Aujourd’hui, c’est une grande interview que nous vous proposons. Stéphane Servant a accepté de répondre à mes questions, et elles étaient nombreuses (j’aurai même pu continuer longtemps). J’espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à le lire nous parler du Cœur des louves, de son travail et de lui-même. À la suite de cette interview, l’un de vous pourra gagner le roman Le cœur des louves dont nous parlons beaucoup dans cette interview, grâce aux éditions du Rouergue. Ensuite, on a rendez-vous avec Claire, maîtresse de CM1-CM2 dans le Finistère, pour un nouveau Dans la classe de. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Stéphane Servant
Parlez-nous de votre parcours
La ligne de force, c’est l’enfance.
L’enfance, je la redécouvre quand, à côté de mes études, je travaille comme traducteur dans un institut mettant en relation des thérapeutes anglophones et des parents d’enfants atteints de troubles autistiques sévères.
Ces familles et ces enfants me bouleversent. Comment être au monde quand on est cadenassé en soi ? Quand les mots ne suffisent pas à relier deux êtres. Quand les mots n’existent pas pour dire ce qui brille pourtant à l’état brut — joie, peine, abattement, colère — de façon si violente parfois qu’on s’en trouve démuni et blessé.
Je quitte alors la fac avec ce désir idéaliste, cette prétention démesurée : tendre la main à ces enfants-là, leur donner une voix.
Je rate le concours d’entrée en école d’éducateur, je travaille comme animateur en milieu scolaire et associatif, avec les mômes on fait du roman-photo, de la poésie, de la danse, je m’indigne souvent de la place faite aux enfants, du peu de considération de ce qu’ils sont et de la voix qu’ils portent, je m’engage dans l’éducation populaire, je vais conter dans les cours de récré, je donne des cours de cirque, je programme des spectacles, je fais des collages, je joue dans une troupe de théâtre de rue,…. je cherche un chemin, au plus près de l’enfance.
Et durant tout ce temps, j’écris. Pas spécialement sur l’enfance. J’écris parce que j’aime écrire. J’écris parce que j’aime lire. J’écris presque par gratitude : Sartre, Kafka et Cortazar m’ont maintenu la tête hors des flots de l’adolescence. Les mots ont le pouvoir de consoler et d’interroger le monde, alors j’écris.
Un jour où je travaille dans une bibliothèque scolaire, je découvre Le voyage d’Oregon de Rascal et Louis Joos et je suis subjugué. Je réalise qu’en associant un texte de fiction à une écriture graphique, on peut parler de tout aux enfants, même à ceux qui ne savent pas lire, même à ceux qui ne comprennent pas tout, avec intelligence et sensibilité, loin de tout didactisme.
Alors, à partir de ce jour-là, j’écris pour l’enfance, j’écris sur l’enfance.
Un matin de rentrée scolaire, idée saugrenue, je mets un texte dans une enveloppe et je l’envoie à un éditeur.
La réponse mettra quelques mois à arriver.
Et elle sera négative.
Depuis il y a eu beaucoup de oui puisque vous avez sorti une trentaine d’ouvrages en moins de 10 ans !
Eh bien, entre ce premier envoi et le premier « oui », quelques années ont passé.
J’ai travaillé mon écriture, encore et encore.
Parce que l’écriture d’album est une écriture de l’économie. Une écriture sur le fil.
Comment dire beaucoup avec peu ? Comment laisser toute sa place à l’image ? Comment dialoguer avec elle ? À quelle hauteur d’enfance se place-t-on ? On ne résout pas ces questions si facilement, et je ne suis toujours pas certain d’avoir les bonnes réponses.
À cette époque-là, j’ai eu la chance de bénéficier du regard bienveillant de Cécile Emeraud, alors éditrice au Rouergue.
Elle m’a souvent dit : « Je ne publierai pas ce texte-là. Mais continuez à écrire, il y a quelque chose dans votre écriture, persévérez, ça vaut le coup. »
J’ai suivi ses conseils et les premiers albums ont vu le jour en 2006, non pas au Rouergue, mais chez Didier jeunesse, Rue du Monde et Où sont les enfants ?
Depuis, effectivement, d’autres textes sont devenus des livres. Des livres plus ou moins réussis. Mais qui témoignent certainement de qui j’étais au moment où je les ai écrits, de ma façon de voir le monde à ce moment-là, de mes interrogations, de mes maladresses, de mes engouements, et, toujours, d’une écriture en chantier.
