Aujourd’hui, je vous propose un petit voyage dans le passé. Quand les albums parlent de notre Histoire.
Juin 1942, Alex et Léon sont deux enfants juifs. Ils doivent désormais porter sur leurs vestes une étoile jaune et, par le fait, supporter les moqueries de leurs camarades. Dorénavant, ils n’auront plus le droit d’aller dans les parcs qui sont interdits aux juifs et ne pourront plus prendre que le wagon de métro qui leur est réservé. Leur mère les protège, leur père cherche un moyen de fuir. Malheureusement, c’est dans des camps que seront amenés Alex et Léon et leur famille. Tout d’abord, Nexon puis Rivesaltes et enfin Gurs, en attendant la libération.
Parler des camps de concentration aux enfants n’est pas chose aisée, Rolande Causse et Gilles Rapaport y sont arrivés. Avec beaucoup de délicatesse, sans détails sordides, ils nous racontent le parcours de deux enfants (qui font partie des chanceux qui s’en sortent). Graphiquement, c’est un album extrêmement intéressant. C’est à partir de photos d’époque que Gilles Rapaport a travaillé (les photos sont d’ailleurs en fin d’ouvrage). Les vrais visages sont mêlés à la peinture pour un résultat des plus réunis. Un bel album pour parler d’un sujet grave, une des plus noires pages de notre Histoire.
Des extraits en ligne.
1943. Pauline et son grand-frère ont une mission. La cloche que leur grand-père avait installée en haut de l’église a été décrochée par les Allemands. Ils veulent la fondre pour en faire des obus. Les enfants ne veulent pas laisser faire ça. Ils vont mener l’enquête pour la retrouver et tenter de la sauver.
C’est une histoire peu connue de la Seconde Guerre Mondiale que nous raconte Fabian Grégoire. Car ici tout est basé sur des faits réels, ils nous sont d’ailleurs racontés en fin d’ouvrage dans une partie documentaire richement illustrée de photos et documents d’époque. Rien de dur dans Les cloches de la libération, juste une sorte de récit d’aventures où deux enfants veulent sauver une chose chère à leurs yeux, avec la guerre en arrière-plan. Un bel album/documentaire sur une jolie histoire dans l’Histoire.
Parmi les élèves du jeune instituteur qui rabâche sa haine des boches, il y a Émile. Un peu cancre, un peu boute-en-train, Émile est sans nouvelle de son père, parti à la guerre. Il a peur de le voir rentrer avec des membres en moins. Nous sommes en 1914, la guerre est loin d’être finie.
Le duo de Fais tes contes signe ici un album complètement à l’opposé du précédent. Tache d’encre nous raconte des écoliers sans nouvelles de leurs pères, partis à la guerre. Ici, c’est un album très dur, avec une fin tragique, mais c’est ça aussi la réalité de la guerre. Dans les illustrations (auxquelles j’avoue ne pas avoir accroché personnellement, je trouve qu’elles font très croquis) sont cachées des images en trompe l’œil, les enfants pourront partir à leur recherche. Un album sur la Première Guerre Mondiale qui nous raconte l’attente et l’espoir, parfois déçu, de voir rentrer les pères partis combattre.
Des extraits en ligne.
Nuit entre le 20 et le 21 juillet 1969. Pour June, c’est une grande nuit, c’est son papa qui le lui a dit. Pendant que des millions de gens se demandent ce qu’il y a derrière la lune, sur le côté qu’on ne voit pas d’ici, June, elle se demande quel visage se cache de l’autre côté du ventre de sa maman. Dans la salle d’attente, elle attend. Des Américains posent un pied sur la lune, June devient une grande sœur.
On termine par un sujet plus léger (surtout qu’il est aussi question de naissance) et surtout par un gros coup de cœur. Je ne vais pas vous redire à quel point je suis fan du travail de Barroux… oh et en même temps pourquoi s’en priver ? Graphiquement, Un bond de géant, 1969 on a marché sur la lune est une merveille. Cet illustrateur de génie a encore fait un travail extraordinaire pour accompagner le très beau texte de Thomas Scotto. On parle donc ici des premiers pas sur la lune et d’une naissance, d’une petite fille qui s’étonne que tout le monde ne parle que du premier évènement et pas du second (tous les enfants on vécut ça, ne pas comprendre pourquoi la télé n’annonce pas la naissance du petit frère ou la mort de la mamie). Un album extraordinaire sur les premiers pas sur la lune (avec une partie documentaire en fin d’ouvrage) ou tout simplement sur une naissance.
Le même vu par Les lectures de Kik.
Quelques pas de plus…
Nous avons déjà chroniqué des livres de Stéphane Millerou et Quitterie Laborde (Fais tes contes) et Barroux (Méga-Loup, Mon voyage en gâteau, Kako le terrible et La rentrée de Noé). Retrouvez aussi notre interview de Barroux.
Alex et Léon dans les camps français 1942/1943 Texte de Rolande Causse, illustré par Gilles Rapaport Circonflexe 15 €, 235×298 mm, 30 pages, imprimé aux Émirats Arabes Unis, 2013. |
les cloches de la libération de Fabian Grégoire L’école des loisirs dans la collection Archimède 12,70 €, 220×280 mm, 45 pages, imprimé en France, 2013 |
Tache d’encre Texte de Stéphane Millerou, illustré par Quitterie Laborde Les p’tits bérets dans la collection À grands pas 13,50 €, 186×267 mm, 24 pages, imprimé en France, 2014. |
Un bond de géant – 1969, on a marché sur la lune Texte de Thomas Scotto, illustrations de Barroux Kilowatt dans la collection Un jour ailleurs 15,80 €, 196×268 mm, 44 pages, imprimé en France chez un imprimeur éco-responsable, 2013. |
Le numéro Chaise de Georges est sorti. Comment ? Quoi ? Vous ne connaissez pas Georges ? C’est un Drôle de magazine pour enfants, une revue classe pour les enfants (comprenez beau papier et contenu de qualité) qui est bien connu des gens qui aiment les illustrations graphiques. Alors comme personnellement, justement, les illustrations graphiques, c’est pas forcément mon truc j’avoue ne pas avoir pris de nouvelles depuis longtemps de ce bon vieux Georges, mais le Salon du Livre de Paris m’a fait le recroiser. Et ça m’a fait comme quand on recroise un vieux copain et qu’on se souvient à quel point on l’aimait bien en fait. Alors que trouve-t-on dans ce numéro Chaise (car oui, chaque numéro de Georges est par rapport à un sujet, il n’y a pas de numéro ici) ? Une histoire de la géniale Delphine Perret (et pas le genre petite histoire, non non non une histoire de 10 pages avec de belles illustrations) dans laquelle il est question d’un enfant qui a reçu une chaise en cadeau, une interview d’un des protagonistes de l’histoire, le cheval (ok, ce n’est qu’un figurant, mais c’est toujours intéressant), une BD, l’histoire (vraie) de deux designers de chaises, la suite d’une histoire à suivre (extrêmement graphique, pour le coup), des jeux (sept différences, jeux de lettres, jeux d’observations…) et même des loisirs créatifs (on va fabriquer une chaise et une maison en carton) et même de la cuisine (des recettes de canapés). Une soixantaine de pages pour une revue vraiment très classe (je l’ai déjà dit, mais ça lui va bien). Pour le bonheur des enfants et de leurs parents !
Georges, numéro Chaise, 8,90 € (34 € par abonnements, 4 numéros). Renseignements : http://www.magazinegeorges.com.
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Merci pour cette sélection du livre ” Alex et Léon” sur un sujet méconnu.
N’oublions pas les camps français premier jalon vers les camps nazis !
Plasticienne engagée, j’ai réalisé une série de dessins intitulée « Enfant de parents» sur la présence des camps en France pendant la seconde guerre mondiale. C’est un sujet totalement méconnu, voire occulté par les français en général.
Une partie de cette série fut exposée en 2017 et j’espérerais cette exposition dans un lieu de mémoire.
A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/enfant-de-parents.html
Et aussi : https://1011-art.blogspot.fr/p/lettre.html