Ce sont trois albums magnifiques que je vous propose aujourd’hui.
Personne n’aime les Vitalabri. Soit à cause de leurs nez (que certains trouvent trop rond, d’autres trop pointu), à cause de leurs yeux (marron, bleus ou noirs), parce qu’ils sont trop grands ou trop petits. Certains ont même un chapeau, d’autres n’en ont même pas… Bref, il y a mille et une raisons de ne pas aimer les Vitalabri et de les chasser. Alors ils marchent sur les routes, cherchent un endroit où ils seront acceptés, un pays à eux. Toujours, ils gardent l’espoir de trouver cet endroit. En attendant, ils jouent de la musique… Ah oui j’avais oublié de vous dire qu’en plus ils jouent de la musique…
Énorme coup de cœur pour ce magnifique album/roman graphique sorti chez Actes Sud Junior. Jean-Claude Grumberg signe un texte aussi drôle que poétique, une histoire riche en émotion. Bien sûr, on pourra reconnaître ces Vitalabri qu’on chasse et qu’on expulse, qui se cherchent un endroit à eux et qu’on finit même par marquer (avec un V sur le front) pour mieux les reconnaître. Jean-Claude Grumberg se moque avec beaucoup de justesse des anti-Vitalabri qui trouvent toujours les raisons les plus saugrenues de ne pas les aimer. Son texte est accompagné par des illustrations de Ronan Badel absolument superbes, d’après moi parmi les plus belles de cet illustrateur. Et même l’objet-livre est beau avec sa couverture à bord franc.
Un magnifique ouvrage entre l’album et le roman qui fait autant sourire qu’il émeut. Un des plus beaux livres que j’ai lus ces derniers temps.
Le même vu par Enfantipages.
Parce qu’elle était tombée du nid, une pie s’était retrouvée au sol. Blessée. Perdue. Elle fut recueillie par un petit garçon et sa famille qui vivait dans une roulotte. Depuis, elle vit avec eux, voyageant sur les routes, sans jamais rester au même endroit. Son nid, c’est le voyage.
C’est une nouvelle fois un très bel album que nous proposent Marie-France Chevron, Mathilde Magnan et les éditions Courtes et Longues. Un grand album aux belles illustrations et au texte poétique. On y parle donc ici d’une pie prénommée Gipsy recueillie par une famille qui parcourt le monde en roulotte. On y parle aussi de la réputation des pies, qui sont considérées comme des voleuses et attirées par tout ce qui brille…
Un très bel hymne à la tolérance et à la liberté.
Le même vu par Bricabook et Le cabas de Za.
Cendrine Bonami-Redler a passé quelques jours au 170 rue de Rosny, à Montreuil. C’est là que vivent Maria et sa famille, des Roms venus de l’ouest de la Roumanie. Dans ce campement construit dans la zone des anciens murs à pêches, ils ont aussi créé l’hôtel Gelem (« je suis passé » en romani), une chambre d’hôte. Possibilité pour chacun d’aller passer quelques jours dans ce campement et d’échanger avec cette population rejetée sans la connaître.
Là encore, c’est un très bel ouvrage (tant au niveau du fond que par sa forme) que nous proposent Cendrine Bonami-Redler et les éditions La ville brûle. De baraque en baraque, voyage au bout de ma rue est un carnet de voyage, elle y a dessiné les baraques jours après jour des Roms qui vivent là. Ce n’est pas un album « jeunesse », mais c’est tout de même un (superbe) ouvrage qui peut donner envie d’aller à la rencontre de ce peuple et même, pourquoi pas, de louer la chambre de l’hôtel Gelem, le temps d’un passage à Montreuil.
Un carnet de voyage aux magnifiques dessins pour connaître les Roms autrement que par les reportages racoleurs de la télé.
Quelques pas de plus…
Si vous avez aimé cette chronique, vous aimerez peut-être celle-ci.
Nous avons déjà chroniqué des ouvrages de Ronan Badel (Le jour où Loup Gris est devenu bleu, P’tit Napo, Cucu la praline met son grain de sel, Cucu la praline mène la danse, Le cahier de Leïla, de l’Algérie à Billancourt, Lyuba ou la tête dans les étoiles, Les Roms, de la Roumanie à l’Île-de-France, Le carnet secret de Timothey Fusée, La bonne humeur de Loup Gris, Dragons père et fils, Billie du bayou, le banjo de Will, Billie du bayou, SOS Garp en détresse, Henri ne veut pas aller au centre de loisirs, Cucu la praline se déchaîne, Emile se déguise, Bob le loup, Émile veut une chauve-souris, Émile est invisible, Émile fait la fête, Émile veut un plâtre, La mémé de ma mémé, Tout ce qu’une maman ne dira jamais et Le pépé de mon pépé), de Marie-France Chevron Zerolo (Fadoli et Mee, petite fille du matin calme) et de Mathilde Magnan (Fadoli). Retrouvez aussi notre interview de Ronan Badel.
Les Vitalabri![]() ![]() Texte de Jean-Claude Grumberg, illustré par Ronan Badel Actes Sud Junior 15 €, 167×231 mm, 96 pages, imprimé en Italie, 2015. |
Gipsy![]() ![]() Texte de Marie-France Chevron, illustré par Mathilde Magnan Éditions Courtes et Longues 22€, 288×306 mm, 44 pages, imprimé en Espagne, 2014. |
De baraque en baraque, voyage au bout de ma rue![]() de Cendrine Bonami-Redler La ville brûle 25 €, 220×220 mm, 96 pages, imprimé en Union Européenne, 2014. |
À part ça ?
Pourquoi lire de la littérature jeunesse quand on est « adulte » ?, un article de Lucie Kosmala sur Mademoiselle.com.
Gabriel

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’ai “Gipsy”, vraiment superbe avec une approche du thème intéressante et réussie.
Je ne connais pas les deux autres. Merci pour cette découverte. Pour les Vitalabri tu as piqué ma curiosité en disant que c’était sans doute les plus belles illustrations de Ronan.
Quant à “de baraque en baraque, voyage au bout de ma rue” en voilà un belle idée.
Bel article !
J’ai aussi beaucoup aimé les Vitalabri, un texte magnifique magistralement illustré en effet !
Merci pour cette jolie mise en lumière de notre album ^^
merci pour votre commentaire sur mon livre croisé par hasard