C’est d’ailleurs au Rouergue que vous avez sorti l’année dernière le marquant Le cœur des louves, un roman qui m’a personnellement beaucoup touché. Comment est née l’idée de ce roman ?
À l’automne 2010, je devais être accueilli en résidence à Marseille. J’y allais avec un projet de roman très urbain.
Et puis la résidence n’a pu se faire mais j’avais tout de même envie de ce temps d’écriture, loin de chez moi.
Alors j’ai loué une maison dans un village des Pyrénées. Je me suis installé là durant un mois sans vraiment savoir ce qu’il allait se passer.
J’ai pris le temps de découvrir le village, la montagne, les habitants, l’histoire et les légendes de cette vallée. J’ai noué des liens très forts avec des gens qui m’ont ouvert leur porte, qui m’ont raconté leur quotidien. J’ai marché, de jour, de nuit, sur les sentiers des forêts alentour.
Mon imaginaire s’est enrichi des hommes et des paysages et un récit a peu à peu émergé.
Bien entendu, j’ai modelé cette matière de façon à éclairer différemment ce qui est au cœur de chacun de mes romans : la liberté, l’oppression, la difficulté à communiquer, la transmission entre les générations, le vivre ensemble, la famille, la folie, la marginalité.
Au bout d’un mois, j’avais entre les mains une ébauche de texte qui ne fonctionnait pas du tout.
Et je n’arrivais pas à savoir pourquoi. Alors j’ai rangé ce texte dans le tiroir des livres avortés, pensant que j’arriverai à en faire le deuil, que je passerai à autre chose assez rapidement.
Mais ça n’a pas été le cas. Toutes mes tentatives d’écriture échouaient. Ce récit m’obsédait. J’étais dans une impasse.
Un an après, au salon de Lorient, je suis en dédicace à côté de l’illustratrice Julia Chausson. Julia me montre son projet en cours : un magnifique travail de gravure à partir du conte du Petit chaperon rouge. Et, en voyant ces images, je comprends alors pourquoi mon récit ne fonctionne pas. C’est une évidence : mon personnage principal n’est pas un garçon comme je l’avais cru dans un premier temps. Comme dans le conte livré par Perrault, il y a trois générations de femmes et quelque chose court entre ces trois générations. Mon personnage principal sera donc une jeune fille. C’est, en quelque sorte, la naissance de Célia.
Dès lors, j’ai repris le texte, j’ai substitué la jeune fille au garçon, et la pelote de l’histoire a enfin pu se dérouler…
Le roman est d’ailleurs un superbe hommage aux femmes, les hommes de l’histoire n’ont pas vraiment le beau rôle…
C’est vrai. Et pourtant ce n’est pas un roman féministe comme on me l’a parfois dit.
Les personnages du roman, qu’ils soient masculins ou féminins, sont tous appelés à jouer un rôle. Et par rôle, j’entends une façon de se mouvoir, de parler, de penser, exactement comme dans une pièce de théâtre. Comme si le village dans lequel se déroule le roman était une scène et ses habitants des acteurs.
Des hommes il est attendu une force, une rudesse, une violence, presque. Des femmes, a contrario, la douceur et la soumission. Ce sont des archétypes et tous sont obligés de s’y conformer.
Au cours du récit, un certain nombre d’évènements font tomber les masques. Les acteurs laissent apparaître leur vraie nature : certains, comme Tonio ou Thomas, tentent de détourner les yeux, d’autres, comme Tina, se dérobent au regard des spectateurs. Les valeurs sont renversées. La cohésion du village bouleversée. La violence des hommes mais aussi celle des femmes, sera la seule voie pour retrouver un peu de stabilité. Et ceux qui pensaient échapper à cette mise en scène étouffante en se réfugiant à l’extérieur de la communauté, que ce soit Thomas, Tina ou la Quimette, ont malgré tout un rôle à endosser : celui des marginaux, ceux qui rappellent à tous le prix à payer pour avoir osé contester les règles.
J’ai voulu ce village un peu comme une miniature de notre société où, quand le récit collectif s’effiloche, quand les mots sont vidés de sens, il ne reste que la peur. Et on le constate tous les jours : la peur engendre la violence et en premier lieu à l’endroit des plus faibles.
Finalement, le seul personnage à assumer pleinement sa nature et ses choix, le seul à se confronter aux autres, est Andreas, le fils de Thomas. C’est peut-être le personnage le plus fort du roman même si, évidemment, le récit est porté par des voix de femmes.
