Si vous et vos enfants trouvez que tout va trop vite et que la course du quotidien vous épuise, arrêtez vous et dégustez ces deux livres, qui sont de véritables odes à la douceur.
On commence avec Pablito, le semeur de mots, paru aux éditions Millefeuille.
Pablito est un jeune rêveur, reconnaissable à son grand chapeau fleuri. Lorsqu’il se balade, les oiseaux en profitent pour venir y picorer, et partout où il passe, on se demande comment il fait pour porter un si grand chapeau. Un jour, il monte en haut d’un mât de Cocagne, et de là-haut, il observe le paysage qui s’offre à lui, au-dessus duquel flottent des mots. Il s’empare d’un filet, les attrape, les range dans sa besace, les mélange et forme avec des récits qu’il colporte. Il y fait piocher les enfants qu’il croise pour leur apporter le bonheur d’une histoire.
Tout est doux dans cet album : les mots délicatement choisis de Jeanne Tabon Miserazzi pour raconter ce joli conte, la mise en page (le texte et certaines illustrations sont bordés d’un cadre noir, qui les met en valeur avec justesse), et les magnifiques illustrations d’Amélie Callot. Je crois que c’est vraiment ce qui m’a séduite en premier. C’est très fleuri, riant, coloré et printanier, mais en même temps, jamais agressif. Certaines images sont même complètement reposantes. Je suis charmée !
En bonus, on retrouve la légende du mât de Cocagne et des explications sur le pays du même nom, et sur d’autres lieux légendaires dont on entend souvent parler.
Cet album est une petite douceur : un bonbon sucré, jamais écœurant mais réconfortant.
Les Larmes de Lisette est également plein de douceur et de délicatesse. Pas de précipitation ou d’événements rocambolesques dans cette belle histoire écrite et illustrée par Sandrine Kao. En grande sensible (pour ne pas dire que je pleure pour tout et rien), cet album m’a particulièrement touchée. Depuis petite, Lisette pleure sans cesse. On dit d’elle que c’est une fontaine, et je pense que certains enfants se reconnaîtront dans ce personnage qui a la larme facile pour les petits comme les grands soucis de la vie. Certains crient, d’autres boudent, eux pleurent, c’est un moyen comme un autre de vivre les émotions parfois fortes de l’existence. Pour en revenir à Lisette, elle est tout de même particulièrement triste.Plutôt que de se laisser envahir par ses larmes, elle décide de les récolter dans de petits bocaux de verre. A chaque fois, elle y ajoute une touche de couleur, un objet, une fleur, pour embellir son chagrin. Elle garde cette habitude, grandit, et les bocaux aussi…Je n’ai pas envie de tout vous révéler de cette délicate histoire. Je vous laisse le soin de découvrir la suite.
Sachez tout de même que les mots de Sandrine Kao se font à la fois discrets et forts, et que l’émotion et les larmes ne sont jamais très loin, même chez le lecteur…Les illustrations sont elles aussi très sensibles, mélangeant le collage et le crayon, pour arrondir les traits et les émotions de ces personnages pleins de chagrin. Là encore, on prend le temps, on écoute, on compatit, et on aimerait serrer cette Lisette pour la consoler.
Pablito, le semeur de mots, de Jeanne Taboni Misérazzi, illustré par Amélie Callot
Éditions Millefeuille, 14 €
Les Larmes de Lisette, de Sandrine Kao
Éditions 2 Vives Voix, 15 €
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A part ça ?
Hier, je suis allée voir Pirates, bons à rien, mauvais en tout, avec J., au cinéma. C’est le dernier film de l’équipe de Wallace et Gromit. De l’action, et beaucoup d’humour, le charme de la pâte à modeler opère toujours !
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’ai beaucoup aimé la sensibilité des larmes de Lisette. Et cette hyper sensibilité-empathie du personnage qui en fait une grand-mère exceptionnelle est très touchante.
La chose qui m’a un peu dérangée c’est le visage de Lisette qui reste le même de son enfance à sa vieillesse. Je suppose que c’était voulu de la part de Sandrine Kao mais j’avoue que j’aurai préféré des traits enfantins, puis des traits adultes, puis encre des traits de vieille (mais tendre) grand-mère.
Ma fille (qui a le nom d’une chouineuse née :Madeleine) n’a pas saisi toute l’histoire. Je pense qu’elle appréciera dans deux ou trois ans (elle a 4 ans et demi). Mais cette album touchera aussi bien le jeune public que les adultes.
Merci pour cet avis complémentaire, que je partage !