Cet été, comme l’été dernier, vous pourrez lire, tous les mercredis, une question d’enfant et la réponse d’auteur-e-s, illustrateur-trice-s, éditeur-trice-s… Aujourd’hui, la question est de Maxime, 6 ans et demi : « Est-ce que les gens qui écrivent les histoires savent tout avant d’écrire ou est-ce qu’ils font des recherches ? Par exemple quand ils écrivent une histoire de dinosaures est-ce qu’ils lisent des livres sur les dinosaures ? ». Cécile Roumiguière, Charlotte Moundlic, Loïc Méhée, Laurent Audouin, Mymi Doinet et Isabelle Wlodarczyk ont accepté de lui répondre, vous découvrirez, en même temps que lui leurs réponses. Chacune des questions retenues fait en plus gagner un ouvrage à l’enfant qui l’a posée. Cette question permet donc à Maxime d’avoir la chance de recevoir, grâce à Zoom éditions, Adama de Remedium, un très bel album qui parle de la bataille d’une classe pour empêcher l’expulsion d’un de leurs camarades (album que nous avions chroniqué ici).
« Est-ce que les gens qui écrivent les histoires savent tout avant d’écrire ou est-ce qu’ils font des recherches ? Par exemple quand ils écrivent une histoire de dinosaures est-ce qu’ils lisent des livres sur les dinosaures ? » (Maxime, 6 ans et demi)
Cécile Roumiguière :
Oh non, les écrivains ne savent pas tout… C’est un côté de ce métier que j’aime beaucoup, on doit apprendre tout le temps, toute sa vie. Des choses sur les dinosaures, sur les facteurs ou les cosmonautes, la danse classique, le jazz ou comment poussent les brins d’herbe. On apprend dans les livres, sur internet, en regardant des photos, des films, des documentaires… on apprend tout le temps. De quoi passer de longues heures (de longues semaines ?) à flâner en repoussant le moment de se mettre à écrire.
Cécile Roumiguière est auteure de romans et d’albums. Côté romans, elle vient de sortir Lily chez La joie de Lire. Côté albums, Sur un toit un chat avec Carole Chaix chez À pas de loups. À la rentrée, on pourra découvrir Mon chagrin éléphant chez Thierry Magnier.
Son site : http://cecileroumiguiere.com.
Charlotte Moundlic :
Cher Maxime,
pour écrire un livre documentaire sur les dinosaures qui doit donner des informations précises qui vont aider les enfants à apprendre des choses, l’auteur doit faire des recherches pour ne pas faire d’erreurs.
En revanche s’il souhaite écrire une histoire imaginaire dans laquelle un petit dinosaure mangerait du chocolat en dansant comme Michaël Jackson, pas besoin de se renseigner car les enfants en lisant l’histoire sauront bien que son objectif n’est pas de donner des informations scientifiques.
Mais parfois l’auteur, même si son récit est imaginaire, a besoin de faire des recherches.
Par exemple si son histoire se passe dans une ville qu’il ne connaît pas, il cherche à quoi les rues et les maisons peuvent ressembler pour que son récit soit crédible.
Charlotte Moundlic est auteure. Elle alterne les albums et les romans. Son dernier roman, Je suis le fruit de leur amour, est sorti chez Thierry Magnier, son dernier album, Le papa de Simon (d’après une histoire de Maupassant, illustré par François Roca), chez Milan.
Retrouvez l’interview que nous avons réalisée d’elle ici.
Loïc Méhée :
Oui ! Autant pour les histoires que pour le dessin.
À chaque fois qu’on raconte ou qu’on dessine quelque chose, il faut savoir de quoi on parle… (pour dessiner un chien, il faut avoir vu un chien au moins une fois dans sa vie !) alors il y a deux possibilités :
– Soit on connaît déjà le sujet, ou bien on l’a souvent dessiné : on n’a plus besoin de faire des recherches par ce qu’on est déjà imprégné… Par exemple si je raconte l’histoire de mon chat, je connais déjà son caractère, ce qu’il mange, si il aime les câlins, de quelle couleur sont ses yeux, etc. Il faudra juste que je l’observe un petit peu, pour avoir des détails plus précis (comment il se tient pour se gratter, quelle tête il fait quand il est en colère…).
– Soit on ne connaît pas (ou mal) le sujet : si on dessine pour la première fois quelque chose, ou si c’est un sujet compliqué… Par exemple si je fais une histoire de dinosaures, et que mon héros est un tricératops, je vais regarder dans des livres ou sur internet comment ils étaient (taille, forme des cornes, longueur, forme de la queue…) mais aussi ce qu’ils mangeaient, quelles étaient leurs habitudes… C’est ce qu’on appelle le travail de documentation.
Parfois, c’est justement en faisant des recherches qu’on trouve des idées : en recherchant des informations sur les tricératops, je vais connaître aussi quels étaient leurs prédateurs, leurs ennemis. Ceci peut me donner une idée d’histoire. Par exemple un tricératops et un tyrannosaure qui se détestent et qui deviennent ensuite amis. Ou qui se battent. Ou un tyrannosaure très gentil mais qui fait peur à tout le monde… Il y a des milliards d’idées, de possibilités.
Et une fois que j’aurai dessiné un tricératops plusieurs fois, je saurai le redessiner sans avoir à me documenter…
Tout dépend aussi du type de livre qu’on écrit, ou qu’on illustre.
– Pour un livre documentaire, il faut être très précis, car le lecteur lit ce livre pour avoir des informations justes. Et même si on imagine certains événements (un combat de dinosaures par exemple), on veut qu’ils soient proches de la réalité.
– Pour un conte, ou une histoire, on fait ce qu’on veut ! Libre court à notre imagination ! On peut même inventer nos propres dinosaures, avec 8 pattes, des ailes, deux mâchoires, etc.
La plupart du temps, on fait tout en même temps !
On imagine, on se documente, on trouve une autre idée, on fait des recherches dans des livres, on invente quelque chose d’incroyable, on regarde autour de nous, on s’en inspire…
Mon conseil : achète ou fabrique-toi un petit carnet qui rentre dans tes poches. Ainsi, dès que tu n’as rien à faire, en attendant le bus, en voiture ou devant la télévision… note ce que tu vois et entends (une situation rigolote, une expression intéressante…) et dessine tout ce que tu vois (une coiffure incroyable, un drôle de chien, un beau paysage…) ! Au bout d’un certain temps ton carnet sera rempli d’idées écrites et dessinées, que tu pourras réutiliser et mélanger pour écrire tes propres histoires… On se documente aussi (et surtout) en regardant autour de nous, sans ouvrir un seul livre… même si il est très compliqué de voir un dinosaure en vrai de nos jours ! (quoique… ma voisine a quand même de très longues dents…).
Loïc Méhée est auteur et illustrateur. Il connaît bien les dinosaures puisqu’il sortira à la rentrée Au temps des dinosaures (avec Romain Amiot chez Fleurus). Le dernier album qu’il a illustré c’est Lolita d’Alexandra Neraudeault sorti chez Les 400 coups.
Son site : http://loicmehee.wix.com/illustration
Laurent Audouin :
Eh bien, je te répondrai plutôt en tant qu’illustrateur…. est-ce qu’avant de dessiner tu te renseignes sur tout ce que tu dois dessiner, avant !
et là, je te dis oui ! Moi, je fonctionne avec le cerveau d’un enfant ! c’est-à-dire que je suis curieux, très curieux, je me renseigne (sans a priori), je lis, je consulte ! je ne dessine jamais rien sans aller voir sur place ou sans me renseigner sérieusement sur le sujet…
Laurent Audouin est auteur et illustrateur. Il a notamment illustré les séries Mirette (chez Sarbacane) et Génial mon école part… (chez Les p’tits bérets). Il vient de sortir le sixième tome des Aventures fantastiques de Sacré-Cœur d’Amélie Sarn chez Le lézard Noir.
Retrouvez l’interview que nous avons réalisée de lui ici.
Son site : http://laurentaudouin.canalblog.com.
Mymi Doinet :
Ah les dinosaures, vaste sujet ! Je ne savais pas grand-chose les concernant avant d’étudier leur cas. J’ai d’ailleurs appris pas mal de détails amusants en écrivant justement toutes sortes de documentaires les concernant. Par exemple, on imagine ces ancêtres des crocodiles tous énormes, alors qu’il existait un dinosaure minus comme une poule, le compsognathus, un vrai poids plume comparé au tyrannosaure et ses plus de 6 tonnes. Et les dinos n’étaient pas tous carnivores : le diplocus par exemple était un pur herbivore qui n’aurait pas fait de mal à une mouche, sauf à l’insu de son plein gré !
Mymi Doinet est auteure. Elle a notamment écrit la série Les animaux de Lou et Les copains du CP (tous deux chez Nathan). Elle vient de sortir la suite de La tour Eiffel à des ailes, La tour Eiffel à New York, illustré par Mélanie Roubineau chez Nathan là encore.
Son site : http://mymidoinet.blogspot.fr.
Isabelle Wlodarczyk :
Bonjour Maxime,
Si je devais écrire un livre sur les dinosaures, je serais un peu embêtée… car je n’y connais vraiment rien. Alors je devrais lire une foultitude de livres, me transformer en rat de bibliothèque. Ça m’arrive parfois. Par exemple, j’ai écrit un livre sur le foot pour lequel j’ai dévoré toutes les encyclopédies du foot et regardé toutes les vidéos que je dénichais ! Mais souvent, je choisis mes sujets en fonction de ce que je connais, de ce qui me passionne et ça me donne l’occasion de relire mes livres préférés. Écrire, c’est souvent lire, avant tout…
Isabelle Wlodarczyk est auteure. Elle vient de sortir Voltaire, écraser l’infâme chez Oskar et elle sortira prochainement deux ouvrages en rapport avec l’Odyssée d’Homère : L’odyssée d’Homère pour réfléchir (chez Oskar) et Pénélope d’après l’Odyssée d’Homère (chez Amaterra).
Retrouvez l’interview que nous avons fait d’elle ici.
Son site : http://papierbrouillard.blogspot.fr.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Coucou la mare aux mots!!
Merci pour ce mercredi!! Très bonne question de Maxime et réponses intéressantes de la part des auteurs!!
Bonne journée!!
Vive les vacances !!! Car j’adore cette rubrique 🙂
Comme c’est bien expliqué !