Aujourd’hui, nous plongeons dans la réalité et l’horreur de l’extermination des Juifs·ves pendant la Seconde Guerre mondiale à travers trois livres, bouleversants et nécessaires : Le journal de Renia, journal intime d’une adolescente polonaise entre 1939 et 1942, Ginette Kolinka, survivante du camp de Birkenau, le récit d’une rescapée, et Beate et Serge Klarsfeld, un combat contre l’oubli, un roman graphique sur la vie du couple chasseur de nazis. Pour les plus grand·es.
Elle s’appelait Renia Spiegel. Cette jeune juive polonaise a commencé l’écriture de son journal à 15 ans, le 31 janvier 1939. Elle y raconte son quotidien à Przemysl, en Pologne. Séparée de sa mère qui vit à Varsovie pour gérer la carrière d’actrice de sa petite sœur Ariana, Renia souffre terriblement de ce manque affectif. Mais elle s’enthousiasme aussi pour les garçons, raconte les élans amoureux, les jalousies, les amitiés… Elle scrute et analyse son amour pour le beau Zygmunt Schwarzer. Mais il y a la guerre, Renia décrit le ghetto, la peur qui l’étreint. Le journal se termine en juillet 1942. Renia, cachée, est découverte par un soldat nazi et tuée en pleine rue. C’est Zygmunt Schwarzer qui conservera ses écrits pendant plusieurs années avant de les confier la sœur de Renia et à sa mère, les deux seules survivantes de la famille.
Si ce journal fait immanquablement penser à celui d’Anne Frank, il est toutefois très différent, dans l’écriture et dans les thèmes abordés. Renia Spiegel, élève brillante, désirait devenir poète, elle l’était déjà. Son journal est parsemé de poésies, magnifiques, profondes, pour lesquelles elle gagna plusieurs prix d’écriture. 80 ans après sa rédaction, ce journal est aujourd’hui traduit en français pour la première fois. C’est un témoignage dense, direct et inédit, le reflet de l’âme romantique et mature d’une jeune fille qui aurait juste voulu vivre une vie normale.
Ginette Kolinka est une Française, juive, rescapée des camps de la mort. Arrêtée avec son père, son petit frère de 12 ans et son neveu, elle est déportée en avril 1944 au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Elle a 19 ans. Aujourd’hui, elle en a 94, et elle est l’une des dernières survivantes de la Shoah où 6 millions de Juif·ves ont été exterminé·es par les nazis. Dans ce livre, elle témoigne de son quotidien et de celui des autres déporté·es à Auschwitz : la faim, les maladies, la crasse, la peur, les violences, les humiliations, la fumée et l’odeur des corps brûlés… D’une écriture simple et directe, elle dit l’indicible, avec pudeur mais sans dissimulation ni détours. Pour ne pas oublier : « C’est la haine qui a fait ça, la haine à l’état pur (…) Voilà où mène la haine », répète-t-elle. Après une première publication du livre, co-écrit avec la journaliste Marion Ruggieri chez Grasset, cette version a été adaptée pour un jeune public, et accompagnée d’un dossier documentaire sur la Shoah, de cartes, d’un glossaire et d’une série de questions-réponses, retranscription d’une rencontre entre l’ancienne déportée et des élèves de 3e d’un collège parisien en octobre 2019. Une transmission fondamentale pour ne jamais oublier.
Les Klarsfeld ont passé leur vie à traquer les nazis, pour rendre justice aux victimes de la Shoah et pour combattre l’oubli. Serge, Français, fils de déporté, mort à Auschwitz, et Beate, Allemande, fille d’un soldat de la Wehrmacht. Ils se promettent de débusquer et de faire juger les anciens nazis et leurs collaborateurs devenus des « citoyens ordinaires » dans la vie politique et publique en Allemagne, en Autriche, en France, en Amérique du Sud : Kurst Lisckha, Klaus Barbie, Maurice Poano, Paul Touvier, Alois Bruner… Malgré les menaces de mort, malgré les lenteurs de l’administration, malgré la fatigue… Dans les années 1980, grâce aux archives et aux témoignages de survivant·es, e couple a aussi identifié, convoi après convoi, les 76 000 déporté·es juif·ves de France, y compris 11 400 enfants. Comment retracer, à travers une bande dessinée, l’ampleur, les difficultés et les victoires de ces combats ayant duré de plus de 45 ans ? Les auteurs de ce roman graphique, le scénariste Pascal Bresson et le dessinateur Sylvain Dorange, se sont appuyés sur les mémoires et des documents fournis par Beate et Serge Klarsfeld. Ils signent un roman d’aventures, en même temps qu’un polar, et une biographie de deux personnages exceptionnels. Surtout, ils rendent accessible aux plus jeunes, une vérité historique d’après guerre, essentielle à connaître.
Le Journal de Renia![]() de Renia Spiegel Slalom 16,95 €, 141×225 mm, 528 pages, imprimé en France, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Ginette Kolinka, survivante du camp de Birkenau![]() de Ginette Kolinka avec Marion Ruggieri Rageot 9,90 €, 145×210 mm, 158 pages, imprimé en Italie, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
Beate et Serge Klarsfeld, un combat contre l’oubli![]() Scénario de Pascal Bresson, dessins de Sylvain Orange La Boîte à Bulles 25 €, 207×210 mm, 198 pages, imprimé en Lettonie, 2020. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Je râle souvent, jamais quand je lis. Petite, à la campagne, je croquais des pommes en dévorant des BD et des romans.
Aujourd’hui, à Paris, je suis journaliste dans des quotidiens pour enfants et ados. Ma curiosité reste plus forte que mes préférences… dans la vie comme dans les livres. « Je pourrai passer le reste de ma vie à lire, juste pour satisfaire ma curiosité », Malcom X.