Cet été, comme l’été dernier, vous pourrez lire, tous les mercredis, une question d’enfant et la réponse d’auteur-e-s, illustrateur-trice-s, éditeur-trice-s… Aujourd’hui, c’est une question de Rose, 8 ans et demi : « Est-ce qu’il arrive qu’on vous demande de dessiner une histoire et que le texte vous donne pas envie, ou que vous n’y arriviez pas, pas d’inspiration ? ». Les illustrateur-trice-s Mathieu Maudet, Jean-Luc Englebert, Isabelle Bonameau, Olivier Tallec et Stéphane Nicolet ont accepté de lui répondre, vous découvrirez, en même temps qu’elle leurs réponses. Chacune des questions retenues fait en plus gagner un ouvrage à l’enfant qui l’a posée. Cette question permet donc à Rose d’avoir la chance de recevoir, grâce aux éditions Kilowatt, Notre cabane un roman écrit par Amélie Billon et illustré par Solenn Larnicol qui sortira le 24 août. Ce roman, qui raconte le projet de construction d’une cabane qui s’annonce plus compliqué que prévu, inaugure une toute nouvelle collection chez Kilowatt, Les kapoches (des romans à lire dès 7-8 ans).
« Est-ce qu’il arrive qu’on vous demande de dessiner une histoire et que le texte vous donne pas envie, ou que vous n’y arriviez pas, pas d’inspiration ? » (Rose 8 ans et demi)
Matthieu Maudet :
Bonjour Rose,
Quand un auteur ou un éditeur m’envoie un texte, je me demande d’abord si j’aime l’histoire, la façon dont elle est racontée et en général j’ai des images qui me passent en tête. Si je n’imagine rien, c’est signe que l’histoire ne m’embarque pas, donc que je ne l’illustrerai pas.
Il m’arrive aussi d’aimer une histoire, de la retravailler avec l’auteur et puis au moment de dessiner, je ne sais plus comment faire.
Alors je fais des essais, des tas d’essais et parfois je ne trouve pas le bon dessin, la bonne technique. Je trouve que mes dessins ne seront pas les bons pour cette histoire, qu’il y a sans doute quelqu’un d’autre qui le fera mieux que moi. Ça arrive… mais heureusement pas trop souvent !
Je vais te donner un exemple, un de mes livres Le panier est une histoire de sorcière.
Quand j’ai lu la première phrase de ce texte écrit par Jean Leroy, je ne voulais pas du tout dessiner une sorcière. En lisant la suite, j’ai commencé à accrocher à l’histoire et en même temps j’imaginais une sorcière de profil et en ombre chinoise. J’avais trouvé le « truc » pour cette histoire.
Matthieu Maudet est auteur et illustrateur. Il a sorti au mois d’avril L’animaux avec Michaël Escoffier chez Frimousse et il sortira à la rentrée Nous quand on sera grand avec Jean Leroy à l’école des loisirs. Vous pouvez le retrouver ici dans une interview que nous avions réalisée de lui et sur son site : http://matthieumaudet.blogspot.fr.
Jean-Luc Englebert :
Ça m’arrive oui. J’ai déjà refusé des textes, soit parce qu’ils ne me convenaient pas, soit qu’ils n’étaient pas bons.
Il m’est arrivé aussi de ne pas trouver d’inspiration pour une histoire, c’était pour Les poupées c’est pour les filles. Puis un an plus tard, Ludovic Flamant m’a demandé de le relire et j’ai tout de suite vu quel genre d’illustration je pouvais mettre sur son texte.
Jean-Luc Englebert est auteur et illustrateur. Il vient de sortir Donne-moi une histoire (Pastel) dont il a fait le texte et les illustrations et Ulysse 15 de Christine Avel (l’école des loisirs) qu’il a illustré. À la rentrée, on découvrira Un ours à l’école (Pastel).
Son site : http://englebert.ultra-book.com/portfolio.
Isabelle Bonameau :
Bonjour Rose,
Oui, cela arrive. Cela m’est arrivé une fois. J’ai tout de suite prévenu la personne qui m’avait demandé d’illustrer le texte pour lui dire que je ne pourrais pas le faire.
Il est vrai que j’illustre très peu de textes d’autres auteurs. La plupart du temps, j’illustre mes propres histoires.
Mais parfois, il arrive que je me dise que je n’arriverais jamais à illustrer une de mes histoires, que c’est trop difficile. Dans ce cas (et aussi en cas de manque d’inspiration), je vais chercher des livres à la bibliothèque sur le sujet pour m’en inspirer.
