J’avais envie cette semaine d’en savoir plus sur les éditions Elitchka et le mieux, pour ça, était d’interviewer Elitza Dimitrova son éditrice. Elle a accepté de répondre à mes questions. À la suite de ses réponses, vous pourrez tenter de gagner son dernier album, Maritchka et Marie. Ensuite c’est avec Françoise Cruz que nous avons rendez-vous. Auteure et éditrice, elle revient sur Comme les autres pour notre rubrique Parlez-moi de… Bon mercredi à vous !
L’invitée du mercredi : Elitza Dimitrova
Comment sont nées les éditions Elitchka ?
Un jour, je me suis rendu compte qu’on ne connaissait pas, ou peu, en France, la littérature bulgare pour enfants. Pourtant, il y a en Bulgarie des auteurs dont les écrits ont une portée universelle et qui méritent d’être connus. Certains, tels Anguel Karaliitchev ou Kina Kudreva, ont obtenu le prix Andersen. Il m’a semblé qu’il y avait, là, une lacune à combler. Et comme la création d’une entreprise est toujours un acte de foi, je me suis lancée.
Élitchka est née ainsi, en Alsace, en décembre 2013. Souhaitant promouvoir le patrimoine culturel bulgare, loin de toute institution étatique, en toute indépendance, elle présente des contes populaires et des contes d’auteurs de Bulgarie sous la forme d’albums qualitatifs grand format, avec un graphisme épuré.
Quelle est votre ligne éditoriale ?
La maison met en avant des histoires d’aventures, à morale, des contes-randonnées, illustrés par des artistes français et bulgares (surtout français, pour le moment, et des premiers livres), et inédits en France. Ce sont avant tout de belles histoires sans âge. Chacune est un coup de cœur. Nos thèmes de prédilection sont la liberté, la force créative, l’émancipation, le voyage initiatique.
En 2014, la maison a créé trois livres. Une histoire de dragons (Edvin Sugarev et Sylvie Kromer) est un conte sur l’affirmation de soi. Une larme de maman (avec les images de Céline Corréale) est considérée comme un chef-d’œuvre de la littérature bulgare pour enfants, elle est née de la plume d’Anguel Karallitchev, le Andersen de la Bulgarie. Maritchka et Marie (texte populaire revisité, illustré par Elisabeth K. Hamon) met en scène deux fillettes et une baba, personnage lumineux qui aide les enfants seuls à trouver leur chemin dans la vie. C’est un hommage à mes deux grands-mères qui ont joué un rôle très important dans la mienne.
Que signifie ce nom, Elitchka ?
Elitchka désigne en bulgare le petit sapin, l’arbre toujours vert. Cette maison est une recherche du regard de l’enfant qui ne juge pas le monde qui l’entoure, et qui y puise sa force. Elle représente un pont jeté d’un bout à l’autre de l’Europe, un pont qui relie mon pays d’origine à mon pays d’adoption. Je souhaite que les enfants qui lisent nos livres en gardent une émotion pour la vie, et se sentent plus déterminés sur leur chemin.
Comment choisissez-vous les projets que vous éditez ?
Chaque projet est un coup de cœur. Je cherche d’abord un texte qui m’inspire, qui me parle, et la plupart du temps il s’articule autour de mes thèmes favoris — la liberté, la force créative, l’ouverture au monde. Je tâche non pas de présenter des contes épars, mais de développer une politique d’auteur. En 2014, nous avons lancé de jeunes illustrateurs avec qui nous continuons de travailler.
Parlez-moi de vous, quel est votre parcours personnel ?
Après avoir terminé mes études secondaires dans un lycée français, à Haskovo, en Bulgarie, j’ai eu l’opportunité de m’inscrire dans une université en France (sur concours organisé par l’Alliance française). Ainsi, en septembre 1995, j’ai fait le voyage Sofia-Paris-Avignon, et après trois jours de car et de train, je suis arrivée à la cité des Papes. J’avais 18 ans, deux valises, et je n’étais jamais sortie de la Bulgarie auparavant. J’ai donc entamé des études de lettres modernes qui se sont terminées à Paris 4 par une spécialisation en littérature comparée, traduction de la poésie. J’ai pu approcher la traduction littéraire grâce à la patience et aux conseils constructifs d’un excellent directeur de recherches. Parallèlement à mes longues études, j’ai travaillé dans un magasin à temps partiel, et fait beaucoup de petits jobs complémentaires à côté, sans oublier quelques stages dans l’édition. Ensuite, j’ai eu la chance de travailler pour Sabine Wespieser Editeur, puis chez les éditions de Tournon, avant de déménager en Alsace où j’ai continué les tâches rédactionnelles et éditoriales en free-lance. Et le jour de créer Elitchka est arrivé. C’était le moment ou jamais.
Que lisiez-vous quand vous étiez enfant, adolescente ?
Enfant, je dévorais les contes, qu’ils soient populaires, de tous pays, ou d’auteur. J’adorais Les 1001 nuits. Ma grand-mère maternelle, qui avait été danseuse, m’a sensibilisée à la poésie. Elle m’offrait des recueils de chants populaires, chantait elle-même en bulgare, en français et un peu en grec, récitait des poèmes, me racontait les romans qu’elle lisait. J’ai gardé le goût de ces lectures-là pour toujours, contes, poésie, prose poétique. Je n’ai jamais eu, ado, un engouement pour les romans d’aventures ou de science-fiction, mis à part les romans d’Alexandre Béliaev, notamment L’Homme amphibie, et il y avait très peu, ou pas, de BD dans nos librairies bulgares à cette époque de transition politique — j’ai redécouvert le genre en France. Donc, des contes, je suis passée directement aux romans « adultes ». Le premier qui m’a vraiment marqué était Tabac de Dimitar Dimov (le père de la romancière Théodora Dimova, auteure du très remarqué Mères). J’ai découvert en même temps La Bible et Ainsi parlait Zaratoustra, auquel je n’ai pas compris grand-chose, mais j’ai été subjuguée par ses allures de prêche et sa force poétique. Parmi les poètes bulgares, j’avais toujours avec moi les recueils de Yavorov, de Vaptzarov et de Daltchev, je lisais beaucoup de femmes poètes, pas forcément classiques.
Quels sont vos projets ?
Dans un premier temps, je prévois de lancer une petite collection de livres de poche issus de nos albums grand format, et toucher ainsi un lectorat différent.
Pour l’automne, je prépare un projet avec la talentueuse Clémence Pollet, d’après un conte de Sugarev, Conte lent en rouge. C’est un chant jubilatoire en hommage à la force créative des enfants, souvent opposée au monde très concret et très pragmatique des adultes. Le Chat-Peintre (ou à bas, la censure !), du même auteur, verra sans doute le jour en 2016, et je prévois de le confier à un illustrateur de Mulhouse, Bearboz.
Un autre conte d’Anguel Karaliitchev, La Luciole et le Hibou, devrait être travaillé en collaboration avec l’illustratrice strasbourgeoise Sherley Freudenreich. Il y est question de la lumière dans les « profondes ténèbres de la nuit ».
Nous devrions également lancer une collection poésie avec un premier recueil de Margaritt Jékov, poète contemporain bulgare d’inspiration chrétienne. Lycéenne, j’ai découvert sa poésie, et la sérénité qui s’en dégageait. Ses sujets ont évolué avec le temps, mais Jékov reste un poète de l’époque post socialiste à découvrir. Cinq de ses poèmes sont parus dans la revue Europe en octobre 2006.
Bibliographie :
- Maritchka et Marie, texte d’Eli, illustré par Elisabeth K. Hamon (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Une larme de maman, texte d’Anguel Karaliitchev (traduit par Eli), illustré par Céline Corréale (2014).
- Une histoire de dragons, texte d’Edvin Sugarev (traduit par Eli), illustré par Sylvie Kromer (2014), que nous avons chroniqué ici.
Pour aller plus loin, Elitza Dimitrova a également répondu a une interview d’Un livre dans ma valise.
Concours :
Elitza Dimitrova et les éditions Elitchka vous donnent la possibilité de gagner un exemplaire du dernier album de leur dernier livre, Maritchka et Marie (que nous avons chroniqué ici). Pour cela, dites-nous en commentaire à cet article quel est votre conte classique préféré, vous participerez au tirage au sort. Vous avez jusqu’à mardi 20 h.
Parlez-moi de… Comme les autres
Régulièrement, on revient sur un livre qu’on a aimé avec son auteur, éventuellement son illustrateur et son éditeur. L’occasion d’en savoir un peu plus sur un livre qui nous a plu. Cette fois-ci, c’est sur Comme les autres (chroniqué ici), un très bel album sur un enfant surdoué qui ne veut pas être différent. Françoise Cruz, auteure et éditrice, a accepté de nous en parler.
