Cette semaine j’ai la joie de vous proposer une interview de Catherine Leblanc, auteur dont nous avons souvent parlé ici. Grâce à P’tit Glénat je vais faire un chanceux parmi vous en faisant gagner un de ses livres que j’ai le plus aimé, Les petites personnes. Ensuite une éditrice dont j’aime beaucoup la maison, Paola Grieco directrice éditoriale chez Gulf Stream nous livre son coup de cœur et son coup de gueule. Bon mercredi à vous !
L’interview du mercredi : Catherine Leblanc
Quel a été votre parcours ?
Enfant, la lecture était presque ma seule façon de m’évader ou de découvrir, une vraie passion. Elle provoquait des retrouvailles avec des sensations, des sentiments ou créait au contraire le choc d’une différence. Logiquement, j’ai commencé à écrire très tôt mais sans jamais penser pouvoir publier. Je me suis concentrée ensuite sur mon travail de psychologue auprès d’enfants en difficultés pour trouver leur place, leur propre parole.
Mon premier roman, Le problème avec les maths a été inspiré par ce travail et publié au Rouergue. J’ai continué à écrire des romans ou des nouvelles pour adultes. Avec mes trois enfants, j’ai commencé à m’intéresser à l’univers jeunesse, un grand espace de liberté et d’invention. Le prix de poésie jeunesse en 1999 a été un déclencheur. J’ai découvert le plaisir de voir mon texte illustré (Des étoiles sur les genoux, illustré par Florence Gilard au Dé Bleu) et cela m’a donné envie de rencontrer l’univers des illustrateurs.
Quels sont les livres qui ont marqué votre enfance et votre adolescence ?
En CP, la maîtresse faisait la lecture à voix haute de Sans famille ça me faisait peur mais ça me captivait. Les premiers enfants à savoir lire devaient prendre le relais pour la lecture quotidienne. Je me suis dépêchée d’apprendre ! Ensuite, il y avait peu de livres jeunesse à l’époque. Je me souviens du Lion de Kessel et de Mon bel oranger de Jose Mauro de Vasconcelos où je découvrais l’histoire poignante d’un enfant complètement différente de la mienne, la lecture me faisait découvrir le monde. Vers 12 ans, au delà de l’histoire, le pouvoir de l’écriture elle-même à été une révélation. Giono, Colette…. La langue elle-même nous porte et crée des ouvertures. J’ai lu ensuite des poètes et tout ce que je trouvais !
Parmi les auteurs jeunesse, je trouve que vous êtes l’une de celles qui a une des bibliographies les plus hétéroclites, peu de points communs entre Lulu et Moussu, Si j’étais président ou Le goût d’être un loup par exemple. C’est une qualité, car vous êtes souvent là où on ne vous attend pas. En avez-vous conscience ?
Oui. J’aime les formes brèves, dire l’essentiel avec peu de mots.
Comme c’est bref justement, cela oblige à se renouveler souvent !
L’écriture d’album est venue dans un second temps et a donné une légèreté nouvelle à mes textes. Mon écriture pour les grands est plus grave, par exemple Rester vivante est une traversée de l’angoisse, Rock de Lou parle de maladie, Ce crime de meurtre accidentel.
Les albums peuvent faire rêver, comme Ah si j’étais président ! ou mettre en forme des questions comme Est ce que tu m’aimeras encore ? chez Mineditions, illustré par Eve Tharlet.
La série des ratatiner avec Roland Garrigue, chez P’tit Glénat montre à la fois la peur des méchants, et propose immédiatement une action, un décalage, une marge de manoeuvre possible, par l’imaginaire ou par l’humour.
Lulu et Moussu, c’est une épure, tant par le texte que par les dessins de Cécile Vangout, pour partager la tendresse et l’amitié. Amélie Léveillé à L’élan vert, m’a permis d’écrire pour les plus petits avec Laurent Richard et Anne Crahay. Là encore, c’est un défi de concision et de simplicité.
J’aime beaucoup aussi le travail sur la langue dans des textes un peu plus longs, comme dans Ma couleur chez Balivernes, l’histoire d’un petit garçon métis qui ne sait plus de quelle couleur il est. S’autoriser à exister, à prendre la parole est un thème qui revient sous des formes différentes.
Parlez-moi justement de Le goût d’être un loup, ce livre m’a beaucoup touché. Comment vous est venue l’idée de parler du fait de s’accepter par le biais d’un loup ?
C’est venu d’un coup de fatigue, comme il en arrive souvent. Comment retrouver l’énergie, repartir de l’avant ?
C’est l’idée qu’on n’est pas seul à éprouver ces moments… et qu’on réinvente notre propre chemin, unique et singulier.
Que pensez-vous de la production littéraire actuelle pour les enfants? Avez-vous des illustrateurs ou des auteurs que vous aimez particulièrement ?
La production est riche, variée, vivante. J’aime de nombreux illustrateurs qui me touchent pour des raisons différentes, Olivier Tallec, Serge Bloch, Claude K Dubois, Ronan Badel, Olivier Thiébaud, Anne Crausaz, Gilles Bachelet, Pittau et Gervais, les illustrateurs avec qui j’ai travaillé et que j’ai déjà cités, ceux avec qui j’ai un album en préparation, comme Manon Gauthier et Fred Sochard, et bien d’autres… Mon dernier coup de cœur a été pour les deux albums de Chris Haughton. Ils sont parfaits ! Simples, profonds, touchants. Oh non, George ! audacieux dans ses couleurs, expressif, dynamique et drôle.
Pour les plus grands, Roald Dahl, que j’ai découvert avec mes enfants, reste toujours indémodable. Et pour les plus grands encore, j’aime les romans de Jean-Claude Mourlevat, de Marie Depleschin, d’Anne Percin, de Vincent Cuvellier… Je lis avec délectation les Histoires pressées de Bernard Friot, percutantes et incisives.
Quels sont vos projets ?
Certains projets sont déjà bouclés et vont paraître, des albums dans de nouvelles maisons, Gautier-Languereau, le Seuil, Hélium, Philomèle… un recueil de nouvelles L’ennemi, un gros dico, très drôle, avec Roland Garrigue. D’autres sont en cours d’écriture, des textes d’album surtout. J’aimerais aussi faire exister des projets qui font lien entre mon travail d’écriture et d’écoute des enfants, comme Savoir élever ses parents ou le beau travail photographique d’Angelle sur la Classe de Madame Lampion que j’ai mise en ligne sur mon blog . D’autres projets sont en attente et j’ai de nouveaux textes à écrire, à chercher mot à mot, dont j’ignore encore tout.
Bibliographie sélective
- Les petites personnes, album illustré par Gwendal Le Bec, P’tit Glénat (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Le goût d’être un loup, illustré par l’auteur, Motus (2012)
- Comment ratatiner les méchants ?, livre animé illustré par Roland Garrigue, P’tit Glénat (2012)
- Au revoir, bonjour, album illustré par Laurent Richard, L’élan vert (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Petits curieux et grands timides, album illustré par Anne Crahay, L’élan vert (2012)
- Comment ratatiner les dragons ?, album illustré par Roland Garrigue, P’tit Glénat (2012)
- Est-ce que tu m’aimeras encore ?, album illustré par Eve Tharlet, Mineditions. (2012).
- Comment ratatiner les araignées ?, album illustré par Roland Garrigue, P’tit Glénat (2012)
- Lulu et Moussu, album illustré par Cécile Vangout, L’élan vert (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Câlinou, câlinette, album illustré par Laurent Richard, L’élan vert (2012)
- Ah ! Si j’étais président !, album illustré par Roland Garrigue, P’tit Glénat (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Rock de Lou, roman jeunesse, Petit à petit (2007)
- Un enfant parfait, roman jeunesse, Oskar (2007)
A paraître :
- L’ennemi, nouvelles, Planète rêvée (2013)
Retrouvez Catherine Leblanc sur son blog : http://catherineleblanc.blogspot.fr/
Comme je vous le disais avant l’interview, grâce aux éditions P’tit Glénat, j’ai la chance de faire gagner un exemplaire du grand album très poétique Les petites personnes à l’un d’entre vous. Pour tenter de le gagner, dites moi, en commentaire à cet article quel est le monstre que vous aimeriez ratatiner (sorcière, vampire, loup-garou, un des enfants de votre cousine Valérie…). Comme d’habitude vous avez jusqu’à lundi 20h. Bonne chance à tous !
Le coup de cœur et le coup de gueule de… Paola Grieco
Une fois par mois un acteur de l’édition jeunesse (auteur, illustrateur, éditeur,…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché, ému ou qui lui a tout simplement plu et sur laquelle il veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé. Cette semaine c’est Paola Grieco qui nous livre son coup de cœur et son coup de gueule.
De l’Humex à l’Urbex
Ce week-end, à la faveur d’un rhume qui me cloîtrait chez moi à l’abri des rigueurs de l’hiver – ou plutôt de l’humidité nantaise – mais aussi d’une importante crise de sérendipité sur la Toile, j’ai eu le bonheur de découvrir à la fois un néologisme et une activité que l’on pourrait qualifier de crypto-archéologie urbaine. De rebonds en rebonds (je félicite au passage Rue89 pour nombre d’articles éveillant la curiosité du lecteur, dont celui qui fut le point de départ de ma longue balade sur le web et dans le temps), je lève peu à peu le voile sur l’ « Urbex » et le site www.urbex.me, magistral.
L’Urbex ? D’aucuns sauront certainement de quoi il retourne, puisqu’il s’agit somme toute de cette pratique assez répandue qu’est la promenade d’initiés dans des « friches », pratique dont on a tous rêvé enfants en lisant le Club des Cinq. Mais la pratique du groupe d’initiés qui alimentent le site www.urbex.me avec des photographies illustrant le récit de leurs recherches, de leurs explorations et de leurs réflexions, relève de l’art et de la poésie purs.
Chacune des visites propose un instantané visuel et narratif du lieu tombé en désuétude, instantané qui fige un présent à l’état de ruines faisant écran à un passé que l’on sent palpiter non loin derrière. Chacune des visites obéit à un code d’honneur de l’urbexeur (tiens, moi aussi je m’autorise un néologisme) : ne forcer aucun passage, ne rien prendre, ne rien abîmer, ne laisser aucune trace. Les lieux, tous plus incroyables les uns que les autres, sont en effet tenus secrets, seules de superbes photographies à la beauté fantomatique font l’aumône de menus indices aux explorateurs les plus déterminés qui n’auront de cesse de dénicher ces friches en recoupant toutes les informations possibles.
Une balade hors du temps que je ne saurais que trop conseiller, un véritable coup de cœur en ce mois de novembre qui marque le début de la trêve hivernale pour les locataires les plus démunis.
Cette même trêve hivernale qui doit aussi nous rappeler que nous ne sommes pas tous égaux face au droit au logement. Il est inadmissible qu’aujourd’hui encore, d’immenses bâtiments, à l’instar de ceux qui sont présentés sur le site www.urbex.me, mais aussi des immeubles ou des hôtels particuliers de zones urbaines, demeurent honteusement vides. Un coup de gueule comme un écho au sacerdoce du collectif Jeudi noir et à l’installation réalisée par Agnès Varda à l’occasion de la manifestation « Voyage à Nantes » durant l’été 2012, Des Chambres en ville.
Dans la même veine :
Magnifique ouvrage intitulé Ruins of Detroit, signé Yves Marchand, paru en décembre 2010
Site web : http://www.marchandmeffre.com/detroit/index.html
Des Chambres en ville, Agnès Varda : http://www.nantes.fr/culture/actualites-culturelles/levoyageanantes/des_chambres_en_ville
Paola Grieco est directrice éditoriale chez Gulf Stream Éditeur qui viennent de sortir :
- Trahisons (tome 5 Passage des lumières) de Catherine Cuenca
- Bons baisers ratés de Paris de Davide Cali, illustré par Anne Rouquette
- Le roi qui demandait la lune d’Éric Battut
- Le sauvetage en mer d’Odile Clerc, illustré par Emmanuel Cerisier
- Le cinéma s’affiche d’Alexandra Strauss, illustré par Aseyn
- Nucléaire pour quoi faire ? de Jean-Baptiste de Panafieu, illustré par Julien Revenu
- Alain, le lapin magicien de Carole Trébor, illustré par Arianna Tamburini, que nous avons chroniqué ici.
- Marguerite, la vache jongleusede Carole Trébor, illustré par Arianna Tamburini, que nous avons chroniqué ici.
- Révélations (tome 4 Passage des Lumières) de Catherine Cuenca, que nous avons chroniqué ici.
- La Lignée (tome 1 Nina Volkovitch) de Carole Trébor, que nous avons chroniqué ici.
Retrouvez tous leurs livres sur leur site : http://www.gulfstream.fr/
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
bonjour
le monstre que j’ai envie de casser en deux c’est O’HARE dans le lorax !! le gros méchant qui coupe les arbres pour se faire du frique !!
merci pour ces interviews et ces nouvelles découvertes !!
bonne chance à tous
ratatinons tous les croques mitaines qui se cachent dans les placards des chambres, sous les lits et sous les tapis !!! :-)) Elles sont chouettes ces invitées du mercredi !!! Merci la mare aux mots !!
fort fort interessant comme toujours….
Moi je pèterais volontiers la gueule du petit Procrastina qui très souvent me regarde quand je ne m’y attends pas avec sa petite gueule auto-satisfaite. Des envies de meurtres je vous dis…
Merci, je découvre des gens et apprends plein de choses…
Bonjour,
Moi j’aurais bien envie de ratatiné les sorcières surtout en ce moment, j’en vois trop souvent et j’aime pas le noir 😉
Merci pour ces chroniques
Au plaisir
Toujours aussi intéressant. Au départ je me suis dit “chouette je ne connais pas” et en fait si, j’ai lu “le problème avec les maths” ! Bref, le monstre que j’aimerais bien ratatiner…intéressant…je ratatinerai avec grand plaisir ma chef de service 😉 Sous ses dehors de petite blonde fragile elle est capable de trucs vraiment maléfiques…
Bonjour
Moi, je rêve souvent (trop souvent !!!!) d’aplatir B., un de mes élèves qui fait le clown à longueur de journée mais je me dis que l’on aura toujours besoin d’humoristes pour nous faire rire dans ce monde de brutes, même dans 20 ans, non ????????????!!!!!!!!!!!! Finalement, il a de l’avenir ce môme !!!!!!
LE monstre qui m’a toujours horrorifiée, c’est le ….. Non, je ne le décrirais pas, on est sur un blog jeunesse, dis-donc !
(sinon, il y a aussi ma belle-mère ;-D)
Le tome 5 des aventures de Zélie doit normalement sortir ce mois-ci, qqu’un saurait-il me dire quand ?
Déjà sorti ?
Oui le 2 novembre !
Et c’est gagné !
Rooooooo ! Naaaaaan :-))))
C’est vrai, c’est vrai ?
Est-ce que Dora peut être considérée comme monstre ??? Moi je la ratatinerai bien !!!
Sinon, un énorme merci à Paola Grieco pour la découverte de ce site http://www.urbex.me et pour les terribles photos de Détroit… Quelle tristesse !!!
Bonjour,
Merci pour ce concours
Le monstre que j’aimerais ratatiner est mon voisin (il est flippant ),! bon non juste qu’il déménage hein ! je ne suis pas violente
Bonne journée 🙂
Si je suivais la voie des elfes je te dirais que je voudrais ratatiner un nain…ou bien Sauron 😀
Moi, je ratatine le monstre qui se cache sous le lit, il est terrorisant!
Merci pour le concours!
Je ratatinerai bien les deux monstres violets que j’ai sous les yeux en ce moment… ZzzzZZZzz
Je ratatinerais volontier les petshops. Je n’en peux plus…
Alors moi je voudrais ratatiner mes voisins qui claquent la porte d’entrée super fort et qui font des allers et retours en talons grrrrr! Je voudrais aussi ratatiner le gamin des autres voisins qui n’arrêtent pas de chouiner…Enfin, un dernier, pour tous ceux qui adorent klaxoner encore, encore et encore….en gros, un peu de silence pour zaza please^^
Bonjour et merci pour ce concours !
Moi je souhaiterais ratatiner la mort qui a pris mon petit frère alors qu’il était encore tout jeune et avait la vie devant lui :'(
Bonne journée
Bises
Emilie
Bonjour la Mare aux mots !
J’hésite…Mon “Moi” ou mon “Surmoi” ? …Au final c’est du pareil au même et puis il n’y a pas pire ennemi que soi-même, l’homme est un loup pour l”homme etc…Ah ben voilà le monstre à ratatiner c’est le Loup !
Bonne chance à tous 😉
Bravo à Klipette qui a gagné ! Merci à tous les participants.