D’ailleurs Andréas est homosexuel, et c’est le seul homme qui justement n’est pas un homme « mauvais » ou lâche.
Effectivement. Andréas est un personnage qui aurait toutes les raisons de fuir ce village : la violence de son père, son homosexualité, son activité artistique atypique.
Et pourtant il fait le choix de vivre là. Parce qu’il considère qu’il fait partie de la communauté, au même titre que les autres.
Ce qui m’intéressait dans ce personnage, c’est de donner à voir l’inverse de l’archétype masculin. Andréas le clame calmement : on peut exister autrement. Autrement, c’est à dire en étant soi-même. En délaissant le rôle qui nous a été attribué. À la violence de son père, il oppose la compassion. Il vit sa sexualité librement, sans se soucier du regard des autres. Quand les garçons de ce village n’imaginent pas d’autre choix que de travailler à la scierie, lui invente son propre métier : il fabrique des encres et des papiers végétaux pour des livres d’artistes.
Ce que je veux dire, c’est que l’homosexualité ne résume pas le personnage, mais qu’elle sert à renforcer son côté atypique.
Cette liberté d’être et de penser, Andréas l’a développée au contact de Tina. Sans trop en dire, Andréas sert également à éclairer autrement le personnage de Tina. Cette femme qui, sur la fin de sa vie, s’est peut-être rendue compte que sa dureté et son indépendance farouche l’avaient amenée à se couper de tous, et en premier lieu de sa fille Catherine et de Célia. Elle sait que la mort viendra bientôt, elle sait le poids du silence, d’où cet impérieux désir de transmission. Et Andréas était le seul à qui elle pouvait se livrer car il a réussi là où elle avait échoué à vivre librement.
Une dernière chose sur le personnage d’Andréas : Tout au long du roman, l’univers du village vacille. Les hommes s’en aperçoivent à peine mais le monde est en mouvement : les mines ferment, la scierie est amenée à disparaître, les enfants s’en vont. Malgré tous leurs efforts, malgré toute l’inertie, le monde change. Et Andréas est peut-être le seul à l’avoir compris. Par exemple, à l’exploitation forcenée des ressources de la terre, Andréas préfère la symbiose. Il s’adapte, il trouve une nouvelle façon d’exister, pour lui mais aussi pour la communauté et, j’en suis convaincu, nous devrons passer par là si nous voulons continuer à vivre ensemble. Nous existons au monde individuellement et nos individualités ne doivent pas servir à réduire le monde mais au contraire à l’enrichir.
C’est un roman extrêmement riche dont nous pourrions parler des heures, c’est aussi un roman social car on y parle, comme vous le dites, des mines et de la scierie qui ferment et donc des ouvriers qui se retrouvent sur le carreau mais pendant ma lecture quelque chose me taraudait, je me suis demandé à plusieurs reprises en quoi c’était un roman « jeunesse », vous êtes-vous aussi posé la question ?
Non, je ne me suis pas posé la question.
Quand j’écris un texte destiné à devenir un album, je pense toujours au lecteur, à l’enfant qui va le découvrir seul ou qui l’écoutera, à l’adulte qui va le lire à haute voix. Je joue sur la langue, les niveaux de lecture, le symbolisme…
Quand j’écris un roman, j’écris. Le lecteur qui s’emparera de ce texte est lointain, indéterminé. Il n’a pas d’âge, pas de sexe.
D’ailleurs, c’est quoi un roman « jeunesse » ?
Un roman initiatique ? Un roman d’aventures ? Un roman avec une happy end ? Un roman qui simplifie ? Un roman qui parle des jeunes d’aujourd’hui ? Un roman qui parle la langue des jeunes d’aujourd’hui ?
Honnêtement, je n’en sais rien.
En tant que lecteur, je suis venu à la littérature par des textes publiés en littérature générale. Il n’existait pas de collection « ado ». Aujourd’hui, je lis avant tout pour me nourrir, et peu m’importe l’étiquette ado ou adulte des romans.
Bon, bien entendu, on peut construire un « pur » roman jeunesse. Il y a des recettes, des modes, des codes. On peut les appliquer comme on applique une règle de trois (même si je doute du résultat car je n’ai jamais été très doué en maths). Et avec une bonne dose de marketing, on peut espérer écouler quelques dizaines de milliers d’exemplaires.
Mais ce n’est plus de la littérature parce qu’il n’y a plus de sincérité.
Quand j’écris un roman, j’écris. En faisant confiance à l’intelligence et la sensibilité du lecteur, qu’il ait vingt ou soixante ans. Point.
Je pourrais m’arrêter là. Mais ce ne serait pas tout à fait franc.
Parce que oui, je me suis posé la question : « est-ce que ce texte a sa place dans une collection jeunesse ? »
Mais cette question est venue a posteriori.
Nous nous la sommes posée avec mon éditrice Sylvie Gracia. Nous avons consulté des libraires. Et un choix a été fait.
Je ne sais pas si c’était le bon, je ne sais pas si c’était le meilleur.
Le Cœur des louves a été soutenu par la presse à sa sortie, Jean-Claude Mourlevat l’a défendu pour les Pépites à Montreuil, le roman est sélectionné pour le Prix Farniente en Belgique dans la catégorie jeunes adultes mais c’est une réalité : il existe difficilement dans les prix littérature ado (et on sait tous que les prix sont pour beaucoup dans la vie d’un livre). On l’écarte parce que trop dur, trop cru, trop complexe.
À tel point qu’on m’a dit que c’était un faux roman pour adolescents. Que le Rouergue s’était trompé dans son choix.
Et de l’autre côté, celui de la littérature générale, l’étiquette « ado » suffit à rebuter la plupart des lecteurs. Le Salon du livre de Bron et les Cafés littéraires de Montélimar ont été les seuls à mettre le roman en avant… en passant un peu sous silence le nom de la collection DoAdo….
Depuis la parution du Cœur des louves, de nombreux libraires et des bibliothécaires m’ont dit leur trouble : sur quel rayonnage placer cet objet ?
La vérité c’est que je n’en sais rien.
Je fais ce que je peux : j’écris.
Que lisiez-vous quand vous étiez enfant et adolescent ?
J’ai grandi avec très peu de livres autour de moi.
À l’heure de la sieste, une de mes grands-mères me lisait régulièrement un vieux recueil des contes de Grimm et de Perrault.
Plus tard, une cousine me fait découvrir la bibliothèque verte, et notamment Anthony Buckeridge avec la série Bennet.
Comme je passe beaucoup de temps seul, sans copains autour de moi, la bibliothèque municipale devient mon coffre aux trésors. J’adore Roald Dahl et Pierre Gripari que je dévore. Et tout l’univers de la BD, Tintin et Astérix, forcément, puis ensuite Fred et Bilal (quelle chance, les BD « adultes » ont atterri dans les bacs « jeunesse » !).
Au collège, notre prof de français nous ouvre les portes du CDI une fois par semaine. Elle nous demande de choisir un livre. Au hasard des rayonnages, je rencontre Julio Cortazar avec Les armes secrètes. Et je crois que c’est à ce moment-là que je réalise la magie de la littérature.
Dès que j’ai un peu d’argent, je cours à la librairie. Acheter un livre, le posséder, pouvoir corner les pages, lire et relire, le garder près de soi, rien ne me fait plus plaisir, comme s’il y avait un vide à combler. Alors je pioche au hasard des étagères et des présentoirs. Je n’ai aucune référence, aucune culture. Je me fie à mon instinct. La nausée de Sartre marquera mon entrée dans l’adolescence. Kafka, Lautréamont, Baudelaire, Lovecraft m’accompagneront tout du long…
Pouvez-vous nous dire quelques mots de Chat par-ci, chat par-là, votre dernier roman ?
C’était un peu un défi d’écrire ce texte-là.
Je n’ai pas de souci pour faire le grand écart entre l’album et le roman ados/adultes.
Mais le territoire qui se trouve entre les deux est pour moi un mystère…
J’y ai tenté quelques incursions avec La cabane sur le toit chez Rue du Monde et Le loup sous le lit chez Oskar, dans la collection dirigée par Thierry Lenain.
Pour autant, ce n’est vraiment pas une écriture que je porte en moi.
J’ai découvert la collection Boomerang du Rouergue avec le roman Mon frère est un cheval d’Alex Cousseau. J’adore l’écriture d’Alex et j’ai été ébloui par la façon qu’il avait eu de s’emparer des contraintes de la collection (deux récits tête-bêche qui se complètent et se répondent) pour démultiplier la force de son univers.
J’ai mis un certain temps à oser me lancer. J’avais pourtant les éléments de l’histoire en tête : Une vieille dame acariâtre. Un jeune garçon timide. Deux solitudes. Un chat indépendant qui relie tout ce petit monde. De l’humour. Des quiproquos. De la poésie. Mais je n’arrivais pas à commencer… Et puis, suite à une discussion avec Alex, j’ai compris que ces contraintes pouvaient devenir un terrain de jeu et l’histoire s’est déroulée sans difficulté. Je crois que c’était la première fois que je rigolais autant en écrivant !
Pour finir, pouvez-vous nous parler de vos projets ?
C’est toujours un peu délicat de parler des livres qui n’existent pas encore tout à fait (c’est mon côté superstitieux, certainement).
Ce que je peux dire, c’est qu’au second semestre 2015, paraîtra chez Didier jeunesse un album intitulé Cinq minutes et des sablés. Il sera illustré par Irène Bonacina. C’est une histoire qui raconte la vieillesse, la solitude et comment la vie peut retrouver sa saveur avec quelques gâteaux… (très proche du propos de Chat par-ci/chat par-là, finalement)
En 2015, j’entame également une toute nouvelle collaboration avec les éditions Thierry Magnier. J’ai écrit un texte pour une illustratrice dont j’aime, forcément, l’univers et l’album devrait sortir en fin d’année. Mais ça reste encore top-secret.
Nous réfléchissons aussi avec Ilya Green à une nouvelle création commune. Ilya a un travail de plasticienne très singulier qui m’intéresse beaucoup et qui pour l’instant est resté dans l’ombre. Ce n’est que le tout début d’une réflexion, on ne sait pas si ça aboutira, mais l’envie est là.
Enfin, du côté des romans, je travaille depuis plusieurs mois sur un texte que j’inscris dans la continuité du Cœur des louves de par les motifs évoqués. Avec une forme sensiblement différente puisque j’ai voulu un récit moins dense, plus linéaire, presque onirique, à hauteur d’enfance. On ne sait jamais, il se pourrait qu’il voie le jour à l’automne prochain…
Bibliographie sélective :
- Chat par-ci/chat par-là, roman, Le Rouergue (2014).
- Cheval océan, roman, Actes Sud Junior (2013).
- Le gros goûter, album illustré par Cécile Bonbon, Didier Jeunesse (2014), que nous avons chroniqué ici.
- Nos beaux doudous, album illustré par Ilya Green, Didier Jeunesse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Le cœur des louves, roman, Le Rouergue (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Boucle d’Ours, album illustré par Laëtitia Le Saux, Didier Jeunesse (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Le loup sous le lit, roman illustré par Benoît Morel, Oskar (2012)
- Le crafougna, album illustré par Anne Montel, Didier Jeunesse (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Le masque, album illustré par Ilya Green, Didier Jeunesse (2011), que nous avons chroniqué ici.
- La culotte du loup, album illustré par Laëtitia Le Saux, Didier Jeunesse (2011).
- Ti Poucet, album illustré par Ilya Green, Rue du monde (2009)
- Le machin, album illustré par Cécile Bonbon, Didier Jeunesse (2007), que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez Stéphane Servant sur son blog : http://stephaneservant.over-blog.com.
Concours
Comme je vous le disais avant cette interview, l’un de vous va avoir la chance de gagner un exemplaire du magnifique roman de Stéphane Servant Le cœur des louves, grâce aux éditions du Rouergue. Pour participer, dites-moi, en commentaire quel est le dernier roman qui vous a particulièrement marqué, un roman qui vous a beaucoup plu. Je tirerai au sort parmi vos réponses, vous avez jusqu’à mardi, 20 h ! Bonne chance à tous.
Dans la classe de… Fanny
Régulièrement, un-e instituteur-trice nous parle de livres de sa classe. Ouvrages qu’il-elle aime lire aux élèves, ouvrages que ses élèves aiment particulièrement, livres du moment ou éternels… Les maître-sse-s connaissent bien la littérature jeunesse, nous leur donnons la parole (et si vous voulez être un des prochains invités envoyez-nous un mail à danslaclassede@lamareauxmots.com). Cette semaine, c’est Fanny qui nous parle des livres de sa classe. Fanny est maîtresse de CM1-CM2 dans le Finistère.
Dans une classe comme dans la vie, tout le monde n’a pas les mêmes goûts, et heureusement. Les livres que je vais vous présenter ici ont toutefois remporté un certain succès dans ma classe de CM1-CM2, dans des genres bien différents.
« Histoires comme ça » de Rudyard Kipling.
