Aujourd’hui, je vous présente deux livres qui montrent qu’une fois de plus, la littérature jeunesse est un formidable moyen de parler de sujets difficiles aux enfants.
On commence avec Un rêve sans faim, un très bel album pour enfants. Il s’agit d’un recueil de poèmes de François David qui traitent de l’inégale répartition des ressources mondiales, de la famine, de la mal-nutrition, des éléments humains mais aussi climatiques à l’origine de ce fléau, mais aussi de l’espoir suscité par la spiruline, cette algue très nourrissante. Le style des textes est très varié d’une page à l’autre, et c’est donc à la fois agréable à lire et instructif. L’autre force de ce bel objet réside dans les illustrations à base de montages et de photographies d’Olivier Thiébaut, très originales. Une manière un peu différente de traiter avec les enfants de cette question malheureusement d’actualité. A noter que sur chaque exemplaire vendu, 1 euro sera reversé à l’ONG Sharana, qui mène des projets de développement en Inde.
On continue avec Les Artichauts, un album pour enfants très émouvant. Momo Géraud y aborde un sujet délicat : les violences conjugales, et particulièrement leurs conséquences pour les enfants. Grâce à un récit à la première personne, on vit la soirée ordinaire d’une petite fille qui craint tous les jours pour sa mère. Elle nous raconte chaque petit détail du repas familial, puis les éclats de voix, le poing sur la table, et enfin, l’explosion. Le temps semble suspendu, figé, à l’image de cette enfant, prostrée, qui observe le trajet de la vinaigrette dans son assiette pour occuper son esprit et attendre la sentence… Puis, quant vraiment l’orage est trop fort, elle s’échappe. Elle s’évade dans des rêves de vie plus sereine, plus douce, où elle aura sa propre maison, sa propre famille, et de l’amour pour elle et ses enfants.
Le texte, constitué de phrases courtes directement issues des pensées de l’enfant est vraiment prenant. On sent le malaise s’immiscer, la peur monter, et l’esprit s’échapper avec la dispute et les coups en fond sonore. En plus, les grandes illustrations de Didier Jean et Zad sont fortes également : très suggestives, elles ne montrent pas tout (on ne voit par exemple jamais le visage du père), mais en disent suffisamment pour compléter le texte. L’histoire est suivie d’une postface du Dr Roland Coutanceau, d’un texte qui permet d’identifier les différents types de violences, et des contacts utiles pour les victimes, à la fois adultes et enfants, qui même sans être eux-même violentés, peuvent profondément souffrir de ces situations.
Quelques pas de plus…
Retrouvez la chronique de Les Tartines de Ket-Cheupe de Marie-Sabine Roger, qui traite de la violence sur un enfant cette fois-ci et Les souliers écarlates sur la violence faite aux femmes.
Nous avons déjà chroniqué plusieurs livres de François David : Les bêtes curieuses, Georges Brassens avec à la lèvre un doux chant et Vole Vole Vole.
Un rêve sans faim de François David illustré par Olivier Thiébaut Motus 14 €, 245×245 mm, 48 pages, imprimé en Italie |
Les Artichauts de Momo Géraud illustré par Didier Jean et Zad 2 Vives Voix dans la collection Bisous de famille 15,50 €, 220×320 mm, 40 pages, imprimé en France |
Peut-être que le MUMO, Musée Mobile passe près de chez vous ! Pour le savoir, rendez-vous sur le site de ce projet innovant !
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !