Aujourd’hui, on reçoit Geneviève Després, dont l’album Si j’avais su… publié aux 400 coups m’a totalement enthousiasmé. Elle est l’invitée de l’interview. Puis on se glisse près de la super autrice-illustratrice Violette Vaïsse, pour l’observer quand elle travaille.
L’interview du mercredi : Geneviève Després
Pouvez-vous nous parler de Si j’avais su… qui vient de sortir aux 400 coups ?
Si j’avais su nous présente des animaux de la forêt boréale, dans de fâcheuses situations. Chacun d’eux s’est empêtré dans des endroits où il n’aurait pas dû être ou a pris de mauvaises décisions. Ils en subissent donc les conséquences à leur grand désarroi.
Comment est né ce super album ?
J’avais envie de dessiner des animaux, car à cette période, je dessinais toujours des personnages humains. J’ai regardé par ma fenêtre et j’ai vu un écureuil passer sur le gros fil électrique que nous avons derrière notre maison. Je me suis rappelée que quelques années auparavant, nous avions perdu l’électricité : un écureuil avait sauté sur le disjoncteur (?) du poteau électrique. Fin tragique… Alors j’ai dessiné un écureuil électrocuté en sa mémoire. Puis j’ai dessiné d’autres animaux blessés ou malades. Ensuite, j’ai regardé tous mes animaux amochés et j’ai imaginé la situation où ils s’étaient mis les pieds dans les plats.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Je travaille principalement avec des techniques traditionnelles : aquarelle, gouache, crayons, pastel. Pour cet album, je n’ai pas fait d’esquisses. J’ai dessiné mes animaux directement sur un papier aquarelle avec un simple crayon gris et j’ai appliqué la couleur à l’aquarelle. Ensuite j’ai fait les doubles pages couleur à l’aquarelle et j’ai dessiné les animaux à part sur un autre papier. J’ai scanné mes animaux et je les ai placés sur mon « décor » avec ProCreate (sur iPad).
Où trouvez-vous votre inspiration ?
C’est différent à chaque fois. Ça peut être les gens qui m’entourent, ce que je vois dehors ou bien en voyage. Je cherche souvent des images sur internet et Pinterest de ce que j’ai en tête pour m’aider à dessiner. Je m’inspire beaucoup d’albums jeunesse d’illustrateurs étrangers, européens pour la plupart. Il y a tellement d’artistes avec énormément de talent que j’admire !
Qui sont vos premier·ères lecteur·rices ?
Mes deux grands garçons de 20 et 23 ans ! S’ils aiment et trouvent ça drôle, je me dis que ça plaira aux enfants.
Parlez-nous de votre parcours.
J’ai étudié en design industriel à l’université de Montréal et travaillé comme designer pendant presque trois ans. J’ai décidé de quitter ce travail pour devenir illustratrice. Comme la majorité des illustrateurs/trices québécois, je suis autodidacte, car il n’y a pas de formation complète universitaire en illustration ici au Québec. J’ai illustré plus d’une quarantaine d’albums et j’aspire maintenant à illustrer principalement les histoires qui s’entassent dans ma petite tête !
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescente ?
Nous n’avions pas autant de livres pour enfants à l’époque. Je me souviens particulièrement de Le livre des mots de Richard Scarry. J’apprenais à lire et j’étais très fière de lire tous les mots. J’adorais regarder tous les petits détails. J’ai encore ce livre chez moi ! Après, il y a eu toutes les aventures des Caroline de Pierre Probst que j’adorais avec tous ses amis animaux. J’ai aussi été fascinée par le livre Pays des merveilles, le monde enchanté de Walt Disney. J’ai passé des heures à regarder les dessins !
Quelques mots sur vos prochains ouvrages ?
Je travaille actuellement sur un livre avec des animaux moches ou inconnus : l’aye-aye, le tapir, le tarsier et plusieurs autres. J’aimerais parler d’eux, car je trouve qu’on retrouve trop souvent les mêmes animaux dans la littérature jeunesse : ours, lapin, chat, renard, lion, etc. Maintenant que mon premier album est en librairie, j’ai hâte de voir comment il sera reçu par le jeune public. Question de me donner l’assurance et la confiance de continuer à travailler sur les livres que j’ai en tête.
Parallèlement à ce projet personnel, je commence à travailler sur un album d’une histoire vraie d’un petit pingouin et d’un vieil homme. Un magnifique texte de Nadine Poirier.
Bibliographie sélective :
- Si j’avais su…, album, texte et illustration, Les 400 coups (2024).
- La princesse, le chevalier et l’araignée, album, illustration d’un texte de Vincent Guigue, Mijade (2023).
- La ruelle d’hiver, album, illustration d’un texte de Céline Comtois, D’eux (2023), que nous avons chroniqué ici.
- 24 décembre, album, illustration d’un texte d’Arthur Drouin, D’eux (2021), que nous avons chroniqué ici.
- Voyages autour de mon cœur, album, illustration d’un texte de Gilles Tibo, Les éditions de la Bagnole (2021), que nous avons chroniqué ici.
- La ruelle, album, illustration d’un texte de Céline Comtois, D’eux (2021), que nous avons chroniqué ici.
- J’ai perdu…, album, illustration d’un texte de Robert Soulières, Isatis (2016), que nous avons chroniqué ici.
- C’est l’histoire d’un ours, album, illustration d’un texte de Dominique Demers, Dominique et compagnie (2016), que nous avons chroniqué ici.
- Le voyage de monsieur Lapin, album, illustration d’un texte de Pascal Hérault, Les 400 coups (2016), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Geneviève Després sur Instagram.
Quand je crée… Violette Vaïsse
Le processus de création est quelque chose d’étrange pour celles et ceux qui ne sont pas créateur·trices eux·elles-mêmes. Comment viennent les idées ? Est-ce que les auteur·trices peuvent écrire dans le métro ? Les illustrateur·trices, dessiner dans leur salon devant la télé ? Peut-on créer avec des enfants qui courent à côté ? Faut-il de la musique ou du silence complet ? Régulièrement, nous demandons à des auteur·trices et/ou illustrateur·trices que nous aimons de nous parler de comment et où ils·elles créent. Cette semaine, c’est Violette Vaïsse qui nous parle de quand elle crée.
J’adore travailler dans le bruit ! Jeune, j’ai appris à me concentrer à bord du bus scolaire. De la musique dans les oreilles, des hurlements d’adolescents tout autour de moi, mes feuilles de révision à la main, c’est là que j’arrivais le mieux à apprendre mes cours. Alors aujourd’hui, quand je dessine ou que j’écris, il y a toujours de la musique ou des podcasts pour m’accompagner.
Bien sûr, à chaque phase de conception son accompagnement sonore.
Pour un scénario, où je construis des idées et des dialogues, j’écoute du piano ou de la musique répétitive. Ça m’aide à me concentrer.
Pour la phase d’encrage, c’est un open-bar musical, tous les styles y passent, bien que j’ai une nette préférence pour les morceaux sur lesquels je peux chanter faux.
Ensuite, une fois mes dessins scannés et passés à l’ordinateur, je travaille la couleur, accompagnée d’une multitude de podcasts, et là, tous les sujets me passionnent.
Je suis une grande fan de podcast, j’aime qu’on me raconte une histoire, ça me rappelle mon enfance remplie de livres jeunesse et de cassettes audio !
Je travaille depuis chez moi, dans mon atelier sous les toits. C’est beau, c’est lumineux. Il y fait évidemment trop froid en hiver et trop chaud en été, mais ça fait partie du charme de l’endroit.
J’y suis du matin au soir pour travailler. J’aime être coupée du monde, dans ma bulle, seule avec mes idées et mes personnages du moment.
Alors forcément, à la fin de la journée, j’ai besoin de sociabilité pour renouer avec le réel.
Souvent, je travaille sur environ 5 projets en même temps. Comme écrire et dessiner des livres est un processus très long, varier les projets me permet de ne pas me lasser. En fonction de mon humeur, ou de l’urgence, je m’attelle à un projet. Je travaille d’ailleurs rarement sur le même tout au long de la journée.
Parfois, il y a des jours de grande inspiration. Ces jours-là, je mets toutes mes commandes de côté pour me laisser aller à des idées qui partent (souvent) dans tous les sens. C’est un sentiment assez extraordinaire, où je me sens entière et à ma place. Ces moments particuliers ont toujours donné beaucoup de sens à ma vie. Et c’est souvent là que des projets naissent pour se concrétiser plus tard.
Et puis, il y a les mauvais jours. Ceux-là, j’apprends encore à les laisser passer sereinement. Lorsque je les reconnais, je fais autre chose, je laisse tout en plan, pour y revenir plus tard. Je marche, je cuisine, je lis un livre, je vois des copains. Il m’arrivait souvent de culpabiliser de ne pas y arriver, mais j’ai appris avec le temps que l’inspiration revient toujours le lendemain !
Violette Vaïsse est autrice et illustratrice. En 2024, on a découvert deux de ses albums : L’imagichien (chez Nathan), un super album tout-carton, et l’on a retrouvé son héros (qu’on adore), Léon, dans une nouvelle aventure : Léon dit non (édité par L’agrume).
Bibliographie sélective :
- L’imagichien, album, texte et illustrations, Nathan (2024).
- Léon dit non, album, texte et illustrations, L’agrume (2024).
- Série Brioche et Tartine, BD, scénarios et dessins, La Joie de lire (2 tomes, 2022-2023).
- Léon n’a pas faim, album, texte et illustrations, L’agrume (2023), que nous avons chroniqué ici.
- La tempête, BD, scénario et dessins, L’agrume (2022).
- Et Dieu dans tout ça ?, BD, dessins sur un scénario d’Olivier Oltramare et Hervé Loiselet, La boîte à bulles (2022).
- Simone Veil, je vous écris, illustration d’un texte d’Irène Cohen-Janca, La joie de lire (2022).
- Léon s’ennuie, texte et illustrations, L’agrume (2022), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Violette Vaïsse sur Instagram.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !