Cet été, vous pourrez lire, tous les mercredis, une question d’enfant et la réponse d’auteurs, illustrateur-trice-s, éditeur-trice-s… Les enfants ont été nombreux à nous envoyer des questions, nous en avons choisi huit. Après les questions de Tristan et de Daphné les semaines passées, aujourd’hui la question de Rose, 7 ans, qui m’a proposé de demander aux auteurs : « Comment est-ce qu’ils font les auteurs pour inventer les personnages ? Ils sont complètement inventés ? Ou alors c’est des gens qu’ils connaissent et qu’ils transforment ? Ou déguisent ? ». Estelle Billon Spagnol, Charlotte Moundlic, Olivier Tallec, Michaël Escoffier, Matthieu Maudet, Ronan Badel et Éléonore Thuillier ont accepté de lui répondre, vous découvrirez, en même temps qu’elle leurs réponses. Chacune des questions retenues fait en plus gagner un ouvrage à l’enfant qui l’a posée. Cette question permet donc à Rose d’avoir la chance de recevoir, grâce aux éditions Grasset, le génial album Le Yark de Bertrand Santini et Laurent Gapaillard. Un album, que l’on avait chroniqué ici, qui nous présente un affreux monstre mangeur d’enfants… qui est bien attachant au final. Un de nos derniers coups de cœur.
« Comment est-ce qu’ils font les auteurs pour inventer les personnages ? Ils sont complètement inventés ? Ou alors c’est des gens qu’ils connaissent et qu’ils transforment ? Ou déguisent ? » (Rose, 7 ans)
Estelle Billon-Spanol :
Hello Rose,
Bien souvent, mes personnages d’albums arrivent comme ça, sans prévenir : quand je bois mon café ou que je vais à la piscine… En tout cas jamais quand je suis à ma table de travail et que j’ai envie de compagnie ! Ils viennent toujours avec un nom. Alors je ne perds pas une seconde, je prends mon carnet et je les dessine. En fonction de ce qui vient par le crayon, leur caractère s’affirme, et plus il s’affirme, plus je vois à qui ces personnages ressemblent. Et l’histoire se construit alors. Je ne décide de rien. C’est d’ailleurs assez étrange de les voir peu à peu prendre vie et se rapprocher de personnes proches ou moins proches. Par exemple, Monsieur MOK, un futur album aux éditions Philomèle, ressemble en tous points à mon kiosquier, ou en tout cas ce que j’en imagine.
Parfois, le personnage arrive plus tard, alors que l’idée principale de l’histoire est posée. Par exemple pour Grong, j’avais envie de faire parler un personnage très (trop) sûr de lui, un condensé de personnes croisées au fil du temps. Et ce monstre est arrivé au bout de dizaines de pages de carnet.
Et puis aussi, je m’inspire de moi petite, ou en tout cas des souvenirs que j’en ai… Et là oui je me déguise ! Bien vu Rose…
N’hésite pas à me dire Rose si je n’ai pas bien répondu à ta question ! J’aime bien ce que tu dis : personnes déguisées
Estelle Billon-Spagnol est auteur et illustratrice. Elle a sorti en début d’année La déclaration des droits des garçons et La déclaration des droits des filles chez Talents Hauts avec Élisabeth Brami (deux livres que nous avons chroniqués ici). Elle sortira à la rentrée Maxi-Souris aux éditions Frimousse et Monsieur Mok chez Philomèle.
Le site d’Estelle Billon-Spagnol : http://estellebillonspagnol.blogspot.fr.
Charlotte Moundlic :
Bonjour Rose, je crois que je n’invente presque jamais mes personnages.
Ils ressemblent tous un peu à l’enfant que j’étais avec en plus une pincée de ceux qui m’entourent ou que j’observe ou que j’aimerais rencontrer.
Au final, c’est un joyeux mélange de plein de personnes différentes avec des gros bouts de moi à l’intérieur !
Charlotte Moundlic est auteur. Elle a sorti il y a peu La boum ou la plus mauvaise idée de ma vie avec Olivier Tallec au Père Castor (que nous avons chroniqué ici) et Chamalo va à la plage avec Marion Billet, toujours au Père Castor. À la rentrée, elle sortira Le papa de Simon avec François Roca chez Milan.
Olivier Tallec :
Parfois, ils sont complètement inventés, parfois ils existent un peu. On s’inspire des gens que l’on croise, on mélange la personnalité de plusieurs personnes qu’on connaît. Ou parfois, ils n’existent que dans notre imaginaire.
Olivier Tallec est auteur et illustrateur. Il a sorti il y a peu La boum ou la plus mauvaise idée de ma vie avec Charlotte Moundlic au Père Castor (que nous avons chroniqué ici) et il sortira à la rentrée Louis Ier, roi des moutons chez Actes Sud Junior et Bonne journée, une BD, chez Rue de Sèvres.
Le site d’Olivier Tallec : http://www.oliviertallec.fr.
Michaël Escoffier:
Mes personnages sont un mélange de plein de gens que je connais ou que je croise dans la vie. Ils s’inspirent aussi beaucoup de mon humeur personnelle. Comme le lecteur qui s’identifie au héros d’une histoire, je m’identifie en tant qu’auteur à mes personnages. Ils reflètent différentes facettes de ma personnalité.
Michaël Escoffier est auteur d’albums. Il a sorti il y a peu Le chevalier noir aux éditions Frimousse et il sortira à la rentrée, à l’école des loisirs, Ouvre-moi ta porte avec son complice Matthieu Maudet. Vous pouvez retrouver ici une interview que nous avions réalisée de lui.
Le site de Michaël Escoffier : http://michaelescoffier.canalblog.com.
Matthieu Maudet :
Quand j’imagine une histoire, les personnages viennent en même temps.
Ils se précisent au moment où je réfléchis aux dialogues, à ce qu’ils font, à quoi ils ressemblent.
Et parfois, pendant mes recherches dessinées des personnages, je pense à des gens que je connais, pour approfondir leur caractère, trouver des détails physiques.
Par exemple, le papa dans Un mammouth dans le frigo, c’est Jean Leroy.
Matthieu Maudet est auteur et illustrateur. Il a sorti au mois d’avril Le ça (que nous avons chroniqué ici) avec Michaël Escoffier et il sortira à la rentrée Ouvre-moi ta porte avec le même Michaël Escoffier à l’école des loisirs. Vous pouvez retrouver ici une interview que nous avions réalisée de lui.
Le site de Matthieu Maudet : Matthieu Maudet : http://matthieumaudet.blogspot.fr.
Ronan Badel :
Quand j’écris une histoire, je m’inspire presque tout le temps de mes souvenirs d’enfance. Dans 3600 secondes, je raconte un rêve que j’ai fait quand j’étais petit… Et donc le petit garçon en couverture… C’est moi.
Dans un autre livre, Kiki et Rosalie, je me suis inspiré de ma grand-mère, et il m’arrive fréquemment de dessiner mon grand-père, on peut le voir dans des cadres sur les murs, ou passant dans une rue en arrière plan.
J’observe aussi beaucoup mes propres enfants. Leurs attitudes, leurs façons de raconter, les choses qu’ils aiment, ce qui leur fait peur… Tout ça contribue à enrichir les personnages que j’invente.
Ronan Badel est auteur et illustrateur. Il vient de sortir Le livre abominable avec Noé Carlain chez Sarbacane. Il sortira à la rentrée Ptit Napo avec Géraldine Elschner chez Glénat et Le meilleur livre pour apprendre à dessiner une vache avec Hélène Rice chez Thierry Magnier. Vous pouvez retrouver ici une interview que nous avions réalisée de lui.
Éléonore Thuillier :
Lorsque je crée un personnage, je l’invente complètement, mais j’y mets certainement (consciemment ou inconsciemment) un peu de moi ou un peu de personnes que je connais… C’est ce mélange qui donne de l’épaisseur aux personnages. Il m’arrive aussi souvent d’insérer dans mes illustrations des clins d’œil qui font directement référence à des proches ou des personnalités connues, ça m’amuse beaucoup.
Éléonore Thuillier est connue pour son Loup (dont Le loup qui voulait changer de couleur) chez Auzou, mais elle a aussi sorti récemment Rosie & Rosette : 100 % pur porc avec un zeste de loup chez De la Martinière jeunesse (que nous avions chroniqué ici). Retrouvez l’interview que nous avions réalisée d’elle.
Le blog d’Éléonore Thuillier : http://eleillustrations.blogspot.fr.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
y’a tous mes auteurs préférés 🙂