Aujourd’hui, on file tout d’abord dans l’est de la France rencontrer Jérôme Peyrat qui a accepté de répondre à nos questions, puis on s’envole pour la Suède car c’est avec Ingela P. Arrhenius que l’on part en vacances. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Jérôme Peyrat
Parlez-nous de votre parcours.
Après le bac j’ai fait une prépa à l’école d’art plastique de Colmar, puis j’ai passé 5 ans à la Hear de Strasbourg (autrefois appelée l’école des arts décoratifs de Strasbourg) dont 3 années de spécialisation illustration. C’était Claude Lapointe le responsable de l’atelier, il y avait aussi Christian Heinrich qui a été une oreille attentive et à qui je dois aussi beaucoup.
J’ai eu mon diplôme en 1999.
J’aimerais que vous nous disiez quelques mots sur Dans ma montagne sorti il y a peu chez Père Fouettard
Le propos du texte de François Aubineau et la manière de l’aborder m’ont beaucoup plu.
Pas de jugement, pas de morale, deux points de vue, celui du loup, celui du berger et un seul et même texte (simple et sobre). Le livre amène une réflexion sur le partage de l’espace, et la possibilité de vivre ensemble sur un même territoire.
Le texte a beaucoup de degrés de lecture différents. J’ai toujours aimé ça.
Bien sûr c’est un livre jeunesse, mais l’idée qu’un adulte, qu’un enfant ou qu’un ado puisse le lire à son niveau de lecture, de compréhension me plaît beaucoup.
D’autre part ce livre à double entrée, c’était un nouveau défi pour moi.
Quelles techniques d’illustrations utilisez-vous ?
C’est assez différent selon les albums, des univers graphiques se mettent en place dans ma tête quand je lis et relis le texte, j’essaye d’avoir le dessin qui sera le plus au service de la narration.
Les mélanges m’ont toujours beaucoup plu. Le numérique, l’aquarelle, l’acrylique, les crayons, les encres, le collage, j’aime « bidouiller », et qu’on se demande comment c’est fait.
Vous êtes enseignant en plus d’être illustrateur, est-ce que ça a une influence sur votre travail d’illustrateur ?
Oui bien sûr ! Je travaille avec des élèves qui vont rentrer en école d’art, ça m’ouvre à beaucoup d’autres pratiques plastiques, à l’art contemporain, au cinéma, aux arts du spectacle, c’est très vivifiant pour moi ! C’est un vrai échange qui m’apporte beaucoup, j’espère que c’est pareil pour eux ! Ah ah !
Vous avez sorti plusieurs albums avec Myriam Picard et Adèle Tariel, parlez-nous de cette fidélité à ces deux autrices et de votre collaboration avec elles
Ce sont d’abord deux autrices brillantes, qui me font rire, qui m’émeuvent et je crois que nous partageons pas mal de convictions ensemble. On est souvent surpris, choqués, émus, en colère sur les mêmes sujets, et ça se transforme quelquefois en projets de livres.
Nos rapports sont simples et honnêtes, on sait que quand l’autre émet une critique, un avis c’est justifié et ça permet de bonifier le livre.
Quand un texte me plaît particulièrement je leur dis « Je veux l’illustrer !!! » sinon je boude pendant des mois et des mois ou pire, je leur crève les pneus… Elles me connaissent, elles n’ont pas trop le choix.
Comment choisissez-vous vos projets ?
Il n’y a pas de règles, en fait, il faut que le sujet me parle, que ça m’amuse que cela m’émeuve.
Un livre quand il sort, peut être là pour longtemps (si on a de la chance), en être fier et pouvoir en parler avec plaisir et conviction c’est essentiel pour moi.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
À 5 ans : La chèvre de monsieur Seguin : lecture obligatoire avec ma grand-mère institutrice sous la tonnelle dans son jardin… Du bonheur ! Ah Ah !
Chez moi il y avait assez peu de livres jeunesse je pense que c’est pour ça que j’étais en recherche, j’aimais les histoires, j’aimais m’en inventer et avec du recul j’ai l’impression d’avoir manqué l’étape des livres jeunesse.
Je suis réellement rentré dans la lecture directement avec la BD : Franquin (Gaston Lagaffe), Goscinny et Uderzo (Astérix et Obélix), même les magazines Pilote qui traînaient chez mon oncle, c’était pas du tout de mon âge et j’adorais ça bien sûr ! Je piochais dans la bibliothèque de mon grand frère : Tintin, et l’histoire de France en bandes dessinées (une vraie révélation pour moi !) Même des livres documentaires sur l’Histoire, des romans de SF tout ce qui me tombait sous la main…
C’est plus tard que j’ai découvert toute la richesse et le foisonnement de la littérature jeunesse : Hélène Riff, Wolf Erlbruch, Tomi Ungerer Nicolas de Crécy ont été les vrais déclencheurs pour une pratique plus poussée du dessin.
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
CARNIVORE, mon dernier album avec Adèle Tariel arrive au printemps, une grande aventure en forme d’enquête au pays des insectes. Il sortira chez Père Fouettard, on en est très fier !
La mare aux canards, sur un texte de Florence Jenner Metz. Je suis en train d’y travailler il sortira vers le mois de mai aux éditions Le grand Jardin.
Cargo aux éditions Père fouettard : un nouvel album avec Adèle Tariel c’est un peu la surprise… hé hé
Et début 2019 sortira La vie rêvée de Mr Maniac : un univers foutraque et poétique sur un texte d’Adèle Tariel aux éditions l’étagère du bas.
Bibliographie sélective :
- Dans ma montagne, illustration d’un texte de François Aubineau, Père Fouettard (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Bob le zèbre ?, illustration d’un texte de Myriam Picard, Tom Poche (2017).
- Michel et Édouard, illustration d’un texte de Myriam Picard, Père Fouettard (2017).
- J’élève bien mes parents, illustration d’un texte de Myriam Picard, Points de suspension (2016).
- La fosse aux lions, illustration d’un texte d’Adèle Tariel, Les éditions du Ricochet (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Circuits électriques – L’électricité, illustration d’un texte de Michel Francesconi, Les éditions du Ricochet (2015).
- Mon papi peuplier, illustration d’un texte d’Adèle Tariel, Talents Hauts (2015).
- La pluie et le beau temps, illustration d’un texte d’Anne-Claire Lévêque, Les éditions du Ricochet (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Mon gros cahier pour apprendre à lire et à écrire, illustration de textes d’Isabelle Arnaudon et Emmanuelle de la Chanonie, Hatier (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Octave ne veut pas grandir, illustration d’un texte d’Élisabeth de Lambilly, Auzou (2009).
- Mon père me manque, illustration de textes de Betty Mamane et David Pouilloux, De La Martinière (2005), que nous avons chroniqué ici.
En vacances avec… Ingela P. Arrhenius
Régulièrement, nous partons en vacances avec un·e artiste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un, on apprend à la·le connaître notamment par rapport à ses goûts… cet·te artiste va donc profiter de ce voyage pour nous faire découvrir des choses. On emporte ce qu’elle·il veut me faire découvrir. On ne se charge pas trop… Des livres, de la musique, des films… sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’il·elle veut me présenter et c’est elle·lui qui choisit où l’on va… 5 destinations de son choix. Cette fois-ci, c’est avec Ingela P. Arrhenius que nous partons (cette interview a été réalisée en anglais, nous avons choisi de ne pas traduire les réponses) ! Allez, en route !
5 albums jeunesse :
- Holding up the universe (NDLR sorti en France sous le titre Les mille visages de notre histoire) – Jennifer Niven (a bit more adolescence)
- Krakel Spektakel köper en klubba – Lennart Hellsing
- Limpan – Eva Lindström
- Sailor och Pekka (NDLR sorti en France sous le titre Sailor et Pekka font les courses)- Jockum Nordström
- What do people do all day (NDLR sorti en France sous le titre La vie de tous les jours)- Richard Scarry
5 romans :
- The Goldfinch (NDLR sorti en France sous le titre Le Chardonneret)- Donna Tartt
- D’après une histoire vraie – Delphine de Vigan
- My Struggle – Karl Ove Knausgård
- Willful Disregard (NDLR sorti en France sous le titre Esther ou la passion pure) – Lena Andersson
- Mothering Sunday (NDLR sorti en France sous le titre Le Dimanche des mères) – Graham Swift
5 BD :
- Mats kamp – Mats Jonsson
- Hur man botar en feminist – Nanna Johansson
- Fun Home : A Family Tragicomic (NDLR sorti en France sous le titre Fun home. Une tragicomédie familiale) – Alison Bechdel
- Anything with GASTON – loved it as a child
- Les taxis rouges – Peyo – loved it as a child
5 DVD :
- Rams (NDLR sorti en France sous le titre Béliers)- Grímur Hákonarson
- Manchester by the sea – Kenneth Lonergan
- Magnolia – Paul Thomas Anderson
- E.T. – Steven Spielberg
- As Good as it Gets (NDLR sorti en France sous le titre Pour le pire et pour le meilleur) – James L. Brooks
5 CD :
- Random Access Memories – Daft Punk
- Give Up – The Postal Service
- ABBA – Abba
- Wildflower – The Avalanches
- Carrie & Lowell – Sufjan Stevens
5 artistes :
- Picasso
- Sigrid Hjertén
- Olle Eksell
- Lily Scratchy
- Jockum Nordström
5 lieux (mix between, places, bars and museums) :
- Alsvik, Yxlan, SWEDEN
- Skeppsholmen, Stockholm, SWEDEN
- Louisiana, Humlebæk, DENMARK
- La Part Des Anges, Nice, FRANCE
- Picasso-museum, Antibes, FRANCE
Ingela P. Arrhenius est illustratrice.
Bibliographie sélective (francophone) :
- Cache-cache Lion, Gründ (2018).
- Cache-cache coccinelle, Gründ (2018).
- Sticker panorama Circus, Marcel & Joachim (2017), que nous avons chroniqué ici.
- Au marché, Marcel & Joachim (2017).
- La fête foraine, Marcel & Joachim (2017).
- Noël, Marcel & Joachim (2017).
- Baby Box, Marcel & Joachim (2016), que nous avons chroniqué ici.
- La ville, Marcel & Joachim (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Animaux, Marcel & Joachim (2015).
- Designimaux, Marcel & Joachim (2014), que nous avons chroniqué ici.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !