Victoria et Manon, deux jeunes filles à l’imaginaire développé.
Depuis longtemps, Victoria rêvait de dangers, de poursuivants armés, d’amis qui se battraient pour elle à l’épée, de rivières à traverser à la nage traquée par des ours. Oui, des ours. Elle voulait une maison sur pilotis, un bonnet en fourrure, des chevaux sauvages, des missions en Sibérie ou dans l’espace. Elle voulait des parents otages des Pygmées qu’il serait impossible de libérer. Elle rêvait d’un chien qui lui arriverait au menton et la protégerait des lions venus boire dans le lac où elle se laverait une fois par mois, maximum.
Victoria voulait une vie d’aventures, une vie folle, une vie plus grande qu’elle.
Et l’on disait tout autour d’elle : «Victoria rêve.»
Victoria rêve… Elle rêve de vivre de grandes aventures, que sa vie soit en danger, qu’elle doive combattre des créatures féroces… Victoria aimerait tant échapper à son quotidien, sa petite ville dans laquelle rien ne se passe (Chaise-sur-le-Pont. La ville la plus calme du monde occidental), sa famille banale, sa sœur qui passe son temps à se plaindre de tout, sa maison qui ressemble comme deux goûtes d’eau à celle des voisins… alors souvent son esprit s’évade… Elle part dans des mondes imaginaires (même si Victoria avait toujours parfaitement fait la différence entre son imaginaire et la vraie vie. C’était même la conscience de cette différence qui lui faisait trouver la réalité si plate) Mais ce jour-là c’est bien réel, le petit Jo l’agrippe dans la rue en lui demandant si c’est elle qui cache les trois cheyennes… Une grande aventure peut commencer… Une aventure dans laquelle on croisera des indiens, une fille considérée comme une star parce qu’elle est passée dans un télé-crochet, des horloges qui disparaissent, des gens dont la plus grande fantaisie est d’avoir fait un jour un pas de tango dans la cuisine,…
Je ne connaissais Timothée de Fombelle que de nom. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais un apriori négatif (parfois on a des aprioris idiots comme ça… on ne sait même plus d’où ça vient…) le plaisir n’en a été que meilleur… car j’ai eu un gros coup de cœur pour ce très très beau roman sur l’imaginaire. On parle ici de la précarité (le père de Victoria a perdu son emploi et cache sa situation à sa famille, l’immeuble où vit Jo va être détruit), d’amour, de la relation parent/enfant et surtout des rêves… Victoria imagine tant de choses à partir d’éléments de son triste quotidien, elle vit de très grandes aventures dans le monde réel. Timothée de Fombelle a une très belle plume, le texte est magnifiquement ciselé, j’avais envie de citer presque toutes les phrases du livres dans ma chronique tellement les mots sont toujours bien choisis. Et puis cet humour fin et délicat… Un roman d’une grande douceur,vraiment poétique, fin, tendre, émouvant… Un roman à côté duquel il ne faut pas passer.
Le livre existe également en version CD. La lecture est faite par l’auteur lui-même et l’écouter est un très beau moment d’évasion (c’est la première fois que j’avais les larmes aux yeux en faisant ma vaisselle !). Timothée de Fombelle sait nous captiver, nous entraîner dans sa belle histoire.
Manon est une jeune de fille de son époque, elle a 12 ans, un téléphone portable, un compte twitter, des parents divorcés, un nain de jardin (Robert ou Bobby pour les intimes). Elle a décidé de nous raconter ses joies, ses peines, ses amis, ses amours (ses emmerdes), sa vie au collège,… Manon est aussi créatrice de romans-photos. Entrez dans son univers.
Quel bonheur ! On rit beaucoup aux aventures de Manon, Sophie Dieuaide raconte le quotidien d’une ado avec beaucoup d’humour et d’ironie (avec même un petit côté grinçant). C’est absolument pas mièvre (on se moque d’ailleurs ici des Kimberly et des Brandon, ces stars du collège). C’est vraiment le genre de livre qu’on lit avec un petit sourire en coin. Le livre en plus est très sympa, sorte de carnet avec un élastique pour le refermer, comme si c’était vraiment le carnet de Manon. En plus du texte « tapé » on retrouve plein d’annotations manuelles, des photos, des dessins, des post-it (ah ce grand moment des échanges de post-it entre Manon et sa mère) et même, en fin d’ouvrage, un bêtisier et des scènes coupées ! (du fameux roman-photo). On parle ici des familles recomposées, des grands-mères et de leurs robes à fleurs, des amours d’été, des copines envahissantes, des enfants (moment hilarant où Manon explique sa théorie sur le fait que plus les adolescents font des bêtises et plus les parents sont content… et sa théorie tient la route, je vous laisse la découvrir),… J’ai passé un très très bon moment à la lecture de Pensées de Manon D. sur moi-même et quelques autres sujets, vraiment.
Attention la piquante Manon est de retour ! Un petit résumé de la saison 1 pour commencer au cas où (le 2ème se lit très bien sans avoir lu le premier mais j’ai des doutes que vous ne veuillez pas lire les deux après avoir découvert ces livres) et c’est parti pour la saison 2. On retrouve la mère (dépressive et envahissante), le père (remarié), le petit frère (qui est en fait un demi mais Marion n’aime pas ce mot), la fille de la nouvelle compagne de son père (insupportable), la mère de la nouvelle compagne de son père (mais si suivez un peu, surtout qu’elle, elle est adorable) et bien-sûr Robert (le nain de jardin) et Brandon, Pamela et Kimberly (les héros du roman-photo). Dans cette saison il y a aussi des nouveaux : l’amoureux qu’on ne nomme pas (de peur que la mère de Manon tombe sur le carnet) et Einstein (si si il intervient beaucoup). Manon va parcourir les forums, nous raconter qui est Gilles Le Muisit (l’inventeur des « demis »), apprendre la guitare, chercher à caser sa mère,… bref on ne va pas s’ennuyer !
Quel bonheur de retrouver Manon et ses remarques cinglantes, son humour ravageur et sa vitalité ! Même format que le précédent avec toujours cet élastique, même formule avec les annotations, les collages,… et surtout on prend autant de plaisir ! C’est piquant comme j’aime, vos ados vont adorer Manon (et je suis certain que vous allez leur emprunter en douce, autant eux rient de reconnaître les adultes qui les entourent, autant on rit, nous, de reconnaître les ados… et la vision qu’ils ont de nous). Ces deux romans très graphiques sont vraiment très réussis, un vrai bonheur !
En complément du deuxième tome, une version animée est en vente sur l’iBookstore. Le premier volet des aventures de Manon au format ePub, enrichi d’animations vendue 9,99€ sur les libraires connectés
Quelques pas de plus…
A l’ombre du grand arbre on est nombreux à avoir craqué sur Victoria rêve ! Maman Baobab, Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait LIVREsse (là pour le livre et ici pour le CD) et Méli-Mélo de livres.
Bouma et Delivrer des livres ont quant à elles chroniqué Pensées de Manon D. sur moi-même et quelques autres sujets.
Victoria Rêve de Timothée de Fombelle Gallimard Jeunesse 13,50€ (CD 12,90€), 121×204 mm, 128 pages (CD 1h15), imprimé en France, 2012. |
Pensées de Manon D. sur moi-même et quelques autres sujets de Sophie Dieuaide Casterman 15€, 151×210 mm, 236 pages, imprimé en Chine, 2012 |
La vie rêvée ou presque de Manon D. de Sophie Dieuaide Casterman 15€, 151×210 mm, 230 pages, lieu d’impression non indiqué, 2012. |
Un vélo écolo qui coûte 9€ de fabrication ça vous semble impossible ? Et pourtant…
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Ohlala…. “Victoria rêve”… J’aimais déjà beaucoup l’écriture de Timothée de Fombelle dans Tobie Lolness et Vango et c’est ma nièce qui m’a fait découvrir “Victoria rêve” cet été dans Je Bouquine (si je ne me trompe pas). Pour moi, c’est un coup de coeur ! La poésie de l’écriture, le mélange entre rêve et réalité, c’est vraiment un beau roman. J’attends maintenant de découvrir la version CD ainsi que les illustrations de François Place dont j’aime déjà beaucoup le travail (La fille des batailles, Les derniers géants…que des trucs chouettes !). Merci, merci, merci pour ces chroniques toujours intéressantes !
Merci Marie !
Des mains un peu plus grandes aimeront avoir Manon à portée de lecture, je les mets sur la liste des “A ne surtout pas oublier” !
Ah…J’oubliais ! Merci tantine d’avoir relancé pour une chronique roman 😉 !
😉
J’ai offert Victoria rêve à deux de mes élèves pour noël et je ne regrette pas.
J’adore Timothée deFombelle!