Une femme trompée qui pleure, une femme qui ne peut pas dormir à cause des ronflements de son mari, un homme qui voulait être la pluie, une femme qui découvre l’accouchement de sa fille sur son portable en plein marché, le pape, des rideaux restés dans l’appartement par les anciens locataires, des bébés dans le ventre de leurs mères, Woody Allen, une homme qui tente de tomber amoureux d’une femme dans un bar mais celle-ci ne lève jamais la tête, Matt Damon, une femme qui imite la coiffure de sa sœur jumelle qui lui manque pour la retrouver dans la glace, un reflet dans une glace, une femme qui trébuche devant un bus, une guichetière qui ne dort plus car elle sait que les hommes fantasment sur elle,… la vie.
La vie est un roman étrange, perturbant au premier abord, très original dans sa construction. Ce sont des centaines de personnages qui se croisent, pensent les uns aux autres. L’auteur nous apprend leurs pensées, comme un instantané. Une femme pense à son mari qui va au square, son mari au square regarde une jeune fille au pair, la jeune fille pense à son employeur qui la terrifie, l’employeur pense à la dernière employée qu’elle a viré car elle n’était pas assez bonne pour s’occuper de son fils, le fils pense à son beau-père… Comme si on était une balle de ping pong allant de l’un à l’autre sans jamais retoucher la même personne. Sur 120 pages on croisera des centaines de personnages, le temps de quelques lignes. Une construction des plus particulières, hypnotisante, envoûtante, qui donne parfois le tournis. Pour tout vous raconter, à la base j’avais acheté ce livre pour le lire en dehors de mes lectures pour le blog, parce que depuis des années j’adore ce qu’écrit Régis de Sà Moreira (depuis le superbe Pas de temps à perdre). Mais j’ai vu que le livre avait reçu le prix Lycéens en toutes lettres et que son auteur avait dédicacé à Montreuil donc pourquoi ne pas vous en parler ? J’ai du mal à imaginer des ado le lire mais après tout pourquoi pas (pas trop jeunes les ado quand même). La vie est à l’image de la vie : bouleversant parfois, enivrant souvent, plein de surprises. Quand l’anecdotique devient merveilleux, on ne regarde plus les gens que l’on croise de la même façon, quelle est leur vie ? Un magnifique roman par une des plus belles plumes de notre littérature.
Antoine est du genre qu’on oublie. Lorsqu’il sort avec ses copains au MacDo ils partent sans lui alors qu’il était juste parti chercher un sundae, sa mère l’oublie dans sa voiture lorsqu’elle l’amène à l’école, le car scolaire repart sans lui lors d’une sortie de classe,… C’est lors d’un anniversaire qu’il décide de profiter de sa transparence, lors d’un jeu de cache-cache personne ne l’a trouvé et les autres sont repartis jouer, oubliant qu’il était présent, Antoine décide de regarder les autres, de rester cacher, il espionne leurs vies, leurs secrets. D’abord à cet anniversaire, puis le lendemain en cours. Mais Antoine est-il aussi transparent qu’il le croît ?
C’est grâce à ses cachettes qu’Alexandre va se rendre compte des faiblesses des autres, il est le garçon qu’on ne remarque pas mais un autre reçoit des claques de son père, une autre à un père en fauteuil roulant (alors qu’elle prétend qu’il est footballeur),… personne n’a une vie parfaite et les gens ont souvent des fêlures, des problèmes, des secrets. Un roman d’Olivier Adam pour se rappeler qu’on ne voit qu’une façade des gens, sur la vie qui se déroule sans nous, sur l’égocentrisme (on rêve tous, un peu, que la vie s’arrête quand nous ne sommes pas là, non ?).
Il ne me reste que ma vraie vie. Et certains jours elle ne me suffit pas.
Quelques pas de plus...
Enfantipages a aussi chroniqué Ni vu ni connu.
La vie de Régis de sa Moreira Au diable Vauvert 15€, 131×197 mm, 119 pages, imprimé en France, 2012. |
Ni vu ni connu d’Olivier Adam L’école des loisirs dans la collection Neuf 8,50€, 125×190 mm, 93 pages, imprimé en France, 2009 |
Hier j’étais invité dans la très bonne émission Écoute, il y a un éléphant dans le jardin ! C’était pour moi un grand honneur tant j’aime cette émission. Vous pouvez réécouter mon interview ici.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !