Comme l’année dernière, tous les mercredis de juillet et août nous vous proposons de découvrir un métier grâce à deux personnes qui font ce métier-là. Vous découvrirez ainsi ceux qui travaillent autour du livre pour enfants. Après auteur jeunesse, attaché de presse dans une maison d’édition jeunesse, traducteur de livres pour enfants, bibliothécaire jeunesse, éditeur jeunesse, blogueur jeunesse, libraire jeunesse et illustrateur jeunesse, cet été nous vous proposerons d’en savoir plus sur huit autres métiers : la semaine dernière nous vous avons présenté des attaché-e-s à la promotion des auteurs, la semaine d’avant c’étaient des maquettistes, celle d’encore avant deux personnes qui nous parlent des livres à la radio, cette semaine nous nous intéressons aux graphistes. J’ai posé des questions à deux d’entre elles, Natacha Kotlarevsky (Tourbillon) et Audrey Simon (freelance). Bon mercredi à vous !
Dis c’est quoi ton métier… Natacha Kotlarevsky
En quoi consiste le métier de « graphiste » ?
Le métier du graphiste est très vaste. Pratiquement tout ce qui est imprimé passe par l’ordinateur d’un graphiste. Le travail dans l’édition est assez spécifique. Surtout pour l’édition jeunesse. Je suis toujours à la recherche de nouveaux illustrateurs, de nouvelles « pattes », de nouveaux talents. Pour chaque livre, je prépare une « pré-maquette », une première version du livre, avec le texte mis en place et les emplacements pour les illustrations. Je reçois les crayonnés de l’illustrateur, que je mets en place. L’éditrice et l’auteur les regardent, font des remarques de cohérence texte-images. Je fais aussi des remarques. L’illustrateur reprend ses crayonnés, et fait ensuite la mise en couleur. Je finalise ensuite le livre qui sera envoyé à l’imprimeur.
Voilà pour le processus, grosso modo…
Chez Tourbillon, nous avons beaucoup développé les « livres-objets », des livres avec des peluches, des autocollants, des coffrets avec des minis-livres… ce sont des livres assez complexes à réaliser !
Mon travail consiste aussi, avec celui de l’illustrateur, à donner une identité graphique au livre, en fonction aussi de l’âge du lecteur, de son domaine : album/documentaire/petite enfance…
Quelle est la formation ou le parcours nécessaire pour l’exercer, quels ont étés les vôtres ?
Personnellement, je n’ai pas de formation ! J’ai commencé à travailler dans la presse. J’allais chez les imprimeurs, chez les photocompositeurs (un métier disparu), chez les photograveurs, et de fil en aiguille, j’ai appris. J’ai tout fait pour travailler dans l’édition, parce que je voulais absolument faire des livres. J’ai eu de la chance, je suis arrivée chez Gallimard à une époque où ils cherchaient quelqu’un qui avait travaillé dans la presse !
Est-ce que graphiste est un métier qui s’exerce à plein temps ?
Oui, c’est un métier qui s’exerce à plein temps ! A plein-plein temps !
Qui sont vos interlocuteurs ? Les auteurs et les illustrateurs interviennent-ils ?
Je travaille directement avec les illustrateurs, beaucoup avec l’éditeur/trice en charge du livre. Beaucoup avec le service fabrication mais moins avec l’auteur.
Travaillez-vous pour plusieurs maisons d’éditions ?
Quand on est salarié dans une maison d’édition, on ne travaille que pour « sa » maison d’édition. Mais on peut très bien être à son compte, en « free-lance » et travailler pour plusieurs maisons d’édition. Ou moitié-moitié.
Je travaille depuis 5 ans pour les éditions Tourbillon.
Auparavant, j’étais free-lance et j’ai travaillé pour de nombreuses maisons d’édition.
Comment vous êtes-vous fait connaître ?
Je ne sais pas trop… c’est un petit milieu. Un travail m’a (presque) toujours amené à un autre. Une rencontre à une autre… et ainsi de suite !
Où et comment travaillez-vous ? (Chez vous ? Dans les locaux de la maison d’édition ?)
Je travaille 4 jours par semaine dans les bureaux Tourbillon et 2 demi-journées par semaine, je travaille chez moi, je fais encore quelques livres en tant que free-lance.
J’ai mon ordi, une palette graphique, je ne prends pas beaucoup de place !
Comment est calculée votre rémunération ?
Oulala !
Les éditeurs ont un « compte d’exploitation » pour chaque livre, des tas de calculs savants, qui incluent les droits d’auteur pour l’auteur et l’illustrateur, les frais de fabrications, les frais fixes, les frais de distribution, les projections de ventes… Et les frais de mise en page, c’est pour moi ! Ça dépend aussi de tout un tas de paramètres : nombre de pages, complexité du livre. Ce n’est pas la même chose pour un livre technique « pop-up », que pour un album ou que pour un livre documentaire avec pleins de photos et d’illustrations. Ça dépend aussi si c’est un livre qui rentre dans une collection existante, et là il faut se « couler » dans un moule qui existe déjà ou bien si il faut créer la mise en page et l’identité graphique pour un livre ou une collection.
Mais on peut aussi calculer comme ça :
Quelles sont les idées reçues qui vous énervent sur votre métier ?
Quand je dis que je suis graphiste dans l’édition, on me demande toujours : « mais tu fais quoi comme genre d’illustration ? » (mais en fait moi aussi, avant, je ne connaissais pas l’existence de mon métier !!!)
Quels sont les plaisirs à l’exercer ?
Recevoir les illustrations pour un projet qu’on adore et être super content !
Recevoir le livre imprimé et être super content du résultat, et ne pas y trouver d’erreur !
Et quels sont les mauvais côtés ?
Recevoir les illustrations pour un projet qu’on adore et être super déçu !
Recevoir le livre imprimé et être super déçu du résultat, et y trouver des tas d’erreurs !
Je n’ai pas assez de temps parfois pour peaufiner les choses. Mais il y a toujours des choses à améliorer…
En tant que free-lance, on a parfois trop de travail d’un coup, et pas assez à d’autres moments, le temps est difficile à gérer.
Le site des éditions Tourbillon : http://www.editions-tourbillon.fr
Dis c’est quoi ton métier… Audrey Simon
En quoi consiste le métier de « graphiste » ?
Pour moi, le graphiste est la personne qui met en forme les éléments transmis par l’auteur et l’illustrateur ; l’ensemble doit être lisible, harmonieux, et donner envie.
Quelle est la formation ou le parcours nécessaire pour l’exercer, quels ont étés les vôtres ?
Les parcours peuvent être multiples pour devenir graphiste, mais il faut être passionné par la typo, l’illustration, l’image, et les couleurs.
J’ai moi même suivi des études de dessinateur-maquettiste option arts graphiques au lycée Maximilien Vox (Paris 6eme) avant d’effectuer une formation en PAO (publication assistée par ordinateur). J’ai commencé mon parcours professionnel dans la presse puis dans la communication, avant de découvrir l’édition jeunesse dans laquelle je m’épanouis aujourd’hui en tant que freelance.
Est-ce que graphiste est un métier qui s’exerce à plein temps ?
Pour ma part, j’ai la chance d’avoir beaucoup de travail (ce qui n’est pas toujours le cas en freelance), et comme je l’exerce par passion je ne compte pas mes heures : c’est beaucoup plus qu’un plein temps !
Qui sont vos interlocuteurs ? Les auteurs et les illustrateurs interviennent-ils ?
L’éditeur est la première personne qui me contacte, puis par la suite je suis en relation avec l’illustrateur et parfois l’auteur. Dans la plupart des cas je crée une maquette à la demande de l’éditeur, avec le texte de l’auteur, puis l’illustrateur réalise les dessins appropriés là où ils ont été prévus.
Travaillez-vous pour plusieurs maisons d’éditions ?
Oui, cette diversité est très enrichissante humainement et professionnellement.
Comment vous êtes-vous fait connaître ?
Après un court passage dans le monde de la communication (et avoir subit son rythme effréné), j’ai décidé d’envoyer mon book dans les maisons d’éditions, un milieu qui m’attirait beaucoup. Après un premier livre confié par Bayard édition, le bouche à oreille a fait le reste.
