Liberté, liberté,
Qu’as-tu fait, liberté,
Pour ceux-là qui t’ont crue, sur parole,
Ils ne t’ont jamais vue,
Ils ne te verrons plus,
Liberté, fameux rêve des hommes
Liberté, Barbara
Aujourd’hui deux très beaux albums, pas forcément faciles d’accès au premier abord mais deux ouvrages qui font partie de ces livres qui marquent, que l’on n’oublie pas.
Le peintre des drapeaux était un homme heureux, il vivait avec ses couleurs et peignait, à la demande de ceux qui venaient le voir, des drapeaux. Un drapeau jaune avec une étoile pour un homme éprit de liberté, un autre avec un cœur rose pour celui qui voulait une terre d’amour, un avec un soleil rouge pour un troisième qui parlait d’égalité. Le peintre des drapeaux contentait tout le monde, chacun repartait heureux avec son drapeau fait spécialement pour lui. Mais un jour il dû partir pour une urgence et il vit un champ de bataille, l’artiste se rendit compte que ses couleurs ne servaient qu’à représenter des gens qui se battaient, qu’elles provoquaient des morts… Il rentra donc chez lui pour faire un nouveau drapeau… un drapeau entièrement blanc.
Le peintre des drapeaux est un album absolument merveilleux. Un album sur les gens qui hissent des drapeaux pour mieux faire la guerre, un album sur les artistes, sur l’espoir de changer les choses. C’est un album difficile à raconter tellement il touche. Les mots toujours aussi beaux d’Alice Brière Haquet.
Mais il paraît que sur les champs
quand apparaît un drapeau blanc
les armes se taisent un instant…
pour laisser rire un enfant
C’est absolument sublime ! On croirait du Prévert. Alice Brière-Haquet a vraiment une plume extraordinaire, comme je le disais l’autre jour, ses mots font mouche. Je suis persuadé que certains de ses textes (genre celui-là) seront un jour étudiés à l’école. Les illustrations très graphiques d’Olivier Philipponneau vont parfaitement avec ce texte. C’est le genre d’album où l’on n’imagine pas d’autres illustrations, il y a une vraie cohérence. Un album sublime, qui marque, qui reste.
Monsieur T vivait dans un monde où les gens étaient numérotés, lui ne l’avait pas accepté. Il voulait une certaine liberté, refusait le totalitarisme, la dictature. Les puissants le forcèrent à rentrer dans le rang, à cesser sa rébellion… mais Monsieur T ne pouvait pas se soumettre… alors ils le lui firent payer.
Monsieur T de Fanny Millard est un album très particulier. De par son thème tout d’abord (un individu cassé et détruit par une société dictatoriale), de par sa forme ensuite : illustré avec des photos de sachet de thé (qu’on laisser mijoter, qu’on saucissonne et qui finissent par éclater…). Dit comme ça on peut peut-être se demander si le résultat est très esthétique… et en fait si. Les photos sont superbes, la métaphore très belle. Le texte est ici aussi très très beau, Fanny Millard joue avec les sons, les mots. C’est un très bel album, très fort. Il a été salué par Amnesty International.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des livres d’Alice Brière-Haquet : Paul, A quoi rêve un pissenlit ? et Perdu ! (avec Olivier Philipponneau également). Retrouvez aussi l’interview qu’elle nous a accordé (où justement elle nous avait parlé du Peintre des drapeaux).
Le peintre des drapeaux d’Alice Brière-Haquet, illustré par Olivier Philipponneau Frimousse 17€, 323×215 mm, 26 pages, imprimé en Italie, 2012. |
Monsieur T de Fanny Millard La cabane sur le chien dans la collection Les p’tits carrés 10€, 165×170 mm, 30 pages, imprimé en France, 2007. |
Connaissez-vous Matt ? Where the hell is Matt ? (Où diable est Matt ?) Depuis 2005 il danse autour du monde
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Super le genre d’album que j’adore! J’espère pouvoir me procurer les deux!
Les deux albums sont magnifiques ! J’ai eu l’occasion de travailler l’an dernier avec des enfants de 7-8 ans sur “Monsieur T” et bien c’était surprenant de voir les réactions qui ont découlé de la lecture. La poésie de cet album permet de faire passer, avec force, des notions aussi compliquées que la dictature et la torture sans pour autant tomber dans le drame ou le traumatisme et ça, c’est vraiment bien.
Et en parlant liberté, il y a eu une très belle illustration du poème de Paul Eluard par Anouk Boisrobert avec un paysage qui se construit au fur et à mesure du poème…
Il va falloir que je me procure le premier, travaillant bientôt sur les grandes guerres à l’école…. vite, chez la libraire!
Le premier est magnifique : le genre d’albums que l’on n’oublie pas, je confirme ! Emotion à sa lecture, les mots résonnent et s’impriment…
Il me reste à découvrir le second…
A partir de quel âge le peintre des drapeaux ? Merci 🙂
Pas facile d’expliquer ça à mes zozios de 4 et 6 ans…
je dirai un peu au dessus… 6 ans minimum d’après moi
merci !