L’invitée de la semaine est une illustratrice que j’aime beaucoup, la très talentueuse Sophie Lebot. On a parlé régulièrement ici de son travail (Princesses de tous les pays, Victor et les amulettes, La princesse de Fertabelle et la princesse de Fertamaline) j’ai été ravi qu’elle accepte de répondre à mes questions.
La mare aux mots : Quel a été votre parcours ?
Sophie Lebot : Je suis autodidacte en ce qui concerne l’illustration, le parcours vers mes premières publications a été long. Ça va paraître un peu bateau mais je dessine depuis toute petite. Enfant je passais beaucoup de temps à dessiner des modèles de mode que j’inventais. J’aurais adoré être styliste. Devant cet engouement mes parents m’ont encouragée à passer le concours pour suivre les cours périscolaires des Beaux-Arts de Rennes (d’où je suis originaire), donc de la 5ème à la terminale je suis allée tous les mercredis suivre deux heures de cours (qui étaient très démoralisants car j’avais l’impression de ne jamais être à la hauteur des attentes du professeur) en parallèle j’ai préparé un bac A3 option art plastique. A 18 ans j’ai fait la mise à niveau de l’école Estienne (ma prof de lycée m’ayant déconseillé la voie du stylisme trop dure et conseillé le graphisme à son apogée à l’époque). Sur un coup de tête je suis partie à Olivier de Serres préparer un BTS d’espace de communication (étant aussi attirée pas la mise en scène et le décor). En 1998, après avoir travaillé un peu dans le stand et la PLV, avec le soutien de mon compagnon, j’ai décidé d’abandonner cette voie qui ne me satisfaisait pas pour l’illustration et ça a été long car je n’avais pas d’identité pas de style pas de réseau et surtout pas confiance en moi :-).
S.L. : Je ne suis pas une très grande lectrice, mon premier souvenir de livre d’enfant est Emilie que j’ai du découvrir à la maternelle car j’en avait fait un portrait sur bois lors d’une activité scolaire. Ensuite au collège il y a eu Antigone de Jean Anouilh, Ravage de Barjavel, Enfance de Nathalie Saraute (sublime !), Jacques le fataliste de Diderot (intelligent, drôle et génial). Dernière d’une famille nombreuse j’ai découvert les bd grâce à mes grands frères : j’ai adoré Boucq, Hugo Pratt, Comès (Silence magnifique), P’tit luc et dans un registre plus léger Calvin et Hobbes de Bill Watterson (qui est pour moi une référence : le doudou qui prend vie dans l’imaginaire de l’enfant est une thématique qui me tient à cœur).
S.L. : Les références ne sont pas encore à la portée de mes enfants qui ont 8 et 10 ans je leur ai offert un Calvin et Hobbes mais ils n’ont pas accroché. Mais j’espère, oui, leur faire partager ces lectures. En fait depuis la naissance de mes enfants je prends beaucoup de plaisir à trouver des livres pour eux, à les lire pour moi, à leur lire (ils savent très bien lire et ils aiment ça mais ils adorent que, encore maintenant, je leur lise des histoires. Le dernier en date est le Yark de Bertrand Santini et Laurent Gapaillard un vrai délice tant pour le texte que pour les illustrations.
S.L. : J’ai le sentiment qu’elle est très diversifiée, et on trouve des livres de très bonne qualité tant littéraire que picturale. En fait il y en a pour tous les goûts des plus exigeants au moins exigeants. Je suis en admiration devant le travail de beaucoup d’illustrateurs qui ont une vraie démarche artistique une vraie identité (ce qui me fait défaut mais j’espère progresser encore).
S.L. : Non on ne peut pas dire cela. Je travaille chez moi donc ils entrent quand ils veulent dans mon bureau et aiment regarder le travail qui évolue, deviner de quoi il s’agit, quelle est l’histoire, etc. Parfois ils me demandent de faire une sortie du dessin pour faire eux même la mise en couleur .
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’aime beaucoup aussi!
Joli portrait rose…
Je trouve Sophie un peu dure lorsqu’elle parle de manquer d’identité ; c’est juste que cette “identité” est en formation, et c’est ce qui est intéressant aussi, pouvoir pressentir ce que pourraient être les illustrations à venir…
Mais l’identité est bien là et la recherche également.
Certains illustrateurs avec un style très marqué, abouti, m’ennuient parce qu’ils ne me surprennent plus et on dirait même parfois qu’ils ont perdu l’inspiration, mais comme la technique et la maîtrise sont là, on n’en fait pas cas.
J’aime bien les personnes qui explorent des voies nouvelles, qui cherchent toujours et se remettent en question régulièrement. C’est cela une démarche artistique, non ?
Je me permets de rajouter un lien vers le book de Sophie (je n’en ai pas vu…) ; il vaut le détour:
http://sophielebot.ultra-book.com/book
Honte à moi j’avais oublié de mettre le lien de son blog ! C’est corrigé. Merci Cocco. (et entièrement d’accord avec toi !)
Je suis AVS dans une école et au détour de la bibliothèque j’ai ouvert Blanche-Neige……. Je suis restée scotchée par les illustrations… que cette artiste n’ait pas confiance en elle…. comment est-ce possible ? Son travail est d’une poésie, d’une délicatesse. Je suis fan !!!