Qui a dit que les animaux ne vivaient qu’à la campagne ? Pigeons, chiens, rats… mais aussi renards, singes et loups ont adopté un mode de vie urbain à côté des humains. Cette encyclopédie décalée voyage aux quatre coins du monde pour visiter les habitats insolites des animaux modernes : à New York ses alligators, à Austin ses chauves-souris, à Tokyo ses corbeaux ! Et si les animaux se sentaient mieux en ville plutôt qu’étouffés par l’agriculture intensive et les pesticides à la campagne ?
L’inventaire dressé par Nadia Budde est surprenant par son sujet mais aussi par son ton. Débusquer les animaux dans nos métropoles fait peut-être moins rêver que partir en safari à la recherche des grands lions et des gazelles, mais le résultat est tout aussi dépaysant et instructif. Ce bestiaire est l’occasion pour l’auteur-illustratrice berlinoise de se moquer des travers de notre société ultra-consommatrice, génératrice de tonnes d’ordures et destructrice des derniers espaces de nature partout sur la planète.
Pas certain que ce discours atteigne sa cible, hélas. Si les illustrations peuvent être assez cocasses, l’humour est vraiment grinçant, voire carrément noir. Les enfants apprécieront les planches hautes en couleur, mais le fond séduira bien plus les adultes.
Des extraits sur le site de l’éditeur.
Une petite puce ne supporte plus de vivre dans la jungle urbaine qu’est devenu le dos de Madame Hérisson. Tiques, poux et puces y sont bien trop nombreux et elle profite que sa logeuse rencontre Monsieur Hérisson pour s’enfuir et voir si ses piques à lui ne seraient pas plus accueillants. Sur le dos de Monsieur Hérisson le calme et l’espace règnent… mais aussi l’ennui. Heureusement, de la rencontre entre la hérissonne des villes et le hérisson des champs vont naître de nouveaux horizons à découvrir pour des générations de puces.
Les illustrations d’Ingrid Monchy accompagnent cette petite histoire avec tendresse. Dans une technique qui rappelle la gravure, elle choisit une couleur pour chaque double page : vert profond pour “la campagne” bien tranquille de Monsieur Hérisson, orange pétant pour la ville survoltée de Madame Hérisson… L’ensemble est peut-être un peu abstrait pour les lecteurs les plus terre-à-terre mais gageons que nombreux seront sensibles à cette petite poésie animale.
Le même vu par Enfantipages et des extraits sur le site de l’éditeur.
À quel manège se livrent donc les animaux ? Les pigeons ouvrent le bal et se débarrassent de leurs ailes, puis c’est le tour de la vache qui se sépare de ses tâches, les cerfs de leurs bois, les tigres de leurs rayures… Et c’est un paysage qui apparaît ! Il est maintenant tant de se déguiser : les animaux reviennent et récupèrent les attributs les uns des autres jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien et que chacun rentre chez soi.
Variation minimaliste sur le thème du carnaval des animaux, cet album est assez ambitieux dans sa forme. Renaud Perrin et Arno ont travaillé à 4 mains à partir de tampons de deux couleurs, dont les formes sont réutilisées d’une page à l’autre.
Cet album très graphique attire l’œil, avec ces formes jaunes et bleues posées sur l’immensité blanche de la page. Cependant, tous les lecteurs ne monteront pas dans le manège qui emporte les animaux du livre, peut-être rebutés par son extrême simplicité. L’album est pourtant un bel objet qui promet bien des exploitations avec les jeunes enfants. En partant de l’expérimentation très simple autour d’une même forme qui peut devenir un animal ou un autre, les auteurs évoquent les différences de perception.
Des extraits sur le blog de l’illustrateur.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué un autre livre de Nadia Budde (Choisis quelque chose, mais dépêche-toi !). Nous avons également rencontré de petits et gros animaux cartonnés et des petits animaux étranges. Nous avions aussi chroniqué une sélection de documentaires décalés sur le même sujet.
Les animaux des villes de Nadia Budde (traduction d’Aurélie Marquer) L’Agrume 20€, 195×247 mm, 130 pages, imprimé en Belgique, 2014. |
Le paradis d’une puce d’Ingrid Monchy À pas de loups 13,50 €, 155×250 mm, 20 pages, imprimé en Belgique, 2014. |
Animanège de Renaud Perrin et Arno Rouergue 15 €, 247×227 mm, 34 pages, imprimé en République Tchèque, 2014. |
Si vous avez réveillé des vocations d’éthologues avec ces saines lectures, 100 activités Montessori pour découvrir le monde d’Ève Hermann (Nathan, 2014) devrait être d’une aide précieuse pour nourrir la curiosité de vos enfants. Observation des animaux, mais aussi premières expériences scientifiques, et découverte des plantes, le livre propose une multitude d’activités faciles à mettre en place pour connecter les enfants avec la nature. La pédagogie inspirée par Maria Montessori a pour objectif d’inciter l’enfant à être l’acteur de ses découvertes et de son apprentissage. « Apprendre, c’est agir », rappelle l’auteur en introduction de ce recueil d’activités. En effet, c’est par l’observation et l’expérimentation que les petits de 3 à 6 ans appréhendent le monde. Il est difficile de se rendre compte de l’immensité des continents quand on est haut comme trois pommes. Ève Hermann propose de construire un globe en relief, de reproduire des puzzles, de classer les animaux par pays d’origine, de goûter aux cuisines du monde… À l’heure où nous vivons hyper-connectés aux quatre coins du monde, qu’il est agréable de se remettre à hauteur d’enfant pour redécouvrir ensemble les magies de la nature et de notre planète !
100 activités Montessori pour découvrir le monde d’Ève Hermann, Nathan (2014), 11,90 €.
Laura
Je ne lis pas que le vendredi.
Bienvenue sur La mare aux mots Laura ! Et merci pour cette belle chronique.
Merci beaucoup Marie !