Ce sont des histoires d’hier, d’aujourd’hui, des histoires de l’humanité. Un roman, Ailleurs meilleur de Sophie Adriansen, un album illustré, Réfugiés d’Ilan Brenman et Guilherme Karsten, et une bande dessinée, Les Dossiers de Zap Collège, de Tehem, abordent, de façon très différente, l’exil, la souffrance et l’espoir.
Alassane a 15 ans. L’adolescent laisse son pays, la Côte d’Ivoire, parce que son père est mort et que ses terres vont revenir à ses demi-frères. Son périple, dangereux, le fera traverser le Niger, l’Algérie et franchir les barrières de Melilla, enclave espagnole au Maroc. Arrivé en France, le pays des droits de l’Homme, il est pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Alassane est déterminé, courageux, il a envie d’apprendre, il a envie de vivre. Sur les belles terres bretonnes, des mains se tendent pour l’encourager.
Pour raconter le parcours d’un jeune migrant en quête d’avenir en France, Sophie Adriansen (autrice de Max et les poissons et de Papa est en bas) se glisse dans la peau d’un adolescent de 15 ans, Alassane. Elle s’est inspirée de l’histoire de deux jeunes migrants qu’elle a rencontrés un jour de 2015, dans une librairie. Elle use d’un langage d’une simplicité efficace et délicate, glissant ici ou là quelques petites maximes illustrant la philosophie de vie d’un ado de 15 ans dont le chemin a été semé d’embûches. Ailleurs meilleur est un livre qui permettra aux ados d’appréhender directement, mais sans violence crue, un des thèmes douloureux de notre société.
Remontons le temps jusqu’à l’Égypte antique. À toutes les périodes de l’histoire, des hommes et des femmes ont été contraint·es ou ont choisi de quitter leur ville, leur pays, poussé·es par la guerre, la terreur, la faim… De Bagdad à Constantinople, de l’Europe aux États-Unis, des croisades à la Seconde Guerre mondiale… ils et elles vivent l’exode et l’arrivée dans un lieu inconnu, où l’accueil est parfois hostile, souvent méfiant. Et celles et ceux qui n’offrent qu’un regard noir à ces familles cherchant un refuge sont souvent les mêmes qui, vulnérables, devront, un jour, aussi, abandonner leur foyer. Réfugiés est proposé par Ilan Brenman, considéré comme l’un des auteurs les plus marquants de la littérature jeunesse brésilienne contemporaine. Sans paroles, ce livre, porté par les dessins colorés et expressifs de Guilherme Karsten est pourtant d’une grande éloquence. Il aidera à poser des mots adaptés aux plus petit·es sur l’histoire et l’actualité des migrations.
Jean-Eudes, Écoline et Eddy sont les rédacteur·rices du journal de leur collège. Après l’installation de familles migrantes, dans un camp à côté de leur établissement, les ados décident de raconter le parcours et les conditions de vie des exilé·es dans leur gazette. La petite bande veut aussi aider Mamoud, un enfant du camp. Quitte à se frotter à leur nouveau principal, un drôle de personnage qui semble davantage empreint de cupidité que d’humanité, et qui transforme le collège en une forteresse ultra surveillée. Très vite, deux camps se forment, y compris chez les profs.
Zap Collège, série créée par Téhem, en 2001, est bien connue des jeunes amateur·rices de bandes dessinées. Le tome 1 des Dossiers de Zap Collège, intitulé Le trône de fer blanc, a été d’abord été publié dans le magazine Okapi. Téhem y déroule ses gags tout en distillant des détails réalistes sur la vie des migrant·es. Il montre aussi les différentes réactions des jeunes et moins jeunes, dans notre pays. Cette BD offre à des jeunes un peu hermétiques à la réalité de notre monde, une occasion de s’informer d’une manière décalée et légère.
Ailleurs meilleur de Sophie Adriansen Nathan 5,95 €, 120×180 mm, 180 pages, imprimé en France, 2019. |
Réfugiés  d’Ilan Brenman et Guilherme Karsten Versant Sud 15,90 €, 240×294 mm, 36 pages, imprimé en France, 2019. |
| Les dossiers de Zap College, Le trône de fer blanc, t.1 de Téhem Bamboo 10,90 €, 220×295 mm, 56 pages, imprimé en France, 2019. |
Je râle souvent, jamais quand je lis. Petite, à la campagne, je croquais des pommes en dévorant des BD et des romans.
Aujourd’hui, à Paris, je suis journaliste dans des quotidiens pour enfants et ados. Ma curiosité reste plus forte que mes préférences… dans la vie comme dans les livres. « Je pourrai passer le reste de ma vie à lire, juste pour satisfaire ma curiosité », Malcom X.