Dans le genre contes des origines (on dit « étiologiques »), Kipling est remarquable : il conte pour sa fille des histoires farfelues — mais auxquelles on croirait volontiers — qui expliquent pourquoi le léopard a des tâches, comment le chameau acquit sa bosse (la faute à un Djinn qui n’aimait pas les fainéants), ou encore comment la première lettre fut inventée au Néolithique (!)
Pour les enfants, l’aspect farfelu des ces explications est très drôle, et certains font même semblant d’y croire…
Pour l’enseignant, le vocabulaire et la structure sont riches, et bien sûr on ne pourra s’empêcher de faire écrire aux enfants un nouveau conte des origines !
« Léon » de Léon Walter Tillage.
C’est l’autobiographie d’un Noir américain né en 1936, qui nous raconte avec beaucoup d’émotion et de pudeur son enfance et son adolescence, marquées par les discriminations que subissaient les Noirs dans le sud des États-Unis, quelques dizaines d’années après la fin de la guerre de Sécession.
Les élèves s’identifient facilement à Léon enfant, et sont à la fois captivés et révoltés par ce qu’il vit.
Ils découvrent aussi l’Histoire dans l’histoire, avec Martin Luther King et ses marches pacifistes, et touchent du doigt le long combat pour les droits de l’Homme que l’on a dû mener, et que l’on doit encore mener aujourd’hui. À 10 ans, ils ont la lutte contre les injustices chevillée au corps !
« Léon » est un bon point de départ pour qui voudrait aborder les droits de l’enfant ou de l’homme, le racisme ou les discriminations en général.
Il permet aussi l’étude du genre autobiographique.
Une version sur CD existe également.
« Un tueur à ma porte » d’Irina Drozd.
C’est l’histoire de Daniel, un jeune garçon de 12 ans qui souffre de cécité provisoire. Il va être le témoin auditif d’une agression en bas de chez lui, et bien que Daniel n’ait pu voir le tueur, celui-ci l’ignore, et va vouloir se débarrasser de ce témoin gênant…
Ce livre est un bon récit policier pour des CM1-CM2, les enfants ont fait tout au long de la lecture de nombreuses hypothèses sur la suite, ils étaient impatients de la découvrir ! L’histoire est enrichie d’une histoire d’amitié un peu compliquée, comme celle que peuvent connaître des enfants de cet âge (« il m’a piqué mon amoureux… »)
La lecture est assez facile au niveau du vocabulaire et de la syntaxe, mais le rapport entre les personnages demande à être explicité.
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
“j’écris par gratitude” merci Monsieur Servant, vos textes sont superbes et donnent envie que mon fils grandisse afin qu’il les découvre!
Bonjour,
J’adorerais recevoir le Coeur des louves, je ne l’ai pas encore lu et j’apprécie beaucoup l’auteur (Boucle d’ours, le Gros goûter, etc.)
Le dernier roman qui m’a particulièrement touché était Juste avant le bonheur d’Agnès Ledig (j’ai mouillé tout un coussin !), çà c’est pour les romans adultes. Pour les romans ados, c’était “nos étoiles contraires”.
Bonne journée et merci pour cette interview très intéressante.
Geneviève
Interview passionnant !
J’avoue ne connaitre que les albums de cet auteur. Il me faut découvrir ses romans. Je vais donc participer (on ne sait jamais!) …le dernier roman qui m’a vraiment marquée reste “Les cerfs volants de Kaboul” de Khaled Hosseini. roman adulte donc. Et sinon un roman jeunesse qui m’a beaucoup plu “Tour B2 mon amour” de Pierre Bottero.
Merci merci pour cette superbe interview et la non-définition donc non-catégorisation de la littérature jeunesse/ado!
Je tente volontiers ma chance pour le concours car la présentation du Cœur des Louves me donne vraiment envie de le découvrir!
Mon dernier méga coup de cœur roman adulte est “Pensez à nous dans vos fêtes de cœur. Roman d’un poilu corse” de Marie Guerrini. Toute la guerre est ici retracée par la plume de la petite-fille de ce soldat qui nous dévoile un pan méconnu de l’histoire de la Grande Guerre, l’engagement des Corses et certains autres aspects et surtout: comment rester un homme pendant et après?
http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/09/1914-1918-pensez-a-nous-dans-vos-fetes-du-coeur-roman-d-un-poilu-corse-marie-guerrini.html
et en roman ado: le carnet de Théo, tome 1. Dans ma bulle. d’Eléonore Cannone. Une lecture attractive, positive et subtile. Un roman dans un univers manga.
http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/10/le-carnet-de-theo-tome-1-dans-ma-bulle-eleonore-cannone-et-sinath-des-12-ans.html
Encore merci et bonne chance à tous!
Blandine.
Très très bel article, merci!
Je serais très heureuse de découvrir cet univers plus en détails.
Je participe donc.
Le dernier roman qui m’a particulièrement marquée est “Chronique d’hiver” de Paul Auster.
Malheuresement mes lectures sont plus pratiques genre il n’y a pas de parents parfait ou qui veut jouer avec moi.. alors mon denrier romain remonte à la vérité sur l’affaire Harry Quebert..
merci de l’organisation du onccours, c’est tjs sympa !
Aloha ! Je me met en lice pour ce joli concours !
Moi j’ai beaucoup aimé “Muchachas” de Katherine Pancol (entres autres car je bouquine énormément !! )
Merciiiii 😉
chouca@live.fr
Bonjour,
Merci pour le concours …
Mon dernier coup de coeur est allé à …. (roulement de tambour) ….
Le ravissement des innocents de Taiye Selasi (rentrée littéraire 2014 chez Gallimard)
J’avais adoré “Le machin” et m’étais précipité sur “Le gros gouter” mais malheureusement je n’y avais pas trouvé la même fraîcheur. Mais au regard de cette belle interview je suis curieuse de découvrir les autres écrits de Stéphane Servant et donc, zouh…. je joue !
Je dirai, le dernier roman qui m’ait vraiment marqué remonte à quelques années. J’étais alors enceinte, contrainte à un repos forcé. “Chinoises” de Xinran. Ces histoires de femmes chinoises m’ont bouleversées au plus profond. C’est fort, très fort et je ne m’en suis toujours pas remises….
Merci à Fanny pour ces choix de livres. Je note “Léon” pour ma grande de 9 ans. Elle m’a dit l’autre jour préférer les histoires vraies. Alors je pense qu’elle sera sensible à ce récit.
Bonjour !
Le dernier roman que j’ai lu est “dernier désir” d olivier bordacarre qui m’a beaucoup plu d’autant que cela faisait longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un roman faute de temps … Et celui ci je l’ai lu d’une traite. Merci pour cet article et ce concours. Bon mercredi !
Très intéressant cette interview de Stéphane Servant.
J’aime beaucoup cet aveu : “je fais ce que je peux, j’écris”
très touchant.
le dernier roman qui m’a touchée c’est Vers le bleu de Sabrina Bensalah (Sarbacane), une langue étonnante, sur le fil.
Et pour adultes (ceci dit tous les adultes peuvent se ruer sur le livre de Sabrina Bensalah, ils l’aimeront, : Annabel de Kathleen Winter. Magnifique roman, d’une poésie à la fois douce et puissante.
C’est gagné ! Bravo !
merciiiiii Gabriel !
Connaissant uniquement le monde des album de S.SERVANT ,j’aimerai découvrir ses romans et pourquoi pas le cœur des louves ???Le dernier livre qui m’a marqué ?? en fait il y en a 2 à l’opposé l’un de l’autre mais tellement forts :Le quatrième mur de S.CHALANDON et AVANT TOI de JOJO MOYES. merci pour votre site !MYLUCHINE
Merci, une fois de plus pour ce concours : mon dernier titre lu, c’était en jeunesse : le deuxième tome de La voix de la meute de Guaia Gasti, superbe métaphore sur l’adolescence. Un vrai de coup de cœur pour les 2 premiers tomes de cette trilogie.
Merci pour l’interview. Elle était longue, mais j’aurais continué sans problème à lire si elle avait duré plus longtemps encore car c’était très intéressant !
Un dernier coup de cœur ? Je vais enlever ‘dernier’ et garder seulement ‘coup de cœur’. Moi j’ai un faible pour La Religieuse de Diderot
Bonjour la mare aux mots !
Le dernier roman qui m’a touchée, c’est “Oh boy!” De Marie-Aude Murail, relu pour la troisième fois je crois! Une valeur sûre.
Le Maître des Paons de Jean-Pierre Milovanoff, une fois terminé je n’ai pas pu le quitter, alors je l’ai rouvert à la première page et je l’ai relu dans la foulée… Poésie, atmosphère fantasmatique, quête amoureuse… à découvrir ! à lire !
le roman que je viens de finir ” Esprit d’hiver” de Laura Kasischke !
J’aime ses livres, et l’univers inquiétant et familier qu’il s’en dégage.
Merci pour cet entretien, j’ai lu le coeur des louves et j’ai donné à Stéphane Servant via FB, mes impressions, ce roman continue de toucher, de questionner bien après la lecture…Guadalquivir aussi est un très bon roman.
Le passage du diable, Anne Fine à l’école des loisirs est le dernier roman jeunesse qui m’a plu. Son écriture et son intrigue sont bien menés.Le dernier roman adulte est “Les fleurs d’hiver” de Angélique Villeneuve , belle rencontre avec l’auteur, avec ses mots, son univers, le retour des gueules cassées, la redécouverte du couple avec la guerre comme frontière, l’intime devenu étranger, un roman à partager.
Muriel
Le dernier roman qui m’a le plus marquée est “Eux”, de Patrick Isabelle, un roman coup-de poing sur l’intimidation dans les écoles qui raconte, dà travers le regard de la victime, le calvaire d’un adolescent devenu le souffre-douleur de sa polyvalente, qui le pousse à commettre l’irréparable. C’est une lecture percutante et dérangeante, mais en même temps tellement nécessaire au vu de la réalité dans les écoles actuellement. Je le recommande absolument aux adolescents, aux parents et à tous les éducateurs.
Bonjour,
je lis beaucoup alors il m’est difficile de dire le livre qui m’a le plus marqué dernièrement, mais après avoir fouillé un peu ma mémoire je pense à “Alors voilà” de Baptiste Beaulieu. Un livre que je recommande chaudement !
Même quand il parle c’est beau, alors ? C’est possible ça ?
J’en frissonne !
Le dernier roman que j’ai adoré : La liste de mes envies. Une femme qui décide de ne pas encaisser les sous qu’elle vient de gagner au loto. Elle aurait trop à y perdre.
Ça donne trop envie d’aimer notre vie telle qu’elle est, de tout savourer.
Bonjour et merci pour ce nouveau concours, je n’ai lu que des éloges sur ce roman ! Personnellement j’ai été très marquée récemment par “esprit dhiver” et “les revenants” de Laura Kasischke, une auteur que j’admire beaucoup.
Bonne semaine !
Je serais très heureuse de découvrir ce roman de Stéphane Servier qui me parait très prometteur.
Un roman qui m’a marqué récemment lu est un roman coréen :”nos jours heureux” de Ji-young GONG…l’histoire d’une jeune femme en dés-errance qui est prise en charge par sa tante qui rend visite à des prisonniers. Celle-ci lui propose de rencontrer un condamné à mort. Une relation très particulière va se nouer entre eux…bouleversant et très fluide (ce qui n’est pas toujours le cas dans la littérature asiatique)…peut être lu par de grands ados sans problème. Merci pour cette belle opportunité et bonne semaine à tous
Bonjour,
Est-ce un roman ?
Pour les petits mais pour les grands aussi certainement !
Chien Pourri de Colas Gutman avec des illustrations de Marc Boutavant .
Merci pour ce bel échange
Bonjour,
Merci beaucoup pour ce concours et pour cet interview.
Mon dernier coup de coeur était ” Sexy No” de Rose Darcy, mais ce n’est pas un roman, c’est une nouvelle. Sinon, en roman, c’était ”Elle s’appelait Sarah”. C’est magnifique, poignant! Une histoire sur la guerre.
Bonne soirée 🙂
Bonsoir,
Et merci pour ce concours ! J’aimerais beaucoup lire “le cœur des louves”, je participe avec plaisir. Le dernier roman que j’ai lu est très court, mais vraiment éprouvant, je l’ai dévoré d’un coup. C’est “le garçon qui volait des avions” d’Elise Fontenaille, dont un invité avait parlé par ici.
Bonne chance à tous,
Octa Vie.
Hello La Mare aux Mots!
Et bien le dernier roman qui m’a vraiment marquée n’est pas le cœur des Louves, et je pense bien que ce sera le prochain, mais le cœur cousu de Carole Martinez
A bientôt!
Beau mercredi …
Un roman lu il y a quelques mois et qui m’a beaucoup touchée c’est Basha Poch, de Charlotte Erlih.
bravo à Séverine Vidal !
Quelle belle interview ! Les mots de Stéphane Servant se dévorent toujours… Et ça me donne envie de relire ce magnifique roman…
Mon dernier coup de coeur : Le livre de Perle, qui lui succède pour la pépite !