Le point commun des deux livres du jour, c’est que les deux autrices parlent d’elles-même…
Caroline S., 42 ans a décidé de s’adresser à l’adolescente qu’elle était à 13 ans. Elle lui parle de sexe et d’amour, tente de la rassurer sur ce qu’il va se passer et comment elle vivra tout ça plus tard, elle lui explique des choses qu’elle a apprises par la suite, sur les autres notamment. Elle sait que son adolescence sera dure, marquée par des décisions radicales, elle ne veut pas lui parler comme une mère, juste la rassurer, lui dire de s’accrocher…
Caroline Solé signe l’un des livres les plus originaux, les plus percutants et les plus forts que j’ai lus ces derniers temps. D’après mon adolescence, journal intime n’est pas vraiment un roman, clairement pas une autobiographie non plus… c’est un livre bien à part, une expérience intéressante (et qui, disons-le, fonctionne en grande partie parce que Caroline Solé a une vraie plume). Ici, elle se livre donc totalement, raconte sa première fois, sa relation aux autres, à ses parents, ses angoisses, ses errements… Son récit est accompagné de vraies pages de son journal intime d’adolescente et même de mots de sa mère. C’est un ouvrage qui va autant intéresser les ados que ceux et celles qui vont se souvenir de leur adolescence, ce moment qui peut être si violent psychologiquement parlant. C’est un livre extrêmement intime, mais dans lequel plein de gens se reconnaîtront. C’est vraiment difficile de parler de ce livre tant il est bouleversant, tant il touche des choses personnelles en nous… Alors que faire de plus que de vous inciter à le lire et à le faire lire à vos ados ?
Charlotte Mével est rousse… et visiblement ça pose problème à pas mal de gens. Dans la rue elle entend des phrases aussi bêtes que « ça pue la rousse ici », on lui raconte des blagues limites sur les roux·sses, sa fille — rousse aussi — a reçu des cadeaux étranges à la naissance, en rapport avec sa couleur de cheveux… Alors elle se souvient de son enfance et les humiliations qu’elle a subies, elle cherche à comprendre pourquoi on stigmatise les roux·sses, elle se penche sur la façon dont la société voit la rousseur et quel a été le sort des personnes rousses à travers les époques…
Il y a quelques années, une amie m’a raconté tout ce que subissait sa fille à cause de ses cheveux roux (à l’école, mais aussi dans la rue) et je n’en revenais pas. Comment une simple couleur de cheveux pouvait déclencher ce genre de choses ? Alors bien entendu j’avais
déjà entendu des choses bêtes sur les roux (leur prétendue puanteur par exemple) et des blagues pas très inspirées (et j’avais été extrêmement choqué par le clip de Romain Gavras il y a quelques années), mais je ne me doutais pas que c’était à ce point… Dans sa BD La rousseur… pointée du doigt Charlotte Mével raconte tout ce qu’elle a vécu, entendu et s’intéresse aux légendes et superstitions, aux raisons de cette haine, de ces blagues, à la façon dont les roux sont montrés dans les médias… Son album est absolument passionnant (mais énervant) et montre bien la bêtise humaine, l’effet de groupe et autres réjouissances de ce genre. C’est un ouvrage qu’il faudrait faire lire dans les collèges et lycées pour faire prendre conscience à tout le monde que les moqueries sur le ton de l’humour blessent autant que les autres. Ajoutons que l’album est très réussi graphiquement parlant.
D’après mon adolescence, journal intime![]() de Caroline Solé Albin Michel 13,90 €, 148×216 mm, 136 pages, imprimé en Espagne, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |
La rousseur… pointé du doigt![]() de Charlotte Mével Delcourt 14,50 €, 170×237 mm, 112 pages, imprimé en France, 2021. Achetez ce livre* via LesLibraires.fr, LaLibrairie.com ou Place des libraires. |

Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !

