Laurent Moreau fait partie de ces illustrateurs dont le travail me transporte, m’enchante. Je ne connaissais absolument pas la personne qui se cache derrière ces superbes illustrations, j’ai eu envie de savoir qui il était, il a accepté de répondre à mes questions. Ensuite, c’est avec Xavier Salomó, Meritxell Martí et Justine de Lagausie (des éditions Seuil Jeunesse) que nous avons rendez-vous pour la rubrique Parlez-moi de… Ensemble, il et elles reviennent sur leur album très original, L’histoire Perdue. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Laurent Moreau
Comment êtes-vous devenu illustrateur ? Parlez-nous de votre parcours
Comme beaucoup d’enfants, j’aimais beaucoup dessiner. Je ne dessinais pas forcément mieux que mes copains, mais en grandissant je ne me suis jamais arrêté de dessiner. Après le collège, j’ai fais des études professionnelles en industries graphiques. J’ai appris le métier d’imprimeur durant 6 ans. J’aime beaucoup les techniques d’impressions comme la gravure, la sérigraphie… J’adore observer un livre, toucher le papier, sentir l’encre, regarder les trames… Aujourd’hui, dans mon travail d’illustrateur ou de graphiste, lorsque je réalise une image, je sais comment elle va être imprimée et quelles sont les contraintes à prendre en compte. Mon travail aussi est influencé par mon goût pour l’imprimerie : couleurs restreintes, petits points, importance de la typographie… À la suite de cette formation, je me suis orienté vers le graphisme et l’illustration. J’ai eu la chance de pouvoir suivre les cours de l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg. C’est là que j’ai vraiment découvert le métier d’illustrateur.
Quelles techniques d’illustration utilisez-vous ?
Je travaille presque exclusivement à la main, je ne suis pas très à l’aise avec l’ordinateur… Donc, je dessine aux crayons, je peins à la gouache, je découpe, je colle… Les techniques varient… Je dessine beaucoup dans des carnets, des idées, des recherches, des dessins personnels qui me servent ensuite pour mes projets de livres. Dans ces carnets, je m’amuse à utiliser différents outils. Je n’ai pas vraiment de technique préférée, j’aime la spontanéité, le geste, la ligne, les petits points… J’ai tout de même axé mon travail autour de l’utilisation de la couleur à la gouache.
Pouvez-vous nous parler de Qui attend qui ?, l’album qui vient de sortir chez Père Castor ?
C’est Laure Dufresne, l’éditrice, qui m’a proposé d’illustrer le texte de Jo Hoestlandt. J’avais déjà eu l’occasion de rencontrer Jo sur des salons et j’avais beaucoup apprécié nos échanges. Son texte m’a plu. Je le trouve extrêmement doux et j’aime beaucoup cette fin un brin cruelle. C’est l’éditrice qui a suggéré l’idée des volets à soulever. C’était une très bonne idée. Cela sert parfaitement le propos. Concernant le travail d’illustration, il s’agissait pour moi de ma première publication pour de très jeunes lecteurs, j’ai cherché à composer des illustrations très simples, graphiques et colorées, dans un univers assez symbolique et hors du temps.
J’aimerais que vous nous parliez d’un de vos albums qui m’a particulièrement marqué, le superbe Alma.
C’est assez rare pour moi d’illustrer le texte d’un auteur. Je travaille principalement sur des projets personnels. Mais de temps en temps j’ai un coup de cœur ! Le texte de Stéphane Audeguy en fait partie ! J’ai été ému à la lecture de son texte et j’ai eu tout de suite envie de l’illustrer. En fait, je crois même que j’ai envisagé cette histoire comme si c’était moi qui l’avais écrite. Ça peut paraître étrange, mais je pense que c’est ce qui m’a permis de prendre énormément de plaisir à composer et réaliser les illustrations.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
Je n’étais pas un grand lecteur… Mais quelques lectures m’ont marqué. Enfant, j’ai adoré l’univers foisonnant de Richard Scarry. Adolescent, j’ai été subjugué par l’écriture de Charles Bukowski. Aujourd’hui, je suis un grand fan de Charles Schulz et ses Peanuts.
Et quel.le.s sont les illustrateurs.trices qui vous inspirent aujourd’hui ou dont le travail vous séduit, tout simplement ?
J’admire beaucoup d’illustrateurs aux univers variés… Je peux en citer certains : Atak, Blexbolex, Benoît Bonnemaison-Fitte, Katrin Stangl, Geoff McFetridge, Rachel Levit… Je pourrais en citer encore beaucoup, je vais m’arrêter là !
Quels sont vos projets ?
Je travaille sur l’écriture d’un nouveau projet d’album. Il s’agit d’un grand imagier panorama du monde. Une déambulation d’un jeune garçon autour du monde. Ce personnage va traverser de grands paysages sans réellement les apprécier et les contempler…
Une dernière question, si quelqu’un qui ne vous connaît pas lit cette interview et veut vous découvrir avec un seul de vos ouvrages, lequel lui conseilleriez-vous
Je crois que je conseille de lire le livre Après paru chez Hélium. Je pense qu’il s’agit de l’ouvrage le plus personnel, autant pour le texte que pour les illustrations. Bonne lecture !
Retrouvez Laurent Moreau sur son site : http://zeroendictee.free.fr.
Bibliographie sélective :
- Qui attend qui, illustration d’un texte de Jo Hoestlandt, Père Castor (2016).
- Le livre de la jungle, illustration d’un texte de Véronique Ovaldé d’après Rudyard Kipling, Gallimard Jeunesse, (2016).
- Dans la forêt des masques, une histoire à raconter, texte et illustrations, Hélium (2015).
- Ma famille sauvage, texte et illustrations, Hélium (2013).
- Après, texte et illustrations, Hélium (2013).
- Alma n’est pas encore là, illustration d’un texte de Stéphane Audeguy, Gallimard Jeunesse (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Nuit de rêve, texte et illustrations, Actes Sud Junior (2012).
- À quoi penses-tu ?, texte et illustrations, Hélium (2011).
- Mini Rikiki Mimi, illustration d’un texte de Christine Beigel, Benjamins Média (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Valentin…, texte et illustrations, Actes Sud Junior (2010).
- L’enfant dans la tempête, texte et illustrations, Rouergue (2009).
- Jour de pêche, illustrations, Actes Sud Junior (2008).
Concours :
Grâce aux éditions Père Castor, l’un.e de vous va pouvoir gagner Qui attend qui, le superbe dernier album de Laurent Moreau. Pour participer, il vous suffit juste de laisser un commentaire sous cet article. Le gagnant ou la gagnante sera tiré.e au sort parmi tous les commentaires. Vous avez jusqu’à mardi 20 h. Bonne chance à tous et à toutes !
Parlez-moi de… L’histoire perdue
Régulièrement, on revient sur un livre qu’on a aimé avec son auteur, son illustrateur.trice et/ou son éditeur.trice. L’occasion d’en savoir un peu plus sur un livre qui nous a plu. Cette fois-ci, c’est sur L’histoire perdue (chroniqué ici), un bel album plein d’humour mais surtout un album totalement original. Son auteure (Meritxell Martí), son illustrateur (Xavier Salomó) et son éditrice (Justine de Lagausie, des éditions Seuil Jeunesse) ont accepté de nous en parler.
Meritxell Martí, auteure :
L’histoire perdue est née de nos « luttes de créativité ».
Xavier et moi travaillons en tandem, il nous faut donc une bonne coordination des jambes pour choisir les décisions à prendre. Très souvent, nous allons dans le même sens. Pourtant, parfois, nous avons des doutes : On tourne à gauche ? Tu es sûre ? Je crois que oui. Et toi ? Non, c’est mieux par là…
Faire un album à deux, c’est un peu comme monter à deux sur une bicyclette. C’est vrai qu’il vaut mieux décider a priori où l’on va, mais c’est en avançant que l’on découvre de nouveaux chemins – des sentiers à demi cachés – que l’on a envie d’emprunter. Et il n’est pas certain au départ que l’autre a aussi envie d’y aller.
On sait que les chemins bien tracés, bien définis, ne sont pas toujours ceux qui nous donnent la plus grande joie. Alors, laissons l’imprévu nous guider et nous inspirer ! C’est comme cela qu’Eva, l’héroïne de L’histoire perdue, perd le fil du récit. Et en le perdant, en se perdant, elle nous mène dans une autre histoire, cachée, perdue et – nous l’espérons – surprenante.
L’histoire perdue raconte ces expériences du duo qui, au final, se terminent bien, après avoir suscité des heures d’hésitation et de désaccord. Heureusement, pendant ces luttes, on s’amuse bien !
Xavier Salomó, illustrateur :
L’histoire perdue est l’album le plus difficile que nous ayons fait jusqu’à présent. Un vrai défi ! En fait, nous avons réalisé quatre maquettes avec quatre histoires différentes. Le plus rigolo, c’est que la deuxième histoire avait convaincu l’éditeur et que c’est nous qui avons dit « non ». Parce que nous voulions aller plus loin ! C’est ainsi que, deux semaines après avoir fini la maquette, nous avons refusé la proposition de l’éditeur et avons entamé une histoire encore mieux.
Je pense que, pour s’engager dans la création d’un album, il faut y être vraiment attaché, car c’est un travail énorme, surtout pour l’illustrateur (mais je ne voudrais pas commencer une nouvelle dispute avec l’auteure, ha, ha, ha !). Je croyais au départ qu’il suffisait que l’auteure écrive une histoire et l’illustrateur fasse ce que bon lui semble pour l’illustrer. Mais, pendant la construction de ce livre, nous nous sommes rendus compte que ce qui serait vraiment intéressant, ce serait de construire une histoire cachée que le lecteur ne découvrirait pas jusqu’à la fin, et dans laquelle toutes les pièces se réuniraient et prendraient soudain sens. C’est pour cela que nous avons travaillé et retravaillé beaucoup cet album… Enfin bref, j’espère que les lecteurs vont aimer cette histoire perdue.
Justine de Lagausie, éditrice :
J’adore travailler avec Xavier et Meritxell : ils ont un enthousiasme communicatif et chacun de leur nouveau projet est le résultat d’une sorte de ping-pong créatif d’où jaillissent sans cesse de nouvelles idées. Ils ont un très grand respect de leurs lecteurs et cherchent toujours à leur offrir des albums soignés où aucun détail n’est laissé au hasard.
Quand j’ai reçu la première maquette de L’Histoire perdue, j’ai tout de suite été emballée par le projet : mettre en scène un dialogue conflictuel (et comique !) entre l’auteur et l’illustrateur, quelle bonne idée ! L’effet de surprise est immédiat et le lecteur se demande dès le début où tout cela va le mener.
La première version racontait une histoire très différente, avec moins de péripéties, mais le principe était déjà là, et il était suffisamment original pour donner envie d’avancer.

![]() L’histoire perdue Texte de Meritxell Martí, illustré par Xavier Salomó. Sorti au Seuil Jeunesse (2016). Chroniqué ici. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Bonjour,
Merci pour cet interview. Je ne connaissais pas le travail de Laurent Moreau. C’est chose faite !. J’ai réservé les albums que nous avons à la médiathèque pour mieux le découvrir.
Gagner son dernier album, me ferait très plaisir. Je découvrirai finalement Qui attend qui ?
Bonjour,
Je suis auteur jeunesse, j’ai travaillé avec cinq illustratrices différentes et c’est toujours passionnant de découvrir le travail et le parcours d’un illustrateur, ici Laurent Moreau ! Merci !
Je serais ravie de gagner son dernier album !
je connais peu le travail de Laurent Moreau, Alma a l’air magnifique ..et je serais ravie de decouvrir Qui attend qui 🙂
Hello,
Je tente ma chance avec plaisir 🙂
Merci !
Etrange… Je regarde les titres et pense n’en avoir lu aucun… Pourtant, son travail me semble familier. Quoi qu’il en soit, je serais ravie moi aussi de recevoir Qui attend qui ? 🙂
Merci pour cette découverte. Je ne connaissais pas Laurent Moreau.
Et je participe donc pour Qui attend qui.
Merci pour cet interview. C’est intéressant de découvrir le parcours de Laurent Moreau. Cela donne envie de dessiner, peindre et découper. Jaime beaucoup son style, très frais, à la fois très actuel et très rétro. J’espère que de nombreux albums aussi beaux suivront.
Oh l’histoire perdue semble terrible ! Bien envie de le découvrir le lire.
Envie de découvrir ces livres, ceux de Laurent Moreau, et ” L’histoire perdue ” aussi !
Qui attend qui me plaît doublement par la collaboration de l’illustrateur avec Jo Hoestlandt dont je me souviens de l’album ” Le Petit Poussé ” (en collaboration) …
Merci !
Bonsoir!
Je ne le connais pas du tout mais après lecture de l’article cela a suscité mon intérêt!
merci pour cette belle découverte!
je tente ma chance avec grand plaisir !
je suis fan fb sous le nom : olivia philippe
merci et croisons les doigts!
j’
j’avais beaucoup aimé Alma et j’adorerais découvrir Qui attend qui.
très belle journée à tous !
Laurent Moreau parle de ses sources d’inspiration avec un plaisir communicatif : cet amour de l’impression, de la matière…cela me fait penser à la démarche des Editions MeMo et me donne très envie de découvrir son travail (même si, comme l’a également dit Valérie, son travail me semble familier).
Quant à L’histoire perdue : miam! Ce titre va rejoindre ma trop grande liste de “à lire”!
joli mercredi. merci !
J’adore la couverture refusée <3
Merci pour cette découverte du parcours de Laurent Moreau ! Je découvrirais avec plaisir Qui attend qui ? 😉
Merci pour cet article et les découvertes que je fais ici. Je participe bien volontiers !
bonjour !
je participe avec plaisir
merci de nous partager toutes ces lectures et bon dimanche
bien tentant ce ” qui attend qui?” ça me fait penser à mon année scolaire: au début de l’année ce sont les petits qui réclament leurs derniers bisous aux parents avant qu’ils ne partent au travail… à la fin de l’année ce sont les parents qui rentrent dans la classe pour aller chercher leur bisou avant de partir travailler !!! les enfants, eux ils sont déjà en train de jouer avec les copains!!!
Bonjour !
Je participe, je ne connaissais pas Laurent Moreau mais j’aime beaucoup ces illustrations qui me rappellent certains livres de mon enfance.
Merci pour ces chroniques et pour ce concours.
Céline
Bonsoir,
Superbe travail, les illustrations magnifiques!
Je tente ma chance et vous souhaite un bon dimanche soir!
Bises
Bonsoir et merci… Pour ces découvertes et ces cadeaux !
Mon fils de 4 ans veut être illustrateur plus tard, pour ne plus laisser de pages blanches derrière les couvertures des livres !!!
Fan fb Sabine GUILLO
Merci, je tente ma chance!
Hey la Mare! Je ne connais pas le travail de Laurent Moreau, cette interview m’a donne envie de decouvrir son univers! Je joue!
😉
j’adore !
il serait bien cet album à la maison !
Hello !
J’aimerais découvrir l’univers de cet artiste, je tente donc ma chance !
Belle journée à tous !