Vous le savez, nous aimons les livres qui luttent contre les clichés sexistes, chaque fois que nous pouvons vous parler de ce genre d’ouvrages nous le faisons avec plaisir !
Qu’est-ce que c’est que cette tante bizarre qui offre une poupée à un garçon ! En plus, il a l’air d’aimer ça ! Papa se rassure, ça lui passera ! Sauf qu’on ne rigole plus du tout quand il décide de sortir hors de la maison avec la poupée, imaginez un peu la honte ! Non non non il faut prendre les choses en main et aller de toutes urgences acheter à cet enfant un VRAI jouet de garçon !
C’est un sujet qu’on croise de plus en plus, les garçons et les poupées (on a déjà chroniqué sur le sujet La poupée d’Auguste et Nils, Barbie et le problème du pistolet), c’est un peu un sujet à la mode… mais on ne va pas s’en plaindre ! Ici, on a affaire à un très bon livre. Le sujet est vraiment bien traité, avec intelligence et finesse (il n’y a pas de grosses ficelles). On parle du fait que le sexisme c’est souvent quand ça arrange les gens (le père qui offre une boîte à outils à son fils dit à sa femme qu’elle peut jouer avec lui, après tout les femmes aussi peuvent bricoler…) et souvent pas très réfléchis (pourquoi ce père qui s’est occupé de ses bébés refuse-t-il que son enfant fasse comme lui avec une poupée ?). Bref, le texte est très bon, drôle et plein de réflexions. Les illustrations de Jean-Luc Englebert rendent l’ouvrage beau en plus d’être bon. Un très bon ouvrage !
Le même vu par Enfantipages et par Butiner de livres en livres.
Une fille… ah oui ! C’est quelqu’un qui aime s’habiller en danseuse et qui adore le rose… ça va pas non ??? Mais non une fille, ça peut aussi vouloir être une chevalière pour zigouiller des dragons ! Ce n’est pas parce qu’on est une fille qu’on adore faire le ménage et s’habiller en robe. On n’est pas obligée d’accepter les bisous des garçons, on peut aussi choisir QUI nous embrasse et QUAND ! Non mais !
On n’est pas des poupées, mon premier manifeste féministe est un livre que j’ai tout de suite adoré (à quelques détails près… je vais aussi en parler). Ici, on parle des clichés sur les filles : le fait qu’elles aiment le rose, qu’elles sont passives, qu’elles seront forcément mamans, qu’elles sont fragiles, qu’elles doivent être sages… C’est amené avec énormément d’humour et de pep’s. Des phrases courtes et percutantes et les illustrations de Claire Cantais (que personnellement j’aime beaucoup, mais je pense qu’on aime ou on déteste) rajoutent encore plus de vitalité à tout ça. En fin d’album, on revient sur des personnages historiques (Olympe de Gouges, Angela Davis, Louise Michel…) qu’on a croisés dans l’album grâce aux collages. Bref, voilà un album intelligent et bien fait ! Sauf que deux petits détails me chiffonnent… j’hésite même à parler de ces détails, car je ne veux pas dire un truc négatif sur cet album que je veux vraiment absolument vous donner envie de découvrir… J’ai coutume de dire que je ne suis pas féministe mais antisexiste et ça s’est encore confirmé ici… Je pense qu’on ne peut pas avancer d’un côté sans négliger l’autre côté. Je m’explique : alors que dans l’album on voit un garçon jouer à la poupée (ici aussi), on lit une phrase de l’éditeur au tout début du livre Le livre est fini, mais pas l’histoire, et le combat pour l’égalité des droits continue. Allez les filles ! L’égalité des droits n’est pas que l’affaire des filles… et je dirais même justement au contraire ! Si l’on n’apprend pas aussi aux garçons que l’égalité est importante est-ce que tout ça est utile ? Est-ce plus important de faire réfléchir sur le racisme ceux qui en sont victimes ou les racistes eux-mêmes ? Je prends cet exemple exprès, car je le trouve plus parlant. Je trouve ce « allez les filles ! » justement sexiste. Il sous-entend que ce livre est un livre pour les filles… et donc c’est pour moi sexiste. C’est un tout petit détail (surtout qu’il est du fait des éditeurs et non des auteurs je pense)… mais qui, je