Pascal Parisot est un artiste qu’on adore. Il a sorti deux des meilleurs disques pour enfants de ces dernières années : Les pieds dans le plat et Bêtes en stock. En spectacle, il est exceptionnel. Il a répondu à nos questions et c’est avec une grande joie que nous vous proposons cette interview. Merci infiniment à lui.
La mare aux mots : Quand avez-vous commencé la musique ? Comment en êtes-vous venu à faire de la musique pour les enfants ? Le fait d’avoir chanté avec Zut a t il participé à cette envie?
Pascal Parisot : J’ai commencé la musique, enfin, à en faire, à 13 ans. Après avoir entendu un disque de Adres Ségovia interprétant les 12 études de Villa Lobos. J’ai eu le coup de foudre pour la guitare, et sans vraiment le savoir, pour la musique brésilienne. Mes études se sont quasiment arrêtées là ! Je crois avoir dormi avec ma guitare à cette époque. J’ai fait un peu de conservatoire, et puis ça m’a gonflé, cette rigueur liée à l’apprentissage de la musique classique… Mon prof mettait son pied sur mon pied, pour pas que je marque le tempo. Et moi, le tempo, j’aimais ça, alors je me suis barré. Après, j’ai appris l’écriture musicale et l’harmonie pour ainsi dire, seul (j’ai tout de même fait un ans d’étude à Paris pour ça). Ensuite, vers 21 ans, après avoir fait multiples petits boulots destinés aux gens qui n’ont fait aucune étude, je suis devenu musicien professionnel (comme on dit). J’ai fait du piano bar pendant 15 ans. Suite à quoi, m’installant à Paris, j’ai envoyé les premières maquettes de mes premières chansons à quatre ou peut être cinq maisons de disques. Il était temps, j’avais 36 ans. Sur cinq envois, j’ai eu deux réponses positives (rare!) dont une de Sony Music. J’ai enregistré mon premier album en 2000 , Rumba. Suivi trois ans plus tard de Wonderful, toujours chez Sony. Ensuite, comme les ventes étaient modestes, je me suis fait logiquement viré, et j’ai enregistré Clap, Clap, quasiment en autoproduction. Et là, ce fut le drame… malgré une presse dithyrambique, l’album s’est vendu en un nombre d’exemplaire que je n’ose même pas vous communiquer. S’en est suivi une période de disette, où j’avais beaucoup de temps à consacrer à tout et à rien, vu que j’étais au RMI. Et puis le miracle est arrivé, Milan jeunesse, qui connaissait mon travail (pour peu que c’en soit un…) m’a proposé d’écrire un disque pour les enfants. Comme j’en avais deux exemplaires à la maison (des enfants, pas des disques) et comme j’était dans une merde financière effroyable, j’ai réfléchi (deux secondes) et j’ai dit, ça je m’en souviendrai toujours “bon, allez, d’accord”. Ca m’a plutôt réussi.
Ps : Les Zut ne m’ont pas converti à la chanson jeune public (comme on dit encore), c’est juste des gars que je connais pour avoir fait, avec eux, une l’école de zique citée pus haut. Cela dit, je les remercie d’avoir fait appel à moi sur un de leurs disques (même si la tonalité était trop haute pour ma voix de caverne).
LMAM : Quelle musique écoutiez-vous enfant ? Qui vous a inspiré ?
P.P. : Mes parents écoutaient RTL en permanence dans la cuisine. Le disque de Ségovia concernant ma révélation musicale, était une erreur d’envoi alors qu’ils étaient abonnés au “Club Dial” (un truc où il fallait obligatoirement commander un livre ou un disque ou n’importe quoi d’autre tous les mois, sinon, ils vous envoyaient un truc au hasard). Mais j’avais quand même un certain penchant pour Nino Ferrer.
LMAM : Est-ce qu’on écrit des chansons pour enfants comme on écrit pour les adultes ? Et les chante-t-on de la même façon ? Y-a-t-il des choses que vous vous interdisez ? Par exemple chanteriez vous Lapin aux enfants?
P.P. : Disons que, comme j’avais toujours fait des chansons pour les grands, j’ai continué avec modération. Je m’interdis d’être grossier, je m’interdis de me travestir, je m’interdis d’être idiot pour amuser la galerie, et je m’interdis de leur chanter Lapin, dans laquelle je lui met un coup de pied au derrière pour soulager mon mal-être.
LMAM : Il y a quelques années, quand vous alliez sortir votre premier disque pour enfant, vous m’aviez dit que vous n’envisagiez pas de tournée… pourtant vous avez enchainé les concerts, qu’est ce qui vous a fait changer d’avis?
P.P. : Ce qui a changé, c’est que mon tourneur m’a annoncé que le téléphone sonnait chez lui, pour moi, et pour la première fois, depuis le début de notre collaboration. Il m’a dit “tu veux tourner coco, gagner des sous etc etc…”. J’ai dit et ça je m’en souviendrai toujours “Bon, allez, d’accord”.
LMAM : Constatez-vous une évolution dans la musique pour les enfants ?
P.P. : Ouais…. effectivement… non si, c’est vrai…ça va mieux… enfin j’en sais rien ! Bah, disons que peut-être, les enfants sont plus tout à fait les mêmes qu’avant, et du coup, leur musique non plus.
LMAM : Parlons un peu de littérature jeunesse : quels livres ont marqué votre enfance ? Qu’avez-vous lu à vos enfants ?
P.P. : Tintin…. point…. je pourrais disserter là dessus, mais j’ai pas le temps (bref, à part les deux premiers, une oeuvre extraordinaire!)
LMAM : Pouvez vous parler de vos projets en cours ? Y aura-t-il des choses à destination des enfants ?
P.P. : Mes projets sont ceux ci : un disque pour les enfants, et un autre pour leurs parents, à moins que ce soit deux disques pour les deux.
Pascal Parisot est en tournée dans toute la France, ne passez pas à côté s’il passe par chez vous! (retrouvez les dates sur notre chronique de Bêtes en stock)
Son myspace : http://www.myspace.com/lespiedsdansleplatpascalparisot
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !