Un album sur la vie d’un petit renard, un autre sur le lien maternel. Aujourd’hui, on célèbre la vie à travers deux albums absolument magnifiques. Coups de cœur visuels autant que textuels.
Petit Renard s’égaie dans la nature, au milieu d’autres animaux. Il aperçoit soudain deux petits papillons qu’il se met aussitôt à poursuivre. Et c’est là que le rêve commence… Sur la page suivante, Petit Renard se revoit renardeau. D’abord minuscule dans le creux du ventre de sa maman, puis avec ses frères et sœurs pour une partie de chasse. Sortir du terrier, humer l’air et les odeurs qu’il transporte. Une belle rencontre avec une biche, puis le rêve de Petit Renard se poursuit et il se souvient de la mise en garde de ses parents : ne pas être trop aventurier : « trop curieux, mort curieux ». Car dans le rêve de Petit Renard, il n’y a pas que des moments doux : il y a ce jour où il s’est coincé la tête dans un bocal oublié là par des humains. Et puis le fameux jour des papillons violets… Le jour où Petit Renard a chuté de la dune en poursuivant les papillons. C’est là que le rêve a commencé, et que tout s’est terminé.
Petit Renard est un album étonnant et magnifique à plus d’un titre. Par son histoire, d’abord : est-il besoin de préciser ce qui est arrivé à Petit Renard pour qu’il se mette à revivre les moments de sa vie ? La mort du petit animal intervient dès le départ, mais le basculement subtil vers le rêve la rend instantanément plus douce. Ainsi, c’est toute la
courte vie du renardeau qui défile devant ses yeux (et les nôtres) dans une galerie de sensations plus ou moins douces (les odeurs, la nature, les couleurs, la joie de découvrir l’air du dehors, le régal d’un campagnol qui croque sous les dents, les chants des oiseaux)… Le texte est beau, la traduction (du néerlandais) rend parfaitement le regard naïf du jeune renard inexpérimenté et curieux. Et que dire des illustrations absolument superbes de Marije Tolman, qui compose des ambiances avec des décors en photographies, dans lesquels évoluent divers animaux peints, dont notre renardeau au pelage orange flamboyant, presque fluorescent, qu’on aimerait caresser.
Un album gracieux et d’une grande maîtrise, aussi bien dans le texte que graphiquement, qui parle de la vie comme de la mort avec douceur.
Une maman c’est comme une maison, lorsqu’elle abrite en son ventre le bébé qui viendra bientôt au monde. Mais c’est évidemment bien plus que ça. « Une maman, c’est comme la Lune dans la nuit. » Rassurant, lumineux visage pour le tout-petit. « Une maman, c’est comme une île. » Dans le bain, instants partagés dans la quiétude de l’eau. « Une maman, c’est comme un arbre. » Un jeu, de grands bras, un doudou à attraper. « Une maman, c’est comme un docteur. » Une main sur un front brûlant, une nuit de fièvre. « Une maman, c’est comme un paysage. » Silhouette allongée dans l’herbe. « Une maman, c’est comme un tableau. » Corps maternel que le bébé observe au sortir du bain.
Voilà pour moi un des plus beaux livres sur le lien maternel vu depuis longtemps. Avec des mots et des scènes simples du quotidien, Aurore Petit traduit le lien unique qui peut exister entre une mère et son enfant. Les illustrations sont à l’image du texte : bouleversantes de sincérité et d’authenticité. Tout y est juste, de la première à la
dernière page, que je ne dévoilerai pas ici mais qui est parfaitement choisie. On apprécie aussi que le papa soit présent dans la plupart des scènes et qu’il ait un joli rôle dans ce portrait fusionnel entre la mère et l’enfant. Vous l’aurez compris, il n’y a aucune fausse note dans ce petit bijou à offrir aux tout-petits et à partager avec les mamans ou futures mamans.
Une merveille de tendresse sur le lien maternel, d’une justesse et d’une authenticité émouvante, aussi belle à regarder qu’à raconter.
Petit Renard![]() ![]() Texte d’Edward van de Vendel (traduit du néerlandais par Emanuèle Sandron), illustré par Marije Tolman Albin Michel Jeunesse 15,90 €, 250×190 mm, 84 pages, imprimé en Italie, 2019. |
Une maman c’est comme une maison![]() ![]() d’Aurore Petit Les Fourmis rouges 14,50 €, 210×170 mm, 48 pages, imprimé en Italie, 2019. |

« Un instant, un seul, lui fait déserter son corps : le temps des livres. Le corps de l’enfant qui lit n’est plus qu’un tas de vêtements qu’il a jetés n’importe où. Le livre est ouvert sur la moquette. Les vêtements glissent du lit ou font les pieds au mur. Il est en train de lire. […] Il n’y a plus personne dans la chambre. L’enfant est très loin de là, dans un corps plus ample, au milieu des vagues, loin de nous. » Timothée de Fombelle, Neverland.


