On commence bien l’année avec deux talentueux illustrateurs, Jérémy Moncheaux qui a répondu à mes questions et Aline Pallaro Lacroix qui nous a fait une belle chronique. Deux artistes encore peu connus dont on n’a pas fini d’entendre parler !
L’interview du mercredi : Jérémy Moncheaux
Comment êtes-vous devenu illustrateur jeunesse ?
Je voulais un métier qui s’approche le plus de la peinture. Je me considère avant tout comme un peintre, mon travail est une recherche constante, matières, papiers, techniques, inspirations… Si je ne dessine pas j’observe ce qui se fait autour de moi, j’ai besoin de sentir que les choses sont en mouvement. Raconter des histoires à travers mes images, c’est ce que me permet l’illustration et surtout l’illustration jeunesse. L’univers de l’enfance est tellement riche, tout peut arriver, tout devient possible, plus de frontière, plus de limite… Pour un dessinateur on ne peut pas rêver mieux.
Quelle est votre technique ?
Pour mes premiers albums, j’ai utilisé de l’acrylique. Je fais beaucoup de fusain, crayon fusain. Pour mes prochains projets je vais tester des techniques mixtes, pastel, crayon aquarellé, aquarelle, gouache… C’est encore à l’essaie, on verra ce qu’il en sort mais je veux gagner en expressivité.
Quels sont les illustrateurs qui ont marqué votre enfance, qui vous ont donné envie de dessiner ?
Il n’y avait pas trop de livre à la maison celui dont je me souviens le plus c’est « Robinson Crusoé » de Daniel Defoe les illustrations étaient jolies mais c’est l’histoire qui m’a marqué. Ce sont d’avantage les dessins animés qui m’ont donné envie de dessiner. J’aimais bien Albator, alors je réalisais des bateaux de pirates et des robots. J’ai commencé à dessiner à l’école comme tous les enfants. Seulement je continuais à la maison c’est plus le geste, la pratique qui m’ont donné l’amour du dessin. Cela me calmait, je pouvais faire ce que je voulais, je me sentais libre.
Et dans les illustrateurs actuels, il y en a qui ont votre préférence ?
Joe Soren, Dave Mckean, Ashley Wood, Shaun Tan, François Roca, Rebecca Dautremer…
Avez-vous fait des recherches particulières pour Le minotaure et le labyrinthe ? Quelles ont été vos sources d’inspirations ?
Après avoir regroupé une bonne documentation dans les livres d’histoire, je vais voir ce qu’ont fait les autres illustrateurs sur le même thème, pour ne surtout pas reproduire.
Le cinéma est une bonne source, j’ai trouvé pas mal d’éléments dans les Peplums, ça m’a donné une bonne base au niveau des costumes et de l’architecture. J’y ai vu aussi des choses kitchs et drôles, dont un en particulier « Teseo contro il Minotauro » de 1961 où le Minotaure est une sorte de nounours de 3m avec une tête de caniche, ça vaut le coup d’œil. Dans les documentaires, on peut y apprendre la façon de vivre à l’époque Minoéenne, j’ai aussi découvert que cette civilisation a disparu suite à une gigantesque éruption volcanique. C’est très enrichissant culturellement de faire un album jeunesse.
Dans l’ensemble je suis resté assez fidèle à l’Art Minoéen, c’est aussi pour coller au style de l’auteur Jean-Pierre Kerloc’h. Mes sources d’inspirations au niveau des cadrages et de l’ambiance viennent plus de Fritz Lang, Caspard David Friedrich, Léon Spilliaert, Josef Sudeck et d’autres encore.
Quelle est l’histoire que vous rêvez d’illustrer ?
Difficile de répondre il y en a beaucoup dont celles qui n’ont pas encore été écrites, je dirai « Les misérables » de Victor Hugo.
Quels sont vos projets ?
Je suis désolé mais je ne donnerai pas de détails, car rien n’est validé. Je peux juste vous dire qu’il y a une nouvelle illustrée avec Olivier Deck, un album jeunesse avec Jean-Pierre Kerloc’h et un autre album jeunesse avec Michaël Espinosa.
Bibliographie :
- Le minotaure et le labyrinthe, illustration d’un texte de Jean-Pierre Kerloc’h, P’tit Glénat (2012), que nous avons chroniqué ici.
- Ker-Is la légende de la ville au milieu des flots, illustration d’un texte de Jean-Pierre Kerloc’h, Albin Michel Jeunesse (2010).
Retrouvez Jérémy Moncheaux sur son site : http://jeremymoncheauxblog.com et sur sa page facebook où vous pourrez admirer son talent. Il a décidé d’offrir aux lecteurs de La mare aux mots de superbes fonds d’écran. Téléchargez-les en cliquant sous les images.
