Aujourd’hui, on part en expédition avec une famille de grenouilles puis on apprend à vivre en bonne entente avec les monstres qui nous entourent, dans ces deux très bons albums !
Papa et maman grenouille viennent de donner naissance à une très, très nombreuse progéniture. Les heureux parents sont fiers de leurs petits qui batifolent dans la mare, mais il y a tout de même un problème : leurs 999 têtards sont un peu à l’étroit dans cet étang pas bien grand. Que faire ? Déménager bien sûr ! Et c’est parti pour une grande expédition à la recherche d’un nouvel endroit où élever leurs nombreux enfants. Mais la route est longue, et bien vite les petits commencent à se lasser : « J’ai faim ! », « J’ai soif », « J’suis fatigué ! » entend-on parmi le cortège de petites grenouilles. Et le voyage ne s’annonce pas de tout repos, car en chemin de grands dangers les guettent : après avoir affronté un terrifiant serpent, voilà que plane au-dessus d’eux un énorme aigle, qui approche, approche… et s’empare de papa grenouille ! N’écoutant que son courage, maman grenouille s’élance à la rescousse de son compagnon, suivie de près par toute sa progéniture. Et c’est alors toute une ribambelle qui s’envole dans les airs…
Sorti en 2005, 999 têtards ressort cette année dans la collection des Albums Casterman, et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une TRÈS bonne chose ! Cet album tout simple est une vraie merveille d’efficacité. Les illustrations très graphiques de Yasunari Murakami réduisent le décor à quelques traits, et servent parfaitement le texte rythmé de Ken Kimura. C’est d’ailleurs un vrai bonheur de le lire à voix haute, avec ses dialogues pleins de caractère et son histoire qui enchaîne les rebondissements (c’est pourquoi il fait partie de mes albums chouchous quand je fais des lectures en groupe !). On peut en outre saluer le fait que la famille y soit représentée sans aucun cliché de genre (ici c’est notamment la maman grenouille qui sauve le papa), ce qui n’est qu’une des nombreuses qualités de ce livre bourré d’humour et d’action !
Un petit album passionnant à l’énergie débordante.
Quand vient la nuit, que les monstres sortent vaquer à leurs occupations et que les enfants s’apprêtent à rejoindre leur lit, il arrive que ces deux types d’individus se rencontrent. Comment faire pour que tout se passe dans la bonne entente ? C’est ce que propose de nous apprendre cet album un peu particulier. Construit comme un manuel pratique, il se compose de deux parties. La première, adressée aux enfants, passe en revue les différentes situations propices à la rencontre d’un monstre, chaque fois accompagnées de conseils pleins de bon sens. Vous tombez sur une terrible créature en traversant la forêt ? Invitez-la à prendre le thé ! Une brise lugubre fait vaciller la flamme de votre bougie ? Passez à la torche électrique ! La seconde partie de l’ouvrage renverse complètement les rôles, et s’adresse cette fois directement aux monstres (et l’on y apprend que ces derniers ne sont pas toujours très rassurés par les petites créatures qui les entourent !). Que faire si vous êtes un monstre et qu’un groupe d’enfants vient troubler votre baignade ? Ou envahit votre parc préféré ? Que vous soyez un petit humain ou une créature pleine de dents, ce livre vous dira tout ce qu’il faut savoir !
Dans cet album, le texte complètement loufoque est en total décalage avec l’esthétique très travaillée, ce qui rend les choses vraiment drôles ! Tout y est fait pour que l’on croie avoir affaire à un manuel ancien, de la préface rédigée sur un ton très sérieux jusqu’aux fausses notes de l’éditeur. Les illustrations d’Enrique Quevedo, entièrement en noir et blanc, sont vraiment fascinantes, et l’on ne se lasse pas d’observer les centaines de détails minutieux qui les composent. On est immédiatement immergé dans l’univers créé par l’auteur (proche de celui de Maurice Sendak, à qui est d’ailleurs dédié le livre) et par sa délicieuse absurdité. Enfin, non content d’être beau et drôle, À la nuit tombée délivre aussi, en toile de fond, une jolie réflexion qui dédramatise la peur de l’autre, en se plaçant des deux côtés de la barrière.
Un album vraiment original, à l’esthétique époustouflante.
999 têtards Texte de Ken Kimura (traduit par Paul Paludis), illustré par Yasunari Murakami Casterman dans la collection les Albums Casterman 12,90 €, 205×230 mm, 32 pages, imprimé en Roumanie, 2016 (première édition 2005). |
À la nuit tombée – Conseils aux monstres et aux enfants pour bien vivre ensemble d’Enrique Quevedo Seuil Jeunesse 13,50 €, 293×226 mm, 32 pages, imprimé en U.E., 2016. |
Aime les crêpes et les animaux rigolos.