Comme les autres est une histoire qui vit en moi depuis… toujours.
D’abord, on est enfant, on observe et intuitivement, on comprend plus ou moins. Ensuite, devenue adulte (enfin, presque !), j’ai continué à observer et surtout à questionner, à la fois les enfants, mais aussi les parents.
Augustin qui a 9 ans et qui a peur de ne pas être à la hauteur de ce que ses parents attendent de lui, je le vois partout.
J’avais envie d’écrire sur la souffrance des enfants qui réussissent à l’école (on parle souvent de l’échec scolaire) et auxquels on en demande toujours davantage, auxquels on demande, même implicitement, de ne pas « chuter », « pas redescendre ».
Cette souffrance-là est souvent muette. Elle n’a pas le droit de s’exprimer, parce que les enfants savent que cela déplairait à leurs parents.
Pour continuer à se sentir valorisés à leurs yeux, à être « forts », les enfants vont intérioriser un esprit de compétition féroce, qui parfois occulte tout le reste.
Ils vont vivre dans la terreur de décevoir. De ne plus correspondre à l’image que leurs parents, leurs proches, leur renvoient d’eux-mêmes. En fait, ils ont peur de ne plus être aimés.
Ce qui est paradoxal, c’est que c’est cet esprit de compétition qui est ensuite et souvent dénoncé.
Je trouve cette souffrance terrible, dévastatrice… Il me semble essentiel que les parents puissent dire à leurs enfants « Notre amour est sans condition. Nous souhaitons pour vous une réussite scolaire, mais notre amour ne dépend pas de vos résultats à l’école ».
C’est très complexe ce rôle de parents et je ne me pose pas comme juge, étant moi-même mère de famille. Avec humilité, j’ai juste cherché à envoyer un signal à certains parents. Je pense que l’on peut facilement tomber dans ces pièges d’autosatisfaction par rapport à nos enfants. Mais leur vie leur appartient ! Je sais, cela peut paraître comme d’enfoncer une porte ouverte, mais j’avoue que je suis parfois choquée, j’ai l’impression que les enfants font partie de la panoplie des « Parents modèles » !
Et bien non ! Nous n’avons pas le droit de tout exiger de nos enfants, même si nous avons le devoir de leur demander de chercher le meilleur en eux-mêmes.
C’est un sujet délicat que celui des enfants surdoués, car si intellectuellement ils sont au-delà de la norme, affectivement, ils continuent à avoir les besoins que leur âge exige.
Avec « Comme les autres », j’ai essayé de dire tout cela, de dire encore, en quelques pages, qu’avant de trouver sa propre identité, sa singularité, il y a le passage obligé pour un enfant, de se sentir comme les autres. À partir de là, il sera possible pour lui de construire sa personnalité.
Quand j’ai proposé ce sujet à mon éditrice, elle a tout de suite réagi positivement… il faut vous dire que mon éditrice, c’est moi !
Françoise Cruz
Comme les autres de Françoise Cruz Sorti chez Naïve (2014) Chroniqué ici. |
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Kikou Je viens en paix tenter ma chance Hiii ^^
Moi j’aime particulièrement la petite fille aux allumettes …
Merciiii 😉
je dirais Poucette
joli mercredi 🙂
Bonjour et merci pour ce concours tout joli !
Mon conte préféré est “Le petit poucet”.
Bonne journée !
Je ne connaissais pas les éditions Elitchka. Merci pour cette découverte.
Un de mes contes préférés : “Les musiciens de Brême”
Merci pour le concours
Un de mes contes classiques préférés : c’est Boucle d’or car j’aime beaucoup le raconter aux petits. Merci pour le concours.
Bonjour !
Merci pour cet article et ce rendez-vous du mercredi que j’attends toujours. Aujourd’hui je suis doublement intéressée. D’abord parce que les contes j’adore depuis l’enfance avec une mention spéciale pour ceux qui viennent des “pays de l’Est” parce qu’ils me parlent. Je dévorais la collection “Contes et légendes de…” quand j’étais enfant. Difficile de choisir un conte. En ce moment je dirais “La petite sirène” parce que ma fille me le demande souvent.
Ensuite je suis touchée par les mots de Françoise Cruz, c’est vrai qu’on demande beaucoup à ces enfants qui réussissent si bien, et que la peur de décevoir grandit parfois en eux. En tant que parent, cela me fait peur mais en même temps je constate si souvent les ravages causés en n’attendant rien des enfants que je crois qu’il est bien difficile de se situer. Je vais lire ce livre. Merci. Bonn journée.
Céline
Bonjour et bon mercredi La Mare aux mots !
Encore de jolies découvertes dans cette chronique, je ne connaissais pas les Editions Elitchka. En ce moment, je re-découvre l’histoire d’Ondine par l’intermédiaire de Benjamin Lacombe. Sinon, enfant j’ai adoré les Contes de la rue Broca de Pierre Gripari, particulièrement La sorcière du placard aux balais. J’ai toujours le livre avec la cassette que ma marraine m’avait offert et je crois que je connais encore les chansons par coeur !
Bonjour,
Je tente ma chance..mon conte préféré Boucle d Or….mais aussi Le petit Poucet et plein d autres..belle journée Virginie
Bonjour
Mon conte préféré est La Petite Sirène, version Andersen. Merci pour ce beau concours
Bonjour et merci encore pour ce concours.
J’aime beaucoup Pierre et le Loup, surtout mis en musique.
Sinon j’aime également les contes de la rue Brocca, livre que j’ai acheté pour mes enfants en souvenirs.
Bonne semaine.
Bonjour,
Pour moi, c’est aussi Boucle d’or, car j’adore faire les différentes voix quand je le raconte aux petits (et aux plus grands ) !
Bonne journée
Melle G
Voilà une maison d’édition que j’aime à suivre et c’est sympa d’en découvrir encore plus.
Il me plairait de gagner l’album aussi je dirai Jack et le haricot magique.
Sinon “Comme les autres” me parle beaucoup. Et j’aime particulièrement la phrase de Françoise Cruz “Mais leur vie leur appartient” souvent je suis aussi chagrinée d’entendre les parents qui s’auto-satisfont sans même écouter bien souvent la souffrance de leur enfant. Car ce n’est pas facile pour ses enfants surdoués (d’ailleurs on ne dit plus surdoué mais précoce) ni dans le milieu scolaire, ni dans leur milieu familial si on les estime différents.
Mon souvenir de meilleur conte enfant, Rapuntzel ( ah! ces cheveux qui descendaient de la tour!)
Je participe avec envie! ce conte a l’air très beau…
Bonjour et merci pour ce concours!
Petite, j’étais fan d’un conte ” michka”, a tel point que j’avais rebaptisé le nounours de ma maman avec lequel je dormais quand j’étais chez ma mamie ( et qui lui grattait le dos car on dormait toutes les deux! )
Je suis instit et maintenant je m’éclate en lisant toutes les versions qui peuvent exister des différents contes!Vive Mr ramos qui a su les agencer dans ses livres!
bonne journée!
bonjour et merci pour ce chouette concours je tente volontiers
pour ma part mon conte classique préférée est cendrillon!
j’adore et mes enfants aussi!
belle journée
Bonjour et merci pour cette découverte !!
Mon conte chouchou le petit chaperon rouge … mais je les aime tous 🙂
Le Petit Prince de St Ex!
Bonsoir 🙂
C’est difficile d’en choisir un… Sur un précédent concours j’avais déjà mis en avant La petite fille aux allumettes du coup cette fois ci je vais choisir Peau-d’âne.
Terrible de faire un choix ! Mes préférés sont les contes facétieux, donc ds les classiques Le Chat Botté par exemple .
Je devrais dire Peine misère et Bonheur la chance, pr que je sois tirée au martine.charmeau@wanadoo.fr !
Magnifique, merci beaucoup !
Moi j’aime “la petite sirène”, même si j’avoue qu’il y a plus gai … !
Bonne journée !
Bonjour!
Mon conte d’enfance préféré – il a bien changé chez Disney mais c’est leur lot à tous- c’est La Reine des Neiges, l’histoire de Kay et de Gerda…
Bonsoir
oh la pas d’hésitation, j’ai toujours adore l’histoire des trois ptits cochons et du grand méchant loup ! 🙂 c’était presque la seule histoire que je voulais entendre !
belle soirée et merci pour ce rendez vous toujours aussi plaisant 🙂