Il y a des auteurs comme ça dont un aime chaque ouvrage, Frédéric Laurent en fait partie. Alors qu’il change presque à chaque fois d’univers (tant graphique que du point de vue de l’histoire), ses albums sont tous des petits bijoux. J’ai eu envie de lui poser quelques questions et notamment de revenir sur son dernier album, Un autre monde, album que je vous proposerai de tenter de gagner à la suite de l’interview. Enfin un autre auteur que nous aimons beaucoup viendra nous parler d’un coup de cœur et poussera un coup de gueule, c’est Gaël Aymon ! Bon mercredi à vous.
L’interview du mercredi : Frédéric Laurent
Quel a été votre parcours ?
J’ai fait les Arts Décoratif à Paris. Puis j’ai voulu sortir des livres. Du coup, j’ai envoyé des projets et me suis aperçu que ce serait plus dur que ça.
J’ai donc continué à dessiner et écrire des bouquins tout en découvrant une foultitude d’activités passionnantes à côté comme veilleur de nuit, manœuvre sur des chantiers, cuisto, ou encore vendeur de salle de bain par téléphone. J’ai aussi pas mal voyagé.
Au bout d’un moment, ce mode de vie exemplaire a porté ses fruits et j’ai fini par recevoir un appel pour publier l’un de mes livres. C’était L’atelier du poisson soluble pour Gropopus et Fipoupus.
À partir de là, les projets se sont enchaînés tranquillement. Je suis bien content.
Quelles étaient vos lectures d’enfant, d’adolescent ?
J’ai toujours vu des livres autour de moi. Mon père étant architecte, les bibliothèques étaient bien remplies. J’ai néanmoins longtemps dédaigné les ouvrages de référence sur Le Corbusier ou Renzo Piano pour me concentrer sur la lecture de Monsieur Costaud ou Le prince de Motordu. Puis ce furent les bandes dessinées ; durant 15 ans, je pense avoir lu ou feuilleté tout ce qui paraissait. Mais j’ai aussi lu des livres sans images dedans. Faut pas croire…
Y a-t-il des illustrateurs actuels que vous aimez particulièrement ?
Mes références en matière de dessins sont plus BD que jeunesse. Blain, Blutch, Boucq, Baudouin et beaucoup d’autres encore dont le nom ne commence même pas par B.
En jeunesse il y a beaucoup de choses que je trouve superbes et surtout je suis étonné à chaque salon de la diversité du secteur.
Il y a aussi beaucoup de choses que je trouve très moches, mais je ne donnerai aucun nom en public, essentiellement par couardise.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
En me promenant dans la nature, en écoutant le chant des oiseaux.
Non, ce n’est pas vrai, je suis un citadin. Entendons-nous bien, je n’ai rien contre la nature. Par contre, je la soupçonne d’avoir quelque chose contre moi. La preuve : je suis allergique au pollen.
Pour moi si on parle « d’inspiration » c’est au moment de trouver l’idée de base pour une histoire. Ça c’est un super moment ! Mais savoir d’où ça vient… Ça doit être une habitude qu’on donne à son cerveau. J’ai toujours deux trois pistes pour des histoires en tête. J’y pense plus ou moins tout le temps. Tous les temps où j’ai un peu de temps en tout cas. Je suis clair là ? Non ?
Pour le dessin, en ce qui me concerne, je n’ai pas réellement d’inspiration. C’est du boulot et beaucoup de petites prises de décision.
Vos livres ont chacun un univers bien à part, même dans la technique de dessin, c’est par peur de tourner en rond ?
Comme je disais plus haut, le dessin, c’est du boulot. J’aime ça, c’est ma vie, mais c’est quand même assez laborieux. Tout seul, assis à une table, faire des aplats et des traits, il y a plus festif. Donc j’essaie de varier.
Puis je tente de trouver une technique qui sert l’histoire.
Parlez-nous du tout dernier, Un autre monde, comment est née cette histoire ?
J’avais en tête d’adapter le mythe de la caverne de Platon depuis un bout de temps. Mais je ne savais pas trop comment. Lorsque j’ai rencontré Cyril Armange des Éditions d’Orbestier, il m’a dit son envie de publier des livres jeunesses lisibles aussi par des plus grands. Je lui ai parlé de cette idée. Il a paru intéressé alors je me suis mis à écrire. Pour le dessin, la technique de la carte à gratter où le blanc apparaît sur un fond noir me paraissait convenir à ce projet où il est question de lumière et d’obscurité. Alors j’ai gratté et un autre monde est né.
