Deux romans pour adolescents qui se passent au collège.
Une heure de cours, entre 11h10 et 11h59. Une fille va vivre une belle histoire d’amour, un enfant né dans un autre pays va prendre conscience que sa différence n’est plus un problème, un garçon dont la sœur vient de mourir va se rendre compte que l’école n’est plus faite pour lui et une jeune fille va raconter l’inracontable. Quatre destins, quatre jeunes lycéens comme il y en a des milliers. Une heure, juste une heure dans leurs vies, à un moment particulier.
Là où je vais de Fred Paronuzzi est un bijou, un livre qui bouleverse, qui nous emporte comme finalement peu de livres le font. Scènes de vies, scènes d’amour, scènes de questionnement,… Fred Paronuzzi a une plume magnifique, il nous parle avec pudeur de sujets lourds sans que son roman ne soit jamais plombant. On suit les histoires de ses personnages et des gens qui gravitent autour (professeurs épuisés, CPE à l’écoute, conseiller d’orientation qui se préoccupe vraiment de ses élèves,…), ce qu’ils ramènent au lycée de leurs vies, de leurs fêlures. Le roman parle d’amour (homosexuel mais on s’en fout), de viol, d’immigration, d’intégration, d’amitié, de théâtre, de se trouver, d’écoute,… il parle de moi, de vous, de ceux qui nous entourent, ceux que l’on croise tous les jours. Une heure dans la vie de quatre jeunes que vous n’êtes pas prêts d’oublier.
C’est la rentrée pour Anna, grand moment de stress car c’est sa première. A partir d’aujourd’hui elle pourra dire qu’elle est prof, ça y est. Anna va devoir apprendre à gérer une classe en suivant, ou pas, les conseils de son tuteur, une classe parfois très dure, avec des élèves désespérés face à leur avenir (au point qu’une de ses élèves se suicide), des élèves qui pensent qu’il peut être amusant de faire craquer les profs. Alors bien-sûr il y a parfois le soutien des collègues qui vivent la même chose, du principal dépassé mais compatissant, des élèves plus sympa mais il y a aussi les parents qui pensent savoir mieux que les enseignants ce qu’ils doivent faire, les gens qui ne comprennent pas qu’un prof craque… Anna entre donc dans l’arène… mais est-elle un taureau ou un matador ?
J’ai trouvé L’arène du collège très fort et en même temps quelque chose m’a dérangé. Pour moi ce roman n’est pas du tout un roman pour adolescents. C’est tout au long de l’histoire la vie d’une prof, ses peurs, ses doutes, ses histoires de famille, ses histoires d’amour,… J’ai l’impression que la plupart des adolescents ne vont pas être intéressés (alors que forcément ça serait intéressant pour eux de connaître « l’autre côté », ce que vivent leurs profs). Passé ce sentiment de ma part, j’ai trouvé ce roman très fort sur la détresse et le sentiment de solitude que peuvent vivre des enseignants face à des jeunes qui ne croient plus en rien, des jeunes qui s’amusent avec les nerfs de ceux qui sont là pour les aider. C’est un roman franchement plombant par moment mais pourtant avec de l’optimisme. Un roman dur mais fort sur le quotidien des enseignants.
Quelques pas de plus…
Là où je vais chroniqué par Enfantipages.
Là où je vais de Fred Paronuzzi Éditions Thierry Magnier 7,20€, 122×211 mm, 80 pages, imprimé en France, 2013. |
L’arène du collège de Micheline Jeanjean Le griffon bleu dans la collection On ré-agit ! 7€, 147×210 mm, 133 pages, imprimé en France, 2011. |
Mon frère, ma princesse de Catherine Zambon, qu’on avait adoré et chroniqué ici a reçu le prix Collidram (prix décerné par des collégiens). Félicitation donc à Catherine Zambon !
Gabriel
Aimait la littérature jeunesse bien avant d’avoir des enfants mais a attendu d’en avoir pour créer La mare aux mots. Goût particulier pour les livres pas gnangnan à l’humour qui pique !
Fan fan fan archi fan des textes de Fred Paronuzzi ! Là où je vais est un de mes coups de coeur de l’année. Une belle tranche de vie !
A lire absolument !!!
Bravo Fred !