Gaston, Gaston, Gaston… Cette petite fille n’a que ce mot à la bouche. Ses parents ont accepté de le recevoir ce soir, mais plus elle en dit sur lui, et plus ils ont peur. A quoi va-t-il ressembler, avec ses grandes oreilles, son grand nez, sa bonne mémoire et sa passion pour les bains de boue ? Mystère, mystère…Il faudra attendre la dernière page pour le découvrir, en même temps que le reste de la famille !
Je vous présente Gaston m’a permis de découvrir Raphaële Frier que j’aime beaucoup, dans un tout autre registre. Ici, elle nous présente un album pour enfants bien ficelé, simple, mais efficace. Le suspense monte progressivement au fil des pages alors que l’on découvre la description faite par la petite fille, et les préparatifs. Les illustrations de Claire Franek ne correspondent pas trop à ce que j’aime en la matière, mais elles sont drôles et un peu décalées, à l’image de cet invité. Elles servent tout à fait l’histoire. En bonus, on découvre à la fin du livre, un poster de Gaston (à ne pas ouvrir avant d’avoir lu l’histoire, sous peine de gâcher la surprise). Un livre qu’on lit une première fois pour se laisser surprendre avant de le reprendre pour repérer tous les détails qui auraient dû nous mettre la puce à l’oreille. J’avoue ne pas avoir deviné tout de suite, et c’est aussi cela qui m’a plu !
Quelle belle découverte que cet album pour enfants (et grands enfants également) ! Une vie d’ours, c’est l’histoire d’une famille. Une famille dans laquelle Maman Ourse va à la pêche aux truites et Papa ours prépare un bon repas (et tout ça n’est pas mis en avant, c’est un élément naturel de l’histoire et pas du tout le sujet, et j’apprécie). Comme la cruche est très lourde, c’est Papa Ours qui commence à se servir. Puis vient le tour de Maman, et enfin des oursons, de l’aîné au petit dernier. La vie s’écoule ainsi paisiblement, jusqu’au jour où les choses changent. Papa Ours n’a plus la force de soulever la cruche pleine ais il a également moins soif, et au contraire ses grands enfants devenus costauds peuvent la porter facilement. Et le temps avance inéluctablement.
Je m’arrête là, parce que j’ai envie de tout vous expliquer, mais ce serait dommage. Christophe Fourvel (que j’aimerais depuis découvrir un peu plus) réussit avec ce bel album (qui sent bon) à parler de la famille, des générations, du changement de rapport entre les parents et les enfants au fil du temps (les parents aident les enfants, et un jour ce sont eux qui doivent être aidés), la vieillesse et tout ce que cela implique, la transmission familiale, la mort, l’héritage des traditions… Avec des mots choisis mais simples et jamais mièvres, l’auteur parvient à ponctuer le texte de moments forts, tristes mais jamais larmoyants. Les magnifiques illustrations de Janik Coat sont également très fortes et suggestives pour accompagner toutes ces idées. En effet, les dessins pourtant simples et presque stylisés regorgent de détails significatifs (signes de la vieillesse, rides, postures, blanchiment progressif du pelage de Maman Ourse(en analogie avec les cheveux des humains).
C’est vraiment une très belle découverte, même un coup de cœur !
Quelques pas de plus…
Retrouvez d’autres livres sur le thème de la mort dans la fiche thématique consacrée à ce sujet.
Nous avons déjà parlé d’une invitée particulière avec La princesse vient à quatre heures de Wolfdietrich Schnurre et Rotraut Susanne Berner
Retrouvez un autre livre de Raphaële Frier que nous avons chroniqué : Angèle et le cerisier et une chronique d’un autre : Une surprise.
Je vous présente Gaston de Raphaële Frier illustré par Claire Franek L’Edune 14,50 €, 210×210 mm, 28 pages, imprimé en Italie |
Une vie d’ours de Christophe Fourvel illustré par Janik Coat Le Baron Perché 16,30 €, mm, 20 pages, imprimé en Belgique |
Jolie prouesse que ce livre entièrement découpé qui nous raconte l’histoire de Blanche-Neige ! Il est fort Yusuke Oono !
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Une vie d’ours me tape dans l’œil depuis un moment… vais-je craqué ?