Où et comment travaillez-vous ? (Chez vous ? Dans les locaux de la maison d’édition ?)
Je travaille chez moi par choix, pour profiter au maximum de ma famille.
Comment est calculée votre rémunération ?
Pour chaque projet l’éditeur me propose un budget.
Quelles sont les idées reçues qui vous énervent sur votre métier ?
– « Mais si t’as pas fait ni le texte, ni les illustrations, t’as rien fait ! »
– « Si tu es chez toi toute la journée, tu travailles pas ! »
Voilà les phrases qui me font bondir !
Quels sont les plaisirs à l’exercer ?
– Travailler avec des gens talentueux, partager des idées qui m’enthousiasment.
– Et surtout le plaisir d’avoir le livre imprimé entre les mains.
Et quels sont les mauvais côtés ?
Si il faut vraiment en donner un, je dirais que comme on ne compte pas ses heures, il est parfois difficile de concilier métier et vie de famille.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
heu du coup, c’est quoi la différence entre un graphiste (chez un éditeur) et un maquettiste ? Parce que en lisant les interviews on ne voit pas bien la différence. En pratiquant le boulot non plus 😉
On peut se dire graphiste ou maquettiste. Disons que graphiste c’est générique et que maquettiste c’est plus précis. Mais les graphistes et les maquettistes interviewés ici font-ils une différence ? Le graphiste fait peut-être autre-chose que la mise en page (création du logo d’une collection, cartes de voeux de l’éditeur etc) ??
Alors personnellement, n’y connaissant rien, j’avais posé la question sur FB et on m’avait dit que non c’était deux métiers bien distinct (même si souvent dans les boîtes c’était la même personne qui faisait les deux). J’avoue que moi-même je n’ai pas tout compris la différence… Surtout que de mémoire les deux maquettistes étaient aussi graphistes.
dans l’absolu oui, c’est 2 métiers différents mais dans une maison d’édition, je ne vois pas trop la différence. Dans la presse, il y a des maquettistes qui ne font que ça (ce sont plus souvent des exécutants que des créatifs d’ailleurs). Et des graphistes-pas-maquettistes, on en trouve à pas mal d’endroits (agences, studios internes, dans la com, dans la pub etc.)
(Je synthétise) Un maquettiste est considéré comme un exécutant qui fait de la composition de textes et d’images, par exemple un maquettiste va créer le “design” d’un magazine, la couleur, la taille des textes, la mise en page, à quel endroit va se trouver le sous-titre, le titre etc. C’est un boulo d’édition.
Le graphiste est considéré comme un créatif, et là les domaines sont bcp plus vaste, il va faire le même boulo qu’un exécutant (voir que çà pour le salaire ne correspondant pas à ses études et compétences). Mais il fait surtout de la création, comme une charte graphique par exemple : c’est-à-dire, prenons une marque France Télécom, c’est lui qui va être chargé de créer le logo de l’entreprise et ensuite de décliner toute l’apparence graphique (publicité, en-tête de lettre, carte de visite etc). Il va créer le design, et le maquettiste se charge de le réaliser. On fait des distinctions selon le secteur, graphiste PAO (plus souvent édition), graphiste web, graphiste exécutant etc. A l’étranger on dit de façon générique Graphic Designer.
Nelly, je posais la question de la différence entre le graphiste et le maquettiste dans une maison d’édition.
Dans les autres domaines, c’est en effet ce que tu expliques (bien qu’un graphiste puisse être aussi exécutant et un maquettiste créatif, arg ! quel bordel !). Pour moi le terme maquettiste est quand même plus fortement lié au monde de l’édition (production avec beaucoup de pages). Mais je suis surprise de voir les 2 métiers traités dans ce dossier sur ce site. Surtout qu’à la lecture des interviews, on se rend compte qu’il s’agit bien du même métier.
Sinon, dans certaines boites celui qui crée le graphisme c’est le DA et celui qui se charge de réaliser tout ça c’est le graphiste. Tout ça pour dire que tout ça c’est le même chose et que chacun exprime ça avec son propre vocabulaire 😉