trouve, a quand même son importance ! Autre petit détail (et là encore, on sort de l’album), si vous achetez ce livre sur le site de l’éditeur on vous offre des « bons points »… et dans les « bons points » il y en a un « Le rose ? Beurk beurk beurk » et là aussi j’ai du mal… Autant je trouve ça super qu’une fille aime le noir plus que le rose, autant je trouve qu’une fille qui aime le rose il faut la laisser aimer le rose. Pour prendre ma fille comme exemple, elle n’a jamais été élevée dans le trip « rose », « princesses», etc. Et pourtant, elle adore le rose, je ne vais pas l’en empêcher et lui donner un bon point parce qu’enfin elle n’aimerait plus cette couleur (j’avoue qu’en plus personnellement j’aime beaucoup le rose, avant La mare aux mots j’avais un forum sur la culture qui était entièrement rose). C’est super qu’on laisse un garçon jouer à la poupée et aimer le rose, une fille jouer aux petites voitures et aimer le bleu mais attention, les forcer contre leurs goûts (ou les récompenser de bons points) c’est aussi peu tolérant que ceux qui font l’inverse. Mais je veux redire à quel point hormis ces deux détails (qui sont vraiment des détails mais qui me tenaient à cœur), ce livre est vraiment un super livre et que je vous le conseille fortement… pour les filles et les garçons !
Si vous êtes sur la région parisienne, vous pouvez participer à un goûter philo autour de ce livre le 16 novembre à 16h à la Librairie Violette and Co (102 rue de Charonne), plus d’infos ici.
Des extraits sur le site de l’éditeur.
Le même vu par Le tiroir à histoires (que j’ai lu après avoir rédigé ma chronique et qui soulève un autre point).
Quelques pas de plus…
Une autre chronique sur l’antisexisme : Princesse un jour et boniche pour toujours et plein d’autres livres sur le sujet sur notre fiche thématique.
Nous avions déjà chroniqué un livre de Claire Cantais (Avec de l’ail et du beurre).
Les poupées c’est pour les filles Texte de Ludovic Flamant, illustré par Jean-Luc Englebert Pastel dans la collection OFF – Pastel 10€, 140×190 mm, 40 pages, imprimé en Italie, 2013. |
On n’est pas des poupées Texte de Delphine Beauvois, illustré par Claire Cantais La ville brûle dans la collection Jamais trop tôt 13€, 172×236 mm, 32 pages, imprimé en Union Européenne, 2013. |
Même si c’est un magnifique coup de marketing, ça mérite d’être salué (en attendant que ça soit banal) ! Tout comme l’année dernière, Super U ne fait pas dans le sexisme dans son catalogue de Noël… et le pire c’est que ça ne plait pas à tout le monde ! Un article du Point ici.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Super cette chronique !
Tu t’interrogeais hier et personnellement, je trouve que tu as bien fait d’ajouter, pour le 2nd, tes réticences concernant la note de l’éditeur, et les goûts et les couleurs, que l’on catégorise un peu facilement selon le sexe!!!
Je trouve que c’est tout à fait justifié, intelligent, réfléchi, et que ce n’est pas ça qui va empêcher d’aimer le livre ou de l’acheter.
Mais ça fait avancer la réflexion sur le sexisme, et tu as bien raison de te battre sur le sujet. Bravo!
moi j’adore Claire Cantais !
Super chronique
Super billet encore une fois, merci Gabriel ! J’ai été chiffonée par exactement les mêmes petits détails que toi dans On est pas des poupées. Je n’ai pas voulu m’y étendre parce que les qualités sont bien plus nombreuses que les défauts. Au café philo à Folies d’encre, Delphine Beauvois a fait parler les enfants et développé un peu son propos : oui on a le droit d’aimer le rose, et même si on est un garçon d’ailleurs. C’était bien. En fait je crois qu’il ne faut pas hésiter à parler, et faire parler les petits lecteurs autour de ces questions. Sinon, lu hier aussi les tweets réacs au sujet du catalogue de super U, et j’ai été atterrée. Comme quoi, c’est vraiment pas encore gagné. Heureusement que côté littérature, ça bouge un peu. A bientôt ! (et un billet sur le sujet à l’ombre du grand arbre très bientôt !)
Attention, tadam !!!! La réponse de l’éditrice, pas fâchée, bien au contraire ! Un grand merci pour votre lecture et vos remarques ! Ces remarques sont justes… mais les 2 points qu’il met en avant doivent être envisagés dans le contexte du livre : le “allez les filles”, c’est une façon d’inscrire ce combat dans la longue l’histoire de la bataille pour l’égalité des droits et des combats féministes (qui sont quand même très souvent – mais pas uniquement, c’est vrai ! – des combats féminins, il ne faut pas se mentir…), et c’était une façon de faire un clin d’oeil, sur la première page, à la dernière page de l’album où une grand-mère passe le témoin à une mère qui elle-même le passe à sa fille. Mais bien entendu ça ne veut pas dire que seules les filles sont féministes ou anti-sexistes (heureusement, sinon ne on ne s’en sortirait pas !).
Et les bons points… l’idée n’est pas de “récompenser” les filles qui ne portent pas de rose ! Il y en a 20 modèles qui reprennent les illustrations du livre (parce qu’elles sont trop chouettes, merci Claire Cantais !!!), et des portraits de grandes figures féministes (d’Olympe de Gouges à Angela Davis, en passant par George Sand, Louise Michel, et bien d’autres…). L’illustration qui dit “Le rose beurk beurk beurk” est tirée de son contexte sur le bon point, mais là encore, pas d’anti-rose de notre part, d’ailleurs les héroïnes du livre en portent dans mal mal de pages.
Et tant qu’on y est, à propos de la remarque de Céline sur le Tiroir à histoire : oui, la poupée offerte à la petite fille et le jeu de construction au garçon, c’est un cliché, c’est vrai, et c’était justement un choix de représenter ce stéréotype pas pour le véhiculer mais pour pour le déconstruire (puisque tel est l’objet du livre, et de la collection).
Les auteures et moi espérons que ce livre vous plaira, et qu’il circulera largement. Allez les filles – et les gars 😉 !
Une chronique bien intelligente qui donne très envie d’avoir ces deux titres dans sa bibliothèque.
Les deux détails que tu as relevés sont très intéressants et le point de vue de l’éditrice l’est tout autant.
C’est en faisant réfléchir nos enfants intelligemment sur l’égalité entre sexe qu’on finira par y arriver. C’est vraiment chouette que des livres pour les plus jeunes nous y aident.
Entièrement d’accord ! Ces petites ‘erreurs’ (dans “on n’est pas des poupées”) ne sont pour moi pas des détails ! Il est important de ne pas entrer dans la caricature pour servir une cause. A trop vouloir pousser le feminisme à outrance, on risque d’obtenir l’effet inverse et c’est dommage. Il ne sera déjà pas très facile d’encourager les garçons à lire ce livre, vu qu’un seul versant du sexisme y est traité apparemment. Il aurait été utile de faire un parallèle avec les clichés côté garçons, dans le même livre !
Bravo pour cette chronique en tous cas ! (Et les autres!)
complètement d’accord avec la réflexion sur les petits détails !!!
très bonne chronique !
Grand sourire. Un article qui me fait du baume au cœur, tout chaud en ce froid mardi, pluvieux et moche. Bref, merci (encore !) pour cet article ! pour avoir relevé “ces petits détails” qui chiffonnent. C’est article me fait sourire en très grand. Et me rassure.
Hop, je vais me procurer ces livres !
Il est parfois bon de dépasser certains cliché… C’est fait et c’est d’autant plus important qu’il s’agit de l’épanouissement de nos enfants.
J’aimerais lire ces libres, ils semblent très intéressants. Chez nous on essaye d’éviter les clichés machistes le plus possible. Depuis qu’ils étaient petits, on a essayé d’éduquer nos enfants dans l’égalité et c’est surprenant le résultat. On a deux garçons et une fille, et pour les jouets on a toujours fait de cadeaux de tout type et la réponse des enfants était intéressante. On voyait bien qu’il choisissent par rapport à leur goûts,…ella a beaucoup joué avec des jouet qu’on pense de “garçon” et ils jouaient ave ceux supposés de “fille”. On a beaucoup aimé ce mélange de jouets….l’important pour eux c’est les histoires, ce qu’ils imaginent, pas autant l’objet.