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La chronique de… Aline Pallaro Lacroix
Une fois par mois un acteur de la littérature jeunesse qu’on aime à La mare aux mots nous parle d’un livre qu’il a aimé. Cette fois-ci c’est Aline Pallaro Lacroix qui s’y colle ! Merci à elle.
D’abord, il y a eu la question de Gabriel :
– Tiens, tu ne chroniquerais pas un livre que tu as aimé ?
Et moi, de répondre du tac au tac (et non du tic au tac car je ne parle pas bien le tamia) :
– Ah, et bien oui, avec plaisir, tiens, je n’ai pas grand chose à faire entre Noël et le jour de l’an ! ».
Puis, vint le temps de la réflexion, étape ultime où le cerveau s’illumine de 1000 ampoules basse consommation d’énergie : « Crotte de caniche, mais de quel livre vais-je donc bien pouvoir parler ? Il y en a tellement ! ». Faire une échelle de valeur et de classification pour l’occasion me semblait un peu « too much », alors je me suis tournée vers mes lutins de maison et je leur ai demandé :
– « Hé, les mouflets, c’est quoi le livre que vous avez adoré de tous les temps, depuis que le monde est monde ?
– COR-NE-BI-DOUILLE !!! »
Ah oui, Cornebidouille, pas idiots ces loupiots !
Cornebidouille, c’est d’abord un coup de cœur entre le plus jeune de la maisonnée et un livre, un matin, dans une petite bibliothèque municipale. C’est comme ça, ça ne s’explique pas, les coups de foudre. La couverture semblait quelconque mais elle abritait le refuge d’une sorcière. Et les enfants adorent les sorcières (la réciproque est également valable).
Le petit Pierre ne veut pas manger sa soupe : est-ce qu’il n’aime pas ça ? Ou est-ce un primo signe de rébellion envers ses parents ? Ou peut-être est-ce un peu des deux ? Mais un beau soir, la sorcière Cornebidouille, inventée par le père de Pierre pour le motiver à manger sa soupe, sort de sa cachette… « Elle était laide, elle avait du poil au menton, Cornebidouille était son nom ». S’en suivent une dizaine de pages pendant lesquelles on rit des répliques d’un petit Pierre facétieux et d’une Cornebidouille de plus en plus en colère !
Je crois que le charme opère grâce à un texte aux expressions délicieusement appétissantes et croustillantes, surtout pour les petits de 4-5 ans. Les images sont simples, illustrées à base de crayons de couleurs, mais toute cette petite recette nous tient en appétit et nous émoustille les babines !
Pour vous dire à quel point ce livre a été follement aimé par toute la maisonnée, nous l’avons ramené à la bibliothèque presqu’un an après l’avoir emprunté ; tout penauds d’avoir été si lents à lire un livre de quelques pages… Mais pour bien comprendre l’histoire, rien de tel que de la lire tous les jours pendant un an ! N’est-il pas ?
Pour vous dire à quel point ce livre a été drôlement aimé par toute la maisonnée, c’est que notre micro monstre de 5 ans connaît les répliques par cœur.
Pour vous dire à quel point ce livre a été goulument dévoré par toute la maisonnée, c’est qu’il a fallu acheter la suite, intitulée « La vengeance de Cornebidouille ».
Alors, si vous n’aimez pas la soupe et que vous êtes un peu rebelle dans l’âme, je vous conseille de surveiller l’armoire de votre chambre… On ne sait jamais !
Cornebidouille de Pierre Bertrand et Magali Bonniol – L’Ecole des Loisirs – 2003
Aline Pallaro Lacroix est illustratrice en volume et plasticienne. Elle fait partie des auteurs et illustrateurs qui ont participé à Notre pense pas bête. Deux publications doivent voir le jour cette année. En attendant vous pouvez découvrir son talent sur sa page facebook (n’hésitez pas d’ailleurs à aimer la page pour vous tenir informés de ses sorties) et sur son blog : http://mimirondelle.canalblog.com (site sur lequel on trouve les liens de boutiques où vous pouvez acheter ses superbes mobiles).

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Encore un plaisir de lire les chroniques du mercredi et notamment celle d’Aline Pallaro Lacroix car Cornebidouille a été le livre de l’année scolaire 2011/2012 de mon grand 6 ans bientot qui était alors en moyenne section . Ce livre a été lu et relu à l’école (thème des sorcières oblige) et à la maison ou le livre a lontemps troné au dessus de la blibliothèque. Il a été aussi élu comme le livre préféré des enfants de l’école. Johan en connait aussi les répliques par coeur et me demande encore de lui relire de temps en temps. Un vrai plaisir à partager en famille.