Aujourd’hui, je vous fais découvrir deux romans. On rencontre d’abord l’indomptable Sammie, une jeune fille pleine d’énergie, et l’on fait ensuite la connaissance de Butter qui aime autant le saxophone qu’il déteste ses kilos.
Sammie est une lycéenne exemplaire. De bons résultats dans toutes les matières, finaliste du concours de débat et déterminée à intégrer une grande université à New York, à la prochaine rentrée. Bon, peut-être aussi un peu dans son monde mais avec un sacré caractère et une famille géniale. La seule ombre au tableau, c’est que Sammie est malade. Elle est atteinte d’une maladie dégénérative plutôt rare qui va petit à petit la détruire, en commençant par sa mémoire. Pour garder une trace de la jeune fille qu’elle était avant, elle va écrire une sorte de journal de bord grâce auquel elle observera aussi la dégradation de sa santé. Entre joies et émois adolescents, Sammie et tout son entourage vont devoir faire face et garder espoir coûte que coûte.
The Memory book est un roman qui, déjà, est très agréable à lire, mais qui réussit en plus à parler de la maladie sans aucun pathos. Ce n’est pas de la pitié que l’on ressent pour l’héroïne au court de la lecture, bien au contraire, on est plutôt tenu·e·s en haleine parce qu’on a envie qu’elle puisse réaliser tous ses projets, terminer son année scolaire et partir étudier à New York. L’évolution de sa maladie se sent non seulement dans ce que la jeune fille raconte, mais aussi dans la manière dont elle le raconte. Petit à petit, on voit apparaitre des fautes de frappe, des problèmes de ponctuation, de langue… puis Sammie réussi à se reprendre, puis replonge, se reprend à nouveau…
Un roman touchant qui se lit presque d’une traite !
Il y a plusieurs légendes qui courent au sujet de Butter. Certaines disent qu’on l’appelle ainsi parce qu’il aurait un jour avalé une motte de beurre entière, d’autres, parlent des notes incroyables qu’il parvient à faire sortir de son saxophone, chaudes et fondantes, comme du beurre. Ce jeune lycéen mélomane pèse plus de cent quatre-vingt-dix kilos, ce qui demande parfois quelques ajustements. Une place de parking spéciale au lycée, une table spéciale à la cantine, une autre pour les cours et des visites fréquentes chez le médecin. S’il n’y avait que ça, la vie serait plutôt paisible pour Butter, mais suite à une altercation, il se rend compte que la fille qu’il aime en secret (et auprès de qui il s’est fait passer pour un vrai apollon sur internet…) a l’air d’éprouver du dégoût devant lui. C’est cet évènement qui va tout faire basculer. Alors comme ça il dégoûte tout le monde ? Très bien ! Puisqu’il refuse de continuer à supporter cette espèce de costume de graisse dont tout le monde se moque, il décide de mettre un terme à tout cela lors d’un dernier repas gargantuesque filmé en direct. Il décide de manger jusqu’à la mort.
Butter m’a fait, je l’avoue, un peu froid dans le dos. Le malaise de ce jeune lycéen et ses camarades qui parient sur le fait qu’il soit capable ou non d’aller jusqu’au bout de son projet macabre est un peu glaçant. Le ton est très juste, Butter n’est pas spécialement dans la complainte mais plutôt dans l’acceptation résignée. Il sait qu’il est mortellement obèse mais l’idée que perdre ne serait-ce qu’un kilo lui paraît impossible, malgré tous ses rendez-vous chez le médecin et les camps d’amaigrissement, chaque été. Il est très facile de s’identifier à ce triste héros, en effet qui n’a jamais souffert du regard des autres pour quelques raisons que ce soit, et le roman nous apprend quelque chose d’une forme de harcèlement un peu atypique. Lorsque Butter met son projet de repas mortel en place, il devient étrangement populaire et ce jusqu’à la soirée finale, le 31 décembre. À plusieurs reprises, le garçon s’étonne que personne ne songe à prévenir un adulte de ce projet et se rend compte que ses camarades sont presque ébloui·e·s par son courage devant la mort et que c’est cette dernière raison qui le rend populaire.
Un livre vraiment poignant qui porte aussi bien sur les complexes que sur la cruauté adolescente.
The Memory book![]() de Lara Avery (traduit par Julie Lafon) Lumen 15 €, 141 x 380 mm, 147 pages, imprimé en France, 2016. |
Butter![]() d’Erin Lange (traduit par Valérie Dayre) L’école des loisirs dans la collection Médium plus 18 €, 218 x 310 mm, 416 pages, imprimé en France, 2018. |
Aime le papier bulles et les dinosaures.

