Aujourd’hui nous recevons la tricoteuse conteuse, France Quatromme. J’ai adoré son album Le géant de la grande forêt et j’avais envie de lui poser quelques questions. Pour l’occasion, j’avais envie de vous faire gagner un exemplaire de ce très bel album et grâce à la gentillesse des éditions D’orbestier l’un de vous va être sacrément chanceux. Ensuite nous ferons le tour de la question “Peut-on tout écrire dans un livre pour enfants ?” avec de prestigieux invités : Gudule, Clémentine Beauvais, Gaël Aymon et Marie-Aude Murail… je vous préviens leurs réponses sont passionnantes ! Beau mercredi à vous !
L’interview du mercredi : France Quatromme
Quel a été votre parcours ?
J’ai fait des études universitaires car je ne voyais pas comment trouver ma place dans le milieu du travail, une maîtrise moderne sur le conte et un DESS en « sciences du jeu ». Durant ce DESS, j’ai pensé m’orienter vers l’édition et devenir éditrice mais un stage m’a découragé. C’était très hiérarchique et très orienté sur le marketing, je cherchais quelque chose de plus créatif.
Après mon DESS, je me suis orientée vers le métier de la petite enfance, j’ai travaillé 7 ans en halte-garderie et à l’hôpital en tant qu’éducatrice de jeunes enfants. C’est un métier qui m’a passionné, j’ai beaucoup appris au contact des éducateurs, des parents et des enfants. Parallèlement à mon travail, j’ai suivi plusieurs formations de conteurs et j’ai commencé à raconter bénévolement mais de manière très intensive. C’est devenu une véritable passion. Il s’est trouvé que mon travail à l’hôpital me demandait beaucoup d’énergie à tel point que je n’étais plus disponible pour conter lorsqu’on m’y invitait. Je me suis dit qu’il était grand temps de faire un choix avant de passer à côté de mon rêve. Je suis devenue conteuse. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière !
Quels sont vos souvenirs de lectures d’enfant, d’adolescente ?
Mes albums d’enfants ont beaucoup compté. Mes souvenirs sont plutôt liés à des sensations, des moments. Difficile de citer un livre en particulier. J’ai découvert le roman avec la Comtesse de Ségur. Adolescente, il m’arrivait de relire un livre 6 fois s’il me plaisait. J’ai eu des périodes assez boulimiques adolescente et jeune adulte. Je lisais tout ce qui pouvait me passer sous la main même si je ne comprenais pas tout !
C’est avec une grande émotion que je ré-ouvre aujourd’hui mes albums d’enfants, comme une madeleine de Proust.
Avec eux, je vivais de manière plus intense, plus dense. C’est sans doute cela qui me ramène aujourd’hui à l’écriture.
Ces lectures vous ont-elles inspirée ?
Je ne peux pas dire qu’elles m’aient inspirées directement mais indirectement certainement.
Vous êtes conteuse, les histoires que vous publiez ont-elles été d’abord orales ?
Certaines oui mais pas toutes. J’ai plaisir à écrire d’autres types de textes que des contes, plaisir à explorer des terrains nouveaux. Cependant, je travaille mes textes en les lisant à haute voix. J’aime travailler le rythme, la musique des phrases.
Parlez-nous du magnifique « Le géant de la grande forêt », comment est née cette histoire ?
Le début de cette histoire correspond au début d’un spectacle. C’est une histoire cadre pour introduire et rassembler différents contes autour de la forêt et des arbres. Une petite vieille nourrit un bébé trouvé dans la forêt de nourriture et d’histoires. Ce bébé devient un ogre, véritable dévoreur d’histoires. A force de le raconter, j’ai eu envie de prolonger l’histoire de ces personnages qui m’habitaient.
Quels sont vos projets ?
Beaucoup plus de projets que de temps pour les réaliser malheureusement. Il faudra donc faire des choix. Mais je suis en train d’écrire une histoire pour un livre-disque. J’aimerais également enregistrer « Petipa » mon dernier spectacle pour les tout-petits avec un musicien.
Bibliographie :
- Comment sont nées les étoiles de mer ?, illustré par Estelle Nectoux, Lire-c’est-partir (2012)
- Les monstres de la nuit, illustré par Eva Chatelain, Éditions Roland (2012)
- Derrière chez moi, illustré par Hyuna Shin, éditions Lirabelle (2012)
- Le petit pot de Zaza, illustré par Coralie Saudo, L’élan Vert (2012), que nous avons chroniqué ici.
