adra se demande comment échapper à une tradition barbare. Hélène Vignal m’a donné envie de crier « Bien fait ! » (toujours dans le métro), quand une jeune fille se venge d’un garçon qui veut la ken suite à un pari.
Casseurs de solitudes nous raconte l’histoire de héros et de salauds du quotidien, de ces gens que l’on croise tous les jours, sans savoir qui ils sont, ce dont ils sont capables. Le jeune homme au regard d’ange en est-il un ? Le proviseur qui passe son temps à jurer est-il toujours aussi détestable ? La petite fille à papa est-elle vraiment une tête à claques ?
Neuf histoires tout simplement bouleversantes.
Lire la chronique de Maman Baobab.
Il était fier de conduire son train, pourtant il a « tapé » une femme qui s’est jetée dessous. Ils voyaient bien qu’elle se faisait humilier par la prof. Elle entendait bien qu’à côté ça s’engueulait et même que ça pleurait… mais quand les pleurs se sont transformés en hurlements, fallait-il encore ne rien faire au nom du respect la vie privée de ses voisins ? Elle le voyait tous les matins et tous les soirs avec sa jambe bandée en train de faire la manche dans le métro, mais le jour où elle l’a vu face contre terre, fallait-il faire quelque chose ? Oui, des gens manifestaient en disant que des enfants avaient été enlevés dans leur pays, le Chili, mais en quoi ça la regardait ? Fallait-il être indifférent ?
Six nouvelles pour dire Non à l’indifférence. Un livre fort, poignant. Des histoires que l’on lit avec une boule dans le ventre. Et nous ? Comment aurions-nous agi ? Est-ce que nous râlons quand un train est bloqué parce qu’un désespéré s’est jeté dessous ? Est-ce qu’on ferait quelque chose quand on entend que la voisine se fait taper dessus ou que le mendiant qu’on croise tous les jours, et qu’on préférerait ne pas voir, a l’air très mal en point ? J’avoue être complètement passé à côté de l’une des nouvelles (une sur six… je pense que c’est très peu !), mais mis de côté celle-ci voilà un magnifique recueil avec un thème fort en commun. Un livre qu’on ne repose pas comme ça, qui nous trotte ensuite dans la tête. Un livre qu’on a envie de faire lire à nos ados pour en parler ensuite. Parce qu’il est plus facile de s’indigner pour des choses qui sont loin de nous que par ce qui se passe à côté, par ce qui gêne notre quotidien. Pour dire Non à l’indifférence.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué un ouvrage d’Hélène Vignal (Plan B pour l’été) et nous l’avons également interviewée.
Casseurs de solitudes d’Hélène Vignal Le Rouergue dans la collection DoAdo 10,20 €, 140×206 mm, 125 pages, imprimé en France, 2014. |
Non à l’indifférence de Gérard Dhôtel, Jessie Magana, Nimrod, Maria Poblete, Elsa Solal et Murielle Szac Actes Sud Junior dans la collection Ceux qui ont dit non 8 €, 110×176 mm, 96 pages, imprimé en France, 2013. |
À part ça ?
Comme tous les mois, nous vous donnons aujourd’hui nos coups de cœur du mois dernier. En mai, c’était donc, pour Marianne : Ca…caca…catastrophe de Catherine Leblanc et Laurent Richard (L’élan vert), Le secret le plus fort du monde de Gaël Aymon et Pauline Comis (Ricochet) et Les mammouths, les ogres, les extraterrestres et ma petite sœur d’Alex Cousseau et Nathalie Choux (Tom Poche). Et pour moi : La boum de Charlotte Moundlic et Olivier Tallec (Père Castor), Les lois de l’été de Shaun Tan (Gallimard Jeunesse) et Halb, l’autre moitié de Sigrid Baffert, Barroux et Alexis Ciesla (Les éditions des Braques).
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Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’ai beaucoup aimé Casseurs de solitude.
Merci de partager ces coups de coeur. Coup de projecteur assurément réussi ..on a envie de les lire. (et c’est bien d’avoir croisé vos chroniques avec Maman Baobab.)
Après le lecture de casseurs de solitude, j’ai écrit sur la page d’Helene Vignal que ses nouvelles m’avaient bouleversée. Vous utilisez le même qualificatif !
C’est en effet un vrai beau livre fort
Merci pour ces découvertes qui, je le sais, me percuteront!
Je note bien vite ces références!
Blandine.
Que dire…à part wahou.
Merci Gabriel pour ces lectures qui nous donnent envie !