Aujourd’hui deux très beaux albums qui, chacun à leur manière, parlent de la peur et la méfiance vis à vis de l’étranger et des gens différents.
Fanfan adore Louis, ok il n’est pas comme lui et ses camarades (Fanfan est un cochon et Louis un loup) et il est toujours pressé de le voir. Un jour, alors qu’il espère le retrouver au parc, il le voit passer pour aller à la gare… étrange ! Que va faire Louis ? Et quand il arrive en retard à l’école, Fanfan se dit qu’il se passe vraiment des choses dans la vie du jeune loup… Le jour où l’école brûle, tout le monde a déjà le coupable c’est Louis, forcément ! (de toute façon tous se méfient de lui). Fanfan va apprendre quelle est la vie de son ami…
Seul loup parmi les cochons, Louis vit avec sa grand-mère (illettrée) parce que ses parents sont partis en ville pour gagner de l’argent. On parle ici de la précarité, de la pauvreté de certaines populations immigrées et du racisme dont elles sont victimes. Elles sont aussi, souvent, les parfaits coupables des problèmes qui arrivent. Cet album évoque tout ça avec intelligence et finesse (l’album est signé Mario Ramos…). Sans jamais aller dans la facilité et en laissant une part belle à la réflexion personnelle du lecteur, Mario Ramos livre cette belle histoire d’amitié et de tolérance. Il y rend aussi hommage aux enseignants qui se battent pour qu’un élève qui ne part pas avec les mêmes armes ne soit pas, au final, lésé (l’album se termine par un enseignant qui ne comprends pas pourquoi, parce qu’il ne sait pas lire, Louis devrait être au dernier rang et le fait se placer devant « Car mon métier c’est justement d’apprendre à lire aux enfants. »). Un bien bel album.
Marine est une fée, comme sa mère et comme les autres personnes qui l’entourent. Une fée ça doit faire attention, ne pas se salir, ne pas se blesser. Ça doit rester impeccable ! Sauf que le souci c’est que Marine, elle, aimerait bien faire du patin à roulette ou avoir un bateau… mais tout ça c’est réservé aux sorcières, ces êtres horribles qui vivent dans la forêt. La mère de Marine est en colère quand elle apprend que sa fille veut aller jouer avec elles, Marine serait la honte de la famille ! Oh et puis si on la laissait y aller… elle va vite se rendre compte que ces gens-là ne sont pas comme eux et qu’on est bien plus heureux entre fées !
Magnifique album sur la différence et la peur de l’autre ici aussi, mais surtout sur la recherche d’identité et pourquoi pas… sur le sexisme ? Les fées ne sont-elles pas une sorte de caricature de l’image que la société sexiste renvoie des filles (elles n’ont pas le droit de se salir, de jouer à des jeux trop « dangereux ») et les sorcières des garçons. Marine est une fée, elle n’a pas envie de ne plus l’être mais elle veut pouvoir faire des jeux de sorcière sans nier son identité. L’album parle aussi, évidemment, de l’opposition aux choix des parents et de ce que l’on souhaite pour nos enfants (qui n’est pas forcément leur choix, mais le nôtre, ne l’oublions pas). Un album superbement illustré qui va faire réfléchir, là encore, et qui va donner lieu à des conversations passionnantes (et passionnées ?) entre les parents et les enfants.
Quelques pas de plus…
D’autres livres sur la différence sur notre fiche thématique.
Nous avons déjà chroniqué deux livres de Mario Ramos : Le petit Guili et Mon ballon, un livre de Brigitte Minne, Dors bien Rosalie, et un livre illustré par Carll Cneut : Tout bêtement.
L’école est en feu de Mario Ramos Pastel, dans la collection Un monde de cochons 11,50€, 176×247 mm, 48 pages, imprimé en Belgique, 2012. |
La fée sorcière de Brigitte Minne, illustré par Carll Cneut L’école des loisirs 12,20€ (existe aussi en petit format à 5,60€), 300×214 mm, 30 pages, imprimé en Belgique, 2000. |
A part ça ?
Hier soir je me suis demandé ce que j’avais élu coup de cœur de février… et je me suis rendu compte qu’on ne les avait pas fait ! C’est la première fois que ça nous arrive ! Alors, pour février, Marianne a choisi Quelque chose de grand de Sylvie Neeman et Ingrid Godon édité par La joie de lire et moi… je n’ai pas réussi à me mettre d’accord avec moi même ! Donc ex-æquo L’album de famille de Frédéric Kessler et Princesse Camcam édité par Autrement et Il était une fois… contes en haïku d’Agnès Domergue et Cécile Hudrisier édité par Thierry Magnier. Retrouvez nos coups de cœur des mois précédents sur le blog, sur Facebook (ici pour les albums et là pour les romans) et sur Pinterest (ici pour les albums et là pour les romans).
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Mario Ramos… Paix à son âme cet album a l’air mignon !