- L’invité de Noël, illustré par Mélanie Allag, L’élan Vert (2011)
- Le géant de la grande forêt, illustré par Auriane Kida, Éditions d’Orbestier (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Le nez rouge, illustré par Fabienne Pierron, éditions Henry (2011)
- La poulette et le chat, illustré par Raphaëlle Albert, éditions Volpilière (2011)
- Le poussin gourmand et le chat, illustré par Raphaëlle Albert, éditions Volpilière (2010)
Retrouvez France Quatromme sur ses blogs : son blog d’auteure : http://raconte.over-blog.com et son blog de conteuse : http://lestricoteuses.over-blog.com
Comme je vous le disais en début d’interview, grâce aux Éditions d’Orbestier, j’ai la joie de faire gagner à l’un de vous le très très beau Le géant de la grande forêt. Je l’avais chroniqué ici, je suis certain que vous serez nombreux à vouloir le gagner. Alors pour participer, je vous propose de me donner votre avis sur la question que j’ai posée à des auteurs (à lire juste en dessous), d’après vous, peut-on tout écrire dans un livre pour enfants ? Au contraire quels sont pour vous les thèmes qui ne sont pas assez abordés par crainte d’une certaine forme de censure, quels sont les thèmes qui d’après vous ne devraient jamais être dans un livre jeunesse. Bref donnez moi aussi votre opinion (et si vous n’en avez pas dites le aussi, vous participerez quand même !). Vous avez jusqu’à lundi 20h !
Le tour de la question… Peut-on tout écrire dans un livre pour enfants ?
Une fois par mois je propose à plusieurs auteurs de répondre à une même question, ce mois-ci je leur ai proposé de nous dire si on peut tout écrire dans un livre pour enfant.
Gudule :
Il est évident qu’on ne peut pas parler de tout, dans un livre pour enfant. Non seulement pour des raisons “morales”, mais surtout parce que de nombreux sujets, qui passionnent les adultes ou les adolescents, n’ont aucun intérêt pour les tout-petits. Vouloir à tout prix les sensibiliser à certains thèmes est une aberration, surtout s’ils ne sont pas adaptés à leurs préoccupations. Tout est une question d’âge bien entendu.
Ceci dit, la mort, la maladie, le sexe, voire l’inceste ou le harcèlement, qu’on ne s’autorisait pas jadis dans la littérature pour la jeunesse, peuvent être abordés même en direction des très jeunes enfants (puisque nombre d’entre eux y sont confrontés), mais tout est dans le discours, dans la manière de présenter les choses, dans le langage employé. Ce qui ne veut pas dire, même si l’auteur met, dans son texte, tout le doigté nécessaire, que les éditeurs le suivent ! J’ai, personnellement, eu de nombreux manuscrits refusés pour ces raisons — pourtant, ils s’adressaient à des adolescents. A commencer par l’un des tout premiers de ma carrière, qui traitait de la folie, et que la direction de Gallimard a stoppé en cours d’impression, contre la volonté du directeur de collection. Ce qui ne m’a pas empêché de récidiver, par la suite. J’ai publié chez Hachette un livre sur le sida (La vie à reculons), chez Flammarion un livre sur le suicide (Mordre le ciel), chez Thierry Magnier une première expérience sexuelle (L’amour en chaussettes), chez Grasset un livre sur l’homosexualité féminine (Étrangère au paradis), sur l’enfant né d’un viol (Notre secret à nous) et sur une grossesse de lycéenne (La vie en Rose). Tous ces romans, bien que la plupart d’entre eux aient essuyé, avant publication, plusieurs refus d’éditeurs, ont été plutôt bien accueillis par le public. Certains, comme La vie à reculons, ont même cumulé les prix. D’autres, en dépit de leur succès, m’ont valu quelques déboires, comme L’amour en chaussettes, sélectionné pour le grand prix de la ville de Rennes, mais boycotté par les établissements scolaires privés (sans compter les courriers insultants, émanant de parents d’élèves, ou les reproches de vive voix lors de salons ou de signatures). Les préjugés ont la vie dure !
