Un soir, après que son papa lui a souhaité bonne nuit alors que sa maman est absente, l’enfant entend dans le noir une voix qui lui demande comment tout a commencé et pourquoi il est lui-même. Effrayé par cette voix mais aussi par cette question à laquelle il ne parvient pas à répondre, l’enfant retourne auprès de son père, qui lui raconte alors l’histoire des origines. Une histoire qui met en scène le premier couple de la Terre, Izanagi et Izanami, et qui n’est pas sans rappeler plusieurs mythes plus connus en France, comme celui d’Adam et Éve ou celui d’Orphée et d’Eurydice. Embarqué dans le récit par une sorte de rêverie éveillée, l’enfant suit avec Izanagi et Izanami la création du monde, la naissance de l’enfant-feu, la mort d’Izanami, posant mille et une questions sur ce qu’il voit.
Kojiki est au départ un recueil de mythes racontant l’origine des îles qui forment le Japon. On dit qu’il serait le plus ancien texte japonais encore existant. S’en inspirant, Yan Allegret imagine une histoire dense (il y a quand même beaucoup de texte) et exigeante (même les adultes y trouveront des pistes de réflexion et de rêverie). Le questionnement existentiel sur la vie et la mort, mené par la naïveté sincère de l’enfant, est très beau et émouvant. Les illustrations mêlent des esquisses très sommaires au crayon (que j’ai un peu moins aimé) et des jeux de couleurs qui sont vraiment magnifiques : ça explose littéralement, c’est magique.
En résumé, c’est un album pointu et philosophique qui amènera sûrement beaucoup de questions de la part de vos enfants. Soyez préparés !
Le même vu par Sous le feuillage.
La journée commençait mal pour l’ours Michao, la chevrette Marguerite et le petit renardeau. Arrivés à la plage, ils se rendent compte qu’ils ont tout oublié : les maillots, les serviettes, les seaux, les pelles et les râteaux. Personne ne sait quoi faire et la petite bande est bien déçue… Mais c’était sans compter sur le pouvoir de l’imagination : quelques algues, des bouts de bois et des coquillages, et l’ennui s’évanouit !
Voilà un bel album qui rappelle que la Nature a bien des cadeaux à nous offrir, il suffit d’imaginer. Avec ses textes courts et ses illustrations plein pot, il est idéal pour les soirs de vacances en bord de mer. De grandes illustrations un brin vintage, un soupçon de mystère (qui sont les personnages les uns pour les autres ?) et beaucoup de poésie : voilà la recette réussie de ce livre qui vous donnera des envies d’air pur et de simplicité !
Des extraits sur le site de l’éditeur.
Monsieur Coin, un palmipède expert-comptable, s’évade le temps d’un week-end à Proupatel, un petit village de montagne. Il est tellement impatient qu’il dort avec ses skis aux palmes ! Le lendemain, il file sur les pistes, tel un bolide, profitant de cette liberté loin de ses dossiers, prêt à pulvériser le record de vitesse. Mais voilà qu’un ours en raquettes traverse la piste. Un dérapage contrôlé, et hop, Monsieur Coin évite l’ours brun de justesse. Celui-ci, étonné de voir ce skieur si pressé, le met au pari d’arriver le premier au café de la station. Sûr de gagner, notre palmipède tombe dans une crevasse dans laquelle il rencontre un ancien diplomate devenu ermite car dégoûté par l’hypocrisie des hommes. Enfin, c’est ce qu’il dit en tout cas…
Personnellement, je suis assez fan de Nicolas de Crécy, et cet album ne m’a déçu ! Le texte est assez dense (il vous faudra certainement plusieurs séances de lecture pour en venir à bout) mais j’ai retrouvé sa poésie, son audace (glisser les mots « palmipède », « hydrocarbures » ou encore « plantigrade » dans un livre recommandé pour les enfants dès 4 ans, on peut parler d’audace, non ?), son sens du récit et, bien sûr, ses illustrations très travaillées.
Alors qu’il parcourt la nature à la recherche de victuailles pour sa famille, Papa Hérisson s’aventure dans un panier à pique-nique drôlement alléchant, dans lequel il se retrouve prisonnier. Enfermé dans un carton dans la cabane au fond du jardin (si ça se trouve, c’est Cabrel qui a fait le coup), il parvient à s’échapper. Commence alors un long périple, semé de dangers, comme la route sur laquelle filent les voitures ou la mort aux rats qu’il ingère par erreur, mais aussi d’amis…
Les noms de l’auteur et de l’illustrateur, Nicolas Hénin et Pierre Torres, vous disent peut-être quelque chose : journalistes reporters, ils ont tous deux été enlevés en juin 2013 et retenus en otage en Syrie jusqu’en avril 2014. Au cours de leur captivité, ils ont imaginé ce hérisson loin de sa maison, dont le seul but est de rentrer chez lui auprès de sa famille. Autant dire que cette histoire a une portée symbolique très forte. Au-delà de ça (vous n’êtes bien sûr pas tenu de raconter l’origine de l’ouvrage), c’est aussi un récit positif et plein d’espoir, qui invite à se mettre à la place de ces animaux qu’on cherche à apprivoiser et à mettre en cage, et de tout ce qui sont loin de chez eux (comme dirait Lââm).
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué d’autres livres d’Olivier de Solminihac (Le dragon dans les dunes), de Stéphane Poulin (Bartleby le scribe et Marius).
Le Kojiki, demande à ceux qui dorment Texte de Yan Allegret, illustré par Carla Talopp Gallimard Jeunesse Giboulées 16 €, 240×300 mm, 51 pages, imprimé en Europe, 2015. |
Le Bateau de fortune Texte d’Olivier de Solminihac, illustré par Stéphane Poulin Sarbacane 15,50 €, 244×324 mm, 32 pages, imprimé en France, 2015. |
Le roi de la piste De Nicolas de Crécy Cambourakis 15 €, 208×277 mm, 46 pages, imprimé en Lettonie, 2015. |
Papa Hérisson rentrera-t-il à la maison ? Texte de Nicolas Hénin, illustré par Pierre Torres Flammarion 13,50 €, 247×308 mm, 30 pages, imprimé en France, 2015. |
À part ça ?
Le Kojiki, demande à ceux qui dorment, c’est aussi un spectacle pour les enfants dès 8 ans, mis en scène par Yan Allegret. Il sera en représentation au théâtre Dunois, dans le 13e arrondissement de Paris, du 20 au 30 mai. Une merveilleuse façon de prolonger la lecture de l’album et la réflexion sur le monde.
Marie
Mariée, 1763 livres et 1 canevas de Claude François
L’univers graphique du bateau de fortune est vraiment superbe.
Sinon je suis attirée par la portée du dernier mais j’avoue que la couverture ne m’attire pas du tout.