J’ai toujours beaucoup aimé ce mot : mélancolie. Il est doux à l’oreille et les sons qui le composent vont bien avec sa signification. Les deux albums que je vous présente aujourd’hui, sont pleins de mélancolie, mais pleins de lumière aussi. Ils m’ont serré la gorge et m’ont fait sourire, tout à la fois. Deux coups de cœur !
8 minutes et 19 secondes, c’est le temps qu’il faut à la lumière du Soleil pour parvenir jusqu’à la terre. Si les êtres disparus sont au ciel comme on le raconte parfois, c’est le temps qui sépare les morts des vivants. Quoiqu’il en soit, pour cette enfant, la narratrice de cet album, la vie continue, sans cet être cher qui lui manque tant. C’est son père certainement.
En quelques mots si délicatement choisis et ordonnés, Rascal nous livre un magnifique album sur la mort, l’absence, et la vie qui continue. J’ai eu les larmes aux yeux, devant tant de justesse et de puissance. C’est aussi grâce aux illustrations, si particulières : des photographies douces et travaillées par Hubert Grooteclaes, qui nous plongent dans une ambiance mélancolique, et pleine de douceur.
8 minutes et 19 secondes est un album à part, comme on en voit peu, à la fois émouvant, poignant et lumineux, qui dit peu et suggère beaucoup !
Bigoudi vit avec Alphonse, son bouledogue. Ils ont leur habitudes, leurs amis, leurs manies et profitent ensemble de la vie et des petits bonheurs quotidiens. Alors quand Alphonse meurt, Bigoudi est effondrée. Elle pleure, elle pleure, elle pleure. Partout et tout le temps. Pour ne plus souffrir, pour ne plus jamais vivre d’émotions et assécher son cœur, elle décide de s’enfermer chez elle, et de plus en sortir. Si elle ne vit plus rien, elle ne ressentira plus rien… C’est sans compter sa rencontre avec un laveur de carreaux, qui s’imposera à elle et lui permettra de reprendre goût à la vie !
Magnifique conte moderne, Bigoudi est un album que l’on lit et relit, encore et encore. On profite du texte plein de sensibilité, de tendresse et d’émotion de Delphine Perret, et on se plonge dans les illustrations délicates de Sébastien Mourrain, colorées par petites touches pour mettre en valeur l’essentiel. À la fois drôle, tendre et émouvante, cette histoire est une douceur à se mettre sous la dent les jours de chagrin, les jours où l’on ne veut voir personne et ne rien faire, les jours gris.
Un album d’une grande sensibilité, un coup de cœur !
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué d’autres livres de Rascal (La boîte à joujoux, L’ours qui danse, Le temps des ours, Le plus joli des rêves et Tout le monde fait caca), Delphine Perret (Pedro Crocodile et George Alligator, Chevalier et Princesses avec gigot, Il était mille fois, Moi, le loup et la cabane et Moi, le loup et les vacances avec pépé) et Sébastien Mourrain (L’homme à la peau d’ours et Émile, le petit fifre) Retrouvez également notre interview de Delphine Perret.
8 minutes et 19 secondes Texte de Rascal, photographies d’ Hubert Grooteclaes Pastel 13,50 €, 300 x 200 mm, 24 pages, imprimé en Belgique, 2014. |
Bigoudi Texte de Delphine Perret, illustré par Sébastien Mourrain Les fourmis rouges 13,80 €, 180 x 247 mm, 37 pages, imprimé en Italie, 2014. |
Masashi Kawamura a eu une drôle d’idée. Parcourir les musées et prendre en photo ce que “voit” les personnages, peints ou sculptés, toute la journée. C’est drôle !
Marianne
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
J’aime beaucoup le traité graphique de “Bigoudi”. Très bel album de part le thème aussi.
L’autre album je ne le connais pas mais sa présentation donne envie de le découvrir.
Je suis étonnée que “8 minutes et 19 secondes” sont signalé comme un coup de coeur au regard de ce que j’ai pu moi-même ressentir à sa lecture, à savoir : pas grand chose… voire même un certain malaise !
Ma critique ici : http://nota-bene.over-blog.fr/2014/11/8-minutes-et-19-secondes.html
Et oui, c’est le pouvoir de la littérature jeunesse : il y en a pour tous les goûts ! Personnellement, j’ai été touchée !
Bigoudi est aussi un coup de coeur pour moi ( d’autant que c’est le surnom de ma grand-mère que j’adore!!!!!!!!