Gudule est auteur, elle vient de sortir Contes et Légendes : Les mille et une nuit chez Nathan. Retrouvez la sur son blog : http://gudule.over-blog.com
Clémentine Beauvais :
On peut tout dire dans un livre pour enfants, ça, j’en suis convaincue – et parfois la littérature jeunesse est plus adaptée que la littérature ‘adulte’ pour aborder des sujets difficiles. Philip Pullman, dans un discours devenu célèbre parmi les aficionados de la littérature jeunesse, déclarait que ‘certains thèmes sont si vastes et si importants qu’il faut la littérature jeunesse pour en parler’…
Mais bien sûr, si l’on peut en théorie parler de tout, ça ne veut pas dire qu’on peut être publié en parlant de tout. Il y a toujours énormément de sujets tabous dans l’édition jeunesse, et ce ne sont pas ceux auxquels on peut s’attendre. Sexe, drogue, pas de problème – mais la maladie, la dépression, le handicap, c’est plus difficile. J’ai un album dans mes tiroirs, sur la maladie d’un parent dans une famille, qui n’a jamais trouvé d’éditeur – malgré de très nombreuses réponses enthousiastes, il reste ‘impossible à publier’. Du coup, je l’ai posté en libre consultation sur mon site internet, pour qu’il serve à quelque chose quand même. Je pense que pour certains sujets ultra délicats, mais essentiels, les auteurs doivent envisager des solutions comme celle-ci. Ces livres doivent exister, et peut-être que leur place est en parallèle de l’édition traditionnelle.
Cela dit, mon premier album, Samiha et les fantômes, était sur un sujet extrêmement brûlant, le voile intégral – et pourtant il a été publié par Talents Hauts, reçu le soutien d’Amnesty International, et il a attiré l’attention de la presse. Mon dernier roman en date, La pouilleuse, parle de torture, de racisme et de préjugés de classe. Il faut toujours tout tenter. Les grandes questions de société interpellent les enfants, il y sont très réceptifs. L’injustice, l’insécurité, la violence, le sexisme, ce sont des thèmes qui les concernent et qu’ils sont largement assez intelligents pour comprendre. Il existe maintenant de nombreux livres sur les sans-papiers, les SDF, les violences faites aux femmes. Les petites maisons d’édition indépendantes, c’est évident, sont les plus à même de prendre des risques.
Peut-on vendre en parlant de sujets qui fâchent, ça, c’est encore une autre question. Être un auteur engagé reste un luxe…
Clémentine Beauvais est auteur, son dernier livre, La pouilleuse sorti chez Sarbacane, est un livre qui m’a donné une grosse claque, je vous en parlerai prochainement. Retrouvez la sur son blog : http://www.clementinebeauvais.com
Gael Aymon
Non et surtout pas n’importe comment!
En ayant publié mes premiers manuscrits chez un éditeur engagé comme Talents Hauts, je suis de temps en temps confronté à des parents qui rejettent en bloc. La seule image du prince Perce-Neige (des Contes d’un autre genre), réveillé par le baiser d’une princesse, a curieusement hérissé quelques personnes. Du côté des éditeurs, il est actuellement difficile de placer un texte qui se termine “mal”, même si cela a du sens par rapport au message ou à l’histoire.
Pour le plus jeunes lecteurs, le conte permet selon moi de traiter des sujets délicats indirectement, sans heurter, avec la bonne distance. Mais c’est vrai que j’ai beaucoup douté pendant l’écriture des Souliers écarlates, qui aborde la violence contre les femmes. C’était primordial de ne pas sombrer dans le sordide, mais l’équilibre était difficile. Comment préserver la magie sans tomber à côté de la plaque, sur un sujet aussi dur ? Je voulais que ce texte puisse être lu comme n’importe quel autre par un lecteur lambda, tout en s’adressant de façon spécifique à ceux pour qui ce thème n’est malheureusement pas une fiction.
On est beaucoup plus libre avec les ados, c’est différent. Mais le prétexte de leur parler sans mièvrerie ni tabou, est parfois un alibi pour vendre du sensationnel à un public facilement fasciné par le scabreux. Là, il faut vraiment que ce soit pour dire quelque chose au bout du compte, sinon, on crée le malaise à des fins strictement commerciales. La violence est souvent utilisée sans distanciation ni jugement, juste pour se la jouer “littérature de grands”. C’est le reflet de notre société : on est choqué par un tas de choses, on se pose plein de questions sur le fond et la forme, mais on souscrit tous d’assez bonne grâce à l’omniprésence d’une violence divertissante.
C’est ma limite personnelle en tant qu’auteur : ne pas utiliser de violence gratuite.
Gaël Aymon est auteur, il vient de sortir un superbe conte traitant de la violence faite aux femmes, Les souliers écarlates (chroniqué ici). Retrouvez-le sur son blog : http://gaelaymon.com
Marie Aude Murail
Quand j’écris pour les plus petits, je n’ai pas tellement en tête la notion de censure/autocensure, mais plutôt celle de limites. Je veux procurer des émotions, raconter de vraies histoires, mais je sais que les enfants jeunes n’ont pas mes références, ni mon bagage linguistique. Il est évident que l’écrivain jeunesse ne peut pas tout dire. Je me donne certaines règles. Je m’interdis de désespérer un enfant. Je ne fais jamais de livre qui se termine mal. Mon livre doit donner envie de grandir. Donc, je ne finis jamais sur une porte fermée ou sur ces fins tristes qui “ font intelligent ”. Mes romans ont délibérément des fins optimistes. C’est sans doute ce qui m’a fait choisir cette littérature. On a le droit d’y être heureux. J’ai donc du mal à parler d’autocensure dans mon cas, avec ce que cela supposerait de frustration et de renoncement… J’aime secouer, bousculer, provoquer la colère, l’indignation, mais je ne vois pas l’intérêt d’une provocation gratuite.
Certains adultes ont été choqués par Oh boy !, pas mes jeunes lecteurs. Ce qui m’ennuie, c’est qu’on puisse penser que je traite du thème de l’homosexualité dans Oh boy ! ou du handicap mental dans Simple. Je ne me soucie pas de thématique, même audacieuse, je suis romancière et je crée des personnages qui peuvent être, entre autres, homos ou handicapés. Et je m’octroie le droit de les traiter comme n’importe quel autre personnage, par exemple de les rendre comiques. Et il arrive que ça choque certaines belles âmes. Mais faire rire de personnages handicapés, malades, marginaux, c’est enlever la peur qu’on éprouve devant celui qui est différent. Dans Simple, j’ai mis un idiot, on rit avec lui et de lui. Je pense qu’on l’en aime d’autant plus. Au niveau des éditeurs, je sais à qui m’adresser pour tel ou tel texte. Souvent, la censure porte sur le vocabulaire. Je sais que Bayard ne veut pas de “ gros mots ” par peur des réactions des parents. Par exemple, certains parents de petits abonnés à J’aime Lire ont réagi à mon histoire L’espionne déclone où un petit garçon va dire à sa mère que : “ Marie-Eugénie, elle déclone ”. La mère comprend de travers et le gifle. On m’a fait savoir que des parents avaient écrit pour protester contre le jeu de mots (décloner, déconner…) et contre l’image de la mère (la “ mauvaise mère ” qui gifle). Je n’ai pas encore trouvé de sujets que je ne puisse aborder. Tout est dans la manière de dire les choses, l’humour, l’ellipse permettent presque tout. Toutefois, pour certaines scènes, je sais que je n’ai guère de chance de les faire passer ailleurs qu’à l’École des Loisirs.
Marie-Aude Murail est auteur, elle vient de sortir le troisième tome de Malo de Lange à L’école des Loisirs.
Vision de l’éditeur :
J’ai contacté 5 éditeurs en leur proposant de répondre à cette question et malheureusement, à ma grande surprise, aucun n’a souhaité s’exprimer là dessus…
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Moi je pense qu’on peut parler de quasiment tout mais avec tact et intelligence. Et puis aprés il y a les tous petits et les plus grands (a partir de 7-ans). Aprés moi il y a des sujets polémiques qui ne m’intéressent pas (ni a lire ni a écrire). J’écris sur ce que j’ai envie, sans limites, peu importe le sujet. C’est pour ça que j’ai des textes sur le handicap ou la mort qui traînent dans les tiroirs ( oui les éditeurs sont plus frileux par contre…).
Bonjour,
Merciiii pour ce chouette concours, les livres ici, ce sont juste des objets sacrés pour mes filles, alors quel bonheur ce serait d’en recevoir un nouveau ^^
A mon avis, on peut parler de tout dans un livre pour enfants. Les enfants sont capables de tout entendre, simplement il faut savoir adapter son langage à eux : pas de mots “crus”, violents, agressifs… Il faut savoir atténuer les idées pour ne pas les heurter mais en même temps leur faire prendre conscience de certaines choses.
Je vous souhaite une jolie journée
des réponses très différente mais qui me donnent surtout envie de lire tous ces livres que je n’ai pas encore lu.
en ce qui me concerne, je pense que l’on peut parler de tout, si cela est bien écrit et en fonction de l’âge des enfants auxquels le livre est destiné. Certains sujets restent pourtant “tabou”, tel l’homoparentalité qui commence seulement à apparaître… changement de société ? je l’espère… en tout cas la littérature de jeunesse est un espace de création et de liberté je trouve… espérons que ça le reste.
Parler de tout, surement, mais pas n’importe comment. Certains sujets réclament du tact, de la subtilité. La mort, la maladie par exemple. Et puis certains sujets méritent, je pense, d’être traité avec légèreté pour dédramatiser comme la sexualité. Pour ma part, il y a des livres que j’aiment, des livres qui me dérangent, qui me remuent. Pour autant, l’idée d’une censure me hérisse un peu. Quand on voit ce qu’on injecte quotidiennement à la télé dans la cerveau de nos enfants, je ne comprends même pas comment on peut vouloir censurer un livre. Un livre ça se choisit, l’enfant y met les images qu’il veut, le sens qu’il peut y mettre, le livre aide à répondre à des questions puis à s’en poser. A la télé ils ingurgitent des sensations automatiquement sans filtre. Quand je lis que des éditeurs sont frileux ou que des parents insultent des auteurs, j’en reste sans voix…..
Je rejoins l’avis des différents auteurs interrogés dans l’ensemble … On peut parler de tout (ou presque !!!) mais cela dépend de la forme que cela prend. On doit tenir compte de l’intérêt du jeune public … Je ne suis pas persuadée, par exemple, que l’inceste ou la prostitution sont des sujets susceptibles d’intéresser des enfants de moins de 8 ans … Cependant, en tant que maman, je ne m’interdis aucune lecture mais en tant que maîtresse, c’est un peu plus compliqué !!! Je sélectionne mes lectures de manière plus “serrée” … Je ne lis pas tout en classe … Pour ne pas heurter certains élèves, pour ne pas aller à l’encontre de leur éducation familiale … Parce que, trop souvent, je manque cruellement de temps pour aborder sereinement l’après-lecture … C’est bien dommage …
c’est passionnant tout ça! vraiment!
Je cherche aussi un éditeur pour un texte “difficile” et malgré de bons retours, pour l’instant je ne trouve pas. Quand je l’ai écrit je n’ai pas pensé à ça (je débute faut dire) et je ne pense pas que j’y penserai plus à l’avenir.
Peut-on tout écrire? Comme ça, je dirais non. Question de mots, mais de sujets aussi. Faut-il que ça préoccupe un minimum les enfants.
Le harcèlement au travail ou comment faire face à la crise, j’ai un doute…
Pour les sujets dit tabous, j’ai parfois l’impression que l’adulte est plus choqué par projection de ce que va penser l’enfant, que l’enfant lui même.
merci en tout cas, ça fait réfléchir tout ça, c’est chouette…
Bonjour,
Merci pour le concours.
Je pense qu’on peut parler de tout mais il faut adapter les mots et la forme en fonction du public visé.
Bonne journée
Bonjour,
merci pour le concours! 🙂
Je pense qu’on peut parler de tout mais il y une manière d’amener les choses…
Bonne journée
Comme j’aime ce que dit Madame Murail : “je ne me soucie pas de thématique”. Ahhh ! que cette musique est douce à mes oreilles…
bonjour
ici je parle de tout à ma fille sans aucun tabou
je pense que pour un livre ce doit être la même chose, la mort, une naissance, l’homosexualité, le divorce, la maladie tout ces thèmes peuvent et doivent être abordés avec les enfants mais bien entendu pas n’importe comment et pas n’importe quand l’enfant est curieux de nature et les livres sont des supports pour eux!!
voilà mon avis sur la question
merci pour ce concours et bonne chance à tous!!
Tu as été tirée au sort… bravo !
Question très très intéressante.
Merci aux auteurs qui ont pris le soin d’y répondre. Dommage que les éditeurs n’aient pas jouer le jeu.
C’est intéressant de voir que certains éditeurs pensent que des sujets ne sont pas publiables.
Je sais que le soleil de la mort d’Elise Fontenaille ( un livre génial) sur le suicide collectif a posé ce genre de problème pour la sélection du prix Gayant Lecture. Certaines personnes avaient peur que le livre donne de mauvaises idées aux ados (comme s’ils attendaient de les lire …). Ayons plus confiance en nos jeunes. Ils sont capables de réfléchir et la littérature est là pour les y aider.
Bonjour,
Il est possible de tout écrire dans un livre pour enfant, à condition de prévenir cet enfant du droit de fermer le livre s’il le met mal à l’aise. Il s’agit de faire confiance à l’enfant et de l’autoriser à interrompre sa lecture quelqu’en soit la raison. C’est la chance du livre par rapport à la télé, de laisser le lecteur acteur et actif !
Bon mercredi à tous …
Bonjour à tous !
Je trouve que la question rejoint toutes celles que l’on peut se poser lorsque l’on est, de près ou de loin, concerné par un enfant, ado puis adulte en devenir : peut-on, doit-on tout dire, parler de tout…? Le contraire, partant d’un sentiment premier de protection (bien entendu) serait les démunir face aux situations susceptibles de croiser leur chemin et les questionner voire pire, occulter ce qui peut les concerner directement au quotidien; bien des exemples ont été donnés dans les commentaires précédents. Je rejoins Chouquette qui fait référence aux médias et pense que dès lors que la lecture d’un livre est “accompagnée” (avec le tout petit) puis “discutée” (avec les ados), et cela même si le parti pris des “gros mots” pointe au bout de la plume, cela participe de la construction d’un esprit critique, ouvert et averti, de l’éducation…quitte à ce que cela puisse faire débat notamment à l’adolescence. N’oublions pas que la parole est ce qui nous différencie de l’animal et j’en dirais autant de la lecture; gageons que les deux puissent se compléter pour élever (au sens noble du terme) les citoyens de demain. Parents, éducateurs, instituteurs… sont capables de responsabilité quant au choix de sujets adaptés au contexte de lecture ( le moment, l’endroit, la détente ou la réflexion, l’imaginaire et le rêve ou la réalité, faire écho ou anticiper un évènement, en groupe ou en individuel) ! Il s’agit de faire confiance à l’adulte qui saura relativiser certaines réalités parfois, et cela fait partie de la vie, tristes ou embarrassantes.
L’usage passif de toute forme de support reste le pire des risques de voir son jeune utilisateur traumatisé…
Merci Gabriel pour cette question fort intéressante! Et aussi pour le concours 😉
Peut-on rire de tout ?
On peut toujours…
Peut-on parler de tout aux enfants ?
On peut toujours mais comme tout le monde l’a dit, pas n’importe comment.
Et puis l’art et la manière de dire les choses passe aussi par le non-dit, c’est-à-dire qu’on peut aborder des sujet sans vraiment en parler, en suggérant, etc.
Je me suis souvent demandé si c’était une bonne chose de raconter l’histoire du Père-Noël aux enfants… Moi qui ne suis pas pour les mensonges, je pense qu’il y a des façons de raconter des histoires et de les rendre réelles sans mentir (ce que font à peu près tous les livres), pourtant la plupart des parents racontent de gros mensonges à leurs enfants en parlant du Père Noël ! Ce que je veux dire, c’est qu’il doit bien y avoir aussi des manières de raconter des vérités tout en “brodant” et par là-même aborder n’importe quel sujet.
Ne pas accepter une histoire parce qu’elle finit mal, par exemple, c’est censurer parmi les plus beaux contes (“La petite fille aux allumettes”…).
Je pense qu’en littérature tous les thèmes peuvent être abordés progressivement en respectant quand même le rythme de l’enfant.
Par contre je pense qu’il est important d’être prêt soit même à parler et être questionné sur le sujet du livre que l’on propose. Il faut être sur de pouvoir dialoguer après la lecture, l’histoire doit être le point de départ d’une discussion, pas s’y substituer. (et là je pense que c’est valable pour les enfants mais aussi pour les ados) D’ailleurs je me souviens qu’ado j’aurais arraché les yeux de ma mère quand je voyais qu’elle me laissait “le complexe du homard” ouvert à certaines pages dans les toilettes parce qu’elle n’était pas capable d’aborder certains sujets avec moi. 😀 (maman, si un jour tu lis ces lignes… 😉 )
Il ne faut pas perdre de vu non plus que les thèmes que les adultes jugent “difficiles” ne sont pas forcément les mêmes que pour les enfants. Une naissance peut être un sujet très violent pour un petit. (et pourtant là on trouve des tonnes et des tonnes de livres sur le sujet… qu’en conclure?)
Ceci dit un livre de temps en temps sur un sujet pour réfléchir c’est bien, mais gavons nous aussi de pleins de livres juste pour le plaisir de passer de bons moments!
Il est difficile de tout aborder entre adultes, il semble donc encore moins aisé de tout aborder avec les enfants. Il faudrait dépasser nos propres peurs, limites, tabou. Nos peurs et les nôtres sont ailleurs. Il y a quelque temps je lisais “Grosse colère” de Mireille d’ Allancé à de jeunes enfants. L’un deux avait peur de la représentation de la colère et refermait le livre dès qu’elle apparaissait. Ils peuvent être inquiets sur des choses qui nous semblent banales et vis versa prendre avec candeur des thèmes compliqués à nos yeux.
J’adore ce post !!! Merci Gabriel 😉
Peut-on tout écrire dans un livre pour enfants ? Je crois qu’il faut effectivement pouvoir aborder tous les thèmes, sans tabous, à condition que les mots et les images soient adaptés à leur age. Je suis même convaincue que la littérature jeunesse est et sera toujours un support, une aide au dialogue, à la communication.
Bonsoir
Cet article est très intéressant. Répondre à la question posée n’est pas facile, je dirais qu’on peut parler de tout (avec toutes les précautions nécessaires quand on s’adresse à des enfants évidemment…) après je suppose qu’il y a des thèmes plus “vendeurs” que d’autres et que c’est cela qui guide les éditeurs. Après je pense que les enfants sont suffisamment curieux pour s’intéresser à tous les sujets, sans tabou, d’ailleurs je suis parfois surprise des choix de ma fille à la bibliothèque !
A bientôt
Vaste sujet que celui-ci….
Je rejoins la grande majorité en disant qu’à mon avis on peut tout aborder dans la littérature jeunesse mais pas n’importe quand ni n’importe comment…selon les besoins de l’enfant !
Je suis convaincue que les limites que nous pourrions fixer, nous, les adultes, ne sont pas forcément celles qui conviendraient aux enfants. En effet, ils n’ont pas la même perception des choses que nous et ne projettent pas les mêmes angoisses que nous sur les différents sujets. Ce qui peut nous paraître choquant, effrayant ou triste ne l’est pas forcément pour eux et la réciproque est vraie aussi. Dans certains cas, les histoires peuvent être un exutoire ou un moyen de se rassurer. Quand j’étais petite, j’aimais beaucoup lire des histoires d’horreur ou des histoires tristes pour me plonger dans l’ambiance, affronter les émotions et pouvoir refermer le livre, quitter l’histoire dès que je le souhaitais. Ma maman raconte souvent que quand j’avais 8 ans, une libraire m’avait demandé ce que j’aimais lire comme livres et j’avais répondu “ceux qui font pleurer” (encore maintenant j’ai une certaine attirance pour les romans qui finissent mal et les histoires difficiles…c’est grave docteur?!?). Je crois que l’essentiel est de savoir être à l’écoute de l’enfant lecteur (ou en situation de lecture quand un adulte raconte l’histoire à un enfant) pour pouvoir répondre à ses questions, à ses angoisses s’il y a lieu ou tout simplement l’accompagner dans sa lecture, dans son questionnement. On n’est pas dans la tête de l’enfant, il n’est pas dans la notre, on n’est pas lui, il n’est pas nous (oui, je sais, j’enfonce des portes ouvertes en disant ça). D’ailleurs, bien des enfants sont confrontés à des situations dures ou complexes dès leur plus jeune âge et parfois, un livre peut être d’un sacré secours pour les aider à avancer et par la même occasion, nous aider à les aider.
Bref, selon moi, on peut aborder tous les sujets dans la littérature jeunesse, le tout est de savoir être à l’écoute de l’enfant et de son ressenti pour pouvoir en discuter ou non avec lui. En tout cas, beaucoup de livres sont cités dans cet article et semblent vraiment intéressants. Je sens que mon budget librairie n’est pas près de se réduire et que ma carte de bibliothèque n’a pas fini de se remplir non plus !
Bonjour,
Merci pour le concours ! Et là, tu nous mets bien l’eau à la bouche !! Je ne connais pas, mais tu donnes envie de faire découvrir !
Pour la question, j’aime beaucoup l’approche de Gaël Aymon. Je trouve, en effet, que sous des aspects commercials, les livres vont aborder des sujets sur un ton mièvre voire violent qui ne va pas choquer, et au-delà de ça, on va constater qu’il est des sujets encore difficile à aborder en littérature jeunesse.
Au-delà de ces “grands thèmes” de la mort, la maladie, l’homoparentalité, etc… moi, je trouve qu’il existe des sujets qui sont le quotidiens des enfants et que nous trouvons que très rarement dans la littérature jeunesse. Je pense à l’allaitement déjà ! Combien j’ai pu galérer quand, enceinte, j’ai voulu acheter un livre à mes filles, racontant la grossesse puis la naissance, sans y voir un biberon !!! Ou alors, la maman fait la tétée à la maternité, puis arrivée à la maison, c’est biberon.. Quoi, on ne parle donc jamais des bébés au sein ??
Ou bien, aborder le sujet de la maternité, sans y venir directement sur le sujet de la jalousie….
Et puis côté illustration, j’aimerai voir davantage des bébés portés en écharpe par les mamans, ou dormant avec leurs parents….
Sinon, je me suis trouvée à “boycotter” moi-même des livres qui, a priori, me plaisait bien. Cherchant des livres sur la mort, je n’ai pas pu prendre “la croûte’. Dès la 1ère page, je pleurais… Impossible pour moi de raconter ça à mes filles. Non pas que le livre ne soit pas légitime… mais il ne nous correspond pas ! Et puis un autre, où je voulais un livre sur le thème du respect de son propre corps. Mais là, ça tombait trop dans les violences faites aux enfants, et là… non. Pas dans le cadre d’une histoire. Sujet à aborder autrement.
