Aujourd’hui, on va se plonger dans des histoires d’amitiés à travers trois albums qui nous content des amitiés un peu étranges, que l’on n’aurait pas pu imaginer.
Dans un petit coin du désert, dans le Colorado, près d’une petite ville appelée Santa Fruta, il y avait un cactus. Très loin de là vivait un chat qui avait pour maîtres un couple dont le rêve était d’avoir un gros chat aux longs poils soyeux. À la place, ils avaient un chat tout ébouriffé et maigre comme un clou, et qui le restait malgré la quantité de croquettes qu’ils lui faisaient ingérer. Un psy pour animaux leur conseilla de l’emmener voyager avec eux, l’explication était simple : le chat restait maigre car il était malheureux ! Ce n’était pas du tout l’avis du principal concerné, mais comme il ne parlait pas humain, il fut embarqué dans les valises de ses deux maîtres. Voilà qu’un jour, ils atterrirent au Colorado : les humains voulaient faire une randonnée en jeep dans le désert. Et c’est là qu’eut lieu LA rencontre. Celle qui allait changer la vie du chat, et celle du cactus.
On ne peut pas imaginer plus opposés qu’un cactus et un chat. L’un est piquant, l’autre est doux, l’un vit dans le désert, l’autre dans un appartement en ville. Et pourtant. À travers cette opposition, cet album met en scène avec beaucoup d’humour et de délicatesse les travers de la modernité : les humains y sont montrés en recherche perpétuelle de mouvement, d’émotions fortes, un appareil photo toujours à la main, selfie quand tu nous tiens… En face, le cactus représente un éloge de la lenteur, de la contemplation. Au-delà d’une jolie fable sur l’amitié, Santa Fruta propose une réflexion salutaire sur l’hyperactivité de notre société.
Un album poétique et délicat qui délivre un beau message : savoir profiter du bonheur d’être là !
C’est l’histoire d’un fils qui n’a d’yeux que pour sa mère : c’est la reine de son cœur. Elle sait tout faire : bricoler, faire le ménage, cuisiner. Partout où elle va, un petit poussin l’accompagne. Dès qu’il le peut, le petit poussin se blottit dans le giron de la mère, il se roule en boule et s’endort sur ses genoux, lui picore les doigts avec délicatesse. La mère, elle, lui donne la becquée, comme le ferait une poule. Le fils est un peu jaloux de cette amitié et refuse de s’approcher du poussin. Lui, il a un autre ami, un chien. Un chien qui le suit aussi partout, qui chasse sa peur et le protège, mais ne veut pas s’asseoir sur les genoux du garçon ni dormir dans la cabane en bois que celui-ci a construite pour lui. Les mois passent, le garçon grandit, et le poussin devient un coq. Un méchant coq qui a tout oublié des douceurs de la mère et qui la griffe en gonflant ses plumes dès qu’il le peut. Le chien aussi a grandi, mais il est resté le meilleur ami du garçon.
Katkout est un conte égyptien sur l’amitié, l’amour filial, mais aussi sur le passage de l’enfance à l’adolescence. C’est un album bilingue, français/arabe, dont le sens de lecture arabe a été respecté, c’est-à-dire que ce qui correspond à notre dernière page constitue la première page de l’album. Les illustrations d’Hilmi Touni sont tout en rondeurs, douces et sensuelles, dans des couleurs terreuses. Elles nous invitent à un véritable voyage dans un autre mode de vie, celui des pays arabes.
Un joli album sur la découverte du monde et la façon de s’y faire une place.
En Mongolie, la neige vient tout juste de commencer à fondre. Bagdan en profite pour partir chasser avec son fidèle aigle, Altaï. Soudain un tremblement de terre déchire le sol. Bagdan n’a que le temps de se mettre à l’abri. Un long hurlement perce le silence revenu. C’est une louve aux yeux d’or, prise sous un éboulis. Bagdan prend pitié d’elle, la dégage et l’accompagne jusqu’à sa tanière, dans laquelle se cachent cinq louveteaux, tout juste nés. La louve, blessée, ne peut plus chasser pour nourrir ses petits. En cachette de son clan pour qui les loups sont des ennemis dangereux, Bagdan décide de l’aider et lui apporte chaque jour un lièvre ou une marmotte. Mais un jour, les chasseurs rentrent au village heureux de la meilleure prise qu’ils aient faite : ils ont tué la louve aux yeux d’or, quant aux louveteaux, ils ont disparu. Une saison plus tard, alors qu’il se promène avec sa cousine, Bagdan aperçoit une bande de voleurs de bétail, venus piller la région. Il a à peine le temps de prévenir les villageois. La bataille se prépare. C’est alors qu’une meute de jeunes loups surgit à l’improviste.
Cet album nous invite à partager le quotidien d’une tribu de bergers en Mongolie : les villages de yourtes, la chasse à l’aigle, la peur des voleurs de bétail. Il y est question d’amitié bien sûr, mais aussi de solidarité et d’empathie. Le héros, Bagdan, parvient à vaincre sa peur et ses préjugés pour sauver une famille de loups.
Un très beau conte, servi par les magnifiques illustrations de Régis Lejonc.
Santa fruta![]() texte de Delphine Perret, illustré par Sébastien Mourrain les fourmis rouges 13,80 €, 180 x 245 mm, 32 pages, imprimé en Italie, 2016. |
Katkout![]() ![]() texte de Garennabi Elhalou, illustré par Hilmi Touni Le port a jauni 18 €, 320 x 240 mm, 40 pages, imprimé en France, 2016. |
Bagdan et la louve aux yeux d’or![]() texte de Ghislaine Roman, illustré par Régis Lejonc Seuil jeunesse 15 €, 265 x 290 mm, 56 pages, imprimé en France, 2016. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !


