Un seigneur puissant avait épousé une femme aussi fragile qu’il était fort ainsi se sentait-il encore plus fort et pour que ce sentiment augmente il la malmenait, la frappait. Bien-sûr pas pour son propre plaisir, lui expliquait-il mais pour son bien à elle… Malgré les cadeaux dont la couvrait le seigneur pour se faire pardonner, la jeune fille était malheureuse et se transformait physiquement. Aux gens qui s’étonnaient de ce changement le seigneur prétextait que cette sale mine venait du petit pois qu’elle gardait sous son matelas. Mais un jour la poupée demanda des souliers écarlates et grâce à eux… elle réussit à s’évader la nuit… jusqu’à ce que le seigneur ne le découvre…
Il fallait le tact et la finesse des mots de Gaël Aymon pour parler d’un sujet aussi grave que celui des femmes battues et réussir à en faire une belle histoire. Alors bien-sûr c’est une histoire dure mais pleine d’espoir, et les contes sont souvent durs. D’ailleurs les Contes d’un autre genre de Gaël Aymon, sont assez proches des contes classiques, car ceux-ci aussi comportaient souvent des éléments horribles, que l’on a gommés avec le temps comme si les enfants n’étaient pas capables de les entendre. Comme dans ces vieux contes, Gaël Aymon glisse des choses réelles, de nos quotidiens dans des éléments fantastiques, ce côté fantastique fait d’ailleurs que ce n’est pas trop plombant, qu’on s’échappe de la réalité. Ici la jeune fille réussira à s’évader en claquant trois fois des talons telle Dorothy pour passer dans un monde où elle veut fuir. L’histoire peut être aussi lue à un autre degré… Comme dans Le magicien d’Oz, ce monde existe-t-il vraiment ? N’est-ce pas une échappatoire où la jeune fille s’évade en pensée ? Toujours est-il que l’histoire est superbe et captivante. Les illustrations de Nancy Ribard sont magnifiques. L’objet lui-même est très beau avec son dos toilé. Je le dis à chaque fois, mais décidément Gaël Aymon est un auteur à suivre de très près, c’est un des rares auteurs dont je ne veux louper aucun livre. Ici encore il nous transporte dans un conte merveilleux tout en nous parlant de choses graves. Le livre a d’ailleurs reçu le soutien de Amnesty International.
Il y a bien longtemps, dans la ville de Bianzhou, en Chine, une femme nommée Sansan avait une auberge. Personne ne savait d’où elle venait et d’où elle tenait sa richesse mais elle avait réussi a acquérir plusieurs maisons et de nombreux ânes. Son auberge était très fréquentée par les voyageurs et c’est ainsi que Zhao s’y arrêta lui aussi. Le jeune homme n’était pas du genre à participer aux bavardages et à boire comme les autres, ainsi quand il se coucha il était le seul à ne pas être ivre… et ce qu’il vu cette nuit-là allait répondre à bien des questions sur l’aubergiste…
Quel bonheur de retrouver un nouvel ouvrage des éditions HongFei ! L’auberge des ânes est un très bel album. L’histoire est un conte chinois du IXème siècle pour la première fois illustré et adapté en français, le précise le dos de couv’… et quel magnifique conte ! J’adore ce genre d’histoire traditionnelle avec une partie de magie, de sorcellerie. Les illustrations de Clémence Pollet sont très belles également, elles sont lumineuses, elles apportent beaucoup au récit et en font un album aussi captivant à lire qu’esthétique. Venez donc rencontrer Sansan mais attention… gardez l’œil ouvert cette nuit !
Quelques pas de plus…
Retrouvez Gaël Aymon en interview sur le blog et nos chroniques de ses autres livres : La princesse Rose-Praline, Une place dans la cour, Contes d’un autre genre et Giga Boy.
Les livres que nous avons chroniqués de Chun-Liang Yeh : Pi, Po, Pierrot, Yexian et le soulier d’or, Le duc aime le dragon et L’autre bout du monde.
Les souliers écarlates de Gaël Aymon, illustré par Nancy Ribard Talents Hauts 13,80€, 195×260 mm, 24 pages, imprimé en Italie |
L’auberge des ânes de Alexandre Zouaghi et Chun-Liang Yeh, illustré par Clémence Pollet HongFei dans la collection Contes de Chine 15,20€, 218×275 mm, 40 pages, imprimé à Taïwan |
Le week-end dernier j’ai vu un spectacle que je vous recommande si vous habitez Paris : Loulou par Les muettes bavardes à la Manufacture des Abbesses. Deux comédiennes et un musicien sur scène pour jouer Loulou et Tom, les fameux héros du livre de Grégoire Solotareff. Marionnettes, ombres chinoises, chant, danse, musique,… un spectacle complet qui captive les enfants (et les effrayent un peu parfois). On a passé un très bon moment. Ma fille, 4 ans, a adoré et nous a demandé, en sortant, quand on y retournait ! C’est jusqu’au 6 janvier 2013 (le spectacle a tellement de succès qu’il a été prolongé). Plus d’info sur la compagnie ici et sur la salle là.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Je vais rattraper mes lacunes sur Gaël Aymon. Si tu ne rates aucun de ses livres, c’est presque certain que je vais apprécier.
Ah ben clairement, telle que je te connais… fonce ! Celui-là ou Contes d’un autre genre en priorité.
Merci pour ce très gentil mot sur L’Auberge des ânes!
Au plaisir de se revoir, pour de nouvelles histoires et de dédicaces, à Montreuil ou ailleurs!
Alexandre Zouaghi