Isabelle Bonameau est auteure et illustratrice. Elle a sorti une nouvelle aventure de Maud et Pierre, Le grand-père de Maud et Pierre, l’année dernière à l’école des loisirs et l’on retrouvera ces deux héros à la rentrée avec Maud et Pierre à toute vitesse !, toujours à l’école des loisirs.
Vous pouvez la retrouver sur sa page facebook.
Olivier Tallec :
Non cela n’arrive pas vraiment, car j’ai la chance de pouvoir choisir les textes que j’illustre.
Donc à la première lecture j’ai déjà des images qui me viennent en tête. Et si ce n’est pas le cas, je le mets de côté quelque temps. Je vais feuilleter d’autres livres, je vais marcher…
Mais si vraiment je ne suis pas inspiré c’est mauvais signe…
Olivier Tallec est auteur et illustrateur. Il vient de sortir Les Quiquoi et l’étrange maison qui n’en finit pas de grandir avec Laurent Rivelaygue chez Actes Sud Junior et il sortira à la rentrée Blob, l’animal le plus laid du monde avec Joy Sorman, toujours chez Actes Sud Junior.
Vous pouvez le retrouver ici dans une interview que nous avions réalisée de lui et sur son site : http://www.oliviertallec.fr.
Stéphane Nicolet:
Oui ça peut arriver Rose ! Un texte que tu n’aimes vraiment pas ne te donne pas assez d’énergie pour fabriquer des images. Tu te dis que de toute façon ça ne fera pas un bon livre, que c’est une perte de temps : imagine une glace au camembert, même si tu ajoutes beaucoup de chantilly, ça reste une glace au camembert :-).
Stéphane Nicolet est illustrateur. Il a sorti il y a peu une BD ayant pour héros l’Inspecteur Londubec, La cigogne marche sur des œufs (que nous avons chroniqué ici) avec Emmanuel Tredez aux éditions du Long Bec. Il sortira à la rentrée Recherche super princesse avec Orianne Lallemand chez Nathan.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Coucou La Mare aux mots!!
Merci beaucoup pour ce mercredi!! J’adore les questions d’enfants. C’est fin, pertinent!! Et merci aux illustrateurs pour leur réponse!!
Belle journée ensoleillée!!
Coucou! Je rajoute mon grain de sel parce que je travaille différemment.
Meme si j’aime un texte, si mon éditeur demande des images qui soient comme des photos du texte, de toutes les façons je n’y arrive pas!
Pour moi, illustrer, c’est construire sur le texte, donner au lecteur des portes pour une autre interprétation ( pas forcément la mienne) . Un peu comme à l’école, quand on te demande de faire un dessin et que le sujet ne t’inspire pas du tout, mais souvent tu arrives à faire un beau dessin quand même en rajoutant des choses à toi, comme des fleurs ou des oiseaux!
Donc du coup, parce que je brode, et que je reconstruis, le texte que je n’aimais pas peut devenir un ami. Si mon éditeur est d’accord pour me laisser m’amuser, en fait je peux illustrer n’importe quoi. Meme un livre de grammaire, ou une histoire très fifille. Au point que mes meilleures illustrations, je les ai faites pour des textes que je n’aimais pas du tout parce que je les trouvais gnangnans! Si je peux jouer, je peux faire.
Donc maintenant je ne m’inquiète pas du texte , mais des libertés qu’on me laissera. C’est ça le plus important!
Merci pour cette réponse !
Rose rêve de devenir illustratrice, d’écrire ses propres histoires, elle est pleine de questions concernant le dessin, les albums, et pourquoi ceci et comment cela … ces questions des vacances du mercredi c’est donc juste génial ! Et elle était très fière de lire les réponses à “sa” question 🙂 Et ravie de découvrir un nouveau livre de Solenn Larnicol qu’elle aime vraiment beaucoup. Merci La mare aux mots pour cette rubrique du mercredi et aux auteur(e)s, illustrateur(trise)s, de se prêter au jeu des questions des enfants.
Hey hey pas mal la comparaison avec la poésie à illustrer !
Fan absolue des illustrations, j’adore quand elles racontent aussi une histoire. Par exemple j’adore Bonjour Facteur justement par ce qu’il y a une histoire en plus avec les illustrations (les parents qui n’ont jamais reçu leurs bébés coursent le facteur), ou encore Mon loup-garou de compagnie où le texte est le point de vue de la petite fille et les illustrations le point de vue plus réaliste. Mais dans ces deux livres l’auteur est aussi l’illustrateur. Je pense que c’est plus facile.