Aujourd’hui, deux romans avec deux femmes au centre de l’intrigue. Dans le premier, la jeune Mim s’échappe d’un environnement qui lui paraît hostile pour retrouver sa mère et dans le second, une légende mystérieuse pousse les habitant.e.s d’un village japonais reculé à tuer tous les bébés laids nés sous le signe du cheval de feu…
Au détour d’une conversation entre son père, Kathy (la copine de son père) et le proviseur, Mim apprend LE GROS SCOOP. Elle n’aurait pas dû être là, elle n’aurait pas dû entendre mais c’est un fait : sa mère est malade. De quelle mystérieuse maladie est-elle atteinte ? Pour le moment, Mim ne le sait pas mais à partir de maintenant, la jeune fille n’a plus qu’une seule idée en tête. Déserter le lycée et rejoindre sa mère à Cleveland. Au rythme des étapes (plus ou moins dangereuses…) de son périple, elle raconte les différents désordres qui l’entourent. Dans sa famille, dans le monde et à l’intérieur d’elle. Mim a presque toujours été en désordre. Depuis toute petite, mais encore plus depuis qu’elle a appris la maladie de sa mère. Elle a vu des médecins et prend des médicaments pour essayer d’être aussi normale que possible. Elle consigne les étapes importantes de son périple dans son journal et entre accident de bus, enfants errants et arrestations, il sera loin d’être calme !
Ce roman est absolument merveilleux. Il fonctionne un peu comme un roman d’initiation. Le personnage n’est plus du tout le même au début et à la fin. Mim traverse tellement d’épreuves, plus ou moins atroces, qu’elle en ressort changée. On commence le roman avec une adolescente et on le finit avec une jeune femme décidée et pleine de caractère (encore plus qu’au début, et il faut y aller…). Ce livre aborde sans pathos la question de la maladie mentale et la façon dont elle existe chez la patiente mais aussi dans sa famille. Mim parle à « Isabelle » à travers son journal, de ce trouble qui la rend à la fois différente mais aussi unique. On s’attache très vite à ce personnage à la psychologie vraiment complexe, on chemine littéralement aux côtés de Mim et chaque rebondissement de cette histoire met la lectrice ou le lecteur dans un état de tension incroyable.
Un roman extrêmement bien mené et qui se lit quasiment d’une traite !
Une légende ancienne raconte qu’une ogresse aurait tué une jeune femme pure et belle et lui aurait ensuite volé son visage. Depuis, tous les bébés décrétés hideux et nés sous le signe du cheval de feu doivent être tués, pour ne pas risquer de porter malheur aux habitant.e.s. Chigusa, infirmière atterrée par ces croyances archaïques, va sauver un bébé laid, Izana, promis à une mort certaine. Elle élève cette enfant loin des regards indiscrets, par peur des représailles de la famille dont elle l’a éloignée et qui la croit morte. Chigusa et la petite fille vivent ainsi, recluses, pendant de longues années mais un jour, Izana n’y tient plus. Elle veut découvrir ce dehors qu’elle entrevoit par la fenêtre et dans les livres. La jeune fille élabore un plan pour s’évader de la prison qu’est devenu son foyer. Un jour où Chigusa s’est absentée toute la journée, Izana décide de partir explorer les alentours. Son premier but est l’école du village d’à côté. Elle rêve de voir ce lieu où elle pourrait étancher sa soif de connaissances et de contacts avec d’autres enfants de son âge. Hélas, ses premiers contacts avec l’extérieur vont être d’une violence inouïe et changer à jamais le cours de sa vie…
Izana ou la pluralité des êtres. L’ouvrage met au centre de sa narration, le regard. Comment appréhender l’héroïne ? Dès la couverture, on la comprend multiple et insaisissable. Au-delà de cela, l’intrigue est très bien menée et impossible d’imaginer dès le début comment l’histoire va finir. La lectrice ou le lecteur est tenu en haleine quasiment de la première à la dernière ligne. Tout comme la jeune Mim du précédent roman, Izana évolue au fil des pages. De l’enfant peureuse, elle devient la jeune femme téméraire et presque cruelle. J’ai peur de trop en dire et de révéler l’intrigue parce que la surprise est réellement saisissante à la fin du roman, je trouve. Les chapitres sont séparés par l’illustration d’une montagne (que l’on imagine être celle où l’ogresse a vaincu la jeune fille) qui apporte un certain souffle, comme une pause, au cours d’une lecture réellement trépidante.
À lire d’urgence, vous serez réellement surpris.e.s par l’intrigue originale autant que par le dénouement…
Mosquitoland![]() de David Arnold (traduit par Maud Ortalda) Milan 15,90 €, 155 x 230 mm, 352, imprimé en Italie , 2017. |
Izana la voleuse de visage![]() de Daruma Matsuura (traduit par Diane Durocher) Lumen 15 €, 139 x 225 mm, 317 pages, imprimé en France, 2017. |
Aime le papier bulles et les dinosaures.