Ah ! Et j’oubliais…. (ça me fait donne une chance supplémentaire au tirage au sort ?! lol….).
Pour rebondir sur la remarque de Gaël Aymon concernant les histoires qui ne finissent jamais mal… C’est vrai !
Et pourtant, on a un livre à la maison “Faim de Loup” d’Eric Pintus où ça finit mal, très, très mal pour le lapin ! et pourtant, quelle délice !
Bien amené, ce qui peut sembler cruel est tout à fait abordable !
Grande question!
Je pense que oui on peut aborder en littérature jeunesse des sujets difficiles, parfois tabous. Après il y a la manière d’exposer son regard. J’ai pour ma part abordé dans trois albums la maladie, la disparition d’un être cher et l’homosexualité …enfin disons plutôt que pour ce dernier je souhaitais évoquer tous les sentiments amoureux “innocents” propres à l’enfance mais qui aux yeux de certains font grand bruit … j’ai ouvert le fin pour que chacun interprète selon son propre ressenti; donc pour certains lecteurs l’homosexualité transparaît. Après on se heurte oui à des éditeurs frileux; rares sont ceux qui nous suivent.
Bonjour,
Merci pour ce concours.
Je pense que l’on peut parler de tout si on utilise un langage adapté à l’enfant.
Bonne semaine
Amitié
Dorothée Baudoul
Super intéressant, comme thème…
Alors je trouve qu’on peut parler de tout dans un livre pour enfant mais qu’il y a l’art et la manière de le faire. Après, je suis assez d’accord avec ce que dit Marie-Aude Murail, les enfants ont des centres d’intérêt, et certains sujets n’en font pas partie, mais peuvent trouver un intérêt dans un cas bien précis. Par exemple, j’ai été heureuse de voir que la thématique du divorce avait pris de l’ampleur dans la littérature enfantine, c’est important.
Je trouve que certains sujets ne sont pas encore assez abordés, comme l’homosexualité, par exemple (j’avais adoré “la princesse qui n’aimait pas les princes”…). Mais je me dis qu’avec le temps et l’évolution des mentalités, ça va venir….
Bonne question !
Je pense qu’on peut parler de tout, ou presque en littérature jeunesse, le tout étant de doser et de ne pas oublier le public auquel on s’adresse. Je dirais donc que plus qu’une question de contenu, c’est une question de forme.
Il faut parler aux enfants de manière adaptée et savoir capter leur intérêt, un exercice périlleux, en somme.
Après il y a certains sujets qui n’ont rien à faire en littérature jeunesse parce que ce sont des “soucis” d’adultes, genre Comment payer moins d’impôts en 10 points…
Dans un premier temps juste après la lecture de LA question je me suis dit oui bien sur que l’on peut tout aborder et puis il a eu ce fameux “mais” mais peut être pas n’importe comment, peut être pas de la même façon pour les tous petits les moyens et les grands, mais peut être pas dans la même dimension d’approfondissement, mais peut être pas tout a fait les mêmes sujets. Alors bon à partir du moment où je pose un “mais” il me semble que non du coup on ne peut pas tout écrire. Il faut savoir l’écrire aussi, connaitre son public… Merci c’est très intéressant de lire tous ces avis. bonne soirée à tous.
Je pense qu’on peut tout dire dans un livre d’enfant, mais il faut savoir le faire …
Pour la deuxième question, je n’ai JAMAIS au grand JAMAIS vu un livre dont les parents sont des homosexuels par exemple .. j’ai beau fouiner tout les bouquins quand je vais quelque part, jamais vu …
Je trouve ça dommage,mais bon après c’est peut-être moi qui ne cherche pas aux bons endroits! 😉
Merci et à bientôt
Bonsoir,
Je suis intriguée par ce livre alors je joue !!! Je ne sais pas si on peut tout écrire dans un livre pour enfants, tout dépend de l’âge, de l’ouverture qu’on laisse à l’enfant … Je pense qu’il est important de les protéger jusque un certain âge … mais lequel ? à chaque parent de juger cela et des sujets abordés et à aborder !
Un thème que j’ai eu du mal à trouver c’est autour de l’adoption … même si vous aviez fait un article le 14 avril (je connais la date par cœur puisque la veille, un vendredi 13 ma sœur a su la bonne nouvelle pour son adoption qui s’est conclut avec bonheur en septembre). Mais difficile d’expliquer à ma fille l’arrivée de ses cousins avec un livre, nous avons trouvé d’autres moyens, un enfant a justement une ouverture et un imaginaire à utiliser !
Merci et bonne soirée,
Bravo à BigMama ! et merci à tous les participants !