Cet été, on vous propose encore une nouvelle rubrique pour nos invité.e.s du mercredi. Après les questions sur les métiers et les questions des enfants, on a proposé cet été à des auteur.e.s et des illustrateurs.trices de poser trois questions à un auteur.e ou une illustrateur.trice de leur choix. Puis à l’interviewé.e d’en poser une à son tour à son intervieweur.euse d’un jour. Après Jean-Luc Englebert et Benjamin Chaud, Fred Bernard et Loïc Clément, Marine Carteron et Clémentine Beauvais cette semaine c’est à Clément Lefèvre que Matthieu Maudet a choisi de poser des questions.
Matthieu Maudet : La première fois que tu as senti que tu ne dessinais pas “comme tout le monde”, c’était quand ? C’était quoi ? C’était qui ?
Clément Lefèvre : Haha ! elle est amusante cette question ! Je ne sais pas comment l’aborder d’ailleurs. Pour de vrai, je n’ai pas l’impression que mon travail soit éloigné de « comme tout le monde » et j’ai même le sentiment qu’il ne serait rien sans celui des autres. J’adore passer des heures à regarder des images, c’est très nourrissant. M’en éloigner quand j’attaque les miennes, par contre, c’est plus difficile. Malgré tout, on m’a déjà dit un truc comme ça, et une de mes éditrices d’ailleurs me pousse à développer les petites choses qu’elle considère comme « à part », c’est stimulant, et j’y travaille ! Après, je pense qu’en effet, il y a certaines étapes qui nous permettent d’en franchir d’autre, alors pour le « quoi et le quand » de ta question Matthieu, je dirai qu’en dessin mon bouquin Susine et le dorméveil est une de ces étapes que j’ai encore envie de développer dans mes prochains livres.
Matthieu Maudet : La première personne “pro” qui t’a encouragé ? Collègue ? Éditeur ? Libraire ?
Clément Lefèvre : La toute première, je pense ça a été mon copain l’illustrateur Jérôme Brasseur ! On avait été mis en relation par le biais d’un éditeur pour que je fasse de la couleur sur ses images. Ça lui a plu, et il m’a contacté pour savoir si je voulais en faire d’autres. On a papoté, il a voulu que je lui montre mes dessins, et après il m’a poussé au cul pour que je contacte quelques uns de ses éditeurs. J’étais super timide, pas confiant du tout, et pas mal empoté, il faut le dire ! Jérôme m’appelait à l’aube pour savoir si j’avais appelé ses contacts, et à chaque fois j’avais honte quand ce n’était pas le cas ! Alors au bout d’un moment, j’ai franchi le cap, obtenu des rendez-vous et ça s’est plutôt bien passé. Après ça, la plupart des personnes que j’ai rencontrées dans le milieu m’ont encouragées et je suis devenu un peu moins empoté ^^
Matthieu Maudet : Et une dernière question plus… “intime”, mais que toute la profession se pose : le secret de cette barbe duveteuse, c’est quoi ???
Clément Lefèvre : Tu l’as dit, c’est un secret, mais comme on est entre nous, je peux te les dire, je la décroche chaque matin et je la roule dans les fleurs ^^
Clément Lefèvre : Mon cher Matthieu, quel est le secret de ton incroyable production et comment arrives-tu à être toujours aussi inspiré ?
Matthieu Maudet : J’aime bien faire des albums qui ne se ressemblent pas, et comme j’en fais souvent plusieurs à la fois, ça me pousse à trouver de nouvelles formes et ça me permet de faire des pauses pour prendre du recul, de les montrer, de digérer les commentaires, chercher de nouvelles pistes en partant dans toutes les directions sans m’essouffler.
Il y a aussi les textes des auteurs qui m’aident à trouver de nouvelles idées, soit parce que je vois tout de suite comment le faire, soit parce que j’adore le texte mais que je ne sais pas du tout comment me débrouiller avec ça. Les défis c’est bon pour l’inspiration !
Clément Lefèvre : As-tu envie et projettes-tu de nous faire un livre tout à la peinture ?
Matthieu Maudet : Tout à la peinture ??? Ça me semble presque impossible. Même si j’aimerais bien.
J’ai fait pas mal d’essais, à l’encre, au feutre, à l’acrylique, mais à chaque fois le rendu me semblait moins abouti qu’en passant par l’ordinateur.
Pourtant dans Le pirate et le roi, tout le dessin a été fait au pinceau et à la brosse avec du brou de noix. J’aurai presque pu faire les bleus et le jaune sur papier aussi, mais j’ai craqué…
Je scanne mes dessins chez moi et souvent je me rends compte d’un détail oublié à la dernière minute, alors si les originaux sont chez l’éditeur… il faut les envoyer de nouveau..
Là je me sens un peu plus libre de recommencer, surtout quand c’est dans la nuit juste avant l’envoie des pages finalisées !
Un autre frein, c’est les problèmes de rendus entre l’original et l’impression. J’ai vu tellement de collègues déçus..
Mais si tu me donnes tes petits secrets de la joie et la bonne humeur par la peinture, je me lance!
Clément Lefèvre : Une petite dernière question, mais essentielle : Comment fais-tu pour supporter Michaël Escoffier ?
Matthieu Maudet : Je vois que nous avons le même genre de soucis…
Au début, je me bouchais les oreilles et je faisais BLABLABLA (comme tu me l’avais montré).
Mais comme le plus souvent, c’est par mail que l’on travaille, ça marche moyennement bien…
Alors, la vraie solution, c’est la diversion ! Quand il pinaille pour la quinzième fois sur le dessin de la page 12, je lui demande si la virgule de la page 5 est vraiment nécessaire.
Essaies et tu verras ! Parfois, ça marche !
Bibliographie sélective de Clément Lefèvre :
- Épouvantable Peur d’Épiphanie Frayeur, illustration d’un texte de Séverine Gauthier, Soleil (à sortir en octobre 2016).
- Adopte un Tetrok, 3 tomes, illustration de textes d’Anne-Fleur Drillon, Margot éditions (2015-2016).
- Monsieur Walter, texte et illustrations, Chocolat (2015).
- La maîtresse vient de Mars, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Frimousse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Susine et le Dorméveil, 2 tomes, illustration de textes de Bruno Enna, Soleil, (2012-2014).
- Victor et son loup, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Chocolat (2013).
- Le Voleur d’enfants, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Chocolat (2010).
- Thomas le magicien, illustration d’un texte de Sébastien Pérez, Seuil Jeunesse (2010).
- Le pitou, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Frimousse (2009).
- Le déserteur, illustration d’un texte de Boris Vian, Petit à Petit (2009).
Retrouvez Clément Lefèvre sur son site : http://nenent.ultra-book.com.
Bibliographie sélective de Matthieu Maudet :
- Les chaussettes, texte et illustrations, L’école des loisirs (à sortir en novembre 2016).
- Un enfant parfait, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2016).
- Bonjour Pompier, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2016).
- Nous quand on sera grand, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2015).
- Le pirate et le roi, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2015), que nous avons chroniqué ici.
- Ab et Cé, texte et illustrations, L’école des loisirs, que nous avons chroniqué ici.
- La sorcière, sa fille et le loup, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2014).
- Ouvre-moi ta porte, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2014).
- Le ça, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Un jeune loup bien éduqué, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2013), que nous avons chroniqué ici.
- La croccinelle, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Frimousse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Papy, illustration d’un texte de Jean Leroy, L’école des loisirs (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Bonjour facteur, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2012), que nous avons chroniqué ici.
- L’animal le plus dangereux du monde, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Frimousse (2012).
- Allô Vénus, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Thierry Magnier (2012).
- Bonjour docteur, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, L’école des loisirs (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Le moustoc, illustration d’un texte de Michaël Escoffier, Frimousse (2011), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Matthieu Maudet sur son blog : http://matthieumaudet.blogspot.fr.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
je ne me lasse pas de cette interview !