C’est de nos chairs qu’ils se repaissent !
Si les corbeaux si les vautours
Un de ces matins disparaissent…
La Terre tournera toujours.
L’internationale
Aujourd’hui deux albums qui parlent de totalitarisme et surtout de révolte.
Léon était un petit roi, petit mais puissant. Finies les promesses d’avant son couronnement, finies le plaisir de l’approcher, maintenant Léon vit entouré de gorilles et il faut se baisser quand il passe. Comment ne pas se révolter dans ce cas ? Seulement la révolte, Léon, il n’aime pas ça et ça le rend encore plus cruel. Plus il était méchant, plus il se sentait grand, terriblement grand. Alors il fait briser les ailes des oiseaux et déclenche des guerres pour détourner l’attention. Mais un jour naquit le petit Guili, un oiseau dont la mère refusa qu’il eut les ailes brisées…
C’est un petit bijou que cet album, œuvre posthume de Mario Ramos. Avec son superbe style (Vue du balcon, la guerre était un beau spectacle) il nous parle de la dictature et de la révolte. Le petit Guili n’a pourtant rien d’un révolutionnaire, il s’interroge juste avec les yeux d’un enfant. Pourquoi crier « Vive le roi » alors que le roi est cruel, et d’abord pourquoi c’est lui le roi ? Avec sa naïveté et son grain de folie (car il faut être un peu fou pour s’opposer aux puissants non ?) Guili va pourtant renverser les choses. Malheureusement la fin n’est pas des plus optimistes… L’album nous montre aussi que peu importe qui a le pouvoir, il ne fait pas forcément de belles choses (vision assez pessimiste, on est d’accord) et que le pouvoir tient parfois à peu de choses (ici pour être roi il suffit juste d’avoir une couronne sur la tête). C’est un livre avec une belle histoire mais sous l’histoire il y a encore une couche et sous cette couche encore une autre. Un formidable album pour débattre, réfléchir, entamer des conversations sur le pouvoir avec les enfants, un album qui fait réfléchir, dans lequel il y a tellement de choses… une petite pépite, un livre à avoir dans sa bibliothèque personnelle et dans toutes les bibliothèques municipales.
Dans la forêt il n’y a plus de carottes… les lapins sont bien tristes, pensez donc ! Mais où sont-elles ? Ah attention, un grand lapin blanc se met à la tribune, il faut l’écouter car lui le sait… ce sont les lapins noirs qui mangent les carottes des lapins blancs ! Il faut les chasser ! Pas le choix ! Alors on affrète une catapulte et les lapins noirs sont expulsés… mais les carottes continuent de disparaître… Pour le grand lapin blanc, il y a encore un coupable, ce sont les lapins gris…
Mickaël Escoffier nous parle de ceux qui prétendent avoir solution à tout en trouvant des boucs émissaires. Alors forcément le livre appelle au débat (débat que nous avions eu sur A l’ombre du grand arbre, je ne vais pas y revenir) mais le style de Michaël Escoffier et le dessin d’Eléonore Thuillier font de cet album un album plein d’humour mais avec un vrai fond. On parle de tolérance, de la différence, des aprioris. On parle des gens qui s’engraissent sur la haine des autres, du fameux adage diviser pour mieux régner. J’aime décidément la plume de Michaël Escoffier et les illustrations d’Eléonore Thuillier, deux noms qui sont entrés dans les grands noms de littérature jeunesse.
Quelques pas de plus…
Une autre chronique où on parle de guerre et de liberté, celle de Le peintre des drapeaux et Monsieur T..
Nous avons déjà chroniqué un livre de Mario Ramos, Mon ballon.
Nous avons également chroniqué plusieurs livres de Michaël Escoffier : Vacances à la ferme, La plume, Bonjour Facteur, Bonjour Docteur et Sans le A. Retrouvez aussi notre interview de Michaël Escoffier.
Retrouvez aussi notre interview d’Eléonore Thuillier et nos chroniques de deux de ses albums : Mon papa est un zarzouilleur et Jour de piscine.
Le petit Guili de Mario Ramos L’école des loisirs 12,20€, 205×268 mm, 32 pages, imprimé en Belgique, 2013 |
Le grand lapin blanc de Michaël Escoffier, illustré par Eléonore Thuillier Kaléidoscope 12,70€, 225×247 mm, 28 pages, imprimé en Italie, 2010. |
Écrans et enfants : quelques éléments de réflexions par nos amis de DéclicKids.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Encore un album de Mario Ramos comme il savait si bien les faire. Avec un titre toujours très accrocheur, un contenu fort mine de rien.