Cet été, on vous propose à nouveau la rubrique du berger à la bergère tous les mercredis. Cette rubrique vous avait tellement plu l’été dernier, nous nous devions de la reprendre (il faut dire qu’à nous aussi elle plaît beaucoup) ! Donc tous les mercredis jusqu’à la rentrée, ce sont des auteur.trice.s et des illustrateur.trice.s qui posent trois questions à un auteur.trice ou une illustrateur.trice de leur choix. Puis c’est à l’interviewé.e d’en poser trois à son tour à son intervieweur.euse d’un jour. Après Régis Lejonc et Janik Coat, Stéphane Servant et Madeline Roth, Patrick Pasques et Sévérine Vidal,, Thanh Portal et Maurèen Poignonec, Coline Pierré et Loïc Froissart et Taï-Marc Le Thanh et Flore Vesco, cette semaine c’est Jean Leroy qui a choisi de poser des questions à Christian Voltz !
Jean Leroy : La caresse du papillon est l’un de mes albums préférés (sans doute mon mais je m’en voudrais de te faire prendre la grosse tête). C’est un trésor de tendresse, de justesse et d’humour. Je l’ai lu avec mon fils aîné pour évoquer le décès de sa grand-mère maternelle qui était une personne très gaie. T’es-tu inspiré d’une expérience personnelle pour créer cet album ? Ou est-ce une œuvre de fiction ?
Christian Voltz : Tout d’abord, cher Jean, je te remercie très chaleureusement pour ton retour élogieux sur La caresse du papillon. Cela me touche d’autant plus que s’il ne me fallait garder qu’un seul de mes albums, c’est celui-ci que je choisirais !
Je me suis effectivement nourri d’une expérience personnelle pour l’écrire puisque c’est à l’époque où mon père est tombé gravement malade, que la mort rôdait pas loin de chez moi, que j’ai eu le désir d’aborder le thème difficile de la disparition, du deuil, du manque…
J’ai d’ailleurs écrit d’autres albums évoquant ce sujet à la même période (Vous voulez rire ?, Une forêt blanche et noire)
Jean Leroy : La plupart du temps, tu travailles seul sur tes albums. Est-ce par plaisir de conduire un projet en solo ou est-ce parce que tu n’as pas eu d’autres occasions de travailler en duo ?
Christian Voltz : Je travaille plus volontiers en solo car ça m’est tout simplement plus facile. Je commence par travailler le texte, ce qui m’est toujours très difficile et aléatoire, mais quand je tiens une histoire qui me plaît, les images viennent d’elles même, évidentes !
À contrario, quand je travaille sur le texte d’un autre auteur, je n’ai pas le même sentiment d’évidence, je dois me fondre dans un univers qui m’est étranger et ça demande parfois beaucoup d’essais avant que d’être satisfait.
Jean Leroy : Dans La caresse du papillon, tu as dessiné la grand-mère. Est-ce parce que tu ne sais dessiner que les grands-mères que le reste du temps tu utilises ton petit matériel ? (au cas où ma question serait prise au sérieux, je veux bien que tu me fabriques un smiley avec un clin d’œil).
Christian Voltz : Je n’ai pas de smiley en capsule et fil de fer rouillé en stock, mais je t’envoie un bonhomme avec un oiseau sur la tête, ça devrait faire l’affaire !
Concernant les questions que je dois te poser, eh bien, je ne vais pas me casser la tête et te répéter les questions des enfants colombiens que j’ai rencontrés dans des classes à Bogota la semaine dernière :
Christian Voltz : Mais où trouves-tu donc toutes tes idées ?
Jean Leroy : Certaines arrivent comme par magie, mais c’est très rare… À bien y réfléchir, ça ne m’est même arrivé qu’une seule fois ! Pour Les orteils n’ont pas de noms, illustré par Matthieu Maudet. Je suis assez souvent inspiré par des images. Par exemple, c’est un poster de Jean-Luc Englebert qui m’a inspiré Carabinette, illustré par Béatrice Rodriguez. Ensuite, c’est une illustration découverte sur le blog de Jean-Luc qui m’a inspiré C’est Papy qui choisit que j’aie réalisé avec lui. Pour Grand Guili, c’est Emmanuelle Eeckhout qui m’a parlé d’un jeu qu’elle avait inventé pour s’amuser à faire peur à ses neveux… Je peux aussi me lancer des petits défis : écrire une histoire sur un thème mille fois abordé, comme celui des animaux de la ferme, ou mettant en scène un personnage vu et revu dans la littérature de jeunesse, comme la sorcière ; mais en essayant dans les deux cas d’apporter un petit quelque chose de nouveau. J’ai suivi cette technique d’écriture pour Le tout petit fermier et Le panier, réalisés avec Matthieu Maudet. Pour mon dernier livre sorti au printemps, Giulia Bruel m’avait fait part de son envie de dessiner une poule… je suis arrivé assez rapidement à l’histoire de Papa poule. Mais bon, ça ne marche pas à chaque fois, loin de là ! Il y a aussi de nombreuses journées pendant lesquelles je ne trouve rien mais rien du tout ! J’enfile alors mon costume de père au foyer qui me permet d’oublier ma frustration dans les courses, la cuisine, la lessive et le ménage !
Christian Voltz : Es-tu célèbre et riche ?
Jean Leroy : Pas encore ! Plus sérieusement, ce n’est pas ce que je recherche. Quand j’ai quitté mon métier de professeur des écoles, mon objectif était de pouvoir vivre de ma plume. Il m’a fallu un peu de temps mais ça y est, j’y suis arrivé. La reconnaissance de ma personne ne m’intéresse pas. C’est d’ailleurs pour cela que je préfère toujours donner un portrait plutôt qu’une photo officielle. Mais j’avoue que la reconnaissance de mon travail, elle, me touche beaucoup. Quand je croise quelqu’un sur un salon qui me dit : « Ah ! C’est vous qui avez écrit ça ? Si vous saviez le nombre de fois où on l’a lu à la maison… » eh bien… je ne m’en lasse pas !!
Christian Voltz : Quel est ton animal préféré ?
Jean Leroy : L’ours. Ah pour celle-ci, j’ai réussi à faire court !
Bibliographie sélective de Jean Leroy :
- Fleur-de-Cactus et Castor-Têtu, album illustré par Audrey Poussier, l’école des loisirs (à paraître en septembre 2017).
- La princesse, le loup, le chevalier et le dragon, album illustré par Béatrice Rodriguez, Actes Sud Junior (à paraître en septembre 2017).
- Un jeune loup bien éduqué, album illustré par Matthieu Maudet, l’école des loisirs (2017).
- Papa Poule, album illustré par Giulia Bruel, L’école des loisirs (2017).
- La soupe aux frites, album illustré par Ella Charbon, L’école des loisirs (2017).
- Super fonceuse, album illustré par Bérengère Delaporte, L’Élan vert (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Le pirate et le roi, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Nous, quand on sera grands, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2015).
- Une place au soleil, album illustré par Sylvain Diez, Kaléidoscope (2014), que nous avons chroniqué ici.
- C’est Papy qui choisit, album illustré par Jean-Luc Englebert, L’école des loisirs (2014), que nous avons chroniqué ici.
- La sorcière, sa fille et le loup, roman illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Un jeune loup bien éduqué, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Série Canaille, albums illustrés par Émile Jadoul, Casterman (2013-2015), que nous avons chroniqué ici, là, ici, là et ici.
- Anoki, album illustré par Emmanuelle Eeckhout, Pastel (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Si j’étais un oiseau…, album illustré par Marie-Anne Abesdris, Les 400 coups (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Papy, album illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Le panier, roman illustré par Matthieu Maudet, L’école des loisirs (2013).
Retrouvez la bibliographie complète de Jean Leroy sur son blog.
Bibliographie sélective de Christian Voltz :
- Loupé !, texte et illustration, Le Rouergue (à paraître en octobre 2017).
- Savez-vous planter les choux ?, texte et illustration, Didier Jeunesse (2017).
- Le nid de Jean, illustration d’un texte de Carl Norac, l’école des loisirs (2016).
- La mare aux aveux, illustration d’un texte de Jihad Darwiche, Didier Jeunesse (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Heu-reux !, texte et illustrations, Le Rouergue (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Quel bazar !, texte et illustrations, Le Rouergue (2015).
- Mon cahier d’activités Printemps été, textes et illustrations, La petite salamandre (2015) que nous avons chroniqué ici.
- Chouette de vie !, texte et illustrations, Le Rouergue (2013).
- Mon cahier Nature, textes et illustrations, La petite salamandre (2012) que nous avons chroniqué ici.
- Dans l’atelier de Christian Voltz, jouer, dessiner, créer avec des objets, texte et illustrations, Le Rouergue (2011).
- Il est où ?, texte et illustrations, Le Rouergue (2007).
- Petit escargot, texte et illustrations, Didier Jeunesse (2005), que nous avons chroniqué ici.
- C’est pas ma faute !, texte et illustrations, Le Rouergue (2001).
- Toujours rien, texte et illustrations, Le Rouergue (1997), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Christian Voltz sur son site : https://www.christianvoltz.com.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
waouh mercredi de folie. Deux grands auteurs classiques que j’ai tant et tant lus.
Christian Voltz car mon fils a fait le choix de “toujours rien” au coin librairie de la cité des sciences il y a bien longtemps. Coup de foudre immédiat.
Depuis mes élèves ont depuis toujours eu quelques lectures (il est où, sacré sandwich, comme tous les matins, nous les hommes bien entendu 😀 et j’en oublie) et ont souvent travaillé à la manière de.
Jean Leroy c’est un classique chez les très jeunes et mes élèves le sont. Donc forcément j’ai souvent rencontré cet auteur au fil du temps.
Quand en plus il collabore avec Mathieu Maudet, ses livres sont forcément dans ma bibliothèque.
Ce que j’aime par dessus tout dans ses histoires c’est qu’elles sont drôles ! L’enfant, mais aussi l’adulte rient. Quel bonheur ! C’est tellement bien de rire !
Notre préférée est une faim d’ogre. Je me demande ce qui a pu inspirer cette histoire d’ailleurs.
Et chaque année “tout le monde dit” permet de dédramatiser leur première photo de classe.
Merci pour ce mercredi de folie