Ce soir elle ne rentre pas
Je n’sais plus, je n’sais pas
Elle écrira demain peut-être
Nous aurons une lettre
Il pleut sur le jardin
Je vais faire du feu
Je n’ai pas de chagrin
On est là tous les deux
Seuls
Mon petit garçon – Serge Reggiani
Aujourd’hui un sujet pas forcément évident : le divorce. C’est souvent un évènement difficile pour les enfants. Les livres sont là pour leur montrer qu’ils ne sont pas seuls dans ce cas. Les livres sont aussi une bonne façon d’entamer des conversations, de leur faire parler de leurs propres questionnements, de voir comment ils voient les choses. Je vous propose une chronique en trois parties, aujourd’hui et la semaine prochaine les livres pour les plus jeunes et la semaine d’après pour ceux qui savent déjà bien lire.
Camille a bien de la chance d’avoir deux familles ! Deux maisons, deux gâteaux d’anniversaire, partir deux fois en vacances,…
Camille a deux familles d’Ophélie Texier est un livre tout cartonné idéal pour les tout–petits. Le texte est simple, les illustrations épurées, le genre d’album qui va leur parler. Ici on dédramatise donc la famille recomposée. Camille est heureuse et ne voit que des avantages à sa situation. Par contre un enfant dont les parents ne sont pas divorcés va envier Camille ! Il est sorti dans la collection Loulou & cie chez L’école des loisirs, un gage de qualité !
Les parents se séparent est un livre de la collection Mine de rien de Catherine Dolto (chez Gallimard Jeunesse), une collection que j’aime assez mais qui sur certains point à tendance à me hérisser le poil… Pourtant elle est plutôt bien faite, joliment illustrée et bien écrite. Mais voilà il y a souvent une phrase qui chez moi ne passe pas, ici c’est la première « Tous les enfants naissent de l’amour d’une femme et d’un homme » que je trouve assez hétérocentrée et même au-delà… Mais passons cette première phrase et intéressons-nous au reste. Ici donc Catherine Dolto explique avec beaucoup de psychologie et de finesse le processus de la séparation des parents. Du désamour à la reformation d’une nouvelle famille en passant par le divorce en lui-même avec les avocats,les juges et les disputes. Cette collection arrive toujours à parler aux enfants avec des mots simples, leur expliquer les choses qu’ils vivent, les dédramatiser.
Pétard préférait sa vie d’avant. Une femme qui lui donnait des croquettes, un homme qui le faisait sortir et des enfants avec lesquels il jouait ou faisait des câlins. Mais maintenant c’est vraiment plus pareil, il vit un coup chez l’un, un coup chez l’autre. Et ils ont l’air bien tristes tous séparés. Il faut tenter de remettre de la vie dans tout ça ! Oh Pétard !
Le divorce vu par le chien de la famille, c’est original ! Fallait y penser ! Le texte de Christine Naumann-Villemin (dont j’avais entendu le plus grand bien mais je n’avais rien lu d’elle) est très beau et en même temps très drôle, plein de tendresse et d’humour. Le côté « vu par le chien » permet vraiment de dédramatiser tout ça, d’en rire. À la fin, forcément, le chien se rend compte que cette nouvelle vie n’est pas si mal. Les illustrations de Christine Davenier sont pleines de mouvement, ce qui donne énormément de dynamisme à cet album. Un album très vivant, loin de toute morosité.
La vie d’enfant en garde alternée ce n’est pas toujours facile, une semaine chez l’un, une semaine chez l’autre… heureusement la petite fille de cette histoire a tendu un fil entre les deux maisons.
« Mes parents ils ne s’aime plus. Et ça, ça veut dire plus de bisous, même sur la joue. Ils se disent un coucou de loin. Rusée, je me mets entre eux deux et je leur prends la main. On forme un trio pour quelques secondes. Je suis le fil entre les deux. » Pour parler de sujet pas facile avec humour et tendresse qui de mieux, franchement, que Séverine Vidal ? Son Du fil à retordre est comme la plupart de ses écrits un livre qui nous fait sourire autant qu’il nous fait ressentir des émotions. Le personnage principal est attachant et touchant mais en même temps si drôle et si pétillant. On parle donc ici de la garde alternée, des vacances « partagée » entre les deux, d’essayer d’être le lien entre deux personnes qui se sont aimées. L’enfant tente de faire des choses drôles pour que les parents se le racontent, pour recréer le dialogue, pour allonger ce temps où ils sont à nouveaux trois. On parle aussi de ce qu’on emporte, du sac qui est la seule chose commune aux deux maisons et des odeurs, emporter avec soi, chez papa, l’odeur de maman. Et ce fil qui lie les deux vies, ce fil parfois tendu, parfois emmêlé mais qui est toujours là heureusement, pour continuer de marcher dessus en essayant de ne pas tomber. Qu’elle est belle cette histoire, qu’ils sont beaux les mots de Séverine Vidal. Qu’ils font du bien !
Cette famille c’est simple comme un jeu de carte ! Le père, la mère, le fils, le chien. Mais un jour il y a eu un souci. Au milieu le fils et le chien, d’un côté le père et de l’autre la mère. À partie de là le jeu est devenu de plus en plus compliqué. Il y avait toujours le père, la mère, le fils et le chien mais sont venus s’ajouter l’amoureux de la mère , l’amoureuse du père, la fille de l’amoureux de la mère, le fils de l’amoureux de la mère, la chat du fils de l’amoureux de la mère,… bref un jeu de carte bien différent… pas forcément moins bien… mais plus pareil !
Le parallèle entre le jeu de 7 familles (les personnages sont souvent représentés sur des cartes et on les voit souvent jouer aux cartes) et l’évolution de la famille est à la fois très intelligent et super original. Le texte est une petite merveille. C’est drôle, fin, bien écrit. L’objet en lui-même est très beau. C’est un album que j’adore. À la fin du livre on nous montre d’autres sortes de jeux, des familles différentes, ce qui souligne bien qu’aucune famille n’est semblable, celle de l’enfant unique, l’enfant sans parents, l’enfant adopté ou l’enfant à deux papas (rares sont les livres qui parlent d’homoparentalité et ça mérite d’être souligné !). Pour citer un peu la quatrième de couverture qui reprend les règles du jeu de cette famille « On peut y jouer avec le cœur à l’envers et le moral dans les chaussettes. On peut y jouer en inventant les règles au fur et à mesure (…) On peut y jouer autant qu’on veut parce que c’est jamais interdit de rigoler ». Cet album est une vraie réussite !
Quelques pas de plus…
Oh, Pétard ! et Du fil à retordre sur Enfantipages.
Le jeu de cette famille, Du fil à retordre et d’autres livres sur le divorce sur 3 étoiles
Et la suite de cette thématique jeudi prochain (d’autres albums) et le jeudi suivant (romans).
Camille a deux familles de Ophélie Texier L’école des loisirs dans la collection Loulou & cie 7,70€ |
Les parents se séparent de Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, illustré par Frédérick Mansot Giboulées Gallimard Jeunesse dans la collection Mine de rien 6,00€ |
Oh, Pétard ! de Christine Naumann-Villemin, illustré par Christine Davenier Kaléidoscope 13€ |
Du fil à retordre de Séverine Vidal, illustré par SeL Éditions Les Lucioles 14,90€ |
Le jeu de cette famille de Annie Agopian, illustré par Claire Franek Rouergue 12€ |
———————————————————————————————————————
À part ça ?
Oh mais c’est déjà le dernier jour du mois, et donc le jour des coups de cœur ! Pour le mois de mai Marianne a choisi Les pendules de Dana et moi Patabulle cultive son jardin. Retrouvez nos coups de cœur des mois précédents sur le blog et sur Facebook.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
DU fil à retordre me faisait envie de part la couv et l’auteur mais je ne savais même pas qu’il traitait de garde alternée.
Oh pétard, je ne connaissais pas non plus, il me plait beaucoup. (déjà rien que le titre)
Concernant ta remarque sur l’heterocentrisme de la remarque de l’auteur, je la trouve un peu a coté de la plaque…elle correspond a une réalité biologique…le jour ou les hommes pourront faire un enfant sans femme et vis verca….peut-etre pourra-t-on effectivement trouvé ce genre de phrase déplacée…tu sais pour etre honnette, ce qui me gene plus dans la phrase de l’auteur c’est plutot l’idee que un enfant est systematiquement le fruit de l’amour…si seulement….mais bon on ne peut pas dire ces choses-là aux enfants…
Tu sais qu’il existe des femmes qui vont dans des cliniques (pour l’instant à l’étranger) pour avoir du sperme et élever un enfant entre femmes ? Oui il se passe des trucs de dingues…
Et même des hommes qui donnent leur sperme à une femme qu’ils ne connaissent pas parfois, pour avoir un enfant, ou adoptent un enfant qui n’est pas le leur – biologique, et qui élèvent un enfant entre hommes. Et même, la plupart du temps, ces enfants-là sont aussi heureux que les autres et réussissent leur vie aussi bien. Oui il se passe des trucs de dingues, aujourd’hui, ma bonne dame, mon bon monsieur.
Bonjour,
Le retour de Dolto ?
Non !
Dolto 2, le retour !
http://en-quete-de-declics.fr/index.php?declic=quete&autisme=Dolto-2
Bien cordialement,
Une personne Autiste.