Les invités du mercredi : Domitille de Pressensé et Estelle Billon-Spagnol (+ concours)

L’interview du mercredi : Domitille de Pressensé

Quelle joie aujourd’hui de diffuser une interview de Domitille de Pressensé ! Elle est l’auteure jeunesse qui a le plus marqué mon enfance (à tel point que ma sœur s’appelle Émilie du fait de mon amour pour son petit personnage). Elle est la première auteure jeunesse avec qui j’ai eu des échanges, bien avant la création de ce blog. C’est quelqu’un de très accessible et d’une gentillesse incroyable. Au dernier salon de Montreuil, j’ai retenu mes larmes lorsque je l’ai vu faire naitre Émilie devant moi, dédicaçant un livre pour ma fille. À partir de samedi vous pourrez voir Émilie s’animer sur France 5 c’est à 9h40 ne le ratez pas ! (et ça sera ensuite tous les samedis suivants). Vous pouvez voir en exclusivité les premiers épisodes sur le site de France 5. En fin d’interview je vous propose de gagner un album d’Émilie grâce aux éditions Casterman.

La mare aux mots : Quels sont les livres qui ont marqué votre enfance ?
Domitille de Pressensé : L’un de mes tout premiers albums a été celui de Michka édité chez le Père Castor. J’en adorais l’ambiance rendue par les dessins et l’histoire que je trouvais très mélancolique.
Ensuite Poucette, illustrée par G. Tenggren dans la collection des petits livres d’or. J’en aimais tout particulièrement les illustrations et l’une d’elles m’a vraiment marquée, celle de Poucette dans un paysage que je trouvais merveilleux ; j’ai rêvé dessus pendant des heures.
Quand j’y repense aujourd’hui, je suis encore toute imprégnée de leur atmosphère.

La mare aux mots : Qu’est-ce que qui vous a donné envie de faire des livres pour enfants ?
Domitille de Pressensé : Depuis que je suis toute petite, j’adore raconter des histoires et bien sûr dessiner. Aussi, dès que j’ai su écrire, je me suis mise a fabriquer mes propres livres avec de “vraies” couvertures en carton, grâce aux boites à chaussures que je récupérais. Cette passion ne m’a jamais quittée.
Plus tard je suis donc entrée aux Beaux Arts à Nantes, parce que je voulais illustrer mes propres textes.
J’avais envie dans un premier temps, d’écrire de courtes histoires humoristiques -teintées d’une légère mélancolie- sur l’enfance et que je destinais aux adultes.
J’ai donc commencé à chercher un personnage et est apparue une esquisse de petite fille, que j’ai retravaillée durant quelque temps.
Il s’est alors passé une chose de très étrange. Quand j’ai trouvé que cette petite fille commençait vraiment à prendre forme, il m’est aussitôt apparu -comme une évidence- que ce personnage était destiné aux enfants.
Une force en moi me poussait à écrire pour eux ! Et instantanément une histoire, la première histoire d’Émilie, s’est mise à couler de source.

La mare aux mots : Votre Émilie est un classique, elle avait disparue pendant longtemps, pourquoi ? Quelle est son histoire ?
Domitille de Pressensé : Les premiers albums Émilie sont d’abord sortis chez Rouge et Or en 1975, puis cette maison est passée aux Éditions Nathan qui, à l’époque, n’ont apparemment pas été assez intéressées pour continuer à s’occuper d’Émilie. J’ai donc repris, petit à petit, les droits de tous les titres de la série.

La mare aux mots : Elle a d’ailleurs beaucoup évolué “physiquement” avec le temps, est-ce un choix ou une évolution naturelle de votre dessin ?
Domitille de Pressensé : L’évolution s’est faite naturellement.
C’est vrai que lorsque j’observe la toute première Émilie parue en 1975 et la dernière de cette même série, je ne peux que constater combien elle s’est modifiée. C’est en partie la raison pour laquelle, j’ai essayé de faire une sorte de “synthèse” de ces différentes Émilie pour sa nouvelle sortie chez Casterman.
Et maintenant, j’ai beau vouloir la faire semblable, je trouve qu’elle continue d’évoluer …

La mare aux mots : J’ai cru voir qu’elle allait encore évoluer, avec le dessin animé qui arrive, puisqu’elle sera en 3D. Comment avez-vous travaillé sur ce dessin animé ? Que pouvez-vous nous en dire ?
Domitille de Pressensé : J’ai beaucoup participé à ce projet, car il était très important pour moi de garder “l’esprit” Émilie.
J’ai donc écrit la bible littéraire (c’est là où sont définis les caractères des personnages, l’ambiance générale et le style des histoires dans lesquelles Émilie et sa famille évoluent ensuite au cours des différents épisodes de 3 minutes chacun) et créé environ la moitié des scénarios sur les 52 épisodes existants.
Parallèlement, il fallait également concevoir la bible graphique (c’est-à-dire chaque personnage avec ses différentes expressions et attitudes caractéristiques, ainsi que son “turn” -le personnage est représenté debout d’abord de face, 3/4 face, profil, 3/4 dos et dos- et bien sûr tous les décors avec leurs éléments). Mon fils, Guillaume, qui met déjà en couleur mes albums et avec qui je conçois leur mise en page, y a grandement pris part, faisant le lien grâce à divers logiciels -que je ne maîtrise absolument pas. Ceci nous a permis de rester au plus proche des différents intervenants travaillant à ce projet.
En effet, partir du personnage sur papier pour arriver à un personnage 3D cela signifie beaucoup de travail et de recherche de part et d’autre. Et comme le graphisme des albums est simple et épuré, la première impression était que cela allait être facile, or cela n’a pas été du tout le cas, bien au contraire (notamment pour les cheveux de Sidonie et les piquants d’Arthur qui ont été très compliqués à résoudre).
Malgré certaines contraintes techniques 3D qui allaient inévitablement imposer quelques changements, je souhaitais rester au plus près des personnages du livre.
Cela a été un véritable travail d’équipe avec des échanges permanents entre les productrices artistiques dont l’une était également directrice d’écriture, la réalisatrice et les dessinateurs.
Nous avons été extrêmement attentifs à ce que cette Émilie 3D garde toute sa rondeur et sa douceur et puisse continuer d’évoluer dans un décor qui, même s’il est lui aussi un peu différent, traduise l’atmosphère de tendresse et de sérénité rencontrée dans les albums.
Aussi, j’espère de tout cœur que chacun éprouvera ce sentiment en suivant les histoires de cette petite Émilie animée…

La mare aux mots : Êtes-vous consciente que les premiers enfants qui ont lu Émilie sont désormais de jeunes parents qui la font connaître à leurs enfants ?
Domitille de Pressensé : Bien sûr, puisque c’est grâce à eux qu’Émilie est revenue.
En effet, pour moi “Émilie” appartenait au  passé. Aussi lorsque j’ai reçu de nombreux mails de jeunes femmes recherchant les albums d’Émilie, cela m’a vraiment touchée.

La mare aux mots : En êtes vous fière ?
Domitille de Pressensé : Non, j’en suis émue et heureuse. Jamais je n’aurais imaginé qu’Émilie ait marqué les anciens petits lecteurs au point de vouloir la faire découvrir maintenant à leurs propres enfants.

La mare aux mots : Vos enfants ont-ils lu et aimé vos livres ?
Domitille de Pressensé : Oui, mais je n’ai jamais voulu trop “m’appesantir” dessus. Je ne voulais pas leur “imposer” Émilie. Je leur inventais également d’autres histoires.

La mare aux mots : Quels autres livres avez-vous aimé leur lire ?
Domitille de Pressensé : Des livres de contes ou encore Les histoires de la famille souris de Kazuo Iwamura à L’école des loisirs, Le jardin de grand-père (pomme d’api).  John, Rose et le chat aux deux coq d’or.

La mare aux mots : Avez-vous de nouveaux projets en cours ?
Domitille de Pressensé : Outre Émilie et Loup-Rouge -l’histoire d’un petit loup tout rouge qui a un pouvoir magique, celui de se transformer en petit garçon-aux Éditions Pocket Jeunesse, j’ai toujours plusieurs idées de personnages ou d’histoires  dans un coin de la tête mais que je n’ai pas menées à bien faute de temps ou encore que j’ai commencé à réaliser sur papier, mais que je dois retravailler  parce que je n’en suis pas pleinement satisfaite.