Quels sont vos projets ?
J’ai le second tome d’une petite série BD à paraître chez Poing !, un collectif d’auteurs. Ça s’appelle Pan Pan et il s’agit d’histoire de cow boys fatigués.
En jeunesse L’oubli de Noé va paraître chez D’orbestier. J’ai écrit l’histoire et un ami illustrateur s’occupe des dessins.
Sinon d’autres projets soit solo soit en collaboration avec des illustrateurs sont en cours. Deux d’entre eux pour l’instant sont bien partis pour être signés.
Puis j’ai écrit une pièce de théâtre jeunesse avec un ami comédien.
Pour résumer, beaucoup de projets, beaucoup d’enthousiasme et d’envie de raconter des histoires, mais il faut du temps et je ne suis pas le seul à décider. Mais ça avance.
Bibliographie (jeunesse) :
- Un autre monde, auteur et illustrateur, Rêves bleus – D’orbestier (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Les deux poissons, auteur et illustrateur, Rêves bleus – D’orbestier (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Momotarô, auteur et illustrateur, Balivernes, (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Monstres en ville, auteur et illustrateur,Balivernes, (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Fipopus / Gropopus, auteur et illustrateur, Atelier Du Poisson Soluble, (2012), que nous avons chroniqué ici.
Frédéric Laurent a également sorti deux bandes dessinées Pan Pan 01 et Pan Pan 02 chez Poing !.
Comme je vous le disais avant cette interview, grâce aux éditions Rêves bleus – D’orbestier je vais pouvoir offrir à l’un de vous le superbe album Un autre monde, album qui avait été coup de cœur La mare aux mots il y a peu de temps. Pour tenter de le gagner, imaginez que vous soyez un Obcuris (un être qui vit dans l’obscurité) qui découvre pour la première fois le monde (comme le personnage principal de cet album), quelle serait la chose qui vous émerveillerait le plus ? Soyez imaginatifs ! Je tirerai au sort parmi vos réponses et l’heureux élu sera bien chanceux ! Vous avez jusqu’à lundi 20h !
Le coup de cœur et le coup de gueule de… Gaël Aymon
Une fois par mois un acteur de l’édition jeunesse (auteur, illustrateur, éditeur,…) nous parle de deux choses qui lui tiennent à cœur. Une chose qui l’a touché, ému ou qui lui a tout simplement plu et sur laquelle il veut mettre un coup de projecteur, et au contraire quelque chose qui l’a énervé. Cette semaine c’est l’auteur Gaël Aymon qui nous livre son coup de cœur et son coup de gueule.
Mon coup de cœur et mon coup de gueule sont pour deux mots au pouvoir surprenant !
Coup de cœur pour le mot Séquanodionysien que je viens de découvrir. Car il se trouve que j’en suis un, puisque je suis un habitant du département de Seine-Saint-Denis ! Oui, oui le célèbre 9-3. Ce mot m’enchante plus encore que d’être Gervaisien ou Pantinois, mots que j’aimais déjà beaucoup. Il ajoute un petit charme excentrique à mon quotidien de banlieusard, à mon identité.
Coup de gueule pour le mot anxiogène, qui a le don de m’écorcher les oreilles, surtout quand il sort de la bouche d’éditeurs jeunesse me refusant, ou hésitant à me refuser, un manuscrit. “Pas mal votre texte, il y a de bonnes idées. Mais je me demande si certaines images ne sont pas un peu… anxiogènes pour nos petits lecteurs” (Car, oui, le mot “anxiogène” va souvent avec l’entité “petit lecteur”).
D’abord, je me demande quel panel d’enfants a servi pour définir ce qui angoisserait à coup sûr nos “petits lecteurs”. Ensuite, depuis quand l’inquiétude, l’intranquillité, sont-elles vécues comme des traumatismes ? Enfin surtout, depuis quand une fiction se doit-elle d’être rassurante, apaisante et vide de toute tension ?
Il me semble que ce souci de lisseur absolue est le terreau d’une oppression bien plus terrible pour les enfants : l’anxiété du vide, l’angoisse devant une succession ininterrompue de récits sans surprise ni danger, sans émotion ni intérêt, et qui ne servent qu’à se distraire pour tuer le temps, l’ennui, ce vide terrible créé par l’absence de toute ambiguïté. Des livres-médicaments qui voudraient tout soigner. Des livres-hamburgers qu’on avale pour ne pas avoir faim, ne pas respirer. C’est vrai que c’est anxiogène d’avoir faim, et dangereux de respirer ! Quelle perspective réjouissante ! Mais il y a aussi, heureusement, des gens qui savent encore ce qu’est un enfant.
Bibliographie :
- L’anniversaire à l’envers, roman illustré par Caroline Modeste, Talents Hauts (2013), que nous avons chroniqué ici.
- Les souliers écarlates, album illustré par Nancy Ribard, Talents Hauts (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Contes d’un autre genre, album illustré par François Bourgeon, Sylvie Serprix et Peggy Nille., Talents Hauts (2011), que nous avons chroniqué ici.
- Giga-Boy, album illustré par Cécile Vangout, Talents Hauts (2011) que nous avons chroniqué ici.
- Une place dans la cour, roman illustré par Caroline Modeste, Talents Hauts (2011),que nous avons chroniqué ici.
- La princesse Rose-Praline, album illustré par Julien Castanié, Talents Hauts (2011),que nous avons chroniqué ici.
Merci à Gaël Aymon. Vous pourrez lire une de ses histoires, Une colo pour deux, dans le numéro de Dlire (Bayard presse) de juillet qui sort le 20 juin, en septembre un roman grands ados chez Actes Sud Junior, Ma réputation, et un conte pour les plus petits chez Talents Hauts en novembre, Le fils des géants.
Retrouvez le sur son blog et vous pouvez relire l’interview qu’il nous avait accordé.

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Comme toujours, Gaël Aymon dit bien les choses!
Signé : une Altiligérienne
C’est pour ça qu’on aime l’inviter !
Bien dit, Gaël. Comme dit Tomi Ungerer : “Il faut traumatiser les enfants”. C’est même presque notre mission. En tout cas, pourquoi éradiquer l’anxiogène (quel mot moche) ? Et pourquoi l’éradiquer uniquement des livres pour les petits quand la société, la télé, les murs de nos villes leur envoient images et messages choquants, racistes, sexistes, violents ?
Bon, sinon, une petite correction, cher Gabriel : le titre du conte de Gaël à paraître chez Talents Hauts en novembre est “Le fils des géants”. Deux petites lettres en plus et le sens du titre est très différent…
Oups ! c’est corrigé !
Je ne connaissais pas cet auteur mais je suis conquise. Ce qui m’émerveillerait le plus ça serait la beauté des arbres et leurs couleurs. Merci pour le concours.
Comme ces livres ont l’air intéressant !!!!!!
Je pense que si j’étais un obcuris, ce qui m’émerveillerait ce serait les couleurs de ma nature : le vert de l’herbe, le bleu du ciel, le rouge des coquelicots, le jaune du pissenlit….
Gagné ! Bravo !
Quel album merveilleux!
Pour moi, la lumière et le soleil seraient les plus beaux. Et aussi les couleurs qui changent au fil des heures…
Bonne journée!
Oh mais que j’aime le coup de gueule de Gaël Aymon !
Alors, maintenant pour le concours (parce qu’avouons-le tout net, je suis fan de Frédéric Laurent)…
L’obcuris Za sort de son trou, d’abord ébloui par la lumière du soleil picard. Toute relative, la lumière donc. Des milliers de reflets dansent devant ses yeux, ils bougent sans cesse, changent, se transforment. C’est le reflet du soleil sur l’eau d’une petite mare où les hirondelles viennent boire (en fait, c’est derrière chez moi et aujourd’hui il fait beau, alors je fais dans le bucolique).
J’aime beaucoup les deux poissons alors je veux bien participer pour Un autre monde 🙂 !!
Bonjour!
Bonjour!
Ce livre a vraiment l’air très chouette! Merci de nous donner l’opportunité de le gagner ;-). Je partage le concours sur ma page FB “Je lis, tu lis, nous lisons ou le coin des lectures partagées”.
Ce qui m’émerveillerait le plus si je sortais de l’obscurité, ce serait les jeux de couleurs du monde qui nous entoure, la beauté des paysages, et de tous ces petits détails qui font les beautés de notre monde: les insectes, les animaux en général, les arbres, les fleurs, la mer, le ciel, le soleil (et sa chaleur!).
Bon après-midi 😉
J’ai oublié de dire ce qui m’émerveillerait le plus : les fleurs de toutes les couleurs.
J’ai bien aimé le coup de gueule de Gaël Aymon !
En sortant de terre, un Obcurcis serait émerveillé par le vent. Oui, sous terre dans les galeries il y a bien des courants d’air… Mais l’air chaud ? L’air humide ? L’air qui transporte les odeurs ? l’air qui fait voler les feuilles et ondoyer l’herbe ???
ce qui m’etonnerait ce serait les couleurs, et le mouvement des choses : le vent dans l’herbe, les nuages dans le ciel …
merci pour le concours !
Voilà bien longtemps que je ne me suis pas arrêtée sur un de tes concours. JE passe trop vite à chaque fois mais cette couverture à attirer mon oeil.
Ce qui m’émerveillerait le plus, ce serait la mer et ses vagues.
Je avis me pencher sur le travail de Frédéric Laurent. C’est intéressant de changer de technique selon les livres. Ce n’est pas fréquent d’ailleurs (j’avais apprécié ça chez Géraldine Huard).
J’adore les coups de cœur/gueule de Gaël Aymon ( j’avais trouvé finalement :))
Pour le concours, je crois que tout m’émerveillerait. La première chose, peut être la diversité des couleurs.
Comme premier émerveillement , je choisirais la lueur magique d’une petite bougie …
Les couleurs, sans hésiter !!!!!! Merci … Bonne fin de semaine …
Moi, petit obcuris, en sortant de ma tanière, je prendrais de plein fouet les délicieuses odeurs de mon nouvel environnement : l’odeur de la terre après les dernières rosées du matin, l’arôme exquis des herbes folles, les senteurs de l’air ambiant, des fleurs printanières. A cela s’ajouteraient la luminosité des couleurs : une explosion de teintes de verts, un panel de bleu, de roses, d’oranges…. je me rendrais compte de l’immensité du monde, de l’ampleur du ciel, de la beauté de la vie.
Bien merci pour le concours…. J’adore cet auteur !
Bonne soirée 🙂
Bonjour,
Merci pour le concours et le super cadeau.
Je participe volontiers.
Je serais émerveillé par le soleil et la nature verte et fleuri pleine de couleurs.
Encore merci et bonne continuation.
Je repensais comme ça au petit obcuris, avant de dormir hier au soir, Je me disais, qu’est ce qui pourrait bien m’émerveiller ? Je me disais….qu’est ce qui pourrait bien me surprendre…. Autre que les éléments cités ci dessus….
Le chant d’une cigale, les bruits du mouvement d’aile d’un colibri, les piaillements de moineaux, Le crissement des pattes d’une fourmi volante, la mélopée du vent dans mes cheveux….
Alors que choisir entre tout ce qui me surprendrait ???
Véritablement, je crois que je serais stupéfaite de voir mes 5 sens en alerte, de découvrir le contraste entre ma grotte, et l’extérieur, de sentir l’air chaud et lumineux sur mon visage, d’être attendri par le chant d’un oisillon, je serais ébloui par la quantité de choses à découvrir, à sentir, à toucher, à voir, à écouter, à gouter…. Gouter le doux et sucré parfum de la goyave, voilà je crois que je serais surprise par ce pêle mêle de sensations, comme autant de signes qui s’offrent à moi, m’éclairant sur le chemin à poursuivre…. !
Si j’étais un obcuris je pense que je serais d’un coup émerveillée par toutes les couleurs de la nature qui nous entoure, du bleu du ciel au jaune des pissenlits dans l’herbe verte, mêlé des pointes rouges des coquelicots, le blanc du vélo qui passe et le tee-shirt violet du petit garçon dessus…
super interview! moi, si je vivais dans une grotte, je pense que je serai attirée d’abord attirée par l’odeur du lilas dehors et que je serai complètement émerveillée en voyant cette fleur particulière (surtout le lilas violet). Bonne chance à tous!
Bonsoir !
Je serais émerveillée par le battement des ailes multicolores d’un papillon dans une verte prairie !
Merci pour le concours et pour vos articles toujours autant intéressants !
Bravo à Agripine qui gagne et merci à tout ceux qui ont participé ! Vous avez fait de belles réponses !