Merci infiniment à Domitille de Pressensé d’avoir répondu à mes questions.
Retrouvez la page d’Émilie sur le site de Casterman, le site d’émilie et toutes nos chroniques.
Comme je vous le disais avant l’interview, grâce aux éditions Casterman, j’ai la joie de faire gagner à l’un de vous un exemplaire d’Émilie et les poussins (le dernier Émilie sorti). Pour ça dites moi en commentaire quel est le héros qui a marqué votre enfance. Je tirerai au sort parmi les réponses. Vous avez jusqu’à lundi 20h ! (concours ouvert aux personnes résidant en France métropolitaine et en Belgique).

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En vacances avec… Estelle Billon Spagnol

Tous les 15 jours je pars en vacances avec un artiste (je sais vous m’enviez). Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi j’adore partir comme ça avec quelqu’un, on apprend à le connaître notamment par rapport à ses goûts… cet artiste va donc profiter de ce voyage pour me faire découvrir des choses. On emporte ce qu’il veut me faire découvrir. On ne se charge pas trop… 5 de chaque ! 5 albums jeunesse, 5 romans, 5 DVD, 5 CD, sur la route on parlera aussi de 5 artistes qu’il veut me présenter et c’est lui qui choisit où on va… 5 destinations de son choix. Cette semaine c’est Estelle Billon-Spagnol qui s’y colle, merci à elle !
Allez en route !

Pas simple… Mais je ne peux résister au plaisir de faire des listes !

5 albums jeunesse :

• Rose bonbon d’Adela Turin et Nella Bosnia
• N’importe quel Tom-Tom et Nana
• Mitsu, un jour parfait de Mélanie Rutten
• Otto de Tomi Ungerer
• Ma vallée de Claude Ponti

5 romans :

• Les folles idées d’Anastasia de Loïs Lowry
• Nana d’Émile Zola.
• Les chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin.
• un polar (en ce moment un bouquin de R.J Ellory)
• des BD, comme la série des Paul de Michel Rabagliati.

5 DVD :

• L’inspecteur Harry de Don Siegel
• Pale rider de Clint Eastwood
• Scarface de Brian de Palma
• Autant en emporte le vent de Victor Fleming
• La folie des grandeurs de Gérard Oury

5 CD :

• Space Oddity de David Bowie
• Boire de Miossec
• Pablo Honey de Radiohead
• Paris Ziguinchor de Touré Kunda
• Surfer Rosa des Pixies

5 artistes :

• Henri Cachau, peintre et sculpteur de GRAND talent
• Radiosofa, un groupe rock rouennais qui dépote (à voir sur scène)
• Eleonore Zuber qui fait notamment des coussins patates à tomber, et dont l’intégrale des Lorsque… va bientôt sortir (série de petits bouquins absolument jubilatoire)
• Gwenaelle Doumont qui a le trait parfait.
• Le chef cuisinier de mon bistro-resto fétiche

5 endroits :

• Mon bistro-resto fétiche.
• Les Blue Mountains, pas très loin de Sydney : une immense forêt d’eucalyptus où j’ai eu la chance de voir un oiseau fascinant : le kookaburra.
• La Gaspésie, au Québec, en hiver.
• Istanbul, n’importe quand.
• N’importe quel endroit où on peut manger des huîtres face à la mer…

Estelle Billon-Spagnol est auteure et illustratrice

Sa bibliographie :
La catcheuse et le danseur aux éditions Talents Hauts
À table ! aux éditions Philomèle (texte de Géraldine Collet)
Jacotte aux éditions Hélium (texte de Géraldine Collet)
Jacotte en vacances aux éditions Hélium  (texte de Géraldine Collet)
Ah ! aux éditions Frimousse (texte de Géraldine Collet)

Mister Mok aux éditions Philomèle
Le petit bois du dimanche soir aux éditions Chocolat ! Jeunesse (illustration de Xavier Collette)
Le jardin du secret aux éditions Philomèle (texte de Céline Lavignette-Ammoun)
Petit Lagouin aux éditions Frimousse
La planète des Mius aux éditions Gargantua
à paraître en mai :
Ti-Jack aux éditions Mamut comics
5h22 aux éditions Frimousse (scénario de Séverine Vidal)

Retrouvez Estelle Billon-Spagnol sur son blog, sa page facebook et dans l’interview que